Bernard Lapasset, la bio interdite

“C’est à quel nom ?”

Par Ovale de Grace,

Tout juste réélu président de l’International Rugby Board, autant dire « Maître de l’Univers Ovale », Bernard Lapasset a été unanimement salué par le monde médiatique, sportif et politique. Mais nous, à la Boucherie, l’unanimité, on trouve ça louche…

 Sa bio synthétique : 

Bernard Lapasset est né en 1947 au sein du puissant comité « Armagnac Bigorre », un 20 octobre, comme Christophe Colomb, dont il partagera plus tard les velléités internationales ou Snoop Dogg dont il partage… pas grand-chose , même pas la pipe à crack.
Bernard Lapasset est un bon gars, il naît donc sous le signe du simple 6 « ce qui révèle un destin marqué par un vif désir d’amour, de conciliation, d’harmonie. Vous vous sentez porté par un idéal de perfection qui motive les attitudes responsables, le dévouement à un groupe, une famille, la patrie… ». C’est dit, il fera de la politique !

Le jeune Bernard se pique rapidement de responsabilités collectives et de contrôle, c’est naturellement qu’il choisit de devenir fonctionnaire au service des douanes. Dans les Hautes Pyrénées, quand on a des cannes, et il en a, il faut savoir choisir son camp : soit on est douanier, soit on est contrebandier, et quel que soit le côté qu’on choisit,  le bien le plus précieux n’est pas celui qu’on passe de nuit, sous le manteau, c’est celui qu’on passe en arrière à son copain. Et la balle, Bernard aime la passer.
En 1967, doué, il devient champion de France junior Reichel avec l’US Agenais.

Il monte à Paris, qui n’est pas l’endroit où il y a le plus de douanes à surveiller, mais où il brille en corpo et grimpe les échelons des instances nationales.

Pierre Berbizier likes this.

Le dirigeant :

Aux douanes on est filou, on sait démonter mais aussi monter des filons et des courants. Pragmatique et charismatique, Bernard Lapasset prend la tête du comité Ile-de-France en 1988 et ne cesse de gravir les échelons internes aux appellations tout aussi khrouchtchéviennes.
Secrétaire général de la FFR quelques mois, il succède à Albert Ferrasse à la présidence à l’automne 1991. « O tempora, O mores ! », la fédération passe de l’ère des dirigeants au leadership un tantinet autoritaire teinté de paternalisme à celle des gestionnaires.
La Fédé regrette la forte personnalité du patriarche Ferrasse, mais se repose après 23 ans de règne de « Bébert la godasse ». Lapasset, c’est le gars qu’on pense grège, mais qui gère. Sous les airs bonhommes du type qui ne se fâche jamais avec personne, ce qui marque une différence notable avec son prédécesseur, émerge un dirigeant qui fait avancer le schmilblick à un rythme qui ne bouscule quand même pas trop l’apparatchie ovale. Il se fait un nom du point de vue international où il rassure, accompagne la création de la Ligue et les remous de l’entrée dans le professionnalisme.
En 17 ans, Lapasset , avec quelques réussites et notamment l’organisation de la Coupe du Monde de rugby en 2007 ou des pronostics politiques plutôt visionnaires, devient le symbole de la réforme calfeutrée sous l’édredon. Mais un édredon aux vertus ascensionnelles puisqu’il le mène en octobre 2007 à prendre la tête de l’International Rugby Board, au moment même où un autre Français est placé à la direction d’une autre instance internationale, le FMI.

L’un doit faire sortir le monde de la crise, l’autre le faire entrer dans un olympisme plus complet, puisqu’assorti de valeurs ovales. Tous deux ont à cœur de faire peser un peu plus les nations du sud dans les processus décisionnels et d’élargir l’assiette démocratique de leurs instances, tous deux y parviennent dans un mandat triennal. Les comparaisons s’arrêtent là, bande de chenapans !

Sans scandale, sans polémique, sans même l’once d’une aspérité, mais grâce à un lobbying efficace, Bernard Lapasset, qui maîtrise parfaitement l’art du paradoxe, parvient à se faire réélire à la tête de l’IRB au terme de son mandat, au nom du renouveau, ce qui est probablement un des plus beaux exercice dialectique de l’Histoire !

Au moins un français aura touché la coupe...

Jean-Pierre Elissalde, la bio interdite

 

Par Ovale de Grace,

Jean-Pierre Elissalde n’a pas toujours été ce sympathique presque-sexagénaire qui égaye de ses jeux de mots facétieux les studios compassés des chaînes cryptées. Avant d’être le « père de », le truculent Jean—Pierre fut, et il sera certainement encore.

 

L’enfance :

Aussi loin que la légende rochelaise s’écrit en ovale, il y eut des Elissaldes, plus qu’un nom, c’est un pedigree, une AOC!

