Pierre Albala-Dijo passe à table
par La Boucherie

  • 06 May 2011
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Quoi de neuf chez vous les enfants ? Ici, on fait aller. J’ai encore un peu mal à la tête, à cause d’hier soir. On était tous réunis chez Lulu, un ancien du gaz. Au menu, une blanquette de veau, un gratin et au moins 2 litres de jaja par personne. Une bien belle soirée. On était cinq. La même bande de potes qu’il y a 40 berges, quand on allait aux férias en courant, une bouteille dans chaque main.

Hier soir c’était un peu particulier, il y avait une humeur nostalgique, révolutionnaire. A un moment, Lulu a même voulu aller taguer les murs du « cabioton » (notre ancien club house) pour insulter le gougnafier venu de Paris qui venait de racheter notre club. C’est parti dans tous les sens. « Mort aux Parisiens !», « A bas les mercenaires !», « De Gaulle reviens ! », et ainsi de suite. C’est là qu’on a décidé de se mettre une bouteille de prune dans le gosier. Une de moins que les Allemands n’auront pas, qu’on s’est dit.

Forcément, entre mecs – oui, pas de femmes en patrouille comme on dit – ça parle rugby. Mais comme il faut, hein. Du Top 14 à la Fédérale 3, en passant par le derby de 4ème série et ce petit gamin de 19 ans qui aurait été supervisé par un club, grand standing, d’après le trou du cul qui vient de Paris. A 23h, on était dès potron-minet alors on a refait le monde. Que soi-disant Marc Lièvremont avait encore des affinités au Pays Basque, alors c’est pour ça qu’Huguet était là. Ça a pas loupé, Fernand a sorti l’accordéon et nous a fait la P’tite Huguette. Il parait, je dis bien il parait (car c’est l’oncle du cousin de la femme de ménage de Marcel qui l’a dit) que Lièvremont voulait rappeler Nicolas Brusque et Elhorga pour aller en Nouvelle Zélande. Alors là, on a ri pendant 20 bonnes minutes. Le temps de sortir une autre bouteille, que Chabal était déjà mort et enterré. Étouffé par sa barbe et pendu à ses cheveux. Ces mecs-là, c’est pas des poètes.

A un moment, ça a failli mal finir. Lulu a ressorti des vieilles photos. On avait des sacrés trombines déjà. Mais le problème, c’est qu’il y avait une photo d’un match cadet de 62. A Tyrosse je crois, enfin les maillots étaient noirs sur la photo, vu qu’elle n’était pas en couleur. Le souvenir d’un quart de finale. Malheur. Fernand et Marcel, respectivement ouvreur et arrière se sont encore et toujours bouffé le foie sur une litigieuse action de fin de match… Je crois qu’on perdait de trois points. Fernand voulait faire une «orgie» (feinte de croisée avec le 12, redoublée avec le 13) mais Marcel était partisan d’un drop de 40 mètres, histoire de jouer les prolongations. Fernand était 10, il a pris la décision de jouer. Manque de bol, notre 13 fait un en-avant et l’arbitre siffle la fin. On s’en est jamais remis. Les deux gnolus n’ont plus, et ils ont remis le couvert. Heureusement, on avait Canal+ en fond, un match a commencé. C’était du Super 15, dans le Sud visiblement. Au bout de deux minutes, le deuxième ligne avait déjà fait une chistera et le talonneur un cadrage-débordement. On a pleuré, on s’est enfilé trois bouteilles et on s’est couchés.

Pierre

PS: A voir, le blog de l’auteur, en vrai, Rugbystiquement votre.