Le Lab’ougnat analyse Biarritz – Clermont (15-14)
par La Boucherie

  • 04 April 2012
  • 17

 

L’équipe de la Boucherie n’est pas vraiment fière de vous présenter Pastigo, qui quand on lui a demandé de se décrire, il a répondu “Je suis un connard, depuis tout petit. Je n’y connais rien, mais dans tous les domaines, ce qui me rend très polyvalent et ma mère est née un mardi sauf qu’il faisait beau”. Débrouillez vous avec ça. Après s’être fait bannir d’à peu près tous les forums de rugby de France, Pastigo a trouvé un endroit où on est assez fous (ou cons) pour le tolérer. Pire, on le laisse même s’exprimer puisque nous lui avons proposé de reprendre le Lab’ougnat, en perdition depuis plusieurs mois. On le regrette déjà.

 

Des fautes, des en-avants, des fautes, des mêlées écroulées, des fautes, une Si Do Mi arbitrale.

 

Ça y est, il est là !
Le printemps, son soleil qui irradie de ses doux rayons le chaland qui digère, le thermomètre qui décolle enfin de la lividité cadavérique, le sourire innocent du petit Jean Marcelin qui peut enfin jouer dans le square après l’école.
Enfin ! Ils nous l’ont tant promis.
Des mois que les commentateurs de Canal nous l’assurent, restez ! Ne nous quittez pas !
Les matchs laborieux, c’est fini. Le jeu mou, c’était à cause du froid. Les en-avants, à cause du ballon trempé. Les lancés de pizza, parce qu’il faisait nuit.
Mais nous y voilà, à nous le Taupe 14 façon Super 15, les passes après contact sautées sur-sautées, les courses affolantes et tout sourire, faites de combinaisons printanières ou de relances bucoliques.
Et bien je vous le dis, si je m’acquittais du prix d’un abonnement à Canal, aujourd’hui je l’aurais mauvaise.
Mais mauvaise je l’ai tout de même, voyons donc pourquoi.

 

Le Contexte

Il y a à peine 3 mois, ce BO-ASM aurait paru bien déséquilibré. On aurait pu sans trop de risque annoncer une branlée mémorable, Clermont aurait enquillé 9 essais, 3 des ailiers, 2 des piliers, 2 de remplaçants non entrés sur le terrain, 1 du porteur d’eau et un dernier de Lhermet pour la déconne. Bah oui, mais non.
Biarritz n’en est plus à pouvoir se permettre de dire en fin de match qu’ils ont mal joué et qu’ils feront mieux la prochaine fois. Aujourd’hui pour un Basque, c’est marque ou crève. Bon, ils ne marquent toujours pas faut pas déconner, mais désormais le Bého a la rage et l’envie. Ça paraît peu dit comme ça, mais ceux qui ont un peu de mémoire savent que c’est déjà un sacré progrès.
L’ASM de son coté, comme pour la plupart des déplacements précédents, laissera croire que ce match n’est pas une priorité. Ceci accentué par l’imminence de la défaite en 1/4 de H Cup et le confortable matelas de points semi-toulousain en Taupe14. Dans ce contexte et vu le passif sur cette saison, le supporter auvergnat que je suis s’attend à voir rentrer son équipe avec un bonus offensif à 6 points. En tout cas il l’espère, puisqu’en face c’est pas Toulon (coucou!) ni le Racing (re-coucou!).

 

