Le Cantalabo analyse deux matchs d’Aurillac. Y’en a qui ont du temps à perdre.
par La Boucherie

  • 06 December 2013
  • 11

 

Par SACA merde

Avertissement préalable à la lecture de ce compte-rendu : Les matchs dont il est question sont malheureusement des matchs de Pro D2. Aussi, la plupart des joueurs qui y sont mentionnés vous seront certainement inconnus, et si d’aventure le nom vous dit quelque chose, il s’agit probablement d’une confusion avec quelqu’un d’autre. Nous nous excusons par avance de ce désagrément.

 

Acte I : Le Cantalabo analyse le Pécorico Aurillac-Mont-de-Marsan.

Haaa, Aurillac contre Mont-de-Marsan, c’est un duel qui fleure bon le rugby d’antan ©. C’est l’opposition de la pigne contre la châtaigne, d’un club au glorieux palmarès contre un club auvergnat, du foie gras contre la truffade, ou d’un club au budget ridicule contre un club au budget encore pire (devine lequel !). Sur ce dernier point, Sport+ ne s’y est pas trompé en dépêchant sur place le bien nommé RSA, frère de Ouin-Ouin le grand, et lui-même dépressif chronique (à l’instar de la plupart des joueurs qui ont passé la majeure partie de leur carrière à Clermont-Ferrand). France3 a, de son côté, plutôt opté pour Jean Abeilhou, le seul journaliste au monde qui n’a pas besoin de ses fiches pour citer des noms de joueurs de ProD2 autres que Chalet/Nabal. Néanmoins, l’affiche semble déséquilibrée entre Aurillac qui marche à un rythme estampillé Top 14 depuis le début de saison, alternant branlées subies à l’extérieur et branlées infligées à domicile, et Mont-de-Marsan qui peine à remettre la marche avant après sa relégation de l’étage supérieur.

Alors, un match de prod2 fin novembre à Aurillac, vous me direz, ça se présente plutôt mal pour le spectacle. D’autant qu’il a neigé tout la semaine sur le Cantal, et que les thermomètres se sont mis en grève à cause de leurs conditions de travail. Qui plus est, les entraîneurs, Scott Murray côté montois contre Jeremy Davidson côté aurillacois, ça nous rappelle des Irlande-Ecosse bien crasseux du Tournoi de la fin des années 90. Et pourtant, il ne fallait pas arriver en retard©. Sur l’engagement de Maxime Petitjean, les aurillacois récupèrent la balle, puis écartent tout de suite côté ouvert, où Ratu et McPhee se font des politesses dans la défense, et filent à l’essai, avec des trucs de oufs genre retours intérieur, redoublées, ou passes après contact, sans jamais passer par le sol. De quoi provoquer une rupture d’anévrisme chez Patrice Lagisquet. Le match, la bière et les supporters à peine entamés que déjà Aurillac mène 7-0.

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La défense landaise fut bien trop statique, et a laissé aux aurillacois des espaces vers la terre promise.

 

Mont-de-Marsan n’arrive pas à mettre son jeu en place. Chahuté dans les rucks, dominés en conquête, approximatifs dans les transmissions de balle, le SM tend le bâton pour se faire battre. Cette après-midi, on aura plus vu le côté M que le côté S des landais. D’ailleurs, sur un mauvais jeu au pied montois sur les 40 mètres auvergnats, les aurillacois remontent le ballon à la main, progressent puis écartent, Kemp déborde, Ratu fixe, Boisset écarte encore pour Petitjean qui sprinte sur les 10 derniers mètres en contournant les deux derniers défenseurs pour le deuxième essai.

