Le Labo’ccitan a enfin perdu un match. Il parait.
par Le Stagiaire

  • 05 March 2012
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Par le Stagiaire, qui fête aujourd’hui ses 1 an à la Boucherie. Et toujours pas de CDI en vue…

 

Le contexte :

C’est dans des conditions un peu particulières que se déroulait ce « choc » de la  19ème journée du Taupe 14. Privées des internationaux français retenus en sélection pour le match face à l’Irlande du lendemain, les deux équipes se présentaient sur la pelouse considérablement affaiblies. 6 absents chez les jaunards et 8 chez les rougénouards. Bref, ce coup de doublons dans le dos fait mal à tout le monde, même à Canal + qui le fait savoir par l’intermédiaire d’Eric Bayle qui nous répétera une dizaine de fois pendant le match à quel point « cette situation est ri-di-cule ! ». Pauvre p’tit chou, ils ont sali ta belle affiche. Allez quoi, les moins de 21 ans, c’est intéressant aussi, même si normalement c’est réservé à France 4.

D’un point de vue sportif, les deux équipes sont au mieux, dominant le championnat en long en large et pourtant sans Laurent Travers et se dirigeant tout droit vers une demie finale sans passer par la case barrage. Clermont doit bien faire face à une éventuelle menace toulonnaise mais le seul véritable enjeu de ce match reste symbolique : quel record tombera à l’issue des 80 minutes ? La série de victoires des champions de France en titre ou l’invincibilité des Clermontois sur leurs terres face à ces mêmes Toulousains depuis 2002 ?

Après, peut-être que comme moi, vous trouvez cet enjeu complètement pourri mais vous n’avez rien d’autre à foutre de votre après-midi, ayant déjà vu l’épisode d’Hercule Poirot sur France 2 et n’étant pas assez riche pour avoir un jardin et donc trouver un intérêt à regarder la trois.

Le Film du Match :

Le début de match est assez exceptionnel puisque David Skrela réussit son renvoi. Ses anciens coéquipiers, ne reconnaissant pas le joueur qu’ils avaient côtoyé les années précédentes, sont sous le choc et subissent le rythme imposé par les Clermontois. Ils sont très vite sanctionnés et La Skrel’ concrétise en passant sa première pénalité du match. Peu après, sur un ruck anodin le jeune pilier clermontois Ric voit sa cheville effectuer un 360. La beauté du geste n’est cependant pas sans conséquence et Ric raque le prix fort avec une belle entorse. Ce coup dur pour les hommes-pneus ne calmera cependant pas leurs velléités offensives puisqu’ils vont continuer d’acculer les visiteurs (Toulouse, Toulouse, on t’accule comme le dit le célèbre dicton de pousse-caillou), en avoisinant un pourcentage de possession de balle proche de 80% après 15 minutes de jeu. Sur le reculoir, les Toulousains sont proches d’encaisser un essai, mais une maladresse dans le dernier geste empêche King d’inscrire le premier essai de la rencontre et récompenser cette entame royale.  L’arbitre revient à une faute et Skrela (toujours pas KO) ajoute trois points au compteur. Il récidivera même quelques minutes plus tard, portant le score à 9-0 après 20 minutes du jeu.

Il faudra d’ailleurs encore attendre cinq minutes pour voir la première attaque dangereuse de la part des rouge et noir. Tout part d’une interception d’Yves Donguy sur une attaque au large ; rien ne semble pouvoir le rattraper à priori, mais c’est sans compter sur la caravane qu’il tire derrière lui. Il faudra à peine 25 mètres à son vis-à-vis Buttin pour le reprendre. Mais trop heureux de passer les 22 adverses, la famille toulousaine est au soutien et après quelques points de fixation, le ballon glisse jusqu’à l’aile (vous pouvez en déduire que Florian Fritz n’était pas dans la ligne à ce moment là) et le jeune Impérial (ne comptez pas sur moi pour faire un jeu de mot sur son nom, Eric Bayle les avait tous fait avant même le coup d’envoi) aplatit en coin. L’essai n’est pas transformé par Jean-Marc Plussain (+ zéro pour le coup) mais l’ouverture de leur compteur va réveiller quelques minutes les Toulousains, qui vont reprendre la main sur ce match… jusqu’à une nouvelle faute en mêlée qui va permettre à David Skrela de remettre les jaunards temporairement à l’abri. Sur l’ultime action du premier acte, Nakaitaci s’échappe sur l’aile et est repris in extremis par le jeune Tolofua qui lui fait échapper le ballon à quelques mètres de la ligne.


Les Clermontois se cachent pour ne pas recevoir une passe de David Skrela

Dès le début de la seconde période, les Clermontois repartent à l’assaut du camp du camp adverse et le travail de sape finit par payer puisque David Skrela inscrit deux pénalités supplémentaires. Trop brouillons, les rouge et noir enchainent les phases de jeu dans un désordre absolu, incapables de franchir et manquant cruellement de repères. C’est à la 57ème minute que les Clermontois vont sceller le sort du match en inscrivant un essai par Canale, qui enfoncera sur la ligne le panneau « Jauzion » posé à cet endroit.


Le match de Jauzion en une image

Les affaires de leurs adversaires ne s’arrangent pas, ils enchainent maladresses, fautes et Skrela enfoncera le clou à la 67ème minute, réussissant un huit sur huit sur le match et perpétuant sa série sans échec lors de tentatives à domicile (bon en même temps il joue tous les trois mois alors forcément). L’ouvreur aura le droit à une standing ovation lorsqu’il sortira  quelques minutes plus tard (conscient pour une fois), remplacé par Break Brock Broken James, buteur pas plus irrégulier.

