France — Nouvelle-Zélande : L’analyse
par Pierre Villegueux

  • 13 November 2013
  • 23

 

Par Pierre Villegueux,
Qui a apparemment changé d’avis, donc.

 

Le contexte :

Un match France – Nouvelle-Zélande, ce n’est jamais un match comme les autres. Parce que c’est les All Blacks. Parce qu’on se souvient tous des matchs de légende de la Coupe du monde 87, 99, 2007 et 2011. Mais aussi et surtout, parce que la plupart des abrutis opportunistes qui ne s’intéressent au rugby qu’une fois par an seront présents, devant leur télé ou dans les loges du Stade de France, pour faire chier leur monde. Il faut s’y faire, le rugby est à la mode, comme les lamas, les cupcakes ou Stromae. Cette excitation médiatique amplifiée génère évidemment bien des désagréments, comme le fait de devoir supporter les analyses des nombreux spécialistes improvisés pour l’évènement, ou de voir l’humoriste Christophe Barbier mimer le haka dans ses sketchs vidéos sur le site de l’Express. Mais rassurez-vous, tout cela devrait vite se calmer, du moins jusqu’à la Coupe du monde 2015 et le retour du prophète Christian Jeanpierre.

Christophe Barbier, un personnage que même Ricky Gervais n’aurait pas osé l’inventer.

 

Pour le XV de France, ce match est également particulier. La Ouin-Ouin’s army reste sur trois défaites consécutives face aux Blacks cet été. La saison des Bleus nous a tellement donné envie de nous foutre en l’air (7 défaites, 1 victoire) qu’elle pourrait presque devenir le sujet unique du prochain double-album de Benjamin Biolay. Les Français ont donc plus que jamais besoin d’une victoire, et pas d’une victoire de merde si possible, pour enrayer la sinistrose. Battre les Blacks reboosterait définitivement le moral des troupes, ferait temporairement oublier la finale 2011 et laisserait croire à tout le pays qu’on est devenus champions du monde. Ça ne durerait que l’espace d’une semaine et ne nous empêcherait pas de nous planter royalement lors du prochain VI Nations, mais on s’en branle parce que putain, ça ferait du bien quand même ! Cela tombe bien puisque le mois de novembre est généralement le meilleur moment pour prendre les équipes de l’hémisphère sud, en fin de saison et en mode tourisme. Les All Blacks sont certes invaincus depuis 13 matchs, mais on se rappelle tous qu’ils se sont remarquablement fait tordre à Twickenham contre l’Angleterre à la même période il y a un an. Les Blacks sont prenables. On peut donc croire à un nouvel exploit sans lendemain du rugby français !

 

Les équipes :

— Les All Blacks.

Comme à chaque match opposant les All Blacks à la France dans l’Hexagone, le trophée Gallaher est en jeu, du nom de Dave Gallaher, un aviateur néo-zélandais décédé alors qu’il tentait de rejoindre la France pour signer au RC Toulon. Un trophée dont on se fout pas mal à vrai dire, et les All Blacks les premiers, puisque comme chaque année ils sont avant tout venus en Europe pour faire de la publicité à la divinité des Maoris (un certain Adidas, cherchez sur Wikipedia) et se prendre en photo devant la Tour Eiffel. Et puisqu’on parle de Tour Eiffel, signalons d’ailleurs que le demi de mêlée arborant un faciès de vendeur à la sauvette de porte-clefs, Piri Weepu, ne sera pas de la partie pour cette tournée. Incontestablement une déception pour tous les amoureux de la danse, qui pourront tout de même se consoler en regardant l’émission proposée par TF1 à la même heure que ce Test Match. Autre absence notable, celle de Conrad Smith, alias le meilleur centre du monde qui a le malheur d’avoir la même tête que ton voisin de palier et pas celle d’un chanteur de Boys Band comme Dan Williams ou Sonny Bill Carter. Du coup personne ne parle jamais de lui, et presque personne ne remarquera son absence ce soir. C’est un autre Smith, Ben, habituellement ailier ou arrière, qui prend sa place.

