Faites connaissance avec Don Erwan Tortellini…
par Ovale Masque

  • 26 May 2011
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Erwan Tortellini dit le « Don » est un riche industriel breton d’origine sicilienne, né en 1957 à Plouyé dans le Finistère. Self-made man à succès, il est le PDG d’une usine de parapluie à motifs marins et le fondateur de la chaîne de fast-food Beurre-Kurr King. Mais Erwan est avant tout un passionné de rugby. Souhaitant fermement implanter localement ce sport si populaire chez les lointains cousins irlandais, gallois et écossais, cet ambitieux golden boy a récemment racheté le club de Pen Ar Pouillac, petit village du sud-ouest (de la Bretagne) dont il est également conseiller municipal.

Le RC Pen Ar Pouillac vient de louper la montée en 4ème série régionale, mais Erwan compte bien accéder au Top 14 d’ici 5 à 6 ans. Son plan ? Recruter un max de joueurs issus de l’hémisphère sud, faire pression sur les arbitres et offrir des bouteilles de cidre brut à ses joueurs en guise de primes de victoire.

La Boucherie Ovalie vous propose de suivre son journal intime…

C’est le grand jour. Le tout premier match de la saison. D’ici quelques minutes, un nouveau chapitre de ma vie va s’ouvrir. Un nouveau défi. J’ai beau réussir absolument tout ce que je fais, ce soir, j’ai une sacrée boule dans le ventre. Alors que ma limousine traverse les étroites rues moyen-âgeuses de Pen Ar Pouillac, je tripote nerveusement mon smartphone, et consulte mes derniers mails. Encore un message du délégué syndical de l’usine. Et blabla augmenter les salaires, et blabla conditions de travail inacceptables… cause toujours ducon, delete. Un autre, plus intéressant, de la part de Goulven le Merdeff. Goulven, c’est le nouvel homme fort du club. Il cumule les 4 plus haut postes dans la hiérarchie du club : Conseiller du président, chargé du recrutement, entraîneur et responsable de la buvette. Quand je suis arrivé à la tête du conseil d’administration, j’avais besoin de m’entourer d’un mec légitime, charismatique, un homme de terrain, un vrai stratège. Goulven était cet homme. Car figurez vous qu’il fut le premier breton sélectionné en Equipe de France… c’était en 1974. Le XV de France partait en Tournée en Pologne cette année là. Et comme la fédé avait trop peur d’envoyer les meilleurs au casse pipe – les polonais, en troisième mi-temps, ils sont imprenables sur les jeux à boire – le sélectionneur de l’époque avait décidé de leur envoyer les pires raclures de l’hexagone, les mecs qui avaient la réputation d’avoir la meilleure descente du pays. Incontestablement, pour la Bretagne, c’était l’occasion ou jamais de briller sur la scène internartionale.

Faut être honnête, Goulven a pas trop assuré pour sa première (et dernière) sélection en Bleu. Trop consciencieux, trop pro, il avait attaqué la vodka dès l’échauffement pour préparer la 3ème mi-temps contre les polak. Du coup, sur le terrain, il était complètement saoul. Sachant qu’il jouait arrière, c’était particulièrement fâcheux : même Poitrenaud aurait eu un meilleur sens du placement.
La France a perdu le match 3-0. Les polonais ont bien eu des occasions d’essais, mais eux aussi étaient bourrés, du coup ils enchaînaient les en-avants dans l’en-but. Leur ouvreur a quand même réussi à passer un drop (il voulait trouver une touche, en fait) pour offrir une victoire historique à la Pologne. Etrangement, vous ne trouverez aucune trace de ce match dans les archives de la FFR…

Du coup, on ne peut pas réellement dire que Goulven ai été international. Mais bon, je lui fais confiance quand même. Le gars a l’air compétent : comme moi, c’est un mec qui a l’esprit d’entreprise. Après sa carrière, il a monté sa boîte de sportswear. Un vrai innovateur : c’est lui qui a ramené de nouveaux tissus sur le marché. Avec les vieux maillots en coton, tu pouvais pas jouer au rugby en Bretagne : avec la pluie ça se gorgeait d’eau, ça pesait 15 kilos et tu te retrouvais avec la même vitesse de déplacement que Jerôme Thion. C’est aussi un des premiers gars a avoir compris qu’il fallait délocaliser à Madagascar. Les petits chinois, les petit thaïlandais, ils se sont embourgeoisés, maintenant ça veut des salaires de 200 euros par mois. Le petit malgache se contente de 50 euros mensuels, et comme il est francophone, c’est plus facile de lui crier dessus quand il n’est pas productif.

Ah sacré Goulven. En plus du monde de l’entreprise, il aussi des contacts dans le monde du rugby : il m’a dit qu’il essayait de recruter Jack White comme conseiller technique au club. Pour moi, Jack White c’était un chanteur de rock, mais parait-il qu’il a été entraîneur des champions du monde de l’Afrique du Sud. Waouh, la classe. Il a aussi plein de touches avec des joueurs de là-bas. Il a réussi à en recruter un, un gros poisson parait-il. Un certain Jaco Van der Krüger. J’étais là quand il a signé son contrat. Grand, blond, 125 kilos à vue d’oeil, une tête de nazi dans un film d’Indiana Jones… un vrai tueur le gars. Techniquement, c’est peut être pas vot’ Richie Mescouilles, mais je sens que j’avais là un mec qui allait terroriser toute la série régionale 5 ou 6, je sais plus exactement où on en est. De toute façon le Top 14 n’est plus qu’une question de temps, j’vous le dis !

Moi, niveau recrutement, j’avais plutôt pensé à Yohann Gourcuff. Il paraît que le gamin vaut plus rien au foot, qu’il est juste bon à tirer des corners, alors il peut bien venir chez nous pour taper les pénalités. Il servirait qu’à ça, un peu comme Beauxis au Stade Français. Puis c’est surtout le potentiel commercial qui m’attirait : le mec c’est quand même la seule icône sexy de la Bretagne, enfin avec Patrick Poivre d’Arvor mais lui ça ne fonctionne que sur les plus de 60 ans. Je te le fous à poil dans un calendrier le Yohann, je me fais un max de thune et je ramène plein de pucelles en tribunes, tout simplement. Enfin, quand y’aura des tribunes, puisque pour l’instant, on a juste un champ de patate avec des vieux bancs en bois, et une buvette qui vend du chouchen frelaté à 3 euros le verre. Ouais, y’a encore du boulot… mais rien n’est impossible pour le Don.

Allez, le match va pas tarder à commencer. Je vous reparle après pour le compte rendu.

Kenavo les bouseux,

Erwan