Scoop : Bientôt une fusion BO – Bayonne !
par Aguilera

  • 13 January 2012
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Des propos recueillis par Aguiléra, envoyée spéciale de Bernard Delardernirebière sur la Cote Basque…

L’heure est grave sur la Côte basque : Bayonne et Biarritz sont reléguables et se tirent la bourre en fin de classement. Serge Blanco décide de prendre le taureau par les cornes et d’appeler Alain Afflelou.

 

« Allo, Alain ? »

« Serge ? Mais comment tu as mon 06 ? »

« Tout de suite une question idiote. Tu n’as jamais pris la mesure de mon pouvoir, cloporte. Bon, là quand même, je suis un peu en perte de vitesse et toi aussi. Je te propose de nous rencontrer à Brindos, dans la salle des Barbarians, ce qui sera pour toi une expérience autant inédite qu’inoubliable, enfin si tu sais qui sont les Barbarians … »

« Toujours aimable. Mais tu as raison, compte tenu de nos situations respectives, essayons de dépasser nos rivalités. »

Le lendemain, dans la superbe salle de réunion du Château de Brindos (****, vue sur le lac et les canards sauvages), Serge engage la discussion.

« Tu ne l’as peut-être pas encore compris, milliardaire footeux que tu es, mais le rugby basque est au plus mal. »

« Oh toi, tu auras toujours les arbitres pour te sauver. »

« C’est cela oui, si j’avais les arbitres avec moi, je ne serais pas scotché à la dernière place du classement depuis le début de la saison. Crois-moi, si je fais cette démarche aujourd’hui, c’est en dernier ressort : j’ai épuisé tout mes contacts et usé de toutes mes entrées. Mais rien à faire, ni du côté de la Ligue, ni de la Fédé, ni des arbitres, ces ingrats, après tout ce que j’ai fait pour eux. Ah il est loin, le temps de Gastou ! En fait, je crois que je n’ai plus la même influence et ne rigole pas parce que toi tu n’en as jamais eu. »

« Bon, quel est ton diagnostic et que proposes-tu ? »

« Mon diagnostic, c’est que nous avons un souci commun : un recrutement complètement raté. Moi parce que j’ai pris des joueurs pas chers, méritants, mais médiocres, et toi parce que tu as fait signer des stars du Sud en pré retraite qui n’en font pas une rame sur le terrain et se foutent complètement de l’avenir de leur club, sans parler de leurs frasques qui vont finir par attirer l’attention.
Souviens-toi quand tu m’as appelé pour que j’aille au poste de police de San Sebastian récupérer
ton 8 et ton pilier, avec un des miens d’ailleurs, qui étaient en bien fâcheuse posture après une nuit d’ivresse et quelques dégâts matériels. Et de la fois où un brave Biarrot a trouvé dans son jardin, au petit matin, une voiture dont le conducteur et les passagers étaient profondément endormis, mais pas du sommeil du juste. Heureusement que c’était un supporter du BO et qu’il a tout de suite reconnu un de tes joueurs et un des miens, ce qui a évité une intervention fâcheuse des forces de l’ordre.
Faut pas te leurrer Alain, il jouent dans deux clubs différents et rivaux, mais s’entendent comme des larrons en foire pour leurs virées.

Le problème, c’est qu’après ça se ressent sur le terrain.
Alors, on va en passer par une fusion d’un genre inédit. On va faire une équipe commune avec nos noyaux durs : mes internationaux français et argentins, mes jeunes et, chez toi, Boyet, Baget, Marmouyet, Gerber, Roumieu, Boutaty, Linde, Huget et Heymans. »

« Et les autres ? Ils me coûtent un bras, je ne vais pas les payer à ne rien faire, tu me connais. »

« Alors voilà : tu es copain avec le maire de Bayonne et moi avec celui de Biarritz. On leur demande de construire aux frais du contribuable une sorte de centre éducatif fermé, à Anglet, bien isolé. Pareil, nous aurons une subvention du Ministère de la Justice au titre de notre action en faveur des jeunes délinquants. On engage des gardiens (mais il faudra les armer et leur donner des pitbulls, ils sont capables de tout pour s’échapper à Fontarabie ou au Caveau). Les éducateurs, on les recrute en Afrique du Sud et on nomme Lulu directeur du Centre. On met tout ce petit monde au pain sec et à l’eau, on les affame. Au lit tous les soirs à 20 heures, juste avant le journal TV, de toutes façons, ça ne les intéresse pas. Lever à 7 heures. Muscu, entraînement, et on recommence. »

