Argentine History X
par Pierre Villegueux

  • 19 June 2012
  • 38

Ou l'histoire poignante de 15 français qui se font violer par des skinhead argentins dans un bidonville de Cordoba.

Par Pierre Villegueux,

Non, Pierre Villegueux n'est pas mort. Je le précise, car ça fait un moment que je n'ai pas écrit ici, et il paraît que les temps sont durs pour les vieux journalistes sportifs réactionnaires. J'en profite d'ailleurs pour rendre hommage à mon collègue Thierry Roland, un homme qui avait plein de qualités, bien qu'il fut passionné par un sport de tarlouzes décérébrées. Voilà, c'est fait.

Nous nous étions donc quittés sur une brillante défaite du XV de France face au Pays de Galles, par une belle après-midi ensoleillée à Cardiff, où Clément Poitrenaud, allongé sur la pelouse à machouiller un brin d'herbe, avait été aux premières loges pour admirer les changements d'appuis d'Alex Cuthbert. Pour notre habituelle tournée suicide dans l'hémisphère sud, on pouvait également s'attendre à quelques fous rires, et j'imagine que c'est bien pour cela que la Boucherie a rappelé son analyste fétiche. Du côté des chaînes de télé par contre, on ne se dispute pas pour cette tournée : Canal diffuse déjà les purges du vendredi soir, France Télévision les passionnantes joutes d'Heinekid Cup, ils ont fait leur quota de matchs pourris pour la saison. Du coup, les grandes chaînes se refilent la patate chaude comme les clubs du Top 14 se refilent Benoit Baby, et le match atterrit finalement chez le petit nouveau BeinSport. Cette chaîne nous offre au moins le privilège de retrouver aux commentaires le sympathique Rodolphe Pires, un fidèle lecteur de la Boucherie. Hélas Rodolphe a un peu changé depuis qu'il a accepté le pont d'or des Qatari : il ne répond plus à nos tweets et ne vient pas quand on l'invite à l'apéro, préférant se balader dans sa Maserati et passer ses après-midis dans sa nouvelle piscine flambant neuve…

De notre côté, ce n'est évidemment pas le même luxe. Ce hippie d'Ovale Masqué a déjà dépensé l'intégralité des recettes des ventes de notre ticheurte pour s'approvisionner en drogues et écrire ses Immondes du rugby toujours plus débiles. Dans l'impossibilité de nous abonner à la chaîne, nous nous tournons donc vers le strimigne. Comme moi je n'y comprends rien à l'informatique, Ovale m'a envoyé son fidèle stagiaire pour m'assister. Un garçon bien serviable, quand même. Je dois avouer qu'il m'a un peu aidé à changer mon point de vue sur la communauté homosexuelle.

Malgré tous ses efforts, le Stagiaire peine à trouver un strimigne qui retransmet cette fameuse chaîne BeinSport. Finalement, nous suivrons donc le match en espagnol, où le CJP local appelle tous les joueurs par leur prénom, et semble avoir un orgasme à chaque tentative de pénalité de FELIPEEEEE Contepomi. Du coup, nous sommes privés de Rodolphe mais aussi de son compagnon du soir Thierry Lacroix, l'ami personnel de Paddy O'Brien, l'homme qui aime réciter les articles complets de l'IRB pour bien nous expliquer les règles à chaque coup de sifflet. Ouf : si on cherchait vraiment à comprendre le rugby, on aurait arrêté de le suivre il y a longtemps.

Au rayon des phénomènes inexpliqués, on remarque aussi dès le coup d'envoi les nombreux crânes rasés côté argentin. Est-ce la marque d'un nouveau culte en l'honneur de la divinité Contepomi ? Fight Club vient enfin de sortir en Argentine ? On ne le saura jamais, mais en tout cas cela va bien compliquer le travail des recruteurs du Stade Français et de Montpellier, pour qui une tournée en Argentine fait toujours office d'ouverture des soldes d'été. C'est d'autant plus vrai cette année que la plupart des Pumas sont de parfaits inconnus, les titulaires étant en plein stage de dop… d'entraînement à Miami. Même Marcelo Bosch a été jugé trop fort pour jouer cette tournée, c'est dire. Nicolas Vergallo, trop épuisé par son éprouvante saison au Stade Toulousain, n'est pas là non plus. La seule star venue se sacrifier pour jouer la nounou est donc le capitaine Contepomi, qui a enchaîné 72 matchs de suite depuis la Coupe du Monde 2011, mais qui est toujours au taquet comme un Sylvain Marconnet devant une assiette de bœuf bourguignon.

