Le Rugby en Chansons
par l'Affreux Gnafron

  • 21 June 2017
  • 12

 

Par L’Affreux Gnaffron, 

 

Le rugby et la chanson entretiennent des rapports chaleureux. Des cœurs de Lansdowne Road aux chants du Millénium en passant par les débuts d’Isabelle Ithurburu dans un télé-crochet, la grande famille de l’Ovalie sait se retrouver autour de valeurs chantées communes. Et même si l’on reproche souvent au rugby français de manquer de ritournelles fédératrices pour son équipe nationale (sorti du sempiternel Allez Les Bleus ou du refrain de la Marseillaise), il existe pourtant quelques antiques tentatives que la Boucherie a retrouvées pour ses lecteurs.

 

Nous avons donc fouillé dans les tréfonds des internets afin de livrer à vos oreilles délicates les morceaux de choix qui épateront vos amis, séduiront vos conquêtes et embelliront vos vies.
Mais assez de bla-bla, place à la musique !

 

Louis Baudel, Allez le XV de France 1986

 

 

Genre : Cocardier

 

On commence gentiment avec un titre un brin cocardier.  Cependant l’air terriblement entraînant et les paroles puissamment évocatrices (à base d’humour subtil dénigrant les adversaires des 5 Nations) en font un indémodable du genre. Il se murmure que Pierre Salviac serait l’auteur de paroles dont on vous laisse apprécier le passage le plus saisissant.

 

 ‘Le poireau, c’est bon dans le potage
Ça se mange à la cuiller de bois
Le chardon, ça pique, c’est sauvage
Mais la victoire, la piquera pas
Pour découvrir les poteaux roses
Le coq gaulois se pose un peu là
Le trèfle est la meilleure des choses
Pour les lapins pas pour nos gars’

 

Georgette Plana, Rugby marche 1968

 

 

Genre : Déclaration d’amour

 

Un sosie d’Arlette Laguiller qui vante auprès de ses camarades féminines les avantages du mariage avec un joueur de rugby, vous pensiez que ça n’existait que dans vos rêves les plus fous (ou votre pire cauchemar) ? Et bien, méprenez-vous.

 

Dans cette sympathique chanson de 1968, Georgette nous déclare sa flamme (Ah! Qu’ils sont beaux dans leurs petites culottes) et nous confirme ce que l’on sait déjà : Prenez pour mari un joueur de rugby et vous aurez pour charmer vos jours un champion du sport et de l’amour.
Comme nous sommes en 1968, la révolution des mœurs n’est pas encore passée par là et vous aurez la chance, Mesdames, d’attendre votre homme à l’entraînement, sous la pluie, sans parapluie, en lui gardant sa valise.

 

Paroles de Pierre Camou qui était déjà un monsieur fort vénérable à l’époque. Quelques images de rugby pendant le clip, où l’on aperçoit Grégory Lamboley avant qu’il ne vienne à signer à Toulon.

 

Amarande, l’amour et le rugby, 1971

 

Cliquez sur l’image pour accéder à la chanson

 

Genre : Libertinage

 

Une chanson en avance sur son temps. En 1971 déjà, Amarande institue des ateliers de skills et partage sa technique individuelle irréprochable auprès du public, avide de découvrir ces méthodes modernes d’entraînement. Maniement de balle, passe sur un pas, en cloche, travail de fréquence des pas, c’est un festival de gestes techniques, une farandoles d’arabesques qui se déroule sous le regard ébahi de l’assistance. Les paroles pourraient n’être ici que le prétexte à la démonstration mais elles conservent une puissante charge émotionnelle. On y découvre la chanteuse succombant sous le charme d’un talonneur suite à un bouche-à-bouche administré lors d’une mi-temps. De cet amour naissant, une passion commune des voyages se développe et la demoiselle se retrouve au milieu de 3 Gallois à Cardif avant que son talonneur ne la cabosse à Edimbourg pour finir par la mettre enceinte à Edimbourg. Avec 40 ans d’avance, on assiste à une scène banale de porno amateur.