Julian Savea, le dernier mec en date à avoir hérité du surnom de nouveau Lomu, est quant à lui malade (rassurez-vous ses reins vont bien) et cède donc sa place à Charles Piutau, « un joueur que l’on connait peu » selon Fabien Galthié. Un aveu qui nous révèle que l’entraîneur du MHR n’y connait rien au Super Rugby et qu’il a sans doute recruté René Ranger après avoir maté une compilation de ses plus beaux tampons sur Youtube. A l’occasion, on lui filera l’adresse de Sudrugby.com.

 

— Le XV de France.

 

CompoAB

 

 

Si du côté des All Blacks on jouera donc avec 4 ailiers, en France on a décidé d’aligner 4 troisièmes lignes en titularisant Dusautoir, Lauret, Chouly et Fritz. Tactique judicieuse : avant de penser au French Flair et à toutes ces conneries, assurons-nous au moins de ne pas prendre 60 points. Mais nos Bleus seront malheureusement affaiblis par les absences de Thomas Domingo, le meilleur pilier gauche du monde du Top 14, et de Louis Picamoles, le meilleur troisième ligne centre du monde du Stade Toulousain.

Pour remplacer le Clermontois, Ouin-Ouin a fait appel à Yannick Forestier, le seul homme au monde (avec Brock James) qui trouve que c’est cool de porter des mitaines sur un terrain de rugby. Il faut le comprendre, le premier album de Michael Jackson vient à peine de sortir à l’Intermarché de Castres, il s’agit sans doute d’un hommage. En N°8, l’heureux élu qui va gagner le droit de se faire insulter par toute la France parce qu’il n’arrive pas à avancer avec 12 joueurs sur le dos, est un certain Pete Chouly, un joueur qui s’est fait connaître en gagnant une finale avec Perpignan, avant de partir pour Clermont pour en perdre beaucoup d’autres.

Si le pack souffre donc de quelques absences, derrière, la meilleure équipe possible est alignée. Morgan Parra s’est rêvé une carrière à la Sonny Bill Williams et s’est lancé dans la boxe. La FFR s’est montrée clémente avec lui et lui a donné blanc-seing pour exercer les deux disciplines en toute quiétude. Clémente, la Fédération l’a également été avec Brice Dulin, autorisé à disputer un match international malgré le fait qu’il ait fêté ses 12 ans en avril dernier. Son coéquipier aveyronnais Rémi Talès, est quant à lui une sorte de François Hollande de l’ouverture : on n’était pas franchement convaincus quand on l’a choisi, mais on avait l’impression que c’était quand même lui le moins pire. Reste à savoir s’il sera aussi rapide à nous faire changer d’avis.

Au centre on retrouve Florian Fritz. Comme pour Pascal Papé, on n’est pas bien certains que ce type soit réellement un joueur de rugby, mais face aux Blacks on ne sait que trop bien qu’il est inenvisageable de partir à la guerre sans un minimum de psychopathes sadiques dans nos rangs. Aux ailes, on retrouve logiquement Yoann Huget et Maxime Médard. Oui, ça fait un peu peur à dire mais Huget et Médard incarnent actuellement ce qui se fait de mieux au poste d’ailier en France. Bon, il y a aussi Sofiane Guitoune, mais comme Rabah Slimani était déjà sur la feuille de match, Ouin-Ouin a préféré être prudent et suivre les conseils du sage Brice Hortefeux : « Quand il y en a un ça va, c’est quand il y en a plusieurs qu’il y a des problèmes ».

Puisqu’on parle d’Auvergnats, Wesley Fofana, que je n’avais pas encore mentionné, sera bien sûr présent au centre de l’attaque française. On se demande parfois un peu ce qu’il fout là d’ailleurs. C’est pas qu’il n’est pas au niveau hein. Bien au contraire : quand on le voit jouer, on se dit que Dieu a dû foirer un truc quelque part, se gourer d’adresse de livraison, perdre un colis en route. Ce mec aurait probablement dû naître à Auckland, Otago ou Wellington et devenir un All Blacks. Au lieu de ça, il a été parachuté dans le trou du cul du monde, à Clermont, et se retrouve condamné à faire des passes à Aurélien Rougerie et à Florian Fritz. Enfin plutôt à ne pas leur en faire, d’ailleurs. Mais à ce niveau là on ne sait pas bien s’il s’agit d’individualisme ou de clairvoyance.

