Le Lab’ého vous explique pourquoi il ne faut pas rater le derby basque
par Jacques Gourou

  • 12 April 2012
  • 12

 

Par Jacques Gourou,

 

I. Présentation des deux villes

Biarritz, sa grande plage, son casino, ses hôtels luxueux, ses thalassos et ses gigantesques villas n’est ni plus ni moins que le Monaco de l’Atlantique.
Bayonne, son port industriel, ses centaines de tavernes, ses arènes et ses quartiers populaires, abrite ceux qui ont raté leur vie et qui ont sombré dans la dépression. Les Bayonnais accusent sans cesse la ville de Biarritz de jouir d’une ambiance surfaite (surf-aite) et se disent plus conviviaux, comme le montrent les fêtes de Bayonne en août (il ne faut pas les prendre à la légère, Ovale Masqué économise depuis 15 ans pour pouvoir se les offrir un jour). Biarritz la prestigieuse contre Bayonne l’authentique.
La rivalité (voire même la haine) entre ces deux villes ne date pas d’hier.

Les Biarrots souvent Gayfriendly, et redevables de l’ISF, passionnés par les jeux d’argent et les belles voitures face aux Bayonnais, souvent allocataires du RSA, passionnés par le sang (corrida, rugby) et la Pitchouli (pinard local).

Biarritz, capitale du Surf contre Bayonne capitale du chocolat connaissent l’apogée de la rivalité depuis le début du XXème siècle, au moment où chacune des deux villes s’est dotée d’un club de rugby.

Samedi prochain, le Biarritz Olympique Pays Basque et l’Aviron Bayonnais Rugby Pro s’apprêtent à disputer leur 101ème rencontre (pour l’instant, c’est Biarritz qui mène 50 à 43 et c’est normal).

 

II. Rappel historique

Le premier derby basque eut lieu en 1906 et fut remporté sur tapis vert par Biarritz parce que les Bayonnais n’avaient pas assez de joueurs licenciés. En 1934, les deux clubs se sont même affrontés en finale du Championnat de France (finale remportée par Bayonne). L’Aviron est sacré pour la seconde fois de son histoire (après 1913). L’année suivante, c’est le BO qui ramène le Brennus, puis qui récidive en 1939. Mais la seconde guerre mondiale arrive juste après. D’ailleurs, les derbys basques qui se sont déroulés durant cette période n’ont pas été comptabilisés. Bayonne remporte son dernier titre de champion de France en 1943. Puis les deux clubs basques connaissent une longue période de disette. En 1982, Bayonne échoue en finale puis en 1992, c’est Biarritz qui échoue à son tour en finale. D’ailleurs le quart de finale était ni plus ni moins qu’une affiche Biarritz-Bayonne (victoire du BO 16-15).
Puis les deux clubs descendent successivement en seconde division. Bayonne remonte en première division en 2004 et depuis, prend souvent des pilules sévères lors des derbys basques (41-16 ; 54-0 ; 20-0 ; 40-10).

 

III. Anecdotes croustillantes

Les derbys basques sont souvent des derbys de passion où les coups pleuvent.

– Bagarres et débordements (le deuxième tome des Aventures de Lapinou)

Un jour, un Biarrot et un Bayonnais ont décidé de terminer la bagarre engagée sur le terrain sur un ring de boxe.

Lors d’un derby il y a quelques années, les Bayonnais ont vandalisé le stade Aguiléra, en ôtant le « Y » de « Pays » sur le logo du BOPB, ce qui faisait donc : Biarritz Olympique PAS Basque. La légende raconte que le président du BO a porté plainte contre X pour Y volé.

Plus récemment, le père du capitaine de Biarritz, a fait irruption sur le terrain pour défendre son fiston mesurant 1m92 pour 109kg qui était pris dans une bagarre. Résultat des courses, Biarritz s’est fait suspendre son stade et a pris une amende tandis que Bayonne s’est vu refuser son essai à cause de la bagarre, ce qui a permis à Biarritz de remporter le centième derby basque. C’est pourquoi Lucien sera à surveiller de très près samedi, il peut récidiver à tout moment.

On ne fera pas l’inventaire des bagarres générales ayant mal tourné car il y en a dans chaque derby basque qui se respecte.

 

IV Le 101ème derby Basque

Celui qui s’annonce samedi promet d’être tendu, sachant que ce match est celui de la dernière chance pour Bayonne. Si l’Aviron perd ce match, ils sont sûrs d’aller en Pro D2 l’an prochain. Les Biarrots quant à eux voudront gagner ce match pour enfoncer leurs ennemis et enchaîner un 5ème succès consécutif en championnat. Le BO part favori pour cette rencontre.
Ce sera sans doute un match fermé (avec un score digne d’un match du Racing Métro, 6-3 ou 9-6 (non, 9-2 n’est pas un score possible… quoique). Ceci pour plusieurs raisons. Tout d’abord, l’enjeu va étouffer le jeu et les accrochages réguliers vont empêcher la partie de s’emballer. Puis les ailiers des deux équipes sont d’une grande médiocrité (entre Bolakoro qui se fait battre au 100 mètres par Barcella, Benoît Baby qui commet plus d’en-avants en un match que le Stade Toulousain durant toute la saison, Joe Rokoçoko qui est toujours à 0 essai inscrit depuis son arrivée sur les bords de l’Adour et Yoann Huget qui allie la vitesse du Lémurien de la Garonne, le jeu au pied de Beauxis, la qualité de passe de l’ouvreur de Toulouse, les bons choix de Lionel B. et le nombre de points inscrits de son compère Rokoçoko.

En réalité, Biarritz regorge de joueurs talentueux, Dimitri Yachvili…..et c’est tout.
Même si Damien Traille contre Bayonne, c’est comme Imanol contre les Anglais, c’est le seul gros match qu’il nous sort de l’année.
Côté Bayonne, il y a Mike Phillips qui est capable de faire reculer le pack biarrot à lui tout seul et qui est un éminent spécialiste des groupés-pénétrants mais les autres joueurs sont dénués de tout talent.

Les derbys basques ne se regardent pas pour la qualité du jeu, mais pour le sang qui gicle de partout. Les derbys basques, ce n’est pas du Rugby à XV, c’est de la Générale à XV.
Un Bayonne-Biarritz est un match qui se finit à 11 contre 10 (comme au ballon rond) et où l’arbitre n’a même plus de place dans son calepin pour noter les noms des exclus (et ce n’est pas que dû au fait qu’il y ait des noms tels que Marmouyet, Rokoçoko, Harinordoquy…)

Un derby basque, c’est comme un match où Sylvain Marconnet, Dylan Hartley, Jamie Cudmore, Pascal Papé, Rémy Martin, Jean-Pierre Pérez, Grégory le Corvec, Juan Manuel Leguizamon, Julien Bardy, Bakkies Botha, Florian Fritz, Mamuka Gorgodze et Julien Caminati sont réunis.

Le match où chaque joueur devient un spécialiste du découpage, de l’éminçage, du taillage, des effusions de sang et de boxe, le match où chaque joueur cache un hachoir dans sa chaussette, le match avant lequel chaque joueur affute ses crampons pendant 2 heures, le match le plus saignant et le plus sanglant de la planète Ovale ; ce match n’est autre que Bayonne-Biarritz !!

Pour vous donner un avant goût (avant coup comme on dit dans ma région) de ce match, voici cette vidéo sponsorisée par Sam Warburton Demi-finale Production.

 

Et un peu de nostalgie :