Deux minutes seulement plus tard, Pic pour les montois tente de jouer vite une pénalité dans le camp aurillacois, mais son petit coup de pied par-dessus est vraiment trop petit, et ne parvient même pas à lober Boisset, 1m32 au garrot, qui passe à Valentin. Celui-ci se retrouve donc avec un peu d’espace, mais à 10 mètres de sa ligne. N’importe quel cerveau sain d’esprit aurait tapé en touche, ou essayé de créer un point de fixation pour permettre une attaque conventionnelle. Mais Valentin, en bon international français à 7 n’était pas d’humeur à réfléchir. Il prend la gonfle, court, se demande s’il passe la balle à son arrière qui s’époumone à lui proposer des solutions, et puis à quoi bon ? Il la joue finalement perso, efface 3 défenseurs, et va tout seul à l’essai après une course de 70 mètres.

16 minutes de jeu seulement et Aurillac mène 22 à 0, bonus offensif déjà en poche. C’est alors que va s’illustrer la merveilleuse tradition séculaire de l’hospitalité en Haute-Auvergne. Dans la vie civile, cela consiste à violer la femme et les enfants de l’invité, pour lui montrer qui c’est qui commande. Puis, comme sous une bonne couche de nonchalance bourrue, il y a un vrai petit cœur qui bat, on offre à l’invité le coup à boire. Enfin, comme il faut aller se coucher, on re-viole les enfants pour que l’invité ne s’éternise pas. Au rugby, comme ce fut déjà le cas cette saison lors des réceptions de Dax, Bourg-En-Bresse et Albi, cela consiste à faire n’importe quoi une fois le bonus offensif acquis, afin de le perdre, et essayer de le reprendre ensuite (cette dernière étape ayant échoué contre les tarnais). Et que je te perds des mêlées, et que je te fais des en-avants dans mes 22, et que je te fais des en-avants dans mon en-but -2 fois même au cas où l’arbitre l’aurait pas vu-, mais rien n’y fait, Mont-de-Marsan n’y arrive pas.

Les landais ne jouent pourtant pas si mal. En tout cas c’est la première équipe cette saison à être venue à Aurillac pour réellement jouer au rugby. Mais tout cela est trop brouillon, et Léota en profitera pour perpétuer la tradition familiale de problèmes de piscines inaugurée par son père François, et l’arbitre le rend inéligible pour 10 minutes. La mi-temps est atteinte sur le score de 28 à 0 grâce à deux pénalités de Petitjean.

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Une statue en l’honneur de Maxime Petitjean sera érigée sur le parvis du stade Jean-Alric.

Dû à une restriction de budget, seul son pied gauche (sa principale caractéristique en tant que joueur) sera représenté. En effet, le devis en achat de matière première était colossal rien que pour représenter son non moins colossal nez.

 

La deuxième mi-temps commence donc, et Mont-de-Marsan va un peu mieux. Au fil des attaques, les aurillacois se mettent à la faute et Brady se prend un jaune. Puis pour des fautes à répétition en mêlées ordonnées c’est au tour de Tokotuu d’aller se reposer. A 13 contre 15, obligés de défendre, les aurillacois tiennent pourtant bon. Et après 10 minutes sous le joug Montois, les aurillacois en sortent lessivés mais indemnes au score. Correa entré plus tôt pour les montois, alors qu’il n’en avait visiblement pas envie, nous remémore les heures les plus sombres de Guile dans Street Fighter en nous gratifiant d’un reverse kick à retardement d’anthologie dans les génitoires de Maxime Petitjean. Plutôt risqué de s’attaquer à une telle icône aurillacoise un dimanche soir d’automne alors qu’il y a rien à la télé. On a déjà pendu des touristes pour moins que ça. L’arbitre n’ayant rien vu, le jeu reprend, et les stadistes de la montagne décident de se remettre à martyriser les stadistes des plaines.
Après une progression faite de coup de pieds de déplacement, Boisset trouve la touche sur la ligne des 5 mètres montois. Hayes capte la balle, Brady récupère, et file à l’essai. Un essai 100% merdique et 100% irlandais, vous en tirez les conclusions que vous voulez.

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Non M. Correa, c’est pas rugby ça.

