Ovale de Grace analyse Angleterre – Argentine
par Ovale de Grace

  • 12 September 2011
  • 5

Après le magnifique et extrêmement convaincant match délivré avec humilité par les Bleus contre les Japonais, commenté avec élégance et professionnalisme par le Juge Thierry Jean-Pierre et le couturier Christian Lacroix, je m’apprêtais à aborder avec la distance qu’on me connait dès qu’il s’agit d’Argentine, ce qui promettait, selon les sondages d’opinion, d’être une rencontre totalement déséquilibrée.

Avant-match, ça commence bien: un type en string, peinturluré, tout emmitouflé dans des « trucs en plume », fait un cunnilingus à un gros coquillage des plus évocateurs. On sait que le match va être hot!
Je cherche Max Guazzini dans les tribunes, qui, décidément, au lendemain de la Vogue Fashion Night, montre combien il est toujours au top dès qu’il s’agit de donner un peu d’élégance aux pelouses de l’ovalie, de chaque côté du méridien. On pense d’autant plus à lui que ça fait bien longtemps qu’on n’a pas vu autant du joueurs identifiables du Stade Français sur une pelouse!

Folklore toujours: les larmes argentines dès que retentit leur hymne. L’oeil torve, mal coiffés, on peut se demander si ils sont dans un état pré-extatique ou si ils sont simplement jet-laggés. Ils ont en fait le regard du gladiateur, qui sait qu’il va mourir, mais avec la manière!

Les Anglais ont le regard froid des centurions qui amèneront les gladiateurs se faire bouffer par les lions, en les rugissantes personnes de Monsieur Lawrence et de Romain Poite qui ne faillira pas à sa réputation. Et parce qu’ils acceptent de jouer le rôle des méchants cyniques, les Anglais jouent en noir.

Le coup d’envoi est tiré par Saint Felipe Contepomi, mon cœur se met à battre au rythme argentin!
Et du rythme, il y en aura!

Après une rapide prise de balle des Anglais, le ballon, les touches, la dominations deviennent argentins. A 4:00 les Argentins sont à 10cm de l’embut, les Anglais mettent les barbelés. Dans un geste un peu désespéré, Cabello tente de passer par dessus et aplatit sur la tête d’un Anglais. Ce félon d’arbitre n’accorde pas l’essai!
Saint Felipe ouvre néanmoins le score 0-3.

Car mes chers lecteurs, si on sait que Contepomi peut être titulaire à 4 postes, il a décidé de tous les jouer en même temps, et puis d’en ajouter. En défense, jusqu’à la première ligne, car c’est là qu’on atteint un chef de guerre, Captain Contepomi vivra jusqu’au bout son rite sacrificiel 100 fois répété, fonçant sur les lignes ennemies avec conviction, courage et sens du devoir. C’est simple, pendant 20 mn, il sera partout, sur tous les ballons. Il a bien joué 80mn, mais en concentré.
L’observer c’est saisir la quintessence de l’âme rugbystique argentine, l’ousia de l’esprit pumas. Malheureusement, la métaphysique du martyr contepomien est soumise à la temporalité et il s’empale en kamikaze à ses propres côtes à la moitié de la première mi-temps! J’entends d’ici ses déchirants « tora! tora! »

11mn: Romain Poite remarque un « placage » haut de Roncero sur Foden. On sait maintenant, qu’il est, en revanche, totalement hermétique aux charmes du jeu de la deuxième ligne britannique à laquelle il n’accordera pas la moindre oeillade. Même pas à Courtney Lawes, qui, en matière de trashitude, porte plutôt bien son nom.

17mn: nouvelle faute anglaise, j’apprends à lire sur les lèvres de Martin Johnson (c’est pas très compliqué, ce sera le même mot de 4 lettres à chaque fois que la caméra se braquera sur lui pendant le match).
Martin Rodriguez rate sa 3e pénalité, on commence à vaguement se rappeler un type qui s’appelait Hernandez.

