Manifeste du Pascalpapéisme
par Ovale de Grace

  • 04 November 2011
  • 17

Une révélation de Ovale de Grace

MANIFESTE DU PASCALPAPEISME

Longtemps, les bouchers ont sombré dans des errements philosophiques entre rimbaldisme hernandezien et ultra-violence maccawienne, entre les limbes de la pensée telle qu’elle est promue au coeur d’une mêlée géorgienne ou la philosophie ethylobritannique. Et, au fur et à mesure des années, sans qu’on s’en rende vraiment compte, subrepticement, puis de manière beaucoup plus évidente à mesure qu’on avançait dans la coupe du monde, un personnage s’est imposé à nous. C’est après que la France ait perdu contre les Tonga que la Vérité a enfin exulté pour définitivement bouleverser notre prisme de vision du monde: seul Pascal Papé pourrait désormais guider nos cerveaux avides! Seul le pascalpapéisme pourrait constituer le paradigme fondamental de nos âmes jusqu’ici perdues!

Il n’y a de Pascal Papé qu’un seul Pascal Papé et de ce manifeste nous serons les prophètes!

 

Les 10 préceptes du pascalpapéisme

 

  • Le pascalpapéisme est un existentialisme

A la boucherie, on sait combien un destin peut sembler peser sur les épaules du plus volontaire (même si globalement, les bouchers sont quand même des glandeurs). La boucherie c’est un peu la France: ses génies et ses sociopathes, ses bombes sexuelles et ses super-héros à collants violets…
Pascal Papé lui, est né roux, dans un contexte franchement hostile. Naître roux, c’était pour lui l’assurance d’être la victime des rejets et des quolibets, de ne jamais être sélectionné dans le XV de France.

Mais, doté d’une envie de vivre jusqu’ici inédite, notre Petit Père Boucher a réussi à tracer sa voie, malgré les blessures, les suspensions (et surtout grâce à la maçonnerie berjalienne). Sans Pascal Papé, Maxime Médard serait-il aujourd’hui sélectionné dans le XV de France, malgré une ostensible rouquinitude?

 

  • Le pascalpapéisme est un abstractionnisme

Contrairement à un autre berjallien velu, dont la psychologie dépasse difficilement le périmètre de son nombril, alimenté aux chiffres et aux objectifs, Pascal Papé semble vivre dans un monde parallèle, où rien n’est concret et où il est complètement décentré de lui-même. Nous, on connaît un peu ça, entre ceux qui fument la production de leur bac à fleur, ceux qui prennent des bains de Guinness ou celles qui se cougarisent en compulsant des photos d’Alexis Palisson à poil, peu de bouchers ont contact avec la réalité plus que les 20 mn mensuelles de leur engueulade avec leur banquier, on a même arrêté d’aller voir des matchs de peur de rencontrer des vrais gens.
Comme Pascal Papé, nous avons décidé d’être toujours à côté de ce qu’on attend de nous. Un peu comme quand un journaliste lui pose une question très technique, attend de lui qu’il sorte ses belles fiches avec tous les éléments de langage que les rugbymen tournent et retournent dans un grand boggle verbal, et qu’il répond : « Le jeu, j’en ai rien à foutre. »

 

  • Le pascalpapéisme est un humanisme

Depuis qu’on fraie avec le Racing-Métro, on se sent un peu orphelins de nos valeurs de gauche, et pour autant, nous ne sommes pas prêts à abandonner nos nouveaux meilleurs amis à nous qu’on a qu’on aime d’un amour éternel et sans nuage. On a essayé les émissions pleines de bons sentiments, comme « rendez-vous en terre inconnue » où Frédéric Michalak se fait caresser par une grand-mère toxicomane, aussi édentée qu’enthousiaste à l’idée de tripatouiller un authentique Dieu du Stade, mais on arrive encore à être cynique. Dans ces conditions, seul le pascalpapéisme peut offrir une rédemption convenable.
Nous avons décidé de suivre son exemple et de toujours, toujours looker à the bright side of life

