Le feuilleton Quade Cooper

par Ketchup-Mayol

 

Oui, c’est bon on a compris. L’élimination de l’Angleterre a fait l’effet d’une bombe et le monde du rugby, médusé, essaie encore de digérer l’information. Le monde entier se réjouit, la France pousse un soupir de soulagement à l’idée d’être délivrée des commentaires sur MIKE BROWN ! et Sam Beurguesse. Pendant ce temps, l’Angleterre se désole. Stuart Lancaster restera sélectionneur jusqu’au match contre l’Uruguay, après quoi, il se suicidera en écoutant Swing Low, Sweet Chariot au casque à fond et en boucle jusqu’à ce que son cerveau lui coule par les oreilles. Voilà, je vous ai dévoilé la prochaine pub de la campagne de Beats by Dr Dre.

Tout cela est bel et bon, sauf que dans l’indifférence générale, le Midi Olympique nous livre une nouvelle qui clôt un épisode mouvementé du plus grand club du Var et accessoirement de l’Univers. Quel épisode mouvementé? La vie du RCT n’est qu’un long épisode mouvementé. Il n’y a eu que ça dernièrement ! Le club a débuté sa saison par deux défaites, dont une à domicile face à des alto-séquanais probablement dopés à la perspective de bientôt jouer avec Dan Carter. Et tiens, puisqu’on parle de dopage, il y a aussi eu ces allégations iniques et calomnieuses de la part de RTL… Cette sinistre manipulation n’avait pour but que de stigmatiser le club (LE COMPLOT !™) et ternir un peu plus l’image de Bernard Laporte, candidat à la présidence de la FFR. Pour finir, vous l’ignoriez sans doute, mais le RCT a été privé de pas moins de 19 joueurs pour cause de Coupe du monde.


Mais ce qui a fait couler le plus d’encre à propos de la Rade, c’est quand même le ‘feuilleton’ Quade Cooper, qui alimente les feuilles de chou de l’Ovalie depuis pas loin de 6 mois. Mais au fond, on a beau nous en rabattre les oreilles, c’est un joueur qu’on connaît peu. Il méritait à coup sûr que l’on se penchât sur son cas.

 

  

Quade Cooper, ce joueur de grande classe.

 

Qui es-tu, Quade Cooper ?
Tout fait débat chez Quade Cooper. Jusqu’à son nom qui fait l’objet de toutes les prononciations les plus farfelues.

 

  
C’est pas comme ça qu’on dit ?
 


D’origine Maori, Quade Cooper est né à Tokoroa, en Nouvelle-Zélande. Bien qu’il soit gaulé comme le Stagiaire, Quade se passionne pour le rugby dès son plus jeune âge, vouant un véritable culte à Christian Cullen, le mythique arrière des All Black. On a les idoles qu’on peut, car à l’époque, la réputation d’Imanol Harinordoquy n’a pas encore fait son chemin depuis le fond de nos petites vallées montagnardes basques jusqu’au pays des Maoris.

A 13 ans, Cooper va faire le chemin inverse de Ben Franks : il quitte le pays des Hobbits pour celui des kangourous, où il va continuer de jouer et se faire un nom au point qu’à l’âge de 20 ans, il va se retrouver face à un véritable dilemme. Il se voit courtisé à la fois par les Wallabies et par les All Blacks. Il choisira de porter les couleurs de l’Australie. En somme, la vie de Quade Cooper, c’est un peu la version hollywoodienne du parcours de Julien Bardy.

 

  
Le parcours de Quade Cooper résumé en une image
 


Trois-quart polyvalent pétri de talent, joueur vedette des Queensland Reds, il va briller en équipe nationale dont il va progressivement évincer un certain Matt Giteau, c’est dire s’il est bon. Il va s’offrir le doublé Super 15/Tri Nations en 2011. Mais ses prestations décevantes lors de la Coupe du Monde, les blessures, des incidents extra-sportifs et l’animosité d’une certaine presse l’obligeront à une longue traversée de l’Outback.