TitiMcCaw

— Salut loser !
— Ah ! Ça faisait un bail, enculé de ta race.

Les retrouvailles entre Richie McCaw et Thierry Dusautoir sont toujours très chaleureuses.

 

L’arbitre : Jaco Peyper

Outre le fait que ce mec porte le nom le plus gay du monde, nous avons là un spécimen d’arbitre particulièrement intelligent. Ayant parfaitement compris que les règles du rugby sont de toute façon stupides, il a décidé de ne pratiquement jamais arbitrer les phases de jeu au sol. Face aux All Blacks, il y a de quoi avoir peur. Mais on ne tardera pas à se rendre compte que les Bleus profiteront aussi de sa grande tolérance.

 

Le haka :

Après l’hymne néo-zélandais, qui nous permet de vivre le frisson de Noël dès le mois de novembre, et une belle Marseillaise – par les temps qui courent, il est bon de rappeler que ce chant n’est pas exclusivement réservé aux gros cons – c’est l’heure du fameux haka. Il faut savoir une chose, c’est qu’il y a deux sortes de haka. D’abord le gentil haka, le Ka maté, celui qui ressemble à la chanson du générique de Koh Lanta, avec une chorégraphie un peu ringarde mais bon enfant, parfaite pour un tube de l’été chanté par un éphémère groupe de joueurs de ukulélé en pagnes. Puis il y a le haka méchant, le Kapa o Pongo, celui qui signifie « On va vous démonter la gueule, violer vos femmes et brûler votre putain de stade ». Ce dernier est généralement réservé aux adversaires que les Néo-Zélandais détestent, donc presque exclusivement la France et l’Afrique du Sud, en fait. Pas de bol, ce soir nous avons encore eu le droit à la version interdite aux moins de 16 ans. Nos joueurs peuvent donc d’ores et déjà se munir de protections adéquates.

Le haka, Sébastien Vahaaminaha trouve ça mignon. Ça lui a rappelé le spectacle de maternelle de sa petite cousine.

 

Le match :

Le match débute sur les chapeaux de roues côté français, avec un dégagement de Rémi Talès tellement réussi que j’ai cru un instant qu’il s’agissait de Julien Malzieu au poste de demi d’ouverture. Flippant, ce début de match l’est définitivement puisque si Fofana colle une belle cartouche à Carter, Ma’a Nonu trouve l’intervalle quelques secondes plus tard après un événement qui arrive au moins aussi régulièrement qu’une victoire du Biarritz Olympique : un plaquage raté de Florian Fritz. Le ballon s’envole vers le large et Messam décale Jane d’une belle passe sur un pas. Heureusement, Maxime Médard réussit à le pousser en touche avant qu’il ne puisse aplatir en coin. Une belle revanche pour le Toulousain qui avait un souvenir plutôt douloureux de sa précédente rencontre avec l’ailier des Blacks.

Quelques minutes plus tard, c’est Morgan Parra qui nous offre sa spéciale, le « coup de pied dans la boite inutile en plein milieu du terrain ». Faire ça avec les Néo-Zélandais, c’est un peu comme agiter un Big Mac devant le nez de Mathieu Bastareaud : faudra pas venir te plaindre après si tu t’es fait bouffer la main. Heureusement, aujourd’hui, les Blacks n’ont pas l’air particulièrement en jambes et malgré ce début de match fébrile, les Bleus se remettent dans le sens de la marche rapidement, notamment grâce à un tampon de Fritz qui fait exploser Israel Dagg. Les Bleus obtiennent même une première pénalité, que Morgan Parra tente des 50 mètres, pour rappeler aux supporters toulonnais le bon souvenir de la demi-finale de Top 14 2011. Évidemment, c’est complètement raté. Cette pénalité, Julien Caminati l’aurait réussie, au passage. Après, je voudrais pas faire croire que la Boucherie fait du lobbying pour sa sélection (ça risquerait de le griller encore plus qu’il ne l’est déjà).

