Fritz-Bastareaud, le choc des coffres
par Damien Try

  • 12 January 2012
  • 21

Le monde rugbystique français est en émoi : pour sa première liste des 30, PSA a décidé de se passer de deux des personnages les plus hauts en couleurs du POF (Paysage Ovale Français), je veux parler, vous l’aurez deviné, de Bastareaud et Fritz (en même temps c’est le titre de l’article, donc vous n’avez pas eu à trop réfléchir). Leur ont été préférés les tauliers Mermoz et Rougerie, et les petits nouveaux Véronique et Davina, euh David et Fofana pardon.

Tout de suite un problème saute aux yeux : si un joueur à l’armature en acier trempé comme Milo-Chlusky est susceptible de rater le tournoi pour blessure, les freluquets choisis pour occuper le poste au centre sont sur la sellette. Maxime Mermoz tout particulièrement, lui qui a failli donner son nom à la maladie des os de verre. Le cas Rougerie est un peu différent bien sûr : il est capable de courir 2 jours après une fracture de tous les os du pied. A la naissance, il a lui aussi eu le choix entre le look et les facultés de régénération de Wolverine, et il n’a pas été aussi con que Maxime Médard.

Dans ce pays qui comporte 60 millions de sélectionneurs tous plus compétents que celui en poste, chacun va de sa remarque et de son « Moi j’aurais plutôt pris X ou Y », tant et si bien que la paire de centre de l’Equipe de France est devenue l’affaire Dreyfus de 2012 : le sujet à éviter à tout prix pour passer un bon repas de famille ou une pause-café détendue. A la Boucherie, on aime beaucoup les querelles, et l’idée d’avoir des fils de commentaires dignes de lequipe.fr nous fait baver d’envie. Et puis ça vous donnera des billes pour justifier avec le plus de mauvaise foi possible votre choix.
On s’intéressera donc au duel Bastareaud-Fritz, deux joueurs au profil assez proche, pas vraiment dans l’évitement ou la technicité. Après chaque match, notre équipe de spécialistes interviendra pour vous présenter les performances des deux joueurs, et surtout, le score récapitulatif de leur confrontation. Ou alors elle aura eu la flemme de compter les ballons et dans ce cas on fera rien.

Présentation des opposants

Mathieu Bastareaud, on pourrait pu l’appeler le Caucaunibuca blanc si Rupeni n’avait pas été bon avant d’arriver en France. Du coup on l’appelle « Bastarocket », en référence au film mettant en scène des jeunes que l’on qualifiera de gentillets pour ne pas dire stupides, échouant au contact du meilleur niveau. Du coup ça lui va bien en fait comme surnom. Son point fort c’est son gabarit, et son point faible aussi. Ça et les tables basses. Après avoir été excellent un temps en Equipe de France, Bastareaud a bien du mal à se relancer, et les semonces de Marc « Dunkan » Lièvremont n’ont pas fait grand effet. Mais ça reste le joueur capable de courir 10 mètres avec 3 défenseurs sur lui, et qui a marqué 2 essais à ses débuts en bleu.

Florian Fritz est très à la mode en ce moment, surtout à Toulouse. Le Midol ne comprend toujours pas il n’a pas été sélectionné, et l’ovation qu’il a reçue vendredi à Ernest Wallon montre bien l’amour que lui porte le public toulousain. Enfin ça veut rien dire, car comme dit le dicton : « souvent public toulousain varie », dicton dit « de Frédéric Michalak ». Fritz, c’est le mec capable de rater une sélection parce qu’il n’a pas de passeport à jour. Fritz, c’est le mec qui transperce tout le terrain en marchant sur son vis-à-vis, et qui perd la balle dans le ruck à 5 mètres de la ligne. Et Fritz, c’est surtout ça, pour le plaisir des yeux : Wasps-ST 2010

Première manche de 2012

Petit bilan pour Fritz : 25 minutes de jeu, 6 ballons et 1 essai, il a rappelé à tous qu’il était un grand joueur. 3 explications avec Maciello, excédé de devoir se justifier en permanence, il a rappelé à tous qu’il ne savait pas se tenir sur un terrain. Mention spéciale à sa moue dégoûtée et son « pfff » dépité de ne pas avoir pu jouer vite une pénalité parce que « c’est la règle ». Il a tout de même passé la moitié du temps en position de troisième ligne, ce qui n’est pas vraiment le poste le plus atteignable en Equipe de France…

Petit bilan pour Bastareaud : 5 minutes de jeu, 2 ballons. Il n’a honnêtement pas eu grand-chose à faire, mais n’était pas non plus bien vaillant. A reculé à l’impact par exemple.

Mais tout cela ne sont que des mots, pour les départager, rien ne vaut la statistique brute, qu’on ne peux tromper, celle de leur point fort à tous les deux, leur marque de fabrique : le nombre de passes réalisées. C’est ce nombre qui nous permettra de juger de leur niveau, et c’est cette stat que nous retrouverons chaque semaine, pour quantifier l’avancée de chacun.

C’est donc sur un score de parité que s’achève cette première journée du grand duel qui oppose les prétendants à l’Equipe de France :

Bastareaud 0 – 0 Fritz