Un joueur ‘controversé’.

Entrée non retenue dans le Petit Jamie Roberts illustré du #MeilleurLivreDuMonde :

Joueur controversé : Désigne un joueur extrêmement talentueux sur un terrain, mais un parfait connard à l’extérieur, autant susceptible de s’afficher en page des sports pour ses magnifiques chisteras ou ses drops de 40m que dans la rubrique des faits divers pour une bagarre en boîte de nuit suite à une alcoolisation excessive.

En 2009, il se fait arrêter pour effraction et le vol de deux ordinateurs portables. L’affaire se règlera à l’amiable. A ceux qui objecteront qu’il paraît farfelu qu’un joueur de son standing fasse quelque chose d’aussi con que voler un ordinateur portable, je rappellerai qu’un certain club a eu tout le mal du monde à récupérer celui d’un certain futur sélectionneur. ..

En 2011, il s’attache les services d’une personnalité non moins controversée, l’agent Khoder Nasser, qui si l’on en croit la presse australienne, ferait passer Don King pour un mec intègre et droit. Il orientera Cooper vers la boxe au mépris de sa carrière rugbystique, comme il l’avait fait pour un autre de ses clients célèbres, Sonny Bill Williams. Au moins, niveau activités annexes, nos français ne mettent pas leurs performances sportives en danger en vendant des slips ou des crédits à la consommation.

 


 
Comme ça, alors?
  

Il ne crache pas sur LA BAGARRE à l’extérieur du ring non plus, et il s’y adonne joyeusement avec son compère Wallaby Kurtley Beale dans des états d’ébriété avancés.

Mais c’est surtout son antagonisme récurrent avec Richie McCaw qui va faire couler le plus d’encre et de sang. Tout a commencé lors d’un match de Bledisloe Cup à Hong Kong en 2009. Un coup de pied de McCaw, une calbotte de Cooper, et déjà on savait que ces deux-là danseraient le tango ensemble lors des rencontres à venir. Le point culminant de ce concours de bites fut le coup de genou que Cooper infligea à McCaw en se relevant d’un ruck lors de la finale du Tri-Nations 2011. Cette petite merveille de putasserie (hop, je tourne la tête au moment du coup, c’était accidentel!) restera impunie, l’intentionnalité du geste n’étant pas évidente. L’opinion publique et la presse néo-zélandaise se scandalisèrent de ce geste. Elles se montrèrent beaucoup plus discrètes quand quelques mois plus tard, le genou de McCaw fracassa ‘par inadvertance’ le plancher orbital de Morgan Parra lors de la finale de la Coupe du monde.
Il faut condamner ces gestes sans équivoque, même si d’aucun pourrait dire des victimes que quelque part, elles l’ont bien cherché.


 
#lerugbybientotentutu  #toujourspasintentionnel
Mais Cooper n’a pas fini de payer sa dette karmique. Vilipendé par les médias néo-Z et hué par son public natal pendant toute la compétition, il finit en apothéose lors de la petite finale avec une rupture des ligaments qui va le tenir éloigné des terrains pendant sept mois.

Il revient néanmoins au plus haut niveau et réussit à se remettre à dos les instances australiennes en qualifiant l’environnement des Wallabies de « toxique ». Son jeu est de plus en plus contesté, pourtant, les Wallabies lui conservent toute leur confiance, ce qui peut laisser penser qu’à l’instar de Rémi Talès, Cooper détient sans doute un dossier très compromettant sur son sélectionneur. Il intègre même le groupe pour la Coupe du monde. Toutefois, en perte de vitesse, mal aimé, Quade envisage des reconversions dans des domaines aussi variés que le rugby à XIII, le Free Fight ou encore le strip mah-jong.. Car enfin, quel club serait assez con pour payer un cent australien pour ce joueur tricard, ingérable, bagarreur, irrégulier, volontiers alcoolisé ? Hein, franchement ?

