Le Labo aux Roses analyse Montpellier – Stade Français (38-6)
par Ovale de Grace

  • 31 January 2012
  • 7

Par Ovale de Grace,

 

Le contexte :

Passage par le top14 pour les deux clubs engagés de manière radicalement différente dans leur compétition européenne respective : il s’agissait pour le MHR de démontrer qu’il pouvait refaire surface après le tsunami Leinsterien et pour le Stade Français qu’il peut triompher au-delà du périphérique, dans les frontières hexagonales. Un seul pouvait gagner son pari, vous saurez bien assez tôt de qui il s’agit.
Un match entre deux concurrents directs, prêts à se colleter avec le piquant des portes épiques des barrages.
Une pléiade d’internationaux venue se confronter avant de faire corps une semaine plus tard contre l’Italie, de la passion un tantinet revancharde dans l’estomac malmené de Fabien Galthié qui retrouvait son ancien club. Il retrouvait également pas mal de joueurs entraînés chez les Pumas qui se trouvaient, en nombre, à peu près dans la même configuration que les joueurs du XV de France… le match promettait d’être explosif, mais on a trouvé d’un côté le TNT, de l’autre, un pétard mouillé.

 

Le film du match :

C’est à François Trinh Duc qu’incombe d’ouvrir le bal, il en restera le chef d’orchestre pendant les 80 minutes suivantes.
Paris est sanctionné dès la 4e minute, ce que le club fera tout au long du match. La faute est d’ailleurs le seul secteur de jeu dans lequel le Stade Français montrera une régularité remarquable ! A 16 reprises exactement. Heureusement, Bustos Moyano n’est pas dans un bon jour et ne passera « que » 4 pénalités sur 8.
A la surprise générale, c’est le Stade Français, sous le pied de Julien Dupuy, qui ouvre le score à la 15e.
Avantage au score certes, mais sur le terrain, la supériorité de l’offensivité montpelliéraine est évidente, animée par un François Trinh Duc prompt à justifier une titularisation dans le XV de France et armée d’un Mamuka Gorgodze qui n’avait pas dû voir un être humain comestible ou pliable depuis une semaine !
Le Stade Français se « contente » de défendre son territoire de la menace des incursions des troupes à la fleur de ciste dont le Général en Chef, Fabien Galthié, est en train de s’attaquer les moignons en tribune. Il hurle, il saute, il virevolte et gesticule dans un très élégant jogging moulant !

De temps en temps Contepomi tente un truc, un peu seul dans son désespoir. Forcément… ça foire.
C’est à la 40e minute que, absolument pas placée, la défense parisienne craque, pour la première fois d’une longue série, sur ce qui restera sans doute le plus bel essai de cette journée. Un essai de 100m, qui met en scène Trinh-Duc puis Nagusa, Cambezou, Ouedraogo et enfin Bustos Moyano qui transforme pour lui-même avant que tout le monde aille reprendre ses esprits, ou les perdre définitivement dans les vestiaires.


Merci au Rugbnistère pour la vidéo

La seconde période commence sur le coup d’envoi de Contepomi dont ce sera la seule action mentionnable de toute la partie.
A la 45e, Gorgodze prend un carton jaune après avoir allègrement piétiné un adversaire dans un ruck. Il a l’air de trouver ça totalement baroque d’être sanctionné pour ce qui n’est pour lui, somme toute, qu’un divertissement anodin. A noter, le juge de touche qui justifie la faute par le fait que le joueur piétiné n’avait (je cite) “rien à voir au ballon”, une nouvelle règle (au delà de la création syntaxique) a donc vu le jour pendant ce match: le piétinement sans ballon.
Il ne manque pas tellement à son équipe, qui a définitivement pris l’ascendant psychologique (et physique) sur la partie et continue à marquer de manière parfaitement insolente en son absence puis après la sortie (sévère) de Mostert qui voit Paris en infériorité numérique en plus du reste !
La partie s’achève sur un score sans appel de 38 à 6, pendant que les supporters montpelliérains semblent s’inquiéter en chanson de ne plus trouver les parisiens.
Fabien Galthié peut enfin laisser ses doigts tranquilles.

Une question demeure: le Stade Français permettra-t-il, à sa prochaine sortie, à l’Aviron Bayonnais de décrocher son premier bonus offensif de la saison?

 

L’image du match :

Mamuka Gorgodze regardant, immobile, pendant environ 15 longues secondes Monsieur Rebollal qui lui signifie son expulsion. On lit clairement dans ce regard tous les outrages qu’il fait subir à l’arbitre, ses ascendants et ses descendants pendant les 17 prochaines générations.

Menaces confirmées par des incantations en géorgiens, psalmodiées en salves de borborygmes gutturaux, lorsqu’il sort du terrain. Monsieur Rebollal a apporté 15 poulets à un marabout dès la sortie du terrain (ainsi qu’un gros chèque à des barbouzes tchétchènes).

 

Les joueurs :

Paris :

Dimitri Szarzewski : depuis quelques matchs, rien ne va plus dans son brushing et la France ébaubie découvre l’impensable : Dim’ frise ! En contrepartie, il s’en sort pas mal. Plus véloce et précis qu’à l’habitude.

Pascal Papé : un meneur d’homme ne supporte pas de voir ses troupes souffrir, il prend souvent sur lui la défense de ses coéquipiers avant celle du ballon. C’est de ces hommes qui font passer l’intérêt général avant la culture du résultat qu’on tire les plus Grands !

David Attoub : après sa sélection « surprise » par PSA, les dithyrambes du monde ovale dans une presse qui, au mieux, l’ignorait il y a peu, le joueur rend une partition vraiment correcte dans un ensemble complètement dissonant.

 

Montpellier :

On peut quand même saluer les qualités de galvanisateur de Fabien Galthié, entre deux ulcères. L’équipe est soudée, le jeu est fluide, très plaisant à regarder… et redoutablement efficace.

Combezou : Il a été déterminant sur quasiment chacune des actions de jeu, passeur précis, pivot dans les essais.

Trinh Duc : Si il voulait oublier le banc avec lequel a un peu trop flirté son (parfait) arrière-train pendant la RWC, il a trouvé dans ce match l’exutoire parfait. Ne reste plus qu’ à PSA  à s’affranchir des forces toulousanistes intergalactiques et le titulariser !