Le retour de Pierrot
par La Boucherie

  • 09 September 2011
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Tel un plaquage de Jérôme Porical ou un lancer correct de Guilhem Guirado, le monde du rugby n’est pas à l’abri d’une surprise. Le clan très fermé des plumes de la Boucherie Ovalie non plus. Et c’est avec joie, qu’hier, j’ai pu débarquer la fleur au fusil et deux litres de rouge chez mon jeune ami Ovale Masqué. Car, oui, j’ai été libéré. Enfin.

Vous vous dites que je suis venu chez le bienfaiteur de la Boucherie pour le remercier et le féliciter du travail obscure et sombre qu’il a accompli pour faciliter ma sortie. Tu parles. Cet empaffé n’a pas bougé le petit doigt pour me sortir des geôles marécageuses dans lesquelles j’étais enfermé. Il paraît même qu’il a refusé de payer une rançon. Laquelle impliquait un de ses posters de Nicolas Raffault ou Raphaël Poulain, je ne sais plus.

Je suis donc venu dans sa garçonnière non pas pour boire un coup – enfin si, mais pas d’entrée de jeu – mais pour régler mes comptes. Quand il a ouvert la porte, son sourire affable cachait une déception à peine mesurée. Au lieu de lui serrer la main, je lui ai mis un coup de casque digne de B.Botha à sa grande époque. Le nez en sang, la mine blafarde, Ovale Masqué est passé du rang de héros en collants violets à celui de zéro en collants rouges.

Après cette mise au point, on s’est embrassé et pris dans les bras. Et on a commencé à boire. Beaucoup boire, forcément. Ovale Masqué n’a pas payé un seul coup. Putain de radin.

Les retrouvailles passées, il est temps de vous expliquer comment est survenue ma libération, et surtout, les raisons de ma détention. Figurez vous que j’ai été retenu par un commando fidjien, basé sur les hauteurs de l’arrière pays périgourdin. Les bougres m’avaient kidnappé pour faire chanter la Fédé. Pas de chance pour eux, les mecs de la Fédé peuvent pas me piffer – et inversement. Leur chantage n’a donc pas fonctionné. Ils réclamaient des infrastructures correctes et une naturalisation française de tous les joueurs fidjiens présents dans les divers championnats de l’Hexagone. Imaginez, Bobo, Vulivuli et consorts pour le maillot du XV de France. Au centre de l’attaque, ça aurait quand même plus de gueule que les Marty et Estebanez.

Mes ravisseurs ont assez rapidement compris que j’avais un petit penchant haineux contre les Catalans. Il faut savoir que les Fidjiens n’aiment pas les Catalans. Une sombre histoire mêlant la famille Tuilagi, des travestis (encore des Tuilagi, je crois) et surement un peu d’alcool du pays arrivé par bateaux dans le port de Collioure, jamais parvenu à destination.

Je dois dire qu’après deux semaines de captivité, j’étais traité comme un prince. Seulement, je ne pouvais pas parler autrement qu’en Fidjien, ce qui a été assez dur au début. Tous les jours, aux alentours de 19h, nous devions rejouer leurs actions favorites, rugbystiquement (Votre ?) parlant. Souvent, irrités par le non-retour de la FFR, ils rejetaient leur mécontentement sur moi. Quand leurs pseudos-troisièmes-lignes montaient sous les chandelles au plaquage, j’étais celui qui était censé récupérer le cuir. Mais bon, je n’ai plus trop de côtes à mon âge alors la douleur s’estompait assez rapidement. Forgé par plus de 60 ans de petit déjeuner au génépi et de troisièmes mi-temps à coup d’absinthe, Papi Pierrot sait encore tenir sur ses guiboles. Pas comme cet enfoiré de Villegueux, qui finit à chaque fois dans le coma dès qu’il fait la rioule du côté de Paris. Aucun honneur, le gonz.

Pour tout vous dire, je ne suis pas mécontent de retrouver le monde des humains et plus particulièrement des hommes faisant moins de 100 kilos sans trapèzes démarrant aux oreilles. La Coupe du Monde approchant, les valeureux Fidjiens ont consenti à me libérer. J’ai pronostiqué une victoire des Fidji face aux Tonga, Samoa et Boks. C’est là que la différence s’est faite.

Bonne journée, mes amis, je vous aime.

A tout bientôt,

Pierrot