Le feuilleton toulonnais

A Toulon, on aime bien les génies du jeu ou les abrutis de la BAGARRE. S’ils sont les deux, c’est encore mieux. Qu’importe que Cooper soit perclus de blessures, dans un club où prévalent les jurisprudences Wilkinson et Juanne Smith (qui, le saviez-vous, était donné comme perdu pour le rugby avant de signer au RCT) . Et puis vaut mieux prévoir un ouvreur génial mais inconstant de rechange : on ne sait pas dans quel état PSA va nous rendre Frédéric Michalak…

A Toulon, on a aussi l’habitude des transferts rocambolesques et des volte-faces, mais sur le coup, Quade Cooper a réussi à faire passer Mamuka Gorgodze et Rory Kockott pour des modèles de fiabilité… Mourad pensait avoir signer un de ses 4 Fantastiques ? Manque de bol, c’était l’Homme (à la morale) Elastique…

Petite revue de presse (non exhaustive) :

Toulon a fait une offre à Quade Cooper (BFMTV.COM 8/4/15)

Top 14, transferts – Quade Cooper à Toulon, ça chauffe (Rugbyrama 13/4/15)
Quade Cooper arrive à Toulon (BFMTV.COM 17/4/15)


Tout avait parfaitement commencé. La parade nuptiale du Pharaon du Faron semblait avoir convaincu Cooper de signer au RCT. On a pu voir l’Australien en tribune lors de la demi-finale de Coupe d’Europe au Vélodrome, et quelques jours plus tard, on a pu voir des photos montrant Son Ovalitude Sérénissime et Cooper en maillot du RCT. Slam dunk, case closed, au suivant…

Reds : la signature de Cooper à Toulon contestée (Sports.fr 25/4/15)
Annoncé à Toulon, Quade Cooper pourrait finalement rester en Australie (Rugbyrama 4/5/15)


Là, les Australiens nous ont donné une parfaite illustration de la triangulation du désir théorisée par René Girard – pas l’entraîneur de foot, le philosophe – ou par la chanson I want you back des Jackson 5 : A aime B, A se lasse de B, C s’intéresse à B, A retrouve un intérêt soudain pour B. Rep a sa, Richard Escot.

 


 

Toujours pas? Bon, putain, j’abandonne !

 

RCT : « Cooper viendra à Toulon (Boudjellal) » (La Provence 6/5/15)
Quade Cooper a confirmé son transfert vers Toulon
(Rugbyrama 24/5/15)

Ah, c’était encore des conneries de journalistes prêts à tout pour vendre du papier et affaiblir le RCT. Les séides à la solde du Complot ™ ne dorment jamais !

Quade Cooper voudrait rester en Australie (L’Équipe 29/5/15)
Michael Cheika pense que Quade Cooper va rester en Australie (Var-Matin 15/6/15)


 
“Au nom de Dieu le Père, Christ le Fils et David Marty! SORS DE CE CORPS RORY KOCKOTT!!!”
 


Toulon : Quade Cooper en approche (Sport365.fr 21/6/15)
Les Jeux olympiques plutôt que Toulon pour Quade Cooper ? (Rugbyrama 13/7/15)
Mourad Boudjellal confirme encore le recrutement de Quade Cooper (L’Équipe.fr 14/7/15)
Toulon : Quade Cooper ne veut plus venir (BFMTV.COM 19/7/15)


 

 

Toulon : Boudjellal va poursuivre la Fédération australienne (Sport365.fr 22/7/15)

« Une journée où l’on n’a pas menacé quelqu’un de procès est une journée perdue. »
M. Boudjellal. Pensée 272 (Le Petit Livre Rouge et Noir)
Selon un schéma désormais bien rôdé, S.O.S. menace de réclamer des millions à la Fédé australienne, de mettre Quade Cooper sur la paille comme la Grèce et commence à réfléchir à une idée de ticheurte qu’il pourra vendre 30€ dans les RCT Store.