 

Puis, 10 minutes plus tard d’un match qui a perdu tout suspense et tout allant, c’est au tour de la mêlée aurillacoise de s’illustrer avec un essai de pénalité que l’on attribuera à Maxime Escur, connu des services de police sous le nom de « Boucher de Montauban », et passé à Aubenas entre les mains de Marc Raynaud. Un sacré CV de psychopathe. Sur l’action, la mêlée Montoise se fait littéralement exploser, et le vis-à-vis d’Escur se retrouve carrément sur le cul. Pas finaud pour deux sous, mais du grand art dans le genre.

C’est alors qu’arrive le principal fait du match : le ciel jusque-là couvert se dégage, et le soleil fait son apparition sur le Stade Jean-Alric. Côté Aurillac, l’équipe étant principalement composée de cantalous et d’irlandais dont l’esprit ne peut juste pas concevoir la chose, la terreur prend le dessus, et les auvergnats cessent alors de jouer, permettant au Moun d’enfin poser un peu son jeu. Un essai à la 76ème minute, puis un deuxième en suivant, tout deux sur de belles constructions offensives face à une défense aurillacoise qui coince. Mont-de-Marsan a encore 2 minutes pour essayer d’en marquer un troisième et priver Aurillac d’un bonus offensif qui lui tend les bras. Deux attaques successives qui n’iront pas au bout plus tard, le match se termine sur le score de 42-12, Aurillac sauve tout juste son bonus offensif.

Si Aurillac a largement dominé son adversaire dans tous les compartiments du jeu, ils auront échoué à cadenasser la fin de match et à s’éviter la frayeur d’un retour du jeu montois. Néanmoins, avec 3 essais de trois-quarts et 2 essais de tricards, toute la palette offensive cantalienne y est passée, malgré quelques absents de marque. Pourtant déjà 5ème au classement au soir de cette 11ème journée, le SACA possède encore une belle marge de progression qui augure du meilleur pour cet exercice 2013-14.
Côté montois, les travaux de reconstruction prennent du temps, et la cohésion chez les arrières fait encore cruellement défaut. Mais ils ont prouvé sur la fin de match, avec la rentrée de Pierre-Alexandre Dut, qu’ils ne sont pas loin non plus d’obtenir la formule qui marche. En tout cas, vu la densité de cette prod2, en particulier dans le bas du classement, il leur faudra lutter jusqu’à la fin pour le maintien.

 

Acte II : le Cantalabo analyse le pécorico Pau-Aurillac

Oui, car la plupart des matchs de prod2 sont des pécoricos. Avec Lyon qui montera en top14 et à moins que Lille ne parvienne en finale de fédérale 1, ce sera d’ailleurs le nouveau nom de la prod2 la saison prochaine.

Changement d’ambiance, car Pau, c’est les supers-vilains de la prod2. Dans un registre différent de celui de Toulon en top14, ils ont su s’imposer au fil des années comme l’équipe à abattre sommairement. C’est d’ailleurs contre Toulon en 2008 que le déclic s’est produit : de ce jour-là, pour l’équipe dirigeante, l’avenir de la Section sera d’être une équipe de crevures, ou ne sera pas. Certes, cette équipe sait aussi jouer au rugby quand il le faut. C’est d’ailleurs de savoir adopter plusieurs registres de jeu qui en fait l’un des candidats les plus sérieux à la montée. Mais la demi-finale d’accession contre La Rochelle l’an dernier en fut encore le meilleur exemple, Pau n’est jamais aussi drôle redoutable que quand elle parvient à faire péter un câble à l’adversaire.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que sans faire de bruit la ville de Pau s’acharne à faire déferler le Chaos sur le Monde. Il suffit pour cela de regarder la liste des personnalités célèbres liées à la ville. Déjà Henri IV, à cause de qui massacrer des protestants est devenu illégal. Alors que les distractions sont si rares dans nos campagnes, ne plus pouvoir brûler 3 ou 4 malheureux rouergats lors de festivités bien de chez nous était bien malheureux, car en plus de distraire l’auvergnat, c’est quand même rendre service à ces saletés d’aveyronnais car les tuer ne peut qu’améliorer leur condition. Heureusement que le bon roi Louis XIV rétablit la situation quelques années plus tard. Aujourd’hui encore, cramer de l’Anglais reste d’ailleurs la principale mission d’intérêt public du XV de France.

