La véritable histoire qui relança l’Equipe de France…
par La Boucherie

  • 14 October 2011
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Dans la nuit de samedi à dimanche, je me réveille en sursaut tant les frasques de mon 3/4 centre international préféré venaient troubler mon sommeil, un sommeil pourtant si profond que même un essai de Jean Dridéal commenté par Christian Jean-Pierre m’aurait laissé de marbre.

Pourtant le cauchemar est là et bien là ! En effet Fabrice Estebanez a été cité pour son placage dangereux sur Joseph Tuineau. Quelle horreur ! Quel désarrois ! Un mec pourtant si propre sur lui, que son nom nous était presque encore inconnu un an avant cette coupe du monde. Comment vais-je pouvoir survivre ? Comment vais-je tenir 24h pour attendre la sentence qui menace ce jeune garçon? D’autant que Jean-Claude Biguine, notre centre Auvergnat, semble s’être blessé à l’épaule et serait apparemment indisponible lui aussi !
Mais pas de panique, « ne tombons pas dans la sinistrose » (expression beaucoup utilisée par Lièvremont pendant la phase de poule) car nous avons un grand spécialiste du poste, un homme tellement spécialiste qu’il est lui-même spécialiste de la polyvalence, c’est vous dire, j’ai nommé Damien Traille ! Damien Traille le centre-ouvreur-ailier-arrière Français, qui non content d’être sorti face aux tous noirs, s’était mis plus tôt dans la semaine au joug, le staff lui ayant promis qu’il pourrait faire quelques piges en 3e ligne aile si besoin était.
Enfin Bref ! Soyons optimiste, Lapinou à plus d’une cartouche dans son sac et nous sommes donc tous très impatients de connaître la fameuses composition de l’équipe qui n’a pas voulu boire des bières mais finalement se reprend en mains en se « disant les choses ».

Lundi, nous cogitons toute la journée, le Tonguien, cité pour les mêmes raisons que l’ancien Briviste, a été remercié par le comité de discipline de la Coupe du monde pour une durée de cinq semaines. Il faut souligner que quand t’as trois jours de repos et que tu craques mentalement en infligeant un plaquage cathédrale à Jean Dridéal ben c’est pas bien.
Du coup, on se dit que « l’homme en forme du moment » (pas celui là mais celui de la fin du Top 14 de la saison dernière, plus en forme que Jauzion et Poitrenaud réunis) est vraiment mal barré pour la fin de la compét !

Alors on patiente, on apprend que la compo tombera demain, on se dit que l’on a plus grand chose à apprendre de cette journée déjà difficile, quand le soir venu on sonne à ma porte. Sylvain Marconnet, en manque de sarcasme, venu pointer chez moi les défaillance de cette mêlée qu’on disait la meilleure du monde, celle qui (surprise !) est composée de 3 joueurs blessés sur le retour et a du mal à l’impact ? Non. J’entrouvre la porte, mais à qui appartient cette carrure impressionnante ? Ça sent les 25 sélections et les odeurs de cargolades, de jambon beurre et de patxaran envahissent mon couloir; seule une petite moustache un peu timide est là pour semer le doute, mais c’est LAPINOU en personne !!

Je lui dis: « Marc mais qu’est-ce que tu fous ici ? Tu à une révolte à mener, des hommes à soulever, des montagnes à déplacer ! ». Il me répond « Oh je t’en supplie laisses moi entrer, sers moi quelque chose à boire, ça fait trois mois que je fais comme mes joueurs et que je garde un esprit sain dans un corps sain, mais j’ai envie de me prendre une cuite moi aussi, même les 30 au mental en bois, ils ont pas voulu boire avec moi samedi. Aide-moi ! »

Là, bien embêté et ne sachant que faire, je décide tout de même de m’exécuter, je sers un verre au chouchou des médias, à celui qui va au bout de ses convictions, celui qui assume ses choix. Je me rends compte qu’en fait on aurait tous du relire son CV avant de s’étonner d’une telle propension à toujours tout changer ! En effet quand il jouait il ne se fixait nulle part ! Un coup Catalan, un coup Francilien, un coup Basque ! Pour finir à débuter l’entraînement dans les Landes ! Ne nous étonnons pas qu’un homme avec une telle diversité culturelle ait besoin de changements !

Je m’assieds donc à ses côtés, il tient fermement le carnet de jeu.
« Marc, ça suffit, donne-moi ça ! Tu en as déjà assez fait ! Tu ne vas pas encore te tuer à la tâche pour une bande d’ingrats incapables de reconnaître tes talents d’écrivain ! Maintenant tu te reposes, demain tu as une composition à donner, c’est peut être ta dernière alors un peu de panache ! Faisons croire que tout va bien ! Bon d’accord, on a eu un petit accrochage contre le Tonga mais ça va aller ! Ca n’est pas une farandole d’anglois en blanc qui va nous faire peur ! ».
« Tu as raison” me dit-il, « je vais leur pondre un truc énorme, une compo qui en a, avec des mecs frustrés qui voudront se racheter, des sanguinaires. Tiens, je fais revenir le basque et le catalan devant »
« Mais c’est parfait tu vois quand tu veux ! »
« Oui et rien que pour les faire chier je laisse Palisson, et même que je vais le faire jouer face à Ashton ça va les surprendre. »
A ce moment là je le calme un peu et tente de reprendre la situation en mains, lui dit qu’il serait bien pour sa communication de se taire un peu aussi.

Tout à coup j’ai une idée de génie ! Une idée qui ferait se lever de son siège Ovale Masqué et lui ferait mettre une bouffe au stagiaire. Personne ne saurait pourquoi, mais ça ferait bien quand même !
Je lui murmure à l’oreille 4 syllabes « MOR-GAN PA-RRA », son visage s’illumine, je viens de faire croire à Lapinou que la solution était là, que certes Morgan n’était pas parfait mais plutôt satisfaisant, qu’après tout Trinh-Duc, qu’il avait eu tant de mal à installer, méritait d’aller se faire voir !
J’étais fier car mes sarcasmes permettraient de lui fournir un alibi et lui éviter la solitude au lendemain d’une défaite annoncée « Morgan n’avait pas su saisir sa chance. »

Marc se lève, remonté à bloc et me dit « Merci, merci de tes précieux conseils mais je dois repartir vers le long nuage blanc, j’ai une compo à donner. »
Je l’ai serré dans mes bras, lui soufflant de laisser les clefs du camion aux tauliers. Dehors la nuit était déjà bien avancée, et Marc s’en allait, la moustache au vent, tel Bernardo allant annoncer la solution d’une énigme à Zorro.
Une dernière fois, alors qu’il était au bout de la rue je l’ai interpellé pour lui poser cette ultime question : « Marc au fait ? Tu penses toujours que l’on peut être champions du monde ? »
Son ombre disparut dans la nuit. Vous connaissez la suite…

Marco L. (l’autre)

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