L'arrière Roman Miralles n'a rien compris au dress code capillaire.

Le match :

Tout commence plutôt bien pour le XV de France, qui obtient la première pénalité du match, transformée par Morgan Parra. Il n'en faut pas plus pour que les hommes de PSA s'enflamment sur le mode « c'est bon, c'est l'équipe 3 des Pumas, on va leur foutre une branlée ». Trinh-Duc décide donc de relancer de ses propres 22 mètres. Mais trop habitué à jouer avec 12 Argentins dans son club, le GPS de Françou est apparemment aussi déréglé que celui de Yoann Huget. Ainsi il nous offre un magnifique service en cloche (de cloche, ça marche aussi) directement dans les mains de Belisario Agulla, le frère d'Horacio, comme quoi leurs parents ont vraiment des goûts de merde pour les prénoms. 4 minutes de jeu, un bel hommage à Rémy Martin et déjà un premier essai pour les Pumas, la soirée s'annonce bien.

Malgré cela, les Bleus se remettent plutôt bien dans le match et dominent au niveau de la possession. On joue avec trois seconds centres : Trinh-Duc a compris qu'il ne se rendait pas vraiment utile en tentant des passes et décide donc de passer sa soirée à péter tout droit. Florian Fritz fait pareil car il est Florian Fritz et Wesley Fofana fait pareil car il a Yoann Huget comme ailier. Logiquement, les Pumas subissent et se mettent à la faute, et Parra ne tarde pas à redonner l'avantage à la France grâce à deux nouvelles pénalités. Contepomi en met également une pour le fun, mais les Pumas ne garderont pas l'avantage bien longtemps. Dans une scène surréaliste, Trinh-Duc envoie le jeu au large, Fritz passe pour Fofana, qui réussit à passer les bras pour Dulin. L'arrière agenais réussit à échapper à deux plaquages et n'est mis au sol qu'à quelques centimètres de la ligne. Le jeu rebondit alors pour Trinh-Duc, qui ajuste une passe au pied sur l'aile d'Huget. On ne sait vraiment pas si tout était calculé ou si Donald a tout simplement foiré son coup de pied, mais toujours est-il que peut-être pour la première fois de sa carrière, Huget fait preuve d'intelligence en remettant le ballon à l'intérieur pour Picamoles d'une jolie passe volleyée. On sent que le mec a bossé l'intégrale de Jeanne et Serge pendant sa suspension. Picamoles a donc le champ libre pour plonger dans l'en-but et aplatir un essai parfaitement valide, mais comme le juge de touche est Wayne Barnes et qu'il n'a toujours pas reçu la paire de couilles qu'il avait commandée sur Ebay en 2007, nous avons le droit à une séquence replay de dix minutes. L'arbitre vidéo en cabine avait probablement zappé sur le journal du hard, mais l'essai est finalement validé et la France reprend l'avantage 14 à 10. On en restera là pour la première mi-temps où il ne se passera pas grand chose d'intéressant et où l'on s'amusera à jongler entre les strimes pour mettre un peu de piment à la soirée.

Pendant ce temps à Vera Cruz, Benjamin Fall fait de la montgolfière tout nu avec une girafe. Putain y'en a qui se font pas chier.

Après une première mi-temps relativement agréable et débridée (sauf pour François Trinh-Duc, qui sans doute à cause de ses origines, semble toujours bridé sous le maillot bleu), la seconde période sera bien moins enthousiasmante. Des deux côtés, les maladresses s'enchaînent. Les mêlées aussi. Ca tombe bien, Debaty est entré et fait du bien au pack français, qui va glaner quelques pénalités. Morgan Parra enquille avec plus ou moins de réussite (5/7 au final), tandis que Donald Duck semble avoir totalement abandonné son rôle d'ouvreur : c'est maintenant Florian Fritz qui s'occupe du jeu au pied d'occupation. Dans un instant de folie, il tente même un drop, oubliant que le dernier qu'il a réussi remonte à deux ans. La France domine mais fait preuve de peu de créativité et n'a pas vraiment d'occasions d'essai. Du coup Contepomi profite des quelques fautes françaises pour maintenir les Pumas à distance raisonnable. A la 52ème minute, les Bleus remportent une mêlée sur introduction adverse, et Picamoles s'échappe jusqu'aux 22 mètres argentins. Leonardi vient tuer l'action et écope d'un jaune, qualifié par Lacroix de « faute intelligente » car selon lui mieux vaut prendre 3 points et un jaune qu'un essai. Un raisonnement contestable mais pourtant totalement vrai quand on joue contre l'équipe de France, puisque les Bleus ne feront absolument rien de leur période de supériorité numérique. Pire, ils concéderont une nouvelle pénalité qui permet à Contepomi de ramener le score à 16-20. Les Bleus ne se sentent pas vraiment menacés et attendent tranquillement que le chrono tourne. Et là c'est le drame.

