Le Labo’ccitan analyse Toulouse – Brive (30-21)
par Damien Try

  • 23 April 2012
  • 11


Par Damien Try

 

Le contexte :

Toulouse brûle, le Stade est aux portes de la relégation sportive et administrative, les internationaux quittent le navire et Guy Novès parle de retraite. C’est du moins ce que j’ai cru comprendre en tendant l’oreille et en feuilleutant la presse spécialisée. Bien mal m’en a pris, j’aurais dû me douter que lire le Merdol ne me grandirait pas. Non non, rien de tout celà ne se passe à Toulouse-City je vous rassure. Alors oui Toulouse est éliminé de la H-Cup, mais est-ce réellement honteux de perdre un quart de finale ? (Contre des Ecossais, un peu, en effet, je l’admets). Et oui, Toulouse a perdu 2 de ses 3 derniers matchs de Top14, mais est-il vraiment nécessaire de terminer la saison régulière avec plus de 100 points, tel un vainqueur de la montée directe en Top14 ? Mais les journalistes sont heureux, l’ogre toulousain a perdu deux fois de suite, vous pourrez dire à vos petits-enfants que vous étiez là quand c’est arrivé.

En réalité, la vie est plutôt rose dans la ville de la même couleur. Le Stade caracole toujours en tête du Top14 ; les internationaux reviennent de blessure un par un voire deux par deux ; le padawan Elissalde apprend petit à petit à maîtriser la Force. Non vraiment, la seule ombre au tableau est le retour annoncé de Yoann Huget.
Toulouse reçoit donc Brive pour relancer sa saison après la petite gueule de bois édimbourgeoise, et assurer sa qualification mathématique pour les demi-finales, avec les retours tant attendus de Clerc et McAlister, qui a dû profiter de sa blessure pour soulever de la fonte et manger des ravioli, il a doublé de volume le bougre.

Ca c’est pour l’instant Miaou “j’ai fait la guerre et maintenant je vais aller me satisfaire dans cette botte en caoutchouc”.

 

Le film du match :

La rencontre part sur les chapeaux de roue, puisque dès la première minute, Nyanga est la cible d’une jolie cravate. Tolofua marque son enthousiasme en ratant un lancer en touche. Dans la foulée, l’intensité ne faiblit pas puisque Fritz offre au public d’Ernest Wallon une superbe percée qui se termine dans l’en-but, malheureusement invalidée en raison d’une obstruction de Human sur son vis-à-vis Kakovin au départ de l’action. Bien joué Dan, gêner un pilier arrêté à 5 mètres d’un Fritz lancé “comme un frelon” dirait Matthieu Lartot, c’est très appréciable (pour le CA Brive).
Mais il ne faut pas perdre le rythme, et à la 3ème minute du match, après une deuxième cravate pour aller avec la première, alors que Maestri et Henn s’expliquent comme des grands garçons, Johnston et Dubarry se joignent à la conversation, suivis de près par Mela, qui a toujours quelques arguments percutants à partager. Dubarry et Johnston sont invités à réfléchir 10 minutes sur le banc, et Brive profite de la pénalité pour passer les 3 premiers points de la partie.

Le retour de McAlister fait beaucoup de bien au jeu offensif toulousain, et on peut voir des surnombres se mettre en place. Manque de chance David dans la pure veine fritzienne met le ballon au coffre et jette la clef, et oublie une première fois son ailier grand côté à la 7ème minute. Deux minutes plus tard sur une pénalité rapidement jouée, il perce en profondeur la défense coujoue et file à l’essai par une course de 50 mètres. Voyant qu’il sera assez difficile de parcourir les derniers mètres avec un défenseur sur le râble, il offre à Poitrenaud une passe qui aurait pu venir un peu plus tôt, ce qui lui aurait évité la labélisation “en-avant”, attribuée par les esprits chagrins. Qu’importe, essai donc de Poitrenaud, qui porte le score à 5-3, avant la tentative de transformation de McAlister. Après aussi, d’ailleurs.
Brive n’a rien d’autre à proposer que des coups de pied, ce qu’ils s’appliquent à faire, y compris de plus de 50 mètres en coin. Toulouse a retrouvé son ouvreur et son jeu de main, et Clerc inscrit son essai j’ai-rien-eu-à-faire-juste-courir-5-mètres syndical. M. Pomerade demande la vidéo, ce qui déclenche le courroux du public toulousain, outré qu’on puisse mettre en doute la suprématie de son équipe. La vidéo confirme que le Stade est bien le meilleur club de la galaxie (voire plus), et le score monte à 12 à 6, puis 15 à 6 après une pénalité de McAlister. Pour la petite histoire, il aurait demandé à aller en touche, mais Christopher Tolofua a supplié Dusautoir de prendre les points.
Toulouse joue, relance de ses 22, fait des passes, marque des essais, mène au score. La machine à gagner est relancée, et l’Equipe commence à monter la maquette de la Une avec en gros titre “Toulouse, l’année du doublé ?”
Un peu de relâchement sur le terrain pour les joueurs qui pensent enfin éviter la véhémence novèsienne, qui se traduit par un essai briviste. Tolofua marque son mécontentement en ratant complètement un lancer en touche. Heureusement, les Toulousains récupèrent une pénalité, bottée en touche par McAlister. Tolofua marque son soulagement en ratant son lancer en touche. Toulouse propose du jeu, et les éléments semblent en leur faveur, Tolofua réussissant même un très beau lancer en touche ! Dommage, l’arbitre demande à rejouer la touche… Tolofua marque sa déception en ratant son lancer.