 

En réaction à la gestuelle déplorable de la donzelle, le rugby féminin fut créé. Quant aux paroles, elles entraînèrent un sursaut du féminisme.

 

“Il m’a laissée à Cardiff
Au milieu de trois Gallois
Il m’a fait deux ou trois bosses
À Edimbourg
Quand l’amour monte aux poteaux
Il faut faire très attention
De ne pas avoir sur le dos
Les 5 Nations !”

 

Pierre Péret, Vive le XV, 1971

 

 

Genre : Eloge des Valeurs / Boucherie Ovalie

 

On ne présente plus Pierre Péret (en tous cas, je ne vous le présenterai pas). Le Claude Nougaro du Tarn-et-Garonne a promené sa bonhomie singulière au milieu de millions de sujets avec une gouaille et un esprit d’à-propos d’où la poésie n’est jamais absente. Il fallait donc qu’il s’attaque au rugby au détour d’une carrière jalonnée de succès.

 

Et pour un coup d’essai, c’est un coup de maître ! Entre allusions à la perfidie de l’Estranger, éloge de la fourchette, louange de l’étranglage à main nue, ce charmant petit texte est un ôde à la barbarie ordinaire. Entre sang qui gicle, oreilles arrachées, écossais qui hurlent et crânes fendus, on retrouve Benoît Dauga et Jean Gachassin en figure de proue d’une victoire française bonifiée. Un rugby malicieux que l’on découvre non sans une pointe de nostalgie. Ah, c’est autre chose qu’Au café du canal !

 

Les Frères Jacques, C’est ça l’rugby, 1970

 

 

Genre : Pro D2

 

Attention monument ! C’est ça l’rugby proclame fièrement la fratrie la plus célèbre de la chanson française (juste après les Ogres de Barback). Et on ne saurait leur donner tort à voir la définition qu’ils donnent de ce sport : difficulté à s’imposer à l’extérieur, développement exponentiel des transferts, crise d’identité des clubs. En outre, on voit déjà poindre la pratique ancestrale de l’engrossage de supportrice adverse lors des 3ème mi-temps à l’extérieur. Une analyse sociologique portée par une scénographie audacieuse et novatrice.
Et puis comment ne pas ne pas approuver le choix des équipes présentées ? Comme un symbole de cette saison de Pro D2 qui verra s’opposer l’équipe de Montauban à l’équipe de Perpignan. Honneur aux forts, c’est la loi du sport !

 

Michel Etcheverry, Ô Rugby 1991

 

 

Genre : publicité institutionnelle

 

Quand on parle de rugby et de chansons, difficile de se passer de la figure tutélaire de Michel Etcheverry. Interprète immortel du Aupa BO, le chanteur basque incarne à lui tout seul la musicalité de notre sport. Intronisé ‘Chantre du Rugby’ par le Président Ferrasse (cette partie a été écrite en collaboration avec Jacques Verdier), il a également commis un hymne pour la Coupe du Monde 1991 (celle d’avant les événements narrés dans Jonah Lomu Rugby). Composé sur un air typiquement basque, avec un solo de trompette à vous filer la chair de poule, le morceau semble avoir été écrit par les commerciaux de la FFR de l’époque. Qui sont les mêmes que ceux d’aujourd’hui, ne vous inquiétez pas. Dès 1991, on y apprend ainsi que le Rrrrrrugby est non seulement l’école de la vie mais que le monde entier lui dit merci. Le tout avec un effet spécial d’une poésie inouïe: une Terre ovale! Et encore passera-t-on pudiquement sur ‘les chevaliers du ballon ovale qui ont le cœur dans les étoiles quand ils marquent entre les poteaux’, allusion évident à Delon Armitage saluant Brock James.

 

Bonus tracks

 

 

 

Pour information, le jour où la vidéo “Imanol Notre Idole” atteint les 100 000 vues, on révèle une page de notre prochain bouquin en exclu (97 000 au compteur actuellement).