22mn: Les pourtant ultra-favoris Anglais entrent enfin dans les 22 argentins. Contepomi sauve son équipe, ce sera son chant du cygne.
Le rythme est intense, on annonce plusieurs implosions de pace-makers chez les anciens combattants des Malouines.

26e: Contepomi sort, on va pouvoir parler d’autre chose… parce que contre toute attente, ses coéquipiers survivront et seront plutôt contents d’avoir enfin le droit de toucher le ballon!

28e: à 22m, face aux perches, « Sir » Johnny Wilkinson rate l’inratable… on se dit qu’il y a une justice

34e: Dan Cole prend un jaune après avoir essayé de démonter quelques chevilles en mêlée avec ses crampons. L’arbitre estime qu’il a flingué son « forfait-sanction » à l’égard des Anglais qui pourront s’amuser tranquillou pendant les 46 prochaines minutes. Et ils vont s’en donner à cœur-joie!
Rodriguez rate de nouveau, Santiago Phelan songe à appeler les agents du Mossad qui ont capturé Eichmann en Argentine pour exfiltrer Gonzalo Quesada.

36e: Tiesi tombe au combat, deuxième parisien dégommé sous les yeux amusés de Romain Poite. Lawes, auteur de l’attentat s’en sort sans réprimande…

38e: Ledesma qui va à l’essai est mis KO par le décidément très en forme Courtney Lawes qui trouve que les joueurs du Stade Français c’est marrant, mais la vraie éclate, c’est de flinguer le staff! Poite a un début d’érection… et pas de sanction.

40e: c’est la mi-temps, le stade siffle, je lance ma canette de coca-zéro-sanscaféïne sur ma téloche, les commentateurs crient leur impuissance devant ce qui ressemble manifestement à un attentat argentinophobe et stadefrançocide du corps arbitral international .

La reprise est incontestablement argentine. Toujours à 15 contre 14, ils n’arrivent pas à concrétiser.

43e: Rodriguez s’apprête à tirer une pénalité. Pour l’encourager, depuis le banc, Contepomi se lève, il se pète les croisés.
Et ça passe…

49e: ça passe plus. On en est au 15e point laissé dans le vent par Rodriguez si on compte une tentative de drop un peu désespérée.

51e: Troisième raté pour Wilko. On entend le sourire sur les lèvres de Rodolphe Pirès.

57e: Rodriguez rate encore.

Mais… qui est ce néo-rasta joliment ventru qui court à poil sur la pelouse? Bastareaud a enfin trouvé le moyen de participer à la RWC!! il sera streaker!

58e: on rejoue les Malouines, les Anglais semblent perdre pied. On aperçoit James Haskell en gros plan qui semble avoir le seul même mot que Martin Johnson à son vocabulaire. On est heureux d’apprendre qu’il joue.

65 : Monsieur Lawrence accorde une pénalité à l’Angleterre après un placage imaginairement dangereux d’Aguila sur Foden. Les Anglais prennent la pénaltouche, Youngs aplatit, l’essai est transformé.
C’est un peu la fin du match.

Les Argentins ébaubis ont quelques mn de passage à vide pendant que Wilkinson rate puis réussit une pénalité. Il en est à 3/8, Boudjellal est aperçu sur Ebay postant sa collection de t-shirts Looney Toons!

Les Argentins ne se laissent pas abattre et à la 79e Bosch perce le rideau, Imhoff va à l’essai. Il est plaqué sans ballon par Tindall sous les yeux de Romain Poite qui se paluche de satisfaction devant la perfection du crime du trium-vira arbitral!

C’est sans surprise que les Anglais bénéficient d’une ultime pénalité, on a pas très bien compris au nom de quelle règle innovante.

Les Anglais réussissent plutôt bien leur coup puisque Contepomi et Tiesi sont sérieusement blessés et que cette salope d’Albion a désormais toues les chances de prendre la tête de la poule!

Ovale de Grace

A lire aussi, Ovale de Grace qui nous parle des brillants commentaires de TF1 sur le Nouvelobs…