Comme il n'y a rien qui ressemble plus à une rencontre de Top 14 qu'un match entre la France et l'Argentine, il fallait se douter qu'envoyer du jeu était la meilleure des solutions pour perdre le match. On se décide malgré tout à jouer… à la 77ème minute. Dulin sert Michalak qui prend

order viagra no prescription

l'intervalle et sert fort joliment Ouedraogo au contact. Le Montpelliérain, aussi inspiré que son coéquipier qui joue centre ouvreur sur le banc, balance la balle n'importe comment. C'est récupéré par les Argentins qui, on ne l'a pas beaucoup souligné, jouent très bien un coup pas si évident que ça avec encore 80 mètres à parcourir jusqu'à l'en-but. On saluera notamment la vision du jeu et la précision du centre Tuculet (prononcez Toucoulette pour que ce patronyme paraisse encore plus ridicule) qui délivre une belle passe au pied vers son ailier Montero, qui n'a plus qu'à griller Debaty à la course pour inscrire l'essai en coin. Contepomi transforme, 23-20 pour les Argentins, qui balancent le ballon en touche quelques secondes plus tard et s'assurent d'une 5ème victoire consécutive face aux Bleus sur leur sol. Un hold-up presque parfait pour les Pumas. Rien n'y fait, même en alignant des amateurs, ils n'arrivent décidément pas à perdre contre la France.

Jusqu'en Argentine, on trouve des fans de Damien Try.

La nourriture favorite des Pumas :

Belle première pour Dulin, solide sous les ballons hauts, auteur de quelques bonnes relances. Malheureusement, ce n'est pas au poste d'arrière qu'on manque le plus de talents. Buttin : J'ai dû relire la feuille de match pour vérifier qu'il avait joué. Bizarre de le titulariser à l'aile, où il a moins de latitude pour s'exprimer qu'à l'arrière, alors qu'il y avait de vrais spécialistes dans le groupe comme Fall ou Martial. Huget : n'a pas eu beaucoup plus de ballons que son pote, mais il a montré de l'envie et a été décisif sur le seul essai français. On peut donc dire qu'il s'agit de son match le moins mauvais en équipe de France, ce qui est déjà pas mal. Fofana : Décisif aussi sur le premier essai, il a pas vraiment eu d'autres occasions de se mettre en valeur. Fritz : Il plaque, découpe, récupère des ballons, percute, assume le jeu au pied. Même que de temps en temps, il fait des passes. Indispensable donc, même si on peut encore douter de l'identité de son binôme idéal. Trinh-Duc : Plus on le voit jouer, plus on veut bien croire que Marc Lièvremont était un génie. Parra : Cramé depuis des mois, il a encore été très lent, et en plus il a dû jouer 80 minutes. Il aurait peut-être été plus judicieux d'emmener quelqu'un comme Tillous-Borde, Dupuy voire même Nicolas Durand, histoire qu'il se souvienne un peu de ce que c'est que jouer au rugby.

Picamoles : Picachu le tracto-pelle a sorti un bon gros match malgré quelques maladresses. Marque l'essai et offre quelques belles percussions. Ouedraogo : a mis un casque pour ressembler à Betsen. Mais on retiendra surtout sa superbe imitation de Sonny Bill Williams un soir de cuite, avec sa passe après-contact balancée en tribunes. Enfin… il aurait mieux fait de vraiment la foutre en tribunes, justement. Lauret : Pas vu. C'est finalement quand il n'est pas là qu'on se rend compte qu'un Dusautoir, même moyen, est indispensable. Papé : Un peu l'antithèse du capitaine du Costa Concordia. A chaque fois qu'on lui donne le brassard, il sait que le naufrage sera au bout, mais il reste quand même sur le pont jusqu'au bout. Il a fait honneur à son rang avec une belle activité. Maestri : Sans doute bon dans le travail de l'ombre, il nous déçoit toujours un peu quand il ne frappe personne. La première ligne : Attoub a été solide en mêlée et bon dans le jeu, confirmant ses belles performances du Tournoi. Première discrète pour Watremez qu'on a pas trop vu pendant 40 minutes. Szarzewski : Joue toujours sans cerveau et n'avance pas beaucoup à l'impact, mais au moins cette fois, il n'aura pas foiré de lancers.

