Top 14 : Vers une fusion entre le Stade Toulousain et l’US Colomiers ?
par Ovale Masque

  • 23 December 2013
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Par Bertrand Enchabal-Masquet,

 

Un véritable coup de gueule. René Bouscatel est habituellement réputé pour être un président discret, au discours toujours mesuré. Un président à l’ancienne, bien loin des ces nouveaux mécènes s’amusant à jouer les histrions médiatiques tels que Mourad Boudjellal, Alain Afflelou ou Jacky Lorenzetti.

Mais cette fois, cet ancien avocat de profession a décidé de jeter un pavé dans la mare. Après avoir démissionné du comité directeur de la LNR il y a quelques jours, René Bouscatel a frappé fort en accordant une interview choc au journal officiel du Stade Toulousain à la Dépêche. La cause de son énervement ? La convention de la FFR limitant les internationaux français à un nombre de 30 matchs par saison…

« Cela fait des années et des années que le Stade Toulousain est le principal fournisseur du XV de France. Voyez par vous-même : Vincent Clerc, Yoann Maestri, Gaël Fickou, Thierry Dusautoir, Louis Picamoles… autant de joyaux issus de la formation toulousaine qui font le bonheur des sélectionneurs depuis plusieurs saisons. Et comment la Fédération nous récompense pour notre excellence ? En nous empêchant de les faire jouer ! On marche sur la tête (…) Priver des honnêtes hommes d’exercer leur métier, et d’honnêtes entrepreneurs de disposer de leurs salariés, pas de doutes, nous sommes bien sous une dictature socialiste ! La maladie s’est malheureusement étendue à toutes les couches de la société… »

René Bouscatel est également revenu sur les difficultés financières rencontrées par son club. Si le Stade Toulousain n’en est « pas encore à faire la manche sur le trottoir », il n’est clairement plus invité aux soirées mondaines où les nouveaux riches présidents du Top 14 se pavanent. L’annonce du recrutement de Toby Flood semble d’ailleurs symptomatique du nouveau statut du club le plus titré de France :

« Nous devons être réalistes. Nous ne pouvons plus rivaliser avec les locomotives que sont devenues Toulon, Montpellier, le Racing ou encore Castres. Après avoir recruté l’inconnu Schalk Ferreira, la contrefaçon taïwanaise d’un ailier All Black et l’ouvreur remplaçant du Biarritz Olympique, nous n’avons pas pu trouver mieux que Toby Flood sur le marché des transferts cet hiver. Je ne veux rien retirer des qualités de ce garçon… mais ça n’aura échappé à personne qu’il est un second couteau, le 3ème ou 4ème choix à son poste avec le XV de la Rose. En fait, mon recruteur, Jean-Michel Rancoule, était sur un gros poisson, Andy Goode. Malheureusement, ce dernier était trop cher. Selon mes informations, il aurait préféré signer à Toulon, où il succédera à Jonny Wilkinson (…) A ce niveau là, nous ne pouvons plus lutter. Les supporters du Stade, s’il en reste, doivent s’attendre à une période de vache maigre. Nous sommes forcés de revoir nos ambitions à la baisse. Idéalement, nous aimerions pouvoir remporter l’Amlin Cup d’ici 3 à 4 ans. Cela prendra du temps, et il faudra beaucoup de travail, mais nous pouvons le faire. Notre standing et notre passé sur la scène européenne l’exige. »

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 Un staff dans la tourmente. 

 

Plus surprenant, Bouscatel a également révélé qu’il étudiait la possibilité de fusionner son club avec l’US Colomiers, afin de « faire survivre le rugby Haut-Garonnais, actuellement au plus mal ». Des négociations seraient d’ores et déjà en cours avec le président de l’USC, Alain Carré. Malgré la rivalité historique entre ces deux clubs, et le « palmarès ridicule de Colomiers », selon les mots mêmes de Bouscatel, cette fusion pourrait s’avérer vitale pour l’avenir des deux clubs :

« Notre modèle économique ne peut plus tenir. La fusion avec Colomiers nous permettrait premièrement de nous débarrasser d’Ernest-Wallon. On dit que le Stade est le premier budget de France… certes, mais nous sommes propriétaires de notre stade et cela pèse ! Un stade vide semaine après semaine, malgré des prix particulièrement attractifs, avec des places à 35 euros derrière les poteaux. Nous avons tenté de redresser la barre avec des opérations commerciales ingénieuses : par exemple, pour trois places achetées face au Connacht, un appareil à fondue était offert (sans ses piles). Mais ça n’a pas marché… la Ville Rose ne se passionne plus pour le ballon ovale. La concurrence du TFC, une des équipes les plus spectaculaires de la Ligue 1, nous nuit assurément. »

Ainsi, les matchs du Stade Toulousain pourraient se jouer à l’avenir à Colomiers. Tandis que le stade Ernest-Wallon serait revendu…

« Oui, nous souhaiterions disputer nos matchs au stade Michel-Bendichou. Sa capacité de 11 000 places semble plus adaptée au club de milieu de tableau que nous sommes devenus. Quant à Ernest-Wallon, j’envisage de le vendre au Castres Olympique. Le CO est un club ambitieux, vice-champion de France en 2013, et qui a pour objectif de décrocher un titre dans les années à venir. Mais leur progression est ralentie par l’absence de routes goudronnées en Aveyron : cela empêche la majorité de leurs supporters de se rendre au Stade Pierre-Antoine. Venir jouer à Toulouse serait donc une solution pour eux, ils l’ont déjà fait en H Cup our pour organiser leurs matchs de barrage. C’est gagnant-gagnant ! J’ai mis une annonce sur Ebay pour le stade, j’attends maintenant que monsieur Pierre Fabre enchérisse. »

Dans la perspective de cette fusion, René Bouscatel se réjouit à l’idée d’un retour aux sources de l’enfant du pays, David Skrela, qui a toujours été très populaire auprès des supporters Rouge et Noir.

« David Skrela, c’est un peu comme votre femme après des années de mariage. Elle n’est plus très belle, elle colle ses pieds froids contre vous au lit et elle ne vous fait plus fantasmer depuis longtemps. Et au final, c’est quand on la quitte qu’on se rend compte que notre petit confort nous manque terriblement. David Skrela n’a jamais su taper correctement un coup de pied de renvoi sans que son père ne lui tienne la main, mais en dehors de cela, il reste un très bon joueur de rugby, bon buteur, bon défenseur, complet. Entre Jean-Pascal Barraque et ses pieds carrés et Lionel Beauxis qui n’a jamais compris le concept du plaquage, je peux vous affirmer qu’il ne nous ferait pas de mal dans l’effectif ! »

Une interview coup de poing qui devrait beaucoup faire parler dans les jours à venir. Affaire à suivre…