Retour sur France – Ritalie (32-10)
par Le Stagiaire

  • 22 September 2015
  • 14

 

Par Le Stagiaire

 

“… ABREUUUUUUVE NOS SILLONS TADADAM”.

 

Voilà, c’est parti. 

Quatre ans d’attente pour arriver à ce moment précis.

Quatre ans à s’infliger des performances indigentes sous prétexte du “manque de temps pour travailler avec le groupe”. 

Quatre ans à se contenter des défaites de l’ASM en finale pour égayer nos cœurs d’amateurs de rugby.

Quatre ans à devoir regarder du hand, du basket et même du foot pour trouver une occasion de vibrer pour une équipe de France.

Quatre ans ! Rendez-vous compte ! La dernière fois, François Hollande n’était pas président de la République. Pire, Nadine Morano était encore ministre ! 

 

Mais, en ce samedi 19 septembre, au moment où l’ultime note de la Marseillaise résonne dans Twickenham, tout s’évanouit. L’ennui, le dépit, la peine, le doute, la colère. La lassitude aussi. Tout ce qui a mis à rude épreuve notre foi inébranlable de supporter pendant ces quatre longues années vient d’être balayé d’un majestueux accord majeur pour laisser place à l’espoir le plus fou. Celui de voir le XV de France renaître de ses cendres et accéder, match après match, au titre suprême. 

Ce n’est pas une Marseillaise, mais LA Marseillaise. Le coup de d’envoi de notre coupe du monde à nous. Celle qu’on a attendu si longtemps et à laquelle on se raccrochait en se lamentant devant les interminables matches du vendredi soir en Top 14.

Allez, vite, qu’on en finisse ! C’est notre heure !

 

Mais avant cela… une petite page de pub. 

 

Et oui, quatre ans après, TF1 est au rendez-vous lui aussi. 

Vous jurez contre votre télé, beuglant que vous n’en avez pas grand chose à foutre du dernier rasoir huit lames de Gillette. Une phrase probablement prononcée trop vite, tant vous allez regretter de ne pas en avoir un à portée de main quand vous aurez passé deux heures à supporter les commentaires de Christian Jeanpierre.

 

Les compositions :

 

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Côté français, pas de surprise, Ouin Ouin a aligné l’équipe type. Du moins la sienne. On a beau vérifier plusieurs fois, tous les joueurs semblent être alignés à leur poste, ce qui peut surprendre les personnes qui ont un peu suivi le XV de France depuis 2011. Pas les autres par contre, qui sont trop occupés à chercher Sébastien Chabal sur la feuille de match. 

Côté italien, Jacques Brunel fait preuve d’une audace à toute épreuve. Déjà, il n’a pas déclaré forfait lorsqu’il a appris le forfait de Sergio Parisse. Ensuite, il a réussi à aligner 14 joueurs de rugby ayant la nationalité italienne. Enfin : Luke McClean.

 

Le film du match : 

Pour ce premier match, les Bleus jouent en rouge, ce qui intrigue Monique, habitante du Vaucluse qui confesse sur sa page Facebook y voir le signe “du pouvoir coco-socialope en place” et du lobby “israélo-islamiste” appuyés (dans le désordre) par les gays, les francs-maçons, Mourad Boudjellal et Rory Kockott. 

Que Monique se rassure, en ce début de match, la seule innovation du XV de France estampillé “Coupe du monde 2015” est bien de l’ordre du vestimentaire. À côté de ça, rien de neuf. Surtout pas Sébastien Tillous-Borde et son physique de troisième ligne qui aurait vu sa croissance stoppée à 13 ans à cause de l’ingestion massive de compléments alimentaires. 

 

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Sébastien Tillous Borde à six ans

 

Après une ou deux chandelles, les Bleus obtiennent une pénalité. Michalak tape LE POTEAU ce qui est toujours amusant mais ne rapporte pas beaucoup de points. D’ailleurs le jour où la capacité à être drôle sur le terrain rapportera des points, nul doute que le CAB sera champion de France, d’Europe, et peut-être même champion du Monde. 

En parlant d’humour, notons que Noa Nakaitaci, derrière sa discrétion apparente, se révèle un sacré boute-en-train. La preuve avec cette action à la 10ème minute où, bien aidé par la French Chatte®, l’ailier clermontois hérite du ballon à quelques mètres de la ligne. Malheureusement, alors qu’il plonge dans l’en but pour aplatir, il l’échappe et commet un en-avant. Dans un premier temps accordé, la diffusion sur l’écran géant du ralenti va contraindre l’arbitre à revenir sur sa décision. 