Parra se rattrape néanmoins en tentant et en réussissant une pénalité plus à sa portée quelque secondes plus tard. Le public du Stade de France, en bon connaisseur, se met à chanter « Et 1, et 2, et 3-0 ! ». Une timide ola part même dans les tribunes à l’initiative de Christian Jeanpierre, pour fêter cette victoire écrasante du XV de France. Malheureusement, pendant ce temps, un match de rugby suit son cours et les All Blacks ne tardent pas à égaliser. Les Tout-Blancs d’un soir tentent de mettre de la vitesse, mais les Bleus défendent bien, à l’image de Lauret, Dusautoir, Fritz et Fofana qui plaquent à tour de bras. Carter donne l’avantage aux siens sur pénalité après une faute sifflée contre Forestier en mêlée. Mais en bon Français, le Castrais retiendra bien la leçon et trouvera ensuite comment bien tricher pour prendre définitivement le dessus sur Owen Franks.

Les Français tentent à leur tour d’attaquer et nous offrent un beau mouvement au large avec Dulin et Lauret. Ce dernier nous prouve ainsi qu’il est définitivement le nouveau Thierry Dusautoir, y compris au niveau des mains, en tentant une passe après-contact improbable. Le chassé-croisé continue : Parra égalise, Carter redonne l’avantage aux Blacks, puis Parra re-égalise. Petit à petit, les Tricolores prennent le dessus au niveau de la possession et parviennent à enchaîner les temps de jeu. Ils se mettent même à squatter les 22. Talès part à l’abordage et attaque la ligne comme un François Trinh-Duc sous LSD. Ses coéquipiers ne sont pas en reste, mais les vagues bleues viennent s’écraser sur un mur blanc. Malheureusement, toute cette bonne volonté ne se traduit pas en essai. Ni même en pénalité, puisque Morgan Parra rate une pénalité pourtant plutôt facile. Cette belle première mi-temps (de l’engagement, des gros plaquages, tout ce qu’on aime) se termine finalement sur le score de 9-9, et ça n’aurait pas été un scandale de voir les Bleus mener au tableau d’affichage.

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 Le Stade de France, désormais muni d’une « tribune Thierry Roland », rend hommage à l’ex-commentateur de TF1 en affirmant que rien ne ressemble plus à un Fidjien qu’un autre Fidjien.

 

Le XV de France ressort encore des vestiaires avec « des intentions » et cette fois Parra ne manque pas l’occasion de redonner l’avantage aux siens. Mais Carter égalise à 12 partout quelques secondes plus tard. Décidément ces saloperies de All Blacks réussissent à marquer dès qu’ils viennent s’incruster chez nous. Frustrant. Et le pire est encore à venir. Après une chandelle foireuse de Dulin, Ben Smith tape à suivre au fond du terrain. Yoann Huget, le meilleur ailier français, se fait fumer comme une pucelle au sprint par Charles Piutau, le 4ème ailier néo-zélandais. Comme la vie est une pute, un rebond favorable élimine Parra, qui couvrait le fond du terrain, et Piutau s’empare du ballon pour marquer un essai aussi opportuniste qu’une déclaration de Jean-François Copé sur le mariage pour tous. Sur le ralenti, on s’aperçoit que le joueur des Blues est parti devant le coup de pied de Smith, et donc que l’essai n’est probablement pas valable. Assez anecdotique puisque cette action nous démontre ce qu’on savait déjà : en un coup d’accélérateur, les Blacks peuvent nous planter un essai en trottinant.

