Le LaBého analyse Biarritz – Clermont (15-14)
par Jacques Gourou

  • 04 April 2012
  • 13

 

Dimitri Yachvili au naturel, profitant du soleil sur la cote basque.

 

Par Jacques Gourou

 

Contexte :

Les Biarrots, depuis le retour de Dimitri Yachvili, comptent 3 victoires ces 3 derniers matchs.

Les Clermontois, enchainent les succès à domicile comme à l’extérieur et se présentent à Aguilera avec une série de 3 succès consécutifs. Les Biarrots poursuivent leur remontée au classement et leur prise de distance par rapport aux relégables. Les Clermontois reviennent peu à peu sur l’ogre Toulousain et sont solidement ancrés à la deuxième place. En cas de succès, Biarritz pouvait être quasiment sûr d’être maintenu en top 14. Un succès aurait permis aux Clermontois de prendre la première place du championnat. Mais ce match était aussi un match entre Parra et Yachvili pour le titre (peu honorifique) de meilleur 9 de France.

 

Le film du match :

Comme on le sait, les Biarrots sont des Warriors. Ils gagnent le toss et décident de donner le coup d’envoi au Clermontois en jouant vent de face et soleil dans les yeux pour la première période. Résultat des courses, Imanol n’a capté aucun renvoi (heureusement que Balshaw traînait toujours derrière pour sauver les meubles). En jouant vent de face et soleil dans les yeux, les Biarrots occupent le terrain adverse (warriors je vous l’avait dit) et Yachvili finit par passer une pénalité. Puis les Clermontois marquent un essai controversé par Lapandry. Les Biarrots font l’effort en mêlée mais l’arbitre refuse de pénaliser Clermont. Les Clermontois relèvent alors le ballon et partent à l’essai après une occasion collective menée par Rougerie, Fofana et Malzieu. Puis Yachvili se fait prendre à son propre jeu en se faisant contrer un dégagement par Benjamin Kayser. Brock James transforme ces 2 essais et Clermont mène 14-3. Yachvili réduit la marque avant la pause, 14-6 aux citrons. Au retour des vestiaires, je commence à m’inquiéter, notre boucher adoré Jamie Cudmore est toujours sur le banc. Yachvili réduit la marque à 5 points, 14-9.

Puis entre en scène le Découpeur Auvergno-Canadien, collectionneur de côtes et de phalanges, qui doit se racheter après son vilain geste contre l’USAP la semaine dernière (cette scandaleuse accolade avec Le Corvec qui me glace encore le sang). Il était temps qu’il rentre parce que ce match est scandaleusement ennuyeux. La conquête est médiocre des 2 côtés, le match se cantonne dans le camp de l’ASM que Biarritz ne cesse de presser. Le match se déroule, les minutes s’égrainent, les pénalités du Yach s’enchaînent (3), Biarritz passe devant au score 15-14 mais Jamie Cudmore n’a toujours pas frappé et David Skrela tient toujours sur ses jambes. Au final, Biarritz l’emporte 15-14 au terme d’un match ennuyeux où Cudmore a apparemment changé sa définition « d’échanges d’amabilités ».

 

Les joueurs de Biarritz :

 

  • La première ligne : En première période, la domination en mêlée était totale. Cela s’est atténué avec l’entrée de Romain Terrain à la place de Guinazu et les Clermontois ont même commencé à dominer lorsque Marconnet a remplacé Watremez. Ce dernier manquera à ses partenaires lorsqu’il disputera la Scooter Cup avec Montpellier plutôt que le derby Basque, trop violent à son goût. Comme par magie, après le retour de Guinazu, la mêlée Basque a repris l’avantage sur son homologue. En touche, les lancers de Romain Terrain comme ceux de Guinazu ont régulièrement été captés par la troisième ligne Auvergnate.
  • La deuxième ligne : Jérôme Thion nous a fait part de sa grande intelligence en préférant se battre avec Julien Pierre plutôt qu’avec Cudmore. Taele a été correct, sans plus. Le retour de Lund après plusieurs mois d’absence a fait du bien, notamment en touche.
  • La troisième ligne : Responsable de nombreuses pertes de balles en touche, elle a handicapé le BO dans sa conquête. Lauret et Harinordoquy ont été très moyens durant les phases de combat à l’inverse de Benoît Guyot qui s’est montré performant, notamment durant les phases offensives.
  • La charnière : Yachvili a été correct. Il a inscrit tous les points de Biarritz et s’est appliqué à sortir les ballons rapidement, mais il a manqué 2 ou 3 pénalités et un drop. De plus, il est responsable du deuxième essai Clermontois. Julien Peyrelongue a été bon dans l’organisation du jeu de son équipe sans être franchement excellent. Il a fait le boulot, c’est déjà ça.
  • Les centres : Charles Gimenez a été assez mauvais, en se faisant bouger sur tous les plaquages. Il n’a pas apporté grand chose dans l’animation offensive. On peut considérer qu’il a été aussi inutile que la note du match de Canal+, c’est dire ! Dane Haylett-Petty (DHP) a apporté de solides garanties en défense mais a été très stérile durant les phases offensives. Pampa Boy (Marcelo Bosch) décroche à nouveau le trophée Simon Mannix de la coupe de cheveux la plus « originale ». Il a soulagé les Biarrots à plusieurs reprises grâce à un jeu au pied efficace. Ceci dit, on a quand même nettement remarqué l’absence de Damien Traille à ce poste.
  • Les ailiers : Ngwenya a fait preuve d’une rare stérilité lors des phases offensives et a été totalement incapable d’apporter un petit grain de folie au match (DHP et Pampa Boy, les centres, n’en ont pas été capables, d’où ce match ennuyeux). Benoît Baby, face à ses anciens partenaires, a livré un match intéressant. Il a obtenu deux pénalités, a réussi à franchir une ou deux fois la ligne d’avantage et a réussi a provoquer l’expulsion temporaire d’un Clermontois. Il a largement remporté son duel face à Jean-Marcellin Buttin.
  • L’arrière : Iain Balshaw a incontestablement été le plus dangereux côté Biarrot. Il a réussi à semer la discorde à deux ou trois reprises dans la défense Auvergnate et a gagné des mètres précieux grâce à sa vitesse et à sa puissance.