Le plus grand déçu dans l’histoire est sans doute Michalak, qui était déjà prêt à dégommer un nouveau poteau lors de la transformation. Une aversion de l’ouvreur français envers les montants de Twickenham difficilement explicable, à moins qu’ils n’aient tenté de lui piquer sa meuf par le passé. En effet, rappelez-vous que c’est de ce même en-but qu’est tombé amoureux Clément Poitrenaud en 2004, lui faisant par la même occasion oublier d’aplatir le ballon qui y trainait. Coïncidence ?

Toujours est-il que beaucoup, comme la veille lors du match contre les Fidji, se sont indignés du “pouvoir” du réalisateur anglais qui peut diffuser ce qu’il souhaite (ou pas) sur l’écran géant pour influencer l’arbitre et le faire potentiellement revenir sur ses décisions. Félicitons-nous donc qu’il n’ait pas eu d’autres occasions de le faire pendant le match, les rumeurs disant qu’il avait préparé une compil’ des chansons de Christophe Maé pour retourner l’arbitre contre nous. 

Toujours aussi peu créatif et inspiré à la main, le XV de France s’en remet donc à la botte de Frédéric Michalak qui, malgré ses deux poteaux, passe tout de même six points au pied lors des 20 premières minutes. En face, Allan, l’ouvreur italien n’est pas beaucoup plus en réussite et il faut attendre la demi-heure de jeu pour que l’Italie ouvre son compteur de points dans la compétition. Une performance qui a probablement amené Jacques Brunel à se demander “Allan, t’es où ?”. 

 

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“Refais cette blague pour voir ?”

 

Pas grand chose d’autre à se mettre sous la dent lors de la fin des quarante premières minutes, si ce n’est une attaque charge de PICA sur Castrogiovanni. “C’est très efficace !” comme dirait l’autre. PICA qui fait également une attaque “STRATÈGE” quelques minutes plus tard avec un beau jeu au pied qui manque de permettre à l’équipe de France d’inscrire son premier essai. Pendant ce temps, Spedding passe une pénalité depuis l’Afrique du Sud et Michalak rajoute trois points à son tour. Côté italien, le niveau de créativité est proche d’un album de Laura Pausini et on sent bien que, même en rappelant Diego Dominguez, l’Italie serait aussi inoffensive qu’un amateur de tofu.

C’est après la reprise que le XV de France réussit à mettre un peu plus de rythme. Grâce à un subtil jeu au pied rasant de Michalak, Slimani se jette dans l’en-but et est le plus prompt à aplatir. Ça vous donne une idée de la réactivité de la Squadra Azzurra et de la qualité de la couverture défensive de Luke McClean. 

Grâce à cet essai, les Bleus ont une avance confortable (25-3) et se permettent de se relâcher un peu. Les Italiens en profitent et inscrivent un essai qui leur permet de revenir à 25-10. Il reste trente minutes à jouer et chez 90% des supporters français, cette même interrogation… 

“Non… quand même… 30 minutes, 15 points d’écart. Contre l’Italie… On va quand même pas se mettre à flipper… Si ?”. 

Fort heureusement, les minutes suivantes s’écoulent et aucun sursaut d’orgueil particulier n’est perceptible chez les Transalpins. Les Italiens ne mettent pas en difficulté les Français qui semblent gérer le match, pas complètement sereins mais de toute évidence habitués à ces rencontres pénibles et laborieuses. S’il y a bien une chose que l’on peut reconnaître à PSA, c’est qu’il nous a tellement habitués aux matches de merde que les joueurs sont immunisés contre les crises de panique et les faillites collectives que l’on a pu connaître par le passé. On sait se contenter de peu et gérer un match chiant en nous efforçant de ne surtout pas le rendre plus ouvert et risquer d’en prendre le contrôle. Une force qui pourrait bien nous servir lors de la suite de la compétition, quand il faudra gagner des matches de phases finales sur le score de 6 à 3. 

Le moment fort de la rencontre a lieu à la 55ème minute lorsque Yoann Huget s’écroule tout seul à l’approche d’un adversaire. On pense d’abord à la peur de se faire découper, mais l’adversaire en question est Luke McClean. Pas crédible. Une nouvelle simulation ? Impossible, Bubulle a appris de ses erreurs et même Morgan Parra dans la pub St Yorre est meilleur acteur. Reste donc la dernière possibilité : la blessure. On comprend vite que c’est bien cela et admettons-le, on a un peu envie de pleurer. Ambassadeur de la French Chatte, aussi agaçant qu’attachant, on a de la peine pour l’ailier qui grimace sur la pelouse. Ni le réconfort de Yoann Maestri, ni le PICALIN ne semblent apaiser sa douleur. C’est malheureusement bien la première fois du match que le troisième ligne centre n’est pas efficace.