« Mais pendant combien de temps ? »

« Jusqu’à la fin de leur contrat. »

« Ça me gêne un peu, et à quoi ça sert ? »

« Ben, on sort les mecs de temps en temps, à petites doses, pour un match important en H Cup (ah pardon, j’avais oublié que tu ne connais pas) ou en phases finales (désolé, je sais que pour l’ Aviron la dernière fois c’était en 82, 1982 quand même, pas 1882). Là, tu as des joueurs morts de faim au sens propre et qui ont envie de bouffer tout le monde sur le terrain (faudra quand même faire attention à nos joueurs). Bon, on prendra des cartons mais on gagnera les matchs. Pour les récompenser, tu leur laisses faire la troisième mi-temps et quand tu vas les récupérer au poste, hop, tu les ramènes au centre, cellule de dégrisement, et le lendemain réveil à 7 heures, muscu et entraînement jusqu’au prochain match. On les a sous la main, on sait qu’ils ne font pas de bêtises, et ils justifient enfin leurs salaires. »

« C’est un petit peu borderline comme traitement »

« Et toi, tu crois qu’ils ne sont pas un peu borderline comme rugbymen, surtout en dehors des terrains ? »

« Oui, c’est vrai, c’est assez séduisant, finalement. Et les couleurs de la nouvelle équipe ? »

« Pas compliqué. On fait un mix, comme ça tout le monde sera content : blanc pour l’Aviron et rouge pour le BO. »

« Oui. Et le blason ? »

« Ecoute, je trouve celui de Biarritz quand même bien mieux assorti à nos nouvelles couleurs et je te rappelle que je travaille dans la chemise de luxe, pas dans la lunette. »

« OK. Et le budget ? »

« No problem, tu apportes ton budget et moi le mien. Bon, il ne faut pas rêver, certains partenaires abondent déjà aux budgets des deux clubs et vont donc diminuer leur participation. Tu mettras la différence et on arrivera à 30 millions. »

« Pourquoi moi ? »

« Mon cher Alain, en pleine période de campagne électorale, je me permets quand même de te rappeler que la solidarité et la progressivité de l’impôt sont le fondement d’une société équitable. Tu es plus riche que nous, il est juste que tu contribues plus au bien commun. David Marty n’a pas dit autre chose lors de son dernier meeting.»

« Bon, d’accord. Le nom du club ? »

« On mixe encore, pas de jaloux, B comme Bayonne et O comme Olympique. Et on ajoutera « Pays basque » pour la couleur locale. »

« Le président ? »

« Tu sais bien que j’aurais adoré pouvoir me retirer pour m’occuper de mes affaires et de ma famille. Je suis tellement las de ces tracas incessants, de ces responsabilités si lourdes à porter … Mais il faut être lucide, Alain, tu as zéro crédibilité dans le rugby français. Si tu veux que notre club démarre dans les meilleures conditions, laisse-moi me dévouer pour occuper le poste, oh pas longtemps, juste pour commencer. Je te laisserai la place quand nous serons champions d’Europe, enfin si tu es encore avec nous. »

« Le stade ? »

« Il faut être pragmatique. Laporte voulait vous faire un stade tout nouveau tout beau, mais il est parti avec ses investisseurs. Moi j’ai un projet au chaud pour Aguiléra avec mon équipementier, qui va se débrouiller pour trouver les financements. Et je te signale que je suis monsieur Nouveau Stade de France à la Fédé. Donc, ça me connaît. De toutes façons, nous aurons Anoeta. Tu sais que je suis très copain avec le maire de San Sé et le Président de la Real Sociedad, ça peut aider, parce que toi, avec la dernière prestation pitoyable de tes joueurs sous leur maillot, ça va coincer. »

La conversation s’éternisa ensuite sur des points de détail (comment annoncer la nouvelle aux habitants des deux villes sans provoquer d’émeutes ou d’assassinats, la place de Lulu au sein du nouveau club, comment éviter tout contact entre Marmouyet et Imanol, la présentation officielle de Yachvili à Bayonne sous protection militaire, les entraîneurs – Marc Lièvremont s’était déjà proposé avec son frère- etc ..), mais le principe était acquis : les deux clubs allaient enfin fusionner et porter fièrement les couleurs basques sur tous les terrains de France et d’Europe.