C’est le début d’une mauvaise passe pour la Ouin-Ouin’s army, qui commence à être sévèrement dominée. Piutau passe à deux doigts de marquer un doublé après une passe au pied de Nonu sur l’aile. Ben Smith trouve l’intervalle mais se fait arrêter in extremis par Talès. Ça chauffe de plus en plus, et sur une attaque au large, Yoann Huget se fait aspirer par Piutau – ça lui changera de ses groupies habituelles – qui réussit à passer au contact à Kieran Read d’une jolie chistera. Une erreur un peu bête puisque le nouveau joueur favori de Fabien Galthié avait déjà Dusautoir sur le dos. Read s’en va ainsi tranquillement dans l’en-but, sans opposition. 12-26. Habituellement, c’est le moment où le XV de France enfile sa combinaison en cuir, se recroqueville en position fœtale et implore les Néo-Zélandais de le fouetter avec une cravache. On aurait pu redouter la branlée, mais non, pas cette fois. Les Bleus réagissent immédiatement et vont de nouveau squatter les 22 adverses. Médard s’infiltre dans un espace aussi étroit que l’esprit de Jacques Verdier et passe à deux doigts d’aplatir. Finalement, le ballon ressort au large. Fickou rend alors hommage à son coéquipier toulousain Fritz en négligeant un 3 contre 2. Mais il se rattrape avec classe en passant au contact pour Talès, qui envoie ensuite (enfin) Dulin dans l’en-but. 19-26.

Portés par leur élan et par un public du Stade de France qui se rappelle que quitte à avoir payé des places à 80 euros, autant crier un peu, les Français mettent la gomme pour aller chercher le nul qui ferait d’eux des champions du monde d’un soir. Fofana casse encore des plaquages et transperce le premier rideau des Blacks. Debaty renverse Crotty comme une poussette vide et se rapproche de la ligne. On part sur un ballon porté. Impatient, Chouly s’empare du ballon, peut-être un peu trop tôt, et se jette dans l’en-but. Il ne parvient pas à aplatir. Mêlée. Devant sa télé, Guy Novès hurle « Faites entrer De Pénalité ! ». Oui bon, avec Debaty on part de loin quand même. Les attaques prévisibles s’enchaînent et ça ne passe toujours pas. Nouvelle mêlée. C’est le moment de faire un truc totalement fou, inattendu, pour surprendre les Néo-Zélandais. Pete Chouly se porte volontaire pour nous offrir ce morceau de French Flair tant attendu, et décide de talonner le ballon à la main. C’est vrai que celle-là, personne l’avait vue venir. A force de traîner avec Jean-Pierre Perez et Julien Bardy, il fallait s’y attendre, le pauvre a le cerveau complètement pété. L’arbitre siffle et rend le ballon à Cruden, qui botte en touche. Fin du match.
C’est tout le talent du rugby français : on arrive encore à trouver des manières toujours plus ridicules de perdre.

On se console comme on peut avec les deux plus belles actions de la soirée. 

 

Les perdants magnifiques :

Belle performance des piliers. Nicolas Mas est en vacances à Montpellier et a donc eu suffisamment d’énergie pour prouver qu’il est toujours le meilleur droitier de France. Forestier a triché comme un cochon mais quand c’est bien fait, c’est bien fait. Slimani a fait une belle rentrée en dominant son adversaire en mêlée, et Debaty a amené sa puissance comme prévu.

Kayser : Il est tellement propre qu’il est probablement sorti de l’utérus de sa mère parfaitement coiffé et en sentant la lavande. S’il est irréprochable sur les lancers, il pèse par contre moins dans le jeu. Tout le contraire de Dimitri Szarzewski, ce Jean-Pierre François sous stéroïdes avec un accent de cagole, qui a réussi à foirer le peu de touches qu’il a eues à jouer, malgré une belle performance et beaucoup d’énergie dans le jeu.

Pascal Papé n’a pas pris de carton, ce qui peut être considéré comme décevant de sa part. Sinon, gros match dans le combat. Des cons comme lui, on en a pas beaucoup et on en a besoin. En comparaison, Maestri est apparu un peu plus timide, à l’image de son début de saison à Toulouse. Vahaaminahahahaha a fait une belle rentrée en volant un ballon au sol et en apportant sa puissance. On a hâte de le voir découper du Tongien.