Cooper à Toulon: « C’est compliqué » (francetv sport 29/7/15)
Cooper aurait encore changé d’avis (Sport365.fr 31/7/15)

 

 

Guazzini a retrouvé Holy ! (Sports.fr 2/8/15)

Un des feuilletons de l’été se conclut enfin. Nous on s’en fout qu’il y ait un happy end ou qu’on apprenne qu’en fait, ils étaient tous morts, maintenant on veut juste que ça se termine !

Cooper a vendu sa maison (Le Figaro Sport 10/8/15)

C’était le point « Villa de Dan Carter à Collioure » spéciale dédicace à Grégory le Mormeck et tous nos amis #LE CATALAN.

RCT: Mourad Boudjellal discute toujours avec Quade Cooper (Var-Matin 20/8/15)
Toulon: fin du suspense pour Cooper(BFMTV.COM 23/8/15)

Enfin, par fin du suspense, il fallait comprendre qu’il faudrait attendre encore plus d’un mois avant que le Midol ne révèle qu’un accord aurait finalement été trouvé. Quade Cooper s’engage donc pour deux ans, avec quelques aménagements pour qu’il puisse représenter l’Australie en rugby à 7.  Nous devrions donc bientôt savoir si tout ce psychodrame aura servi à quelque chose, ou s’il faudra le ranger avec les autres accidents industriels de type Ramiro Pez. Quoi qu’il en soit, le manque d’enthousiasme de ce garçon à venir sur la Rade ne plaide pas en sa faveur. Mais pour l’instant, après tout ce foin, sauf retournement de dernière minute, on s’autorise enfin à penser dans les milieux autorisés que la ville du Cooper de novembre sera différente de la ville du Cooper de juin…

 

Retour sur Australie – Fidji (28-13)

 

Par Ketchup-Mayol,

 

Certes, il s’est écoulé plusieurs jours entre ce match Australie-Fidji. Et un match contre l’Uruguay, qui ne compte pas vraiment tellement c’était évident que les Sud-Américains allaient se faire bouffer, comme d’habitude. Mais niveau réactivité et efficacité, ça nous place quand même encore largement au dessus de Martin Castrogiovanni (oui, pour une fois on va foutre la paix à Jean-Marc Doussain).

Australie-Fidji, donc.

Une fois de plus, la réputation des Français ne s’est pas démentie, quel que soit le résultat de toutes façons on fera la gueule. Deux victoires en deux matches, dont une bonifiée ? Les pisse-froids vont quand même trouver motif à scandale. C’est bien connu, le Français, c’est un Italien qui fait la gueule.

Pourquoi parler de la France pour un compte-rendu de match entre l’Australie et les Fidji, me demanderez-vous ? Parce que finalement, après lecture de la presse australienne, il semblerait que nous n’ayons pas le monopole du verre à moitié vide.

On a du mal à croire que l’Australien, qu’on imagine beau gosse, bronzé, musclé à force de faire du surf et d’étrangler des crocodiles à mains nues, puisse être le Français de l’hémisphère sud. Pourtant, c’est avec une tiédeur et un scepticisme très gaulois que le public kangourou a accueilli la prestation de son équipe nationale lors de son premier match de Coupe du monde.

Les Australiens tentent de pousser le mimétisme jusqu’à copier la #FrenChattitude

 

Pourtant, tout oppose ces deux équipes : alors que la France assume son statut d’outesaïdeur, sachant que de toutes façons, on n’a droit qu’à un match mythique par compétition et que ce serait con de le claquer face à la Roumanie ou le Canada, l’Australie fait partie du trio des favoris. Le vainqueur du 4 Nations 2015 vient avec des ambitions. Mais les victoires des deux équipes sont néanmoins accueillies avec la même circonspection.

Le film du match

La différence de niveau entre les deux équipes était évidente sur le papier, mais histoire d’en rajouter un peu, les Fidjiens se remettaient à peine du match d’ouverture de la compétition face à l’Angleterre cinq jours auparavant. On a bien pensé les faire jouer avec leurs lacets noués ensemble, mais ç’aurait sans doute été un poil trop voyant. Les Australiens quant à eux disputaient leur premier match, et tout au plus pouvaient-ils faire valoir qu’ils étaient en rodage, les pauvres.