C’est donc dans un berceau de forme ovoïde que le (déjà) petit Jean-Pierre voit le jour le 31 décembre 1953, scellant ainsi un destin fortement marqué par les cotillons, serpentins et confettis !
Arnaud, le père, charismatique demi de mêlée, puis entraîneur « fondateur » du Stade Rochelais, enjoint les fées familiales à se pencher sur le nourrisson qui, petit, remuant et bavard, semble présenter toutes les dispositions pour perpétuer la lignée.  Jean-Pierre est bien trop occupé à agacer ses camarades et ses instituteurs de ses jeux de mots qu’il est souvent le seul à comprendre pour contredire son père.  Il s’exécute, disons-le, de bonne grâce et avec un talent certain.
Sympathique trublion, c’est donc au Stade Rochelais qu’il arme ses cannes où son père règne. Ce dernier peut ainsi surveiller de près son adolescent dont l’œil frise et qu’il faut sans cesse protéger de ses coéquipiers des premières lignes qu’il provoque avec des blagues de vestiaires qu’il est le seul à trouver drôles.  « Entre ici coussin péteur avec ton terrible cortège de poil à gratter ! »

 

Le joueur :

Dans les années 70, l’humour se réforme, le rugby aussi.
Jean-Pierre Elissalde n’est pas que le « fils » et le « petit-fils de », il n’est pas encore le « père de », il affirme sa personnalité sur le terrain et en dehors aussi.  Car quand il ne fait pas péter le dance-floor des folles nuits rochelaises ( le disco, qui aurait pu être inventé pour lui est alors à son apogée) , JPE fait péter le ballon ovale et de jolie manière ! Il le fait tellement bien qu’il devient, l’espace d’une saison, comme le fut son père et comme le sera son fils, entraîneur-joueur.

 

A 25 ans, il décide de s’affranchir de la tutelle paternelle, il fait deux saisons à l’Aviron Bayonnais… où son grand-père fut talonneur. Et c’est probablement dans ce club que Jean-Pierre fut à l’honneur. Heureux qui comme Jean-Pierre a fait un long voyage… mais revient quand même dans le giron familial dans les années 80. C’est le moment où il connaît ses premières sélections dans le XV de France, il y fait des apparitions correctes, mais il subit la concurrence de Pierre Berbizier, pas le genre de mecs à se laisser piquer sa place ! Et puis  à quoi sert-il de parcourir le monde quand on peut le contempler depuis le port de La Rochelle ?

 

L’entraîneur :

Home sweet home, Rochelle sweet Rochelle, JPE devient entraîneur. C’est une époque où on n’est pas encore dans des considérations de rentabilité, être entraîneur peut s’avérer une charge agréable et stable qui laisse du temps pour affûter son verbe et élever des enfants.  Jean-Pierre y officie pendant 15 ans.
2003, Jean-Pierre décide de faire un truc de ouf ‘ : il laisse ses charentaises au port et installe ses cartons à Béziers.
C’est la grande aventure, l’exotisme, l’inconnu… on ne reconnaît plus JPE qui se prend à se rêver des destins de grand explorateur,  Vasco De Gama, Marco Polo, Christophe Colomb… JPE va marcher sur leurs pas ou plutôt naviguer sur leurs flots ;  il surprend tout le monde en partant découvrir et entraîner L’Empire de l’Ovale Levant durant une saison en 2005-2006 !
Le Japon, pays où l’on exporte le mieux nos has-been stars, fuyant le Trésor Public parties en mission promouvoir la culture française… comme Alain Delon, Mireille Mathieu. Jean-Pierre a trouvé son destin: il veut devenir le Salvatore Adamo du ballon ovale! Pouvoir revenir au pays écumer les plateaux d’émissions ringardes pour “Stars au Japon” faire des tournées triomphales dans des stades combles !
Le nouvel employeur est tatillon et apprécie modérément que JP Elissalde garde un pied à Bayonne qu’il continue à entraîner. Il fait un sepukku professionnel et s’apprête à revenir sur la plancher des vaches, ou plutôt dans les studios Canal !

 

Le consultant :

De déjà « père de », JPE s’offre un statut de samouraï, dont les saillies humoristiques sur les plateaux TV qu’il rejoint rapidement rappellent parfois le style des aviateurs japonais se crashant héroïquement  à Pearl Harbour ! Car JPE se sacrifierait pour un bon mot… Tora ! Tora ! Tora !
C’est d’ailleurs ce qu’il fera parfois, quand notamment Pierre Berbizier, qui n’est pas sensible aux elissaldismes (et probablement imperméable à toute forme d’humour) le clashe violemment.  Il y a des gens avec lesquels il ne vaut mieux pas plaisanter, sur les traces de JPE, les bouchers l’ont aussi éprouvé récemment !
2009, la Boucherie est créée, elle sera résolument placée sous le signe de l’elissaldisme, et s’incruste même, un an plus tard, sur le plateau !
JPE est alors à l’apogée de sa créativité, il multiplie les formules qui font notre bonheur comme « Wilkinson, c’est à double tranchant »…

Mais JPE n’est pas qu’un amuseur public et il garde des liens étroits avec ses deux clubs de cœur et surtout de l’Aviron Bayonnais qui rame en queue de classement. Les Lièvremont ne sont plus à la mode et c’est naturellement que Jean-Pierre est appelé par Alain Aflelou, fashionisto sur la côte basque et grand amateur de gaudriole, orphelin du rire furtif de Bernard Laporte, pour un CDD de manager.

Et pour vouloir entraîner l’Aviron cette saison, de l’humour, il en faut…