Go West Youg Man – Présentation de l’équipe du Connacht
par Daniel O Herrer

  • 07 December 2013
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Par Daniel O’Herrer

 

Bienvenue à Galway, home de la plus belle équipe de rugby du monde. Bon, ok, d’Irlande. Non, pas Leinster. Pas Munster non plus. Non pas Ulster. Si si, y’en a une autre, même qu’on joue Toulouse cette semaine : Connacht (attention aux révisionistes Cromwelliens qui l’écrivent Connaught). Et ça se prononce ‘conoct’, un peu comme Rory Conokt, le roi de l’Aveyron. Je le sais que c’est la plus belle équipe, parce que c’est la mienne. Dix ans déja que privé de Mayol, je hurle comme un demeuré pour les vert et noir de l’Ouest de l’Irlande.

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Galway, un joli matin d’été.

 

Ah oui, parce que…

…par ici, les gens disent que Galway c’est l’Ouest. Pour un enfant de Mayol, c’est plutot le Putain de Grand Nord (en provençal dans le texte). D’ailleurs, y’a pas que moi à le penser, vu la tronche que tirent les Italiens de Ligue “Celtique” – ils sont fous ces romains – tous les ans, ou les malheureux Toulousains ou Biarrots contraints de venir jouer ici quand Leinster nous fait une faveur en gagnant (et donc nous qualifiant pour) la coupe dont la règlementation française prélève les lettres ‘eineken’ à la frontière. Enfin, bon, vous voyez laquelle quoi. C’est celle que Montferrand Clermont Toulon a gagnée-volée le 18 mai, au sud de Dublin, dans un quartier qu’ici ici on appelle Montferrand.

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7 décembre 2012 : Dimitri Yachvili passe la tête hors des vestiaires et découvre le terrain sur lequel il va jouer-perdre.

Ah oui parce que…

… par ici, la coupe d’Europe, ca veut plutôt dire la petite d’habitude. Celle qui nous aura par exemple fait jouer contre des clubs de légende tels que l’Olympus Madrid. Parce que d’après les règles en vigueur jusque là, l’Irlande a(vait?) 3 places pour la vraie coupe. Nous, on est l’équipe numéro 4. C’est ballot hein ? Bah, ça pourrait être pire : depuis quelques années, quiconque gagne une coupe d’Europe, la vraie ou la fausse, gagne une place de plus pour son pays. C’est comme ça que certaines des plus grosses écuries du continent ont pu goûter au charme délicat de la météo locale, grace aux victoires de Leinster (H-Cup 2011), Leinster (H-Cup 2012) et Leinster (Challenge Cup 2013). Pas qu’on les aime pour autant ces enculés de la capitale là, ici c’est la province, bordel.

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Dubliniens, têtes de chiens ! Dublinots, têtes de veaux !

Ah oui, parce que…

… Connacht, comme les autres équipes professionelles d’Irlande, c’est une équipe de province. Connacht, c’est pas un nom rigolo pour l’équipe de Galway, c’est le nom d’un quart de l’Irlande, quand on la découpe en provinces dont les origines remontent aux divers rois celtes qui se lattaient la gueule entre eux pour diriger l’île. Ca a duré jusqu’à ce qu’en 1166, Ruaidri Ua Conchobair (le Paddy O’Brien de l’époque) colle un carton rouge au capitaine du Leinster : Diarmait Mac Murchada. Suspendu à vie (un précédent légal qui sera tragique dans le futur pour Trevor Brennan, un autre Irlandais) et un poil aigri, ce dernier a donc traversé la mer pour se monter une autre équipe à grand coup d’anglo-normands et de revenir, bravant la suspension, en mai 1169. Après que la mêlée anglo-normande ait tout destronché sur son passage (facile aussi, en recrutant que des étrangers), le vice-capitaine, connu sous le sobriquet de Strongbow décida alors qu’il aimait bien le stade et s’empara du brassard de capitaine, marquant dans l’histoire la fin des rois d’Irlande, et démarrant la pratique honteuse consistant a privilégier Leinster.

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La mêlée anglo-normande: virile mais correcte. Observez le 9 sur la gauche, en train de gueuler après un 10 dont la descendance fera carrière.

Ah oui, parce que…

… financer 3 provinces pour jouer la coupe d’Europe, ça laisse pas grand chose pour financer la 4ème. En fait, ça laisse tellement peu que plusieurs fois, l’IRFU (la FFR locale) a voulu nous supprimer pour concentrer ses ressources sur ceux qui gagnent. Quelques fourches et torches plus tard, ils ont abandonné le concept et accepté de continuer de nous payer. Un peu. Depuis, on est une province de développement. En gros, ça veut dire que quand un minot de l’académie de Leinster est trop mauvais pour eux, on le fait signer chez nous. Et quand il aligne deux bonnes saisons avec nous et que Leinster regrette, ben l’IRFU le reprend pour le faire signer chez eux. Pour finir par nous le renvoyer si en fait il passe son temps a chauffer le banc. Demandez a Fionn Carr. L’été 2009 par exemple, l’IRFU nous a piqué Cronin (2), Hagan (3), Keatley (10) et Carr (14). On avait pas l’air con la saison d’après, tiens. Au fond, la différence entre nous et Bourgoin, c’est juste que nous on peut pas être relégués, ha !

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Y’a pas de relégation, on s’en bat les couilles !

Ah oui, parce que…

… en Ligue Celtique (Irlandais, Gallois, Ecossais et Italiens. Oui, je sais.), c’est comme à l’école des fans : tout le monde il gagne. Bon pas vraiment, y’a qu’un gagnant. Mais personne n’est relégué, et la place ne change rien (ou très peu) à la qualification en Europe. Résultat, c’est pratique pour rester chaud entre deux matchs de coupe d’Europe, mais sinon tout le monde s’en fout. Sauf nous. Nous on a les nerfs, et le jour ou on finira au-dessus d’une des 3 autres provinces, ils ont pas fini de nous entendre (O’Pilou ! O’Pilou !). Faut voir le stade lors de nos (rares) victoires contre Munster ou Leinster, et Ulster ne perd rien pour attendre.

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Leinster, ils ont les nerfs quand on leur colle un essai.

Ah oui, parce que…

 

… à domicile, ça nous arrive quand même de battre les gros. Soit parce qu’ils envoient l’équipe Z, soit parce qu’on est surmotivés, soit parce que même le reste de l’Irlande ne peut pas lutter contre la météo locale (à Galway, on a pas le Mistral mais…). Et quand ça arrive, ça chambre ferme. Attention, pas à la toulonnaise hein. A mon arrivée ici, j’ai bien commencé a siffler le buteur adverse, pour ne reprendre connaissance que 24h plus tard dans les chiottes d’un pub avec une balle dans le genou. Ici, ça déconne pas avec le Respect (en innegliche dans le texte). Et siffler le buteur, c’est pas respectueux du tout. Attention. De nature conciliante, j’ai donc décidé de me fondre à la culture locale: chanter “cheerio, cheerio, cheeriooooo” sur les cartons jaunes adverses (une espece de “ce n’est qu’un au-revoir”), faire “hi-han! hi-han! hi-han” (en âne dans le texte) lors d’un en-avant adverse en réception de chandelle, insulter l’arbitre quand il donne des pénalités contre nous, huer le trio arbitral à sa sortie du terrain quand ils doivent sortir par le milieu de la tribune des abonnés, etc. Mais avec respect. Comme quoi, au fond, hein ?

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En plus, on brasse la biere préférée de Jean-Charles O’Rioli !