Florian Fritz est devenu si puissant qu’il parvient à décapiter ses adversaires d’un simple regard.

 

Les lancers en touche toulousains et une très forte mêlée assurent une belle conquête pour les Brivistes, et après une charge du pilier Kakovin qui rebondit sur l’épaule de McAlister, Geraghty tape à suivre pour Boussuge qui dépose à la course Clerc, avant de profiter du rebond favorable et marquer un essai juste avant la pause. 18-15 pour les visiteurs, le maquettiste de l’Equipe change le titre en “Toulouse, l’année noire”.
Les Toulousains changent de stratégie en seconde mi-temps, essentiellement par Burgess qui joue toutes les pénalités rapidement, plutôt que de prendre les touches perdues d’avance. Toulouse continue de porter le ballon, et McAlister utilise un peu de la magie qui avait fait de lui la star du Top14 pendant la Coupe du Monde pour remonter tout le terrain, avant de passer la pénalité qui suit. Tolofua marque son admiration en ratant une touche, ce qui aurait pu coûter très cher si Fritz n’avait pas montré une défense exemplaire devant la ligne d’en-but.
La pluie battante décourage quelque peu les envolées, et les buteurs se rendent coup pour coup. Le banc toulousain commence à faire ses effets, et après une faute d’anti-jeu de Mela qui lui vaudra un carton jaune, l’ouvreur toulousain porte le score à 27-21 à la 71ème minute, puis 30-21 quelques instants plus tard, sortant les Brivistes du bonus défensif. Tolofua marque sa confiance dans une proche victoire en faisant le pas de l’oie devant la défense briviste. Vous avez bien lu ce que j’ai écrit, Tolofua marque sa confiance dans une proche victoire en faisant le pas de l’oie devant la défense briviste. Pour la peine, Paquet rentre dans le club [del]très fermé[/del] des talonneurs utilisés cette année à Toulouse.
Je recommande à tout ceux qui ont pleuré à la mort de la maman de Bambi de ne pas lire la fin de cet article, la vie est cruelle. Car Brive, qui n’a pas démérité, qui a joué crânement sa chance chez le leader du championnat comme on dit, se voit offrir une chance de ramener un point de son déplacement en Haute-Garonne. 79ème, pénalité sur la ligne des 22, très excentrée.

Ugo Mola quitte le banc, puis revient, puis repart, va voir Novès. La sirène retentit, l’atmosphère est irrespirable, la tension palpable, le tonnerre gronde, “Ainsi parlait Zaratustra” est chanté a capella dans les tribunes, Mathieu Bélie prend son élan… et rate les perches. Brive devra donc encore se battre dans les semaines à venir pour assurer son maintien.

Ce jeune fan obtient la chance de sa vie en réussissant à poser à coté du Grand Luke McAlister.

 

Les joueurs :

La première ligne a eu du mal en mêlée. Le pauvre Tolofua a eu énormément de mal en touche. J’avais écrit qu’il n’était pas le seul à blâmer des contre-performances de la touche toulousaine, que le mal était plus profond, mais quand le lancer n’est pas droit, ce n’est pas la faute des blocs de sauts. Montes travaille les lancers en touche parait-il, ça pourrait servir… La seconde ligne a fait le boulot, avec un Albacete très présent en attaque, et un Maestri très présent dans les bagarres. Bon match de la troisième ligne, Gallan a enfin trouvé un short qui couvre ses fesses, remplacé à la 45ème par un Picamoles percutant. Très bon match de Batman, enfin décisif en attaque.

Burgess a un peu moins porté le ballon qu’à son accoutumée, c’est louable. Qui aurait pu imaginer que remplacer le regard vide du Lémurien par la créativité de McAlister puisse métamorphoser ainsi une équipe ? Ne levez pas la main, c’était une question rhétorique. La paire de centres frères jumeaux a fait un très bon match, mention spéciale pour Fritz, le meilleur Toulousain depuis quelques mois. Les ailiers n’ont pas pu trop se montrer, mais Clerc réussit l’escroquerie de marquer pour son retour, en étant transparent tout le match. Poitrenaud, enfin titulaire à l’arrière après la lubie Jauzion, peut mettre à son crédit un bon match, marqué par un coup de pied monstrueux en touche vers la 50ème.

 

Conclusion :

Toulouse disputera bien une 19ème demi-finale de championnat d’affilée, à domicile qui plus est. Restent donc 6 semaines de préparations pour ce match, inutile d’interroger les sibylles pour annoncer que le déplacement à Toulon et la réception de Montpellier ne seront que des petites distractions pour les joueurs, pour rompre un peu la monotonie de l’entrainement. Malheur donc à l’équipe qui viendra affronter un Stade Toulousain tout à fait frais et sur-entrainé le 2 ou le 3 juin !