Le film du match

Le match débute, et le Bého montre qu’il a bien l’intention de jouer. Les Biarrots monopolisent le ballon en début de rencontre (ils le monopoliseront toute la partie à vrai dire) et veulent imposer leur rythme à l’adversaire. Cette phrase mérite une explication, car toute relative. Normalement dans un article classique, elle introduit le fait que l’équipe en question va rapidement prendre l’avantage et asphyxier son adversaire.
Une fois remise dans le contexte Bého, elle prend un sens bien différent. A Biarritz y a la TV, et ils ont bien vu que quand on joue, qu’on alterne, qu’on perce, ça donne le Pays de Galles et que ça marche. Sauf que le même schéma sans talent, ça remue, ça gigote devant la défense, ça s’empale et ça s’appelle L’Ecosse.
Donc les Basques ont le ballon, ce qui est déjà bien, et Clermont défend. Et défend bien, c’est pro, ça glisse, c’est efficace, et sans trop forcer ça ne laisse rien passer. De toute façon en face on a l’air plus épileptiques que dynamiques.
Seulement voilà, c’est sans doute distrayant de décapsuler des joueurs par paquets de 30 à la minute, mais ça ne fait pas bien avancer le score, d’autant que dans les rucks les Biarrots ne sont pas très fairplay puisque contrairement à d’habitude, ils réussissent à garder des ballons, voir à en récupérer, les effrontés.
Du coup, et ce sans trop courir car visiblement on est pas venus là pour ça, il va bien falloir provoquer quelques fautes, pour profiter de l’arme de destruction massive auvergnate qu’est la mêlée.

C’est là que tout à coup un léger doute s’installe, puisque les jaunes et bleus vont se rappeler que de mêlée ils n’ont plus.
C’est tout pété, tout malade, et il ne reste plus que les remplaçants des remplaçants. Bon, j’exagère un brin, car bon nombre d’équipes les feraient bien jouer tous les week-ends (Bisou à Agen) mais voilà que le pack basque vaporise son vis à vis à plusieurs reprises.
En même temps, puis-je vraiment leur en vouloir ? Ces mêlées ne servent à rien, mal placées, et à quoi bon pousser puisque de toute façon les Basques vont nous rendre le ballon 8 secondes plus tard suite à un mouvement raté ou une faute dégueulasse.
Le match suit son court, Biarritz fait des ronds balle en main, Clermont défend, le tout ponctué d’une faute à la minute. C’est chiant. Et ce ne sont pas les 6 points du Yach’ au pied qui ont de quoi arracher un sourire à un clown.

Voilà cependant une première mêlée assez intéressante pour que les avants auvergnats posent les cartes malgré une bien belle main. Plein centre, dans le camp adverse. La mêlée tient, sans aller jusqu’à pousser non plus hein. La balle sort à gauche, Malzieu court et accepte l’idée de se suicider pour libérer Fofana qui s’écrase à 1 mètre de la ligne. Parra sort vite le ballon (c’est le seul ballon qu’il sortira vite) pour Lapandry qui arrive catapulté depuis son camp, concasse les derniers malheureux sur sa route et aplati. Les commentateurs annoncent un bel essai contre le cours du jeu. Je pense plutôt à une bien belle enculade, et je lance fièrement ce sourire niais en direction du Sud ouest.
A peine ai-je le temps de me décontracter la mâchoire, que le Yach’ tape un coup de pied derrière son pack. Bon, ça on en voit 120 par weekends, mais il n’a aucune couverture et Kayser le contre. Ce contre, il est important d’en parler, plus que de l’essai qui s’en suit. Le Yach’ tape et Kayser se transforme en une sorte d’aspiro-poulpe, qui gobe littéralement le ballon et court (!!) tout seul jusqu’à la ligne d’essai. La scène est improbable, presque surnaturelle, je suis désormais persuadé que Kayser est un Pokemon.

Kayser passe niveau 2 !

 

6-14, je suis plié en deux à l’idée de Blanco sur son siège rouge et blanc, la mi-temps est sifflée.