Les remplaçants : Belle rentrée de Debaty qui a bien massacré son vis à vis en mêlée. J'espère qu'il en a bien profité, ce sera pas tous les jours la fête pour lui. Michalak : Toujours aussi agréable à regarder (n'est-ce pas le Stagiaire ?) il a amené un peu d'alternance et de fluidité au jeu. Sa prise d'intervalle et sa passe après-contact auraient mérité mieux qu'un essai en contre des Argentins. Maintenant, on aimerait bien le voir titulaire, même si on sait pertinemment qu'il fera une grosse bourde ou qu'il se pétera les croisés. Tolofua : comme son futur remplaçant, il n'a foiré aucun lancer et c'est déjà ça. Taofifenua : 5 minutes et pas une pêche alors que le match était perdu et que c'était l'occasion idéale de sauver l'honneur, on l'a connu plus en forme. Mermoz : Entrée à la 79ème minute. Cette fois c'est sûr, Saint André le sélectionne juste pour se foutre de sa gueule.

En même temps c'est facile de gagner quand on a un agent infiltré dans l'autre équipe…

L'armée des 12 singes :

Malgré de nombreux nouveaux visages, on a retrouvé une équipe des Pumas plutôt appliquée et solide en défense, sans imagination mais opportuniste en attaque, bref, l'Argentine qu'on aime tant détester. Felipe Contepomi, toujours au top quand il s'agit d'humilier la France, a joué à peu près à tous les postes et a été précis sur ses tirs au but. Les arrières ont été assez maladroits avec de nombreux en-avants, mais on peut quand même les féliciter pour le second essai. Les avants ont bien fait le boulot et on risque d'en retrouver certains en Top 14 sous peu.

Enfin rendons quand même hommage au meilleur Puma du week-end, David Nalbandian. Comme dirait Damien Try, un Argentin blond aux yeux bleus, c'est l'assurance de bons gènes de boucher :

Le match de Ouin-Ouin :

D'habitude, quand un coach arrive à la tête de l'équipe de France, il nous promet de nous faire rêver, raconte qu'on va envoyer du jeu de partout et enfin gagner la Coupe du Monde. Ouin-Ouin lui était déjà déprimé dès le début, et ça ne va pas en s'arrangeant à lire ses dernières déclarations: « Les Argentins, ça fait trois semaines qu'ils étaient ensemble. Défensivement, ils étaient hyper-organisés et même s'ils ont subi, ils s'en sont sortis. Sur les neuf derniers matchs, on doit perdre huit fois. Il faut quand même arrêter de se croire supérieurs » (…) « Le rugby français… Sur la finale du Top 14, les piliers droits et les piliers gauches, des deux côtés : étrangers. Les demis d'ouverture, des deux côtés : étrangers. Point final ».

Tu es bien gentil Ouin-Ouin, mais on te rappellera quand même que Hayman et Wilkinson, c'est bien toi qui les as fait venir à Toulon. Au passage, on se demande toujours comment tu as eu l'idée de revigorer l'attaque française en choisissant le coach du Biarritz Olympique comme entraîneur des arrières.

Conclusion :

Un match bizarre. Face à une équipe limitée mais courageuse, les Bleus n'ont pas fait un match dégueulasse. Ils ont tour à tour été trop timorés (il y avait moyen de plier le match avant l'heure de jeu, notamment pendant le carton jaune de Leonardi), puis trop joueurs à l'image des deux essais bêtement pris en contre. Voilà en tout cas une défaite qui ne risque pas de remettre en confiance une équipe qui encaisse quand même là sa 3ème défaite en 6 matchs. Et pendant qu'on fait mumuse avec la réserve argentine, le Pays de Galles, l'Irlande et l'Angleterre continuent de se construire et posent des problèmes aux trois gros du Sud, dans de vrais matchs internationaux avec grande intensité. Si l'objectif est toujours de gagner la Coupe du Monde 2015, on a clairement pris du retard. Et on se demande si cette finale de Coupe du Monde miraculeuse (et pas franchement méritée, on peut le dire maintenant ?) n'est pas un cadeau empoisonné pour le rugby français, qui aurait mieux fait de se remettre profondément en question il y a quelques mois. Ah non, pardon, c'est vrai qu'il y a eu les assises du rugby français en mars dernier. Paraît que les petits fours étaient super bons.

Le résumé en vidéo :

sms spy android

zp8497586rq
zp8497586rq