Les surprises se sont accumulées en début de match. Une mauvaise, d’abord, Waisea se retrouve blessé au bout de deux minutes de jeu, et c’est une sale nouvelle de plus pour le Stade Français qui n’en demandait pas tant. Mauvaise nouvelle également pour le MHR qui du coup va se trouver privé de Nagusa appelé à sa place – peut être l’occasion pour Julien Malzieu de retrouver le terrain. Mais malgré tout, pendant 15 minutes, les Fidji ont fait jeu égal avec l’Australie. Encore plus incroyable, les Fidjiens se sont offert le luxe de leur tenir tête en mêlée, et même d’avancer sur un groupé pénétrant comme des Racingmen. Après le Japon et le jaune de McCaw, une inspection circonspecte des cieux s’imposait pour vérifier qu’il n’allait pas tomber de la merde.

Evidemment, depuis l’exploit du Japon contre l’Afrique du Sud, tout le monde se prend à rêver que le petit tape le gros et nul doute que des petits malins se frottaient déjà les mains d’avoir misé leur PEL sur les fantasques îliens.

Le Petit Poucet fidjien contre l’Ogre Wallaby !

 

Mais hélas, c’était sans compter sans le pragmatisme et le métier des Australiens, en particulier du duo de choc de la troisième ligne Pocock-Hooper, duo surnommé POOPER (qui pourrait se traduire par « usine à chocolat », classe). Et c’est là qu’on se demande pourquoi on n’a jamais eu l’idée d’en faire de même en équipe de France. Ca aurait de la gueule, le duo PICAUTOIR : quand tu les croises, ça picote.

Malgré un nom évoquant davantage le bruit d’une balle de ping-pong qu’un road train australien, un maul projetait par deux fois David Pocock dans l’en-but fidjien en l’espace de cinq minutes. Il faut dire que les Fidjis jouaient à 14 suite à l’expulsion de Campese Ma’afu, le frère du valet de parking du RCT. Quand de retour de la mi-temps, le futur co-équipier de Jefferson Poirot, Sekope Kepu, marque un essai tout en puissance, on pense que la messe est dite et que les Fidjiens vont passer le reste du match à jouer à la crapette sur le bord du terrain.

Mais le Fidjien est opiniâtre, il s’accroche. Le demi-d’ouverture Volavola va s’illustrer balle en main en plantant un essai et le pied de Nadolo finit par ramener son équipe à 12 points… malgré des progrès certains, le jeu d’occupation et l’animation au pied des Fidjiens reste médiocre. Il faut dire à leur décharge que comme me l’expliquait Pierre Villepreux, c’est très douloureux de taper pied nu dans une noix de coco, et on comprend donc aisément qu’outre leurs facilités anatomiques, ils préfèrent jouer à la main.

Moment WTF du match: les deux équipes refont le  “Guernica” de Picasso en flashmob

 

Tant et si bien qu’à la 69ème minute survient l’inexplicable. Les Australiens obtiennent une pénalité, et comme de vulgaires Toulousains, choisissent de prendre les trois points au lieu d’aller chercher le quatrième essai synonyme de bonus. Et ce sera là leur dernière occasion. Les Fidji vont mettre les barbelés jusqu’au bout tandis que les Australiens se retrouvent à 14, et le match se termine par une victoire Wallaby, 28-13.

A l’instar du public français, les Australiens vont faire la moue après cette victoire. Pourquoi avoir joué petit-bras ? Ce point de bonus manqué ne fera-t-il pas la différence dans cette poule de la mort ? Tout ça n’a sans doute pas d’importance. De toutes façons, pour rafler la première place, il faudra déflorer la rose et faire dégorger le poireau. Quant aux Fidji, qui n’ont que très peu d’occasions de progresser en se frottant aux meilleures équipes, nul doute qu’ils attendent néanmoins avec impatience leur tour de participer à la tournante sur l’Uruguay.