La fin du match est toujours aussi inintéressante, les Toulousains persistant à jouer à l’écossaise (en faisant n’importe quoi en espérant qu’au bout de 75 minutes ça finisse par marcher). Mais rien y fait, pour recevoir la leçon jusqu’au bout, ils subiront même l’affront d’encaisser un essai par Russell, le plus rugbyman des bodybuilders. L’exploit du Sud-Africain est tout de même à modérer puisqu’il inscrira son essai sur une interception à 20 mètres de la ligne. 35-5, score final. On en aurait bien déduit une analyse tactique passionnante pour commenter la fin de championnat qui s’annonce, mais vu le contexte et l’intérêt du match, cela parait bien difficile. Lors de leur prochaine rencontre, les deux équipes présenteront un visage très différent et s’il a la chance de se retrouver face à Air-Rougerie, Florian Fritz pourra peut être espérer que son habile stratégie consistant à aller tout droit finisse par payer et le faire percer un autre rideau que celui qui se brise à l’entrée des joueurs sur le terrain au Stade de France.

 

Les Joueurs :

Clermont :

Un pack solide, il aura tout de même fallu attendre la dernière minute pour voir Cudmore se battre. C’est tout bonnement scandaleux ! On saluera également la performance de Vosloo, partout sur le terrain (et très bien remplacé par l’autre chevelu Bardy dans le même style). Enfin, je m’étonnerai toujours de la présence sur un terrain d’Elvis Vermeulen, le Benjamin Button du rugby français.

Le joueur au nom bizarre qui remplaçait Morgan Parra à la mêlée s’est montré plutôt à la hauteur, dynamisant bien le jeu (mais jouant dans un fauteuil grâce au travail de ses gros). Skrela a été excellent, toujours aussi volontaire en défense et en plus avec un pied tout neuf. Comme quoi il est toujours au rendez-vous dans les matchs qui ne servent à rien. Et ce même sans son bandeau porte-bonheur.

Les centres ont fait un boulot correct, sans être plus en vu que ça, contrairement à l’excellent Buttin qui, à défaut d’avoir fait sauter le coffre toulousain en inscrivant un essai (Lartot Style), s’est montré tranchant sur chacune de ses interventions. Son homologue fidjien a été très fidjien et Lee Byrne a été très gallois. Vous comprenez ce que vous voulez.

 

Toulouse : 

La première ligne fut mise à mal en mêlée, mais le jeune Christofer Tolofua est clairement sorti du lot avec une activité défensive ahurissante. Remplacé par le géorgien Bregvadze (le joker médical du joker médical du joueur transféré pour être le remplaçant de William Servat) qui aura à peu très tout raté. Surtout ses touches. De retour de blessure, Millo-Chluski a sûrement été bon mais puisque la caractéristique de son activité est de ne pas être visible, je ne pourrai pas vous le confirmer. Tout pareil pour Lamboley. En troisième ligne, Nicolas et Bouilhou n’ont pas été très en vue, et le jeune Galan s’est montré maladroit sur les quelques ballons qu’il a eu à négocier. Son caleçon rose n’y changera rien.

Galan prêt à tout pour faire partie de la #TeamSF au stade de France le 31 mars 

Au niveau de la charnière, on a clairement senti le manque d’automatisme qui s’est traduit par l’incapacité de construire sur plusieurs phases de jeu et de nombreux mauvais choix. Doussain n’est pas vraiment revenu de Nouvelle-Zélande, ayant sans doute encore plein de choses à visiter. Quant à Vergallo, le premier rugbyman pigiste, il réussit à être aussi lent que Yachvili, les qualités de buteur en moins. On cherche encore ce qu’il reste du coup.

Derrière, Jauzion est tellement posé qu’il va finir mannequin pour des photographes de mode et Fritz ne surprend plus personne. En 80 minutes aujourd’hui, il aura fait une passe… complètement foirée. Une belle activité défensive tout de même.

Donguy aura été très actif, tout comme le jeune Impérial, toutefois un peu juste en défense sur quelques actions. Pour son premier match à l’arrière, Bézy n’aura pas eu grand-chose à faire puisque, contrairement à ce que l’on aurait pu penser, il n’a pas été mitraillé comme un village lybien.

 

Les chiffres (approximatifs) :

452 : Le nombre de plaquages de Tolofua.

17 : Le nombre de jeux de mots différents d’Eric Bayle sur le nom d’Impérial. Pourvu qu’il ne soit jamais sélectionné en Equipe de France ou alors dans assez longtemps pour que Matthieu Lartot soit déjà à la retraite.

-5 : Le nombre de mètres parcourus par Jauzion pendant le match.

51 : L’âge approximatif d’Elvis Vermeulen.

125 : Le nombre de supporters toulousains qui s’en sont pris à l’arbitre dans les commentaires Facebook du Rugbynistère sur la publication du score du match.

 

Les déclarations d’après match :

« Depuis le temps que je dis que le doublé est impossible. Mais peu importe, cette défaite va nous permettre d’avoir une base de travail et pourquoi pas espérer nous maintenir en Top 14. Si on accepte de me rendre mon équipe enfermée à Marcoussis bien sûr. » Guy Novès.

« Grrrrrrrrrrr » Gerhard Vosloo.

« J’ai raté quelque chose ? » Ovale Masqué, à son réveil à 18h.

« Ok, l’ASM a gagné…. mais c’est demain que les Toulousains jouent, non ? » Philippe Couzon, sur Touitter.

« Qué ? » Nicolas Vergallo