Daniele Rairault est de retour, le RCT aussipar La Boucherie 03 November 2011 2 Par Daniele Rairault, « Tu vas voir qu’ils vont nous casser les c… avec cette coupe du monde. Moi, la coupe du monde je la regarderai quand Toulon, on la jouera ! ». Je n’ai pas tout de suite réalisé la portée de ces paroles chargées de la sagesse millénaire de notre peuple, d’une forte odeur anisée et d’une marée de postillon. Il faut dire que nous étions encore en plein été en train de célébrer la bagarre générale, enfin la victoire en amical face aux Saracens. Nous étions insouciants, l’avenir nous paraissait chantant et le RCT semblait encore le centre du monde. Et puis, le drame est arrivé. Depuis deux mois, nous voilà cantonnés à végéter devant notre télévision à des heures où je suis normalement dans la première phase de mon sommeil. Ma vie sociale s’en est trouvée fort affectée. Se bourrer la gueule le matin reste une pratique quelque peu ostracisée par nos sociétés aseptisées. Question de productivité économique, de santé publique ou de morale judéo-chrétienne ? Peu me chaut. En tout cas, le TOP 14 continue mais il n’est apparemment pas si important que ça. C’est vrai que voir des joueurs qui dominent notre championnat se transformer en rugbymen de fédérale 3, c’est impressionnant. ‘fin bon, au bout de 2 mois, on a compris le principe. La France joue mal et gagne (parfois), puis joue bien et perd. Nous, toulonnais, sommes cosmopolites. On nous l’a assez reproché. Pour être honnête, j’essaie donc surtout de voir nos joueurs en actions, mais Sir Jonny n’a pas été à la hauteur, Juan Martin Fernandez Lobbe (quelle idée d’avoir autant de noms…) s’est blessé et Gabi Lovobalavu n’a pas vraiment tiré son équipe vers les sommets. Reste donc Lamont et Kubri, soit Ecosse-Géorgie. Triste comme Graham Henry un jour de… non juste triste comme Graham Henry. A un moment donné, je me suis demandé s’ils diffusaient enfin les matchs de promotion d’honneur, j’ai rigolé quand les Ecossais ont essayé de se faire de passes et je me suis rendormi. Enfin, le calvaire et bientôt fini et Jonny est déjà de retour. Je vais mieux. Il faut dire qu’il s’est passé des choses chez nous. Et tout n’est pas rose, compadres. L’ennemi public numéro 1 à l’ouest du Gapeau (allez sur wikipédia, bande de faignasses ignorantes) est devenu le meilleur entraineur du monde. Un nouveau tour de magie de notre cher président. Comme dirait ma grand-mère, j’ai fait la mine un moment. Je n’étais pas ravi du remplacement de Saint-André par notre cher ex-ministre chauve, et pour l’instant force est de constater que l’histoire me donne tord. Certains diront qu’un mafieux ne peut trouver meilleur port d’attache que Toulon. Je leur répondrais : « mais de qui parlez-vous ? » (si la Boucherie Ovalie se fait attaquer en diffamation, fini la gloire, le salaire mirobolant et les coups gratuits au bar pour votre serviteur). Toujours est-il que Laporte obtient pour l’instant des résultats. Performance d’autant plus impressionnante qu’il préfère regarder les matchs dans les studios de Canal+ qu’au bord du terrain… Chacun sa méthode. Daniel Herrero avait faillit reprendre le job. On aurait connu un style différent, plébiscité au départ, conspué à la première défaite et finalement remplacé par l’impulsif qui nous dirige (pas le président de la République, celui du club) en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. La destruction d’une légende en somme. L’avantage de Bernard Laporte, c’est que, s’il se rate, chacun pourra raconter à quel point il savait que cet entraineur n’était pas fait pour Toulon. S’il l’on peut critiquer cette attitude, il faut rappeler que le mistral souffle fort chez nous, ce qui oblige parfois à suivre le vent. Mais bon, c’est pour ça qu’on nous aime. En tout cas, l’équipe semble en symbiose ; je sais qu’on ne peut être en symbiose qu’avec quelque chose d’autre mais je ne trouve pas de seconde proposition. Les recrues sont souvent des satisfactions (pour une fois) : Lewis-Roberts se défend bien dans le jeu et destronche à tour de bras en mêlée, Armitage abat un travail digne d’El Abd mais sait aussi faire une passe, Tawake joue intelligemment pour un mec qui s’est coupé un doigt volontairement, Tillous-Borde orchestre bien notre pack et fait jouer convenablement derrière lui (même si je suis le seul à penser cela et que Matt Henjack est pressentit pour reprendre le numéro 9), Bastareaud maigrit, David Smith est la nouvelle coqueluche des commentateurs de Canal+ qui rêvaient de commenter le Super 15 mais qui n’ont eu droit qu’à rugby+. On me fais signe dans l’oreillette (oui, les oreillettes sont audio-visuelles à Toulon) que j’ai oublié Pretorius et Masson. Comme quoi l’oreillette, elle-même, n’est pas infaillible. On fait aussi jouer des jeunes bien de chez nous, alors merci aux Tussac, Gunther, Munoz, Orioli. Merci aussi à Mafi Kefu, joker CdM en fin de contrat. Toulon perd un des derniers joueurs à avoir connu la montée (avec Lovo) et le Top14 perd un Boucher de talent. Chapeau l’artiste. Un qui est content de ne pas le croiser, c’est Palisson. Celui-là aussi on l’attend avec impatience, après la Coupe du Monde qu’il a faite. J’aime beaucoup Geoffroy Messina mais à part se faire décapiter par Caminati (voir le Top du Taupe 14), il n’a été transcendant récemment. On est donc content aussi que Matt Giteau arrive. Pour Rory Lamont par contre, on est moins dans l’urgence. La vie est belle et le haut du tableau tout proche même. Des fois, Toulon gagne en jouant bien, des fois, Toulon gagne en jouant mal. Alors, j’ai décidé d’arrêter de râler, de rejoindre la secte des optimistes et d’apprécier. Pourvu que ça dure. En tout cas, le RCT n’a pas été Champion du monde mais ça aurait été mérité.” Daniele Rairault