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Chaque année, Le 24 aout, c’est la Saint Barthélémy. Pensez à inviter vos amis protestants à un bon vieux barbecue !

 

Autre personnalité, François Bayrou, qui de Pau fomente ses plans délirants de conquête du monde. Enfin, s’il parvient à conquérir la mairie de Pau en 2014, ça sera déjà un petit miracle. Puis Daniel Balavoine, aux boites à rythme de sinistre mémoire, Bertrand Cantat, Frédéric Lopez, et j’en passe des calamités… Pire, citons aussi André Courrèges, inventeur de la mini-jupe, ainsi qu’Isabelle Ithurburu, et donc, la combinaison des deux qui déconcentre les meilleurs joueurs de l’hexagone et transforme les nobles joutes du vendredi soir en d’immondes bouillies qui n’ont de rugby que le nom.
Cela n’est pas mieux au niveau de la Section paloise qui « s’enorgueillit » d’être le club formateur de Damien Traille, Imanol Harinordoquy, Nicolas Brusque et Philippe Bernat-Salles. Autant dire que Pau est en grande partie responsable de la domination du Biarritz Olympique sur le rugby hexagonal au début des années 2000. Et ça, c’est vraiment impardonnable. Autre joueur formé à Pau, Lionel Beauxis. Oui, la phrase est finie, je pense qu’il n’y a pas lieu d’en rajouter.

Enfin, moins doué pour l’humour burlesque, il y a Jean Bouilhou, de retour au club après avoir succombé à l’Appel de CThoulhouse, où il a acquis ses super-pouvoirs maléfiques lui permettant de régner dans les airs, et l’un des pions importants ces dernières années du cahier de jeu créé par le moine fou Jean-Abdul El-Issad, le Necrojauzycon, visant à provoquer l’éclipse totale et définitive du jeu à la toulousaine. Voici la description que le technicien H.P. Loveskills a faite de ce schéma de jeu après le dernier Toulouse-Oyonnax :
« Nul ne saurait décrire le Jeu; aucun langage ne saurait peindre cette vision de folie, ce chaos de passes inarticulés, cette hideuse contradiction de toutes les lois de la matière et du rugby. »

Ce qui nous ramène à ce match entre Pau et Aurillac. Vous l’aurez compris, je n’ai rien à dire sur ce match car il fut d’une ennui démentiel. Pau s’est contenté de défendre (bien) et d’attendre (longtemps). Aurillac d’attaquer sans efficacité et de dominer stérilement en mélée. Personne même ne s’est cru obligé de se battre, ce qui est un manque de tact manifeste. Plus puissants et plus expérimentés, les Palois ont su profiter de la désarmante naïveté des joueurs aurillacois dans le jeu, dans un match qui aurait pu basculer dans quelque chose de plaisant, peut-être même du rugby, qui sait, si Aurillac avait pu et su trouver la faille. Las, ceux-ci n’ont eu de cesse de buter continuellement sur le mur défensif palois, tels de vulgaires écossais face à l’Angleterre, alternant bien mauvais choix et approximations offensives. Connor Gaston Lagaffe aura appris à ses dépends que vouloir prendre Domolaïlaï à l’impact fait partie des mauvais choix. Récupération de Bouilhou, passe en-avant, et essai, le match était plié, victoire de Pau 20 à 9, Aurillac ne prend même pas un bonus défensif qu’il aurait pourtant mérité.