La Ligue des experts du ballon ovale qui ne regardent que Jour de Rugby et les matchs de Toulon, Toulouse et Clermont s’était indignée de la titularisation de Wenceslas Lauret. Comment leur en vouloir de ne pas savoir que ce mec est une machine ? Pour ça il aurait fallu regarder les matchs de Biarritz et du Racing. C’est vrai qu’à ce niveau-là, on est à la croisée des chemins entre la passion et la violente pulsion autodestructrice. Mises à part les quelques fautes de main, un très gros match. Face à son clone en plus jeune et en plus frais, Dusautoir a paru moins impressionnant qu’à l’accoutumée, mais a tout de même sorti un gros match, au plaquage et dans les rucks. Yannick Nyanga a également été comme à son habitude excellent, exemplaire, infatigable. Devant sa télé.

Chouly a le malheur de ne pas être Louis Picamoles et il a joué tout le match comme s’il savait déjà qu’on allait le lui reprocher. Il a été présent au soutien, utile en touche, mais s’est montré assez peu à l’aise dans le registre qu’il maîtrise si bien habituellement (une réception de chandelle loupée, une autre ponctuée par une passe directement dans les bras de McCaw). On aurait pu totalement s’en foutre s’il avait réussi à marquer après la charge de Debaty. Malheureusement il ne l’a pas fait, juste avant de nous offrir un grand moment de comique involontaire sur ce dernier ballon talonné à la main. Pas un grand match donc, mais il ne mérite pas non plus d’en prendre plein la gueule.

Parra ne branle rien à Clermont. Mais quand il s’agit d’aller à la guerre, difficile de trouver meilleur général. Il a fait les bons choix dans le jeu et a été moins lent que ce que ses détracteurs veulent bien faire croire. Comme quoi, ça semble lui réussir de se faire insulter par la moitié de l’Ovalie avant un match. Rémi Talès s’en est bien sorti en N°10, surtout lorsqu’il cherchait à attaquer la ligne et à faire jouer derrière lui (4 passes après-contact, soit plus que tous les Bleus réunis sur la dernière année). Grosse défense, aussi. Petit bémol sur le jeu au pied, mais on mettra ça sur le compte de la pression, sachant qu’il gère plutôt bien ce secteur au CO.

La paire de centres Fritz – Fofana a plaqué comme des Samoans enragés et passé le ballon comme des Géorgiens amputés. Mention spéciale pour Fofana qui a cassé moult plaquages et a beaucoup avancé. Médard n’a pas eu grand chose à faire, mais il a été présent sous les renvois et a essayé d’apporter quelque chose et de se battre sur chaque ballon. On ne peut pas reprocher à Yoann Huget de courir moins vite qu’un Néo-Zélandais, n’importe quel JIFF errant aurait été au moins aussi ridicule que lui sur l’essai de Piutau. Sur le deuxième, il fait par contre une erreur de débutant. En attaque, il n’a pas vraiment réussi à être tranchant et à gagner ses duels malgré toute sa bonne volonté. Enfin Dulin a été solide à l’arrière et résiste étonnamment bien au plaquage malgré son physique de figurant dans les Choristes. Là aussi, bémol sur le jeu au pied assez moyen et à l’origine du premier essai. A noter aussi, un magnifique en-avant sans pression en plein milieu du terrain.

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Pour Yoann Huget, le retour en RER B a été particulièrement douloureux. 

 

Les vice-champions du monde 2011 :

Le week-end raconté par Dan Carter.

La Tour Eiffel : 10/10
Un classique indémodable ! J’adore.

L’Arche du triomphe : 7/10
Sympa mais trop de Roumains sur les Champs Elysées. Cruden s’est d’ailleurs fait voler son baladeur cassette. Quelle victime ah ah.

La boutique Adidas des Champs Elysées : 11/10

Super !! Génial !! Adidas !!! ALL IN !!! N’hésitez pas à acheter plein de produits chez eux, lol.

Le Musée du Louvre : 8/10

J’ai bien aimé la Joconde ! Elle sourit mais on sait pas pourquoi. Un peu comme Philippe Saint-André qui pleure tout le temps mais on sait pas pourquoi.