Ainsi, dans la défaite, toujours trouver un enjeu qui dépasse nos égoïsmes petits-bourgeois. Le BeHo ne perd pas, il ne veut pas éclabousser ses adversaires de son éclat, le MHRC ne s’incline pas en finale du top14, il ne veut pas enlever au Stade Toulousain son sentiment de suprématie.
Toujours, nous garderons en tête l’exemple de notre Maître – béni soit le sol qu’il foule – qui, lorsque Vincent Moscato lui demande si il n’est pas trop déçu de la finale répondra « Il y aurait eu trop de suicides en Nouvelle Zélande ! ».
Merci Pascal !

 

  • Le pascalpapéisme est un relativisme

Quand un mec t’emmerde, quand la tension est à son comble, deux solutions : l’option Olivier Missoup, mais il faut quand même avoir de solides arguments (et un bon avocat), ou adopter la zénitude propre à notre Lotus de l’Esprit, sans doute héritée de sa ceinture noire au judo.
Ayant dû arrêter ma carrière rugbystique après trois entraînements à cause d’une histoire de morsure à un mollet d’une camarade (si on commence à faire des histoires pour un bout de chair…) et m’étant illustrée dans la danse orientale que j’ai enseignée bien plus que dans le full contact, mes co-bouchers étant à peu près tous aussi aptes que moi à transformer un kapa o’pango en une version améliorée de Saga Africa qu’en déclaration de guerre, nous avons résolu de davantage nous consacrer à un abord pascalpapéien des grands stress et des grands dangers.
Aussi, à chaque fois que notre rate se mettra au court bouillon, nous affronterons les épreuves comme Papé le haka : «Le Haka me motive un peu plus et me fait rire aussi»

 

  • Le pascalpapéisme est un essentialisme

Peu disert, assénant ses vérités comme Confucius ses préceptes, Notre  Prophère des –ismes –louée soit la terre qui le nourrit- aime aller à l’essentiel, ne s’embarrasse que rarement de périphrases. Pour préserver nos visages des rides impitoyables, mais aussi pour préserver nos lecteurs des épanchements dominiciens, nous irons désormais droit au but comme disent les dandys de la Canebière, sans fioritures ni précautions inutiles :
« J’ai envie de rivaliser avec les Blacks, insiste-t-il. Et après tout ce qui s’est dit, si je peux leur marcher dessus, je ne vais pas m’en priver… » 

 

  • Le pascalpapéisme est un vers-librisme

A l’heure ou les prix littéraires sont attribués à de pédants dindons au style redondant, à l’heure des réseaux sociaux surtout , la littérature, le beau verbe semblent dans une déshérence complète, abandonnées aux traités nombrilistes en 140 signes où foisonne néanmoins une surprenante créativité grammaticale et orthographique. Pascal papé, lui, a décidé de prendre le taureau par les cornes, la littérature par la plume, et est à l’origine d’un style littéraire qui mêle épistolarisme et concision. Pascal Papé, pour nos yeux amusés, ébaubis a créé un genre qui fera sans doute florès : la carte postale ! Pascalpéistes, mes amis, mes camarades, vous qui partez en voyage, inspirez vous de ce véritable précurseur !

 

  • Le pascalpapéisme est un je-m’en-foutisme

Le monde entier se laisse impressionner par la pantomime grotesque du haka ? Votre banquier vous harcèle ? La préfecture menace de vous expulser ? Buvez une grande tasse de camomille et respirez le vent du pascalpapéisme… Et vous verrez, les huissiers… ranapété !
Avant chaque match contre la France, les Néo-Zélandais font monter la pression, tous les tabloïds s’y mettent, un peu comme un avant-combat Tyson-Holyfield, et tous les protagonistes sont priés de bien vouloir se mettre au diapason. On garde secret la terrrrrrrrrible déclaration de guerre que sera le terrrrrrrrrible haka mené par Piri Weepu (pilou ! pilou !… ah merde, c’est autre chose), Pascal Papé, lui, il s’en fout :J’espère quand même qu’ils ne nous feront par le Kapa O Pango dimanche. Il est beaucoup plus long que le Ka Maté et, en face, on finit par s’embêter…