La deuxième partie démarre, et le début du second acte sera vraiment laborieux, au moins autant que le reste de la seconde mi-temps, c’est dire. C’est moche, vraiment. Biarritz continue de rater des trucs, Clermont continue de défendre, le tout à un rythme de fautes et de saloperies en tout genre absolument génial, domaine dans lequel Clermont prend en plus l’ascendant. Je vais être parfaitement honnête, je vais occulter une bonne partie de ce laborieux spectacle. C’est rare quand je regarde mon équipe, mais je suis sorti fumer une clope.
Voilà, c’est dit, c’est plus sain. Je ne vais pas faire semblant d’analyser un amas de maladresse, les malheureux qui ont vu le match me comprennent probablement.
A ce jeu, c’est tout de même Biarritz qui s’en sort le mieux. Car même en ne sifflant qu’un quart des fautes sanctionnables, il en reste largement assez pour que le Yach’ permette à son équipe de recoller au score, puis de dépasser son adversaire d’un petit point à une bonne dizaine de minutes de la fin.
Les choses vont mal, puisque Buttin reçoit une biscotte pour un acte d’antijeu. Je pensais que les mineurs n’étaient pas justiciables, en fait si. D’ailleurs c’est amusant. Buttin coupe une passe du Bého sur l’aile. En-avant volontaire, hop carton jaune tu sors. Un demi-centimètre de plus, il capte le ballon, part comme une balle marquer son essai hebdomadaire, c’est un héros. C’est balot hein ?
A la 73eme minute, Clermont se dit que de perdre d’un point, surtout en ayant rien foutu, c’est quand même dommage. Alors on se met à jouer, comme on sait faire, en avançant, en perçant, en passant, et ça marche puisque après une passe au contact de Byrne, Fofana n’a plus qu’à courir comme un Jamaïcain afin d’assurer la victoire de son équipe, et avec le bonus offensif s’il vous plait. Et oui, mais non. M Raynal qui lui aussi ne supporte pas l’injustice décide de voir un en-avant.
Alors, l’en-avant.
J’ai tenté d’être le plus objectif possible, je me suis même imaginé manger du fromage à la confiture pour m’imprégner de l’esprit basque, mais non décidément il n’y a rien. Même les commentateurs toulousains ne trouvent rien à redire à cette action. Alors évidemment, les Basques diront que l’en avant est évident. Et ils ont raison, ils sont Biarrots.
Certes, Clermont doit rentrer avec une victoire à l’extérieur bonifiée et finit avec le point de bonus défensif.
Mais je relativise. Une petite Si Do Mi, ce n’est pas si grave. On a tous eu un moment de faiblesse, et c’est si vite arrivé.
D’autant que par rapport au gangbang subit le Stade Français juste après, ce n’était qu’un demi-index.

Biarritz s’en sort bien. C’est moche, c’est peu probable que ça remarche, mais c’est mérité. Ou c’est plutôt Clermont qui n’avait pas l’envie et qui méritait encore moins.
Globalement, si le score est serré, il est représentatif d’un niveau de jeu fourni par les deux équipes loin d’être satisfaisant.
La semaine prochain, c’est l’Europe !

Youhou…

 

Les joueurs

Difficile de faire ressortir quelques noms en particulier d’une telle rencontre.
Coté Clermont, toute la défense -donc en soi toute l’équipe sur à peu près 80 minutes- a fait du bon boulot. Cependant si le travail dans ce domaine est évident, on sent bien que les autres matières ont connu un certain relâchement au second trimestre, il faut maintenir ses efforts, dans l’animation, dans le combat et encore plus en mêlée. A pondérer cependant, c’est Biarritz en face, pas vraiment la meilleure attaque du championnat.

Il en va justement de même pour l’attaque du Bého, dont la qualité est inversement proportionnelle. Balshaw ou Ngwenya ont bien tenté de créer du mouvement, la désorganisation générale et la prévisibiilté des tentatives ne leur ont pas laissé d’autre choix que le violent suicide (ce n’est pas un verbe accordé) contre la défense auvergnate. En revanche, l’envie était là, symbolisée par Thion ou Imalol, combatifs malgré des déchets. Ce combat est cependant la clé de cette victoire. Il leur reste à être cohérents afin de ne plus courir pour rien.

Du coup, Yachvilli a forcément fait un bon match. Pas tant dans l’animation, mais dans la mesure où il assure la victoire à son équipe en marquant tous les points. S’il n’avait d’ailleurs pas raté quelques coups de pied M Raynal ne se serait peut être pas senti obligé de siffler l’en avant fantôme sur l’essai de Fofana.

J’ai l’impression que Ti Paulo a fait du bien en entrant, Lapandry s’est bien donné. Parra, à quelques exceptions près qui mènent d’ailleurs à un essai, a été assez lent à sortir les ballons en plus d’être un peu trop souvent imprécis sur ses passes.