 

Les joueurs de Clermont :

  • La première ligne : Aurait très bien pu passer pour la première ligne Australienne lors de la dernière Coupe du monde. Elle a été mise à mal par les Biarrots en mêlée fermée, notamment Raphaël Chaume, le gaucher, mais lorsque Lionel Faure est rentré, la situation s’est nettement arrangée ; les Clermontois ont toutefois perdu des munitions précieuses à cause de ce secteur de jeu. L’inventeur de la devise « No Scrum, no Win », n’était pas qu’un vieux pilier droit réalisant un complexe d’infériorité et voulant se donner une importance auprès de ses trois-quarts. Vincent Debaty a été transparent, en étant médiocre en mêlée et absent dans le jeu. Benjamin Kayser a effectué de bons lancers tout au long du match (avant d’être remplacé par Tii Paulo) et a inscrit un essai.
  • La deuxième ligne : Nathan Hines a livré une partie honnête en étant présent sur les phases défensives et autour des rucks. Julien Pierre a été présent en touche et a fait preuve d’une grande intelligence de jeu en mettant à profit toute son expérience. Cudmore a juste été dégoûtant.
  • La troisième ligne : extrêmement performante. Lapandry a été l’auteur du premier essai, Bonnaire a contesté un paquet de ballons en touches et à même capté des lancers Biarrots. Bardy et Vermeulen ont été solides dans le jeu.
  • La charnière : Morgan Parra a été franchement moyen et a incontestablement perdu son duel face à Yachvili. PSA présent dans les tribunes a dû se rendre compte de son erreur. Il a pas animé le jeu Clermontois comme il aurait dû, et a été approximatif dans son jeu au pied. Brock James a été bon en animant convenablement les attaques Clermontoises et en prenant les bonnes décisions. David Skrela n’a pas été KO et a prouvé, qu’il était le meilleur ouvreur de France (il n’a certes pas été étincelant, mais d’un meilleur niveau que Beauxis ou Trinh-Duc lors du dernier Tournoi). Radosavljevic est rentré tardivement et nous a fait grâce de deux en-avants bien sentis et de deux ou trois passes ratées en quelques minutes seulement. On soulignera le jeu de mot de Thomas Lombard « Rado est entré à un moment charnière du match ».
  • Les centres : Aurélien Rougerie, capitaine a fait un bon match, en apportant l’essai de Lapandry. Il a même jugé être suffisamment bien coiffé pour donner une interview devant les caméras à la fin du match. Wesley Fofana était bien surveillé par la défense Biarrote mais à réussi à créer le danger à quelques reprises, surtout en fin de match.
  • Les ailiers : Julien Malzieu a été percutant en début de match et a été de moins en moins présent au fil du match. Jean-Marcellin Buttin a sauvé un essai Biarrot grâce à un en-avant volontaire et a pris un jaune. Il a perdu son duel d’ailiers face à Benoît Baby (je pense qu’après telle humiliation, il sera contraint de suivre les pas de Dan Parks l’Ecossais, qui a mis un terme à sa carrière internationale après s’être fait contrer par Charlie Hodgson sur un dégagement). Nakaitaci n’a pas non plus réussi à trouver de brèches dans la défense Biarrote.
  • L’arrière : Lee Byrne le Gallois a été bon, juste dans ses choix de jeu et était en couverture sous chaque ballon. Il a empêché un essai Biarrot avant la pause en plaquant illicitement un Biarrot (puisque Raynal était laxiste, autant en profiter, et il a eu raison, même si ça n’a rien changé).