 

  • Le pascalpapéisme est un manichéisme

Quand certains tergiversent, ergotent et se noient dans les circonvolutions, nous avons depuis longtemps décidé de sortir le matériel de rigueur et de trancher dans le vif. Nous on aime les types expéditifs, les efficaces, les barbouzes du pré. La vie, l’ovale, c’est blanc ou c’est noir, c’est rouge ou c’est rose, c’est Courtney Lawes ou Jonny Wilkinson. Pascal Papé, lui, sur et hors du pré, c’est un théoricien du rendement, un Volfoni de l’ovale:
« Tu vises le premier adversaire qui arrive derrière un plaquage… tu arrives avec le plus d’élan possible, et tu l’éjectes d’un coup d’épaule. Tu vises les cotes ou la tête. Il faut lui faire comprendre qu’il n’a rien à faire là… »

 

  • Le pascalpapéisme est un infantilisme

Comme Pascal Papé, on veut pas grandir, d’ailleurs, certains (surtout) d’entre nous ont beaucoup anticipé le sujet! Le quotidien et ses responsabilités, les questions qui se posent à toi et qui t’imposent Ô angoisse! des choix… toutes ces petites choses qui font qu’on préfère s’exprimer sur un site parodique plutôt que dispenser doctement notre science ovale sur des supports sérieux où des lecteurs avides te posent des questions qui demandent développement et profondeur d’analyse… Et pourtant, au Nord de la Loire essentiellement, survivent des intellos du rugby qui interrogent et pour tout dire, nous emmerdent. Bien sûr, on pourrait essayer une répartie lièvremontesque, cultiver notre mystère et cette opalescence quasi-surnaturelle de notre aura.
Mais bouchers nous sommes, bouchers nous resterons. Tels notre Caudillovale  en conférence de presse, nous assumerons d’être d’éternels sales gosses et de répondre « Elle est nulle ta question. On n’a pas besoin de parler de ça aujourd’hui (…) et cette question, elle est pourrie ! »

 

  • Le pascalpapéisme est un surréalisme

Lorsqu’on vous pose une question, répondez à côté. Un peu comme quand on demande à Felipe Contepomi de marquer un essai et qu’il tape un drop (mais beau le drop hein!). Si vous arrivez à suffisamment cultiver votre pascalpapéisme, l’étonnement permanent que vous susciterez sera la source certaine de votre succès en même temps que vous préserverez le secret des méandres de votre activité synaptique.
Lorsque les Bleus ont été fêté par le Président de la République, les journalistes se sont précipités vers celui qui devient peu à peu leur meilleur client, notre Maître à tous, le Papé de la répartie médiatique. Ils s’attendaient probablement à un récit ému de l’immense honneur qui venait de leur être fait, dans une réponse convenue avec de jolies phrases bien emballées, un peu comme quand Laurence Ferrarri demande à une star américain quel est son pays préféré et qu’elle a bossé son interview pendant 15 jours pour qu’elle lui réponde “J’adôôôôôre le Fraaance”.
Surréalisme ou peut-être hyperréalisme, André Breton revisité, le pascalpapéisme ne sera jamais, JAMAIS où on l’attend ! « L’Elysée ? C’est bien, c’est joli. Regardez, il y a de jolies pierres. Le jardin est bien entretenu, c’est agréable comme endroit ! »

Il a fallu des années pour arriver à cette forme aboutie de pensée globale, du quotidien à l’ovale. Des années de souffrance et de résilience, de cartons en tout genre, pour que Pascal Papé devienne ce qu’il est aujourd’hui: un exemple, un phare, un Messie dont nous n’aurons pour vocation désormais que de répandre la pensée…

HABEMUS PAPE !

Ovale de Grace