 

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Yoann Huget après avoir lu son portrait presque élogieux sur la Boucherie 

 

La suite de la rencontre est très décousue et on sent les Bleus un peu perturbés par la blessure du Toulousain. Ultime fait de jeu marquant, un essai de Nicolas Mas LE CATALAN qui, contrairement à Guilhem Guirado (tout aussi CATALAN) connaît la règle qui permet d’aplatir au pied du poteau. Le Bus inscrit ainsi son premier essai avec l’équipe de France (après 81 sélection) et, lui l’homme de l’ombre, tient enfin sa revanche sur le destin en profitant d’un peu de lumière. Un peu comme ce jour où le gros de la cour de récré que personne ne veut prendre dans son équipe de foot finit par marquer le but de la victoire (souvent de manière involontaire). 

Le match se termine dix minutes plus tard sur le score 32 à 10 et tout le monde souffle. Les Français sont passés à côté du “piège italien”. Un piège qui, compte tenu de l’absence de Parisse et de leur niveau, était à peu près aussi grossier qu’un sketch de Jean-Marie Bigard. Mais tout de même. Les Bleus ont donc maintenant deux matches très faciles pour préparer celui face à l’Irlande. Une rencontre qui aura des airs de “huitième de finale”. Oui, c’est insupportable comme expression mais il va falloir vous y habituer, vous n’allez pas arrêter de l’entendre. 

 

Les joueurs : 

Efficaces et solides en mêlée, la première ligne française a été une nouvelle fois très rassurante. Mention à l’activité de Ben Arous mais aussi aux essais de Slimani et Mas. Attention à ne pas trop en faire tout de même, PSA serait capable de les faire glisser à l’aile, et il y a déjà Debaty. 

 

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C’est quoi tous ces piliers qui marquent des essais ? Attends, t’as de la fièvre ?

 

Gros match également de Dusautoir, très actif en défense et de PICA qui a emporté tout sur son passage, avec la finesse qu’on lui connaît et sa célèbre technique du COUDANTAGUEULE. Un jour il va même assommer l’arbitre parce qu’il sera sur son chemin et on sera bien emmerdés. J’attends les photos de Chouly pour émettre un avis sur son match, mais puisqu’il paraît qu’il était sur le terrain, on est en droit d’espérer qu’elles sont de bonne qualité.

Du côté de la charnière Sébastien Tillous-Borde a été assez décevant et peu en vu dans l’animation offensive. On ne lui demande pas d’être Aaron Smith ou Byron Kelleher mais s’il pouvait peser un peu plus sur le jeu ça ne nous ferait pas de mal. Reconnaissons tout de même que le demi de mêlée protéiné reste la meilleur chose que vous pourriez manger au petit déjeuner, notamment grâce à son apport élevé en omega 3 et en minéraux. Une information qui n’a rien à voir avec le rugby, à part si vous êtes Uruguayen. Michalak pour sa part a été d’un classicisme déprimant. Sobre et efficace certes… Mais quel gâchis de le voir évoluer dans un registre aussi restrictif. Aucune folie, aucune prise d’initiative. La dernière chose un peu folle qu’il ait tentée, c’est de labourer un champ chez les Lolos Noirs. Un crève-cœur quand on connaît ses qualités et ce qu’il pourrait apporter dans le jeu des Bleus. Quitte à renoncer à la moindre tentative de jeu, autant mettre Talès, au moins on sait à quoi s’attendre.

 

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“Imagine que c’est la tête de Lagisquet sur le poteau…”

 

Au centre, Dumoulin ne va pas assez vite et n’arrive toujours pas à s’affirmer à ce niveau malgré des choses prometteuses entrevues au Racing. À ses côtés Bastarocket a été fidèle à lui même. On l’a envoyé au charbon et il a toujours un peu avancé. On ne perd pas espoir qu’il soit un jour utilisé en leurre pour créer des espaces à exploiter derrière lui (la seule fois où on l’a fait récemment on a marqué un essai en première main d’ailleurs) mais cela impliquerait d’avoir des combinaisons derrière et de toute évidence, c’est trop demander à Patrice Lagisquet. 

Enfin concernant le trio derrière : Huget avait été peu en vue jusqu’à sa blessure alors que Nakaitaci s’était montré aussi tranchant que maladroit. Dommage. Enfin Scott Spedding, porté par le feu incandescent de son amour pour la France, s’est montré volontaire et impliqué. Le genre de mec qui était super content quand il y avait un contrôle surprise au collège parce qu’il avait à chaque fois révisé.