Le Stade de France : 6/10

Le stade est joli ! Petite session d’entraînement en opposition plutôt tranquille avec une petite équipe locale dont j’ai oublié à le nom. Ils ont perdu mais ils avaient l’air contents quand même, à la fin je leur ai signé des autographes. Vivement le match contre l’Angleterre qu’on joue un peu au rugby !

La Rue de la soif : 10/10

C’était super d’aller boire un coup avec les potes Damien Chouly et Nicolas Mas ! On a eu beaucoup de bons souvenirs ensemble, quand j’ai été champion d’Europe avec Toulon. Ah, qu’est-ce qu’on s’était amusé ! Par contre un mec est venu s’incruster. Un minet avec des cheveux bouclés, du genre à se faire faire des UV. Il arrêtait pas de nous monter des photos de sa copine sur Instagram, critiquait Philippe Saint-André et nous parlait de ses boxers. Il m’a bien saoulé.

DAN !

Bonjour. Cette photo est présente dans cet article uniquement pour racoler notre public féminin. Et Catalan. Merci de votre compréhension. 

 

Bilan :

— Les – :

  • Ces derniers temps, les All Blacks encaissent beaucoup d’essais (rien que 7 sur les deux derniers matchs contre les Springboks et l’Australie). On a réussi à ne leur en marquer qu’un seul malgré 60% de possession de balle, des joueurs qui avancent et plusieurs situations chaudes dans les 22 mètres. Talès était intéressant quand il attaquait la ligne, mais sinon, on joue encore trop arrêté, sans vitesse et de façon trop prévisible pour nos adversaires.

 

Imagination

 C’est pourtant simple, Patrice Lagisquet. 

 

  • Les équipes du Top 14 seront heureuses d’apprendre qu’elles payent très chers des internationaux qui jouent en club uniquement pour se maintenir en forme. Pour Parra, Mas, Dusautoir voire Fofana, la différence était assez énorme entre ce qu’ils ont montré sur ce match et ce qu’ils montrent depuis le début la saison. A ce prix-là, autant prendre un Springbok à la retraite internationale. Pas vrai Mourad ?
  • Bon par contre, Huget se casse le cul à être excellent en club pour pouvoir continuer à être ridicule en sélection. C’est vraiment pas de bol.
  • Fofana et Fritz. 11 passes à eux deux.

— Les + :

  • Fofana et Fritz. 19 plaquages à eux deux.
  • L’essai de Charles Piutau aura au moins eu le mérite de lever une zone d’ombre de la carrière de Yoann Huget : malgré ses trois no-shows en 2011, l’ailier toulousain ne s’est jamais dopé. Ou alors en s’injectant du sang de Jérôme Porical dans les veines.
  • C’était quand même le match des Bleus le plus sympa à regarder depuis… France – Australie, il y a un an.
  • Les All Blacks, c’est la meilleure équipe du monde. Si on les joue 10 fois, ils gagneront à 9 reprises. N’importe quel ailier inconnu jouant pour la province de Paraparakutata Beach sera toujours plus rapide que les nôtres, même si on y foutait Christophe Lemaître. Là bas, même un pilier peut faire une chistera, un geste dont même le plus talentueux de nos trois quarts serait incapable dans ses rêves les plus humides. Et malheureusement, c’est sûrement pas près de changer. Donc perdre contre des gars comme ça, c’est pas un grand drame. Surtout si on réussit à les taper à l’issue d’un match dégueulasse à la prochaine Coupe du Monde.
  • A défaut de très bien jouer, notre équipe a des couilles. C’est pas tellement nouveau et c’est vrai qu’on aimerait bien gagner de temps en temps, mais ça fait au moins une raison d’être fier, pas vrai l’Equipe ?

 

Conclusion :

Après avoir été sacré « presque-champions du monde » en 2011, le XV de France a « presque fait match nul avec les All Blacks » lors d’un match amical. Ben alors, qu’est-ce qu’on attend pour défiler sur les Champs-Elysées, bordel ?

 

Merci à @SudRugby pour la photo extraite du programme du Stade de France, et à @PaulineMgd pour cet indécent cliché de Dan Carter.