How I met Ovale Masqué, épisode 1
par La Boucherie

  • 02 February 2012
  • 7

Par Pilou,

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Le jour où j’ai aidé Ovale Masqué

Samedi 28 janvier 2012 – 10h02.

Une fine pluie s’égraine invariablement sur la Rade. Mayol, temple de Besagne, se dresse maladroitement devant moi, comme une arche de Noé en béton armé, abandonnée par la faune qu’elle aurait du sauver. Dans mon dos, on installe déjà les tentes et bodegas qui accueilleront la foule en délire (ou pas) de Basques et Varois. Toulon espère décrocher un BO (pas le club) et l’Aviron prie pour ne pas rentrer avec un excédent de bagage de l’ordre des trente à quarante points encaissés. Ils comptent pour cela s’appuyer sur leur unique point fort du moment : ne pas avoir viré leurs entraineurs cette semaine.

Les premiers (poivrots) spectateurs apparaissent, attirés par l’odeur de l’anis et la fraicheur des glaçons. C’est à ce même moment (comme par hasard) qu’une voiturette de golf customisée, se gare devant moi : l’Ovalmobile. Ovale Masqué, impeccable dans son collant violet, se dégage du volant pour descendre de son véhicule. Je m’approche pour le saluer respectueusement, mais je remarque que sa cape s’est coincée dans l’armature du toit de la voiturette. La cape du grand gourou masqué (que son nom soit béni et sanctifié, amen) se déchire sur tout un pan.

Je lui tends la main, en glissant, « Salut Ovale…
– Je déteste ta ville, » me répond-il sans me rendre mon salut. Le ton est donné.

Derrière lui, un petit être chétif, à la coiffure bieberesque, porte un justaucorps beige, un shorty et un sac à dos Mickey Parade. Un loup (pas le club encore une fois) masque son visage : le Stagiaire. En lui souhaitant la bienvenue, je lui demande : « Alors, Isa Ithurburu, tu l’as chopée ? ». A l’annonce de ce nom, le Stagiaire manque de défaillir, mais il se contient. Ca n’est pas le disciple d’Ovale Masqué pour rien.

Ce dernier a déjà atteint l’entrée numéro 2 du stade Mayol. Une petite blonde à forte poitrine lui barre l’entrée des tribunes. Une de mes ex. C’est pour cette raison que je suis ici, pour aider nos deux supers-héros rugbystiques à entrer au sein de la forteresse toulonnaise (notez que les Clermontois font cela aussi très bien). Je la baratine, et contre la promesse d’une paire de Louboutin et d’une nuit d’amour de quelques minutes, elle nous laisse passer. Ma mission est accomplie, mais au lieu de m’abandonner, les deux supers héros décident de m’amener avec eux. Magique.
Nous nous retrouvons en tribune présidentielle, endroit idéal pour rencontrer un président, celui du RC Toulon (notez que le R signifie Rugby et non Racing), Mourad Boudjellal.

Surprise et stupeur sont nos premières réactions.
En effet, ça n’est pas un, mais cinq présidents qui nous attendent, dispersés dans les gradins encore vides de spectateurs. Un seul vrai Mourad et quatre doublures, affublées de masques et portant la même tenue vestimentaire… « Comment trouver le bon ? ».
Pour seule réponse, Ovale Masqué tire de son ovaleceinture, un petit trousseau de clefs, qu’il fait tinter comme une clochette. Subitement, un des Mourad se dresse : « Oh ! Arrêtez ça, c’est insupportable ! ».
« C’est lui ! Là ! » pointe du doigt le Stagiaire. En nous dirigeant vers le président Boudjellal, j’ose questionner notre super héros sur la nature de l’objet qu’il venait d’utiliser : « Un artefact très pratique. Une copie des clefs du scooter de Fabien Galthié. »
Le bougre est fort. Il n’a pas volé sa réputation super héroïque.

Nous nous asseyons dans les gradins, face à un Boudjellal qui d’emblée nous dit : « Vous avez vu ? C’est marrant ! Les mecs masqués, c’est mon plan : Où est Mourad. On va se marrer, j’vous dis !
– D’ailleurs Président, demande Ovale, pourquoi tout ça ?
– Parce qu’ils se moquent de moi et ne prennent pas en compte ce que je dis. Me sanctionner ? Pourquoi pas, mais ça ne résoudra pas les problèmes d’arbitrage et ça ne m’empêchera pas de parler.
– Mais, s’hasarde Ovale, peut-être que si vous faisiez vos preuves, vous seriez crédibles… ? Les millions, c’est bien, mais les titres, c’est mieux… »

Imperceptiblement, les autres clones de MB s’étaient placés derrière lui, formant une flèche dont le vrai Mourad Boudjellal était la pointe, « Je pense qu’il vaudrait mieux y aller. », murmura le Stagiaire. Le premier clône de droite ôte soudain son masque, il s’agit en fait de Willie Mason (qui ne semble pas ivre). Le clône de gauche l’imite quelques secondes plus tard… C’est Ramiro Pez (mon cœur manque de lâcher).

« Quand quelqu’un vient déverser son petit baquet de pisse chaude sur le dessus de mon crâne, je réplique et je lui cague dessus ! », nous dit le Président. Claquement de doigts, Mason et Pez s’avancent vers nous, menaçants.

Le Stagiaire farfouille dans son sac Mickey pour en sortir une bouteille de vodka. D’habitude utilisée pour servir des shots à Ovale Masqué, il la lance à Willie Mason, qui la biberonne immédiatement, comme un samedi soir de bringue.
Je dois faire face à Ramiro Pez. Le prenant par surprise, j’imite la posture académique de l’arbitre désignant les poteaux lorsque le buteur s’apprête à taper une pénalité. Pénalité que tente Pez. Le ballon passe à droite des perches et Pez quitte les gradins et le stade, couvert de honte… Comme une impression de déjà vu.
Pendant que nous nous replions vers la sortie, OM (et oui…) fait face à MB. Notre super héros se tient fièrement campé, buste droit et torse gonflé par le courage, alors sa cape déchirée légèrement soulevée par le Mistral lui donne l’allure d’un chef de guerre. Poings sur les hanches, il s’exclame : « Merci pour cette entrevue, Président, mais je ne viendrai pas boire une bière avec vous. La com’, ça n’est pas mon truc ! ».
Puis il bondit, tel un cabri, vers la sortie des tribunes, mais glisse sur sa cape en se réceptionnant.

Une fois en dehors du stade, je les raccompagne et les regarde s’éloigner. La vie d’aventure de ces deux hommes en collants me fascine, mais je suis tiré de mes songeries par les appels de mes compatriotes Daniele Rairault et Jonny WillKillSoon (en pleine Ricarade), venus assister au match Toulon-Bayonne, avec moi.