Les Australiens respectent ces valeureux Fidjiens

The Substitute: Rémy Grosso

par Ketchup-Mayol
 
A la surprise générale c’est donc à Rémy Grosso, l’ailier du Castres Olympique, que revient la lourde tâche de remplacer Yoann Huget. Philippe Saint-André n’a pas tari d’éloges à propos de ce jeune joueur “qui sent la ligne” (si avec ça il ne se retrouve pas avec un contrôle anti-dopage à la cocaïne, il aura du bol). Le sélectionneur a justifié son choix en louant ses qualités de « puncher » et de « finisseur », qualificatifs plus souvent employés pour désigner des Fidjiens que des Aveyronnais. Tout ça avant de quitter la conférence de presse sur une variante cinglante – mais néanmoins polie – de « tu m’emmerdes avec ta question » et « mais fewme ton gueule, t’es jamais joué au rugby ».
 

Et en plus il court comme Tom Cruise!

 
Maxime Médard étant chargé de consoler son copain blessé, Teddy « Talent d’Or » Thomas étant encore indisponible et le temps manquant pour réactiver le dossier David Smith, c’est donc un joueur sans expérience internationale qui est balancé dans le grand bain de la Coupe du monde. Là, c’est carrément balancé de l’avion sans parachute.

Rémy Grosso, c’est avant tout un gabarit et un caractère. Mesurant 1m88 pour 102kg , il est de son propre aveu plus à l’aise dans le défi physique que le cad’-deb’. Il est l’ailier de combat idéal pour le plan de bataille de PSA, plus basé sur l’« impac’ » (comme dirait Thierry Lacroix) que sur la vitesse et l’esquive. Mais c’est aussi un joueur apprécié pour son côté déconneur, qui sait mettre l’ambiance dans un vestiaire, avec semble-t-il un don particulier pour l’imitation, comme Thomas LaurentGerra. Preuve s’il en fallait de son goût pour l’humour glacé et sophistiqué, il suit la Boucherie (c’est même l’Equipe qui le dit). En espérant que ça lui portera plus bonheur qu’à Loann Goujon (que nous saluons au passage)…

 

Un sens de l’humour très #valeurs

 
Rémy Grosso débarque donc comme une fleur dans un groupe qui s’est soudé dans le sang, la sueur, les larmes et le wattbike, en remplacement d’un camarade tombé au combat. Il se retrouve donc dans la peau de ce que dans les films de guerre, on appelle un « Fucking New Guy » : le bleu qui débarque au sein d’une section rôdée au combat, dont personne ne se soucie de mémoriser le nom, parce que de toute façon il se fera descendre à la première escarmouche avec les Viets.


 

– Salut Mathieu, moi c’est Ré…
– Ouais, c’est bien, rien à foutre, le Bleu.

 



Mais le jeune ailier Castrais n’est pas du genre à se laisser abattre. Il est prêt à relever le défi, même si cela va impliquer de rattraper en quelques jours les deux mois de préparation physique dont ont bénéficié les Bleus de France. D’ici la fin de la semaine, il lui faudra donc :

– Se désabonner de la Boucherie Ovalie. Des contrôles inopinés auront lieu sur son téléphone portable. Aucun no show ne sera toléré.

– Parcourir les 832 km entre Londres et le Ben Nevis, le plus haut sommet de Grande Bretagne (1344 m) à vélo. Des pauses seront ménagées toutes les cinq heures pour TAPER PEUNEUS pendant 20 mn. Une fois sur place, il lui faudra grimper la montagne. Rory Kockott prendra quatre heures pour le rejoindre à vélo, faire le lièvre lors de l’ascension et rentrer à Londres à temps pour la séance d’entraînement.

– Assimiler le plan de jeu de Patrice Lagisquet. A priori, ce n’est pas ce qui sera le plus chronophage.

– Utiliser ses talents d’imitateur pour briser la glace afin de s’attirer les bonnes grâces de ses camarades.

 

– Allez, Rémy, fais nous encore PSA !
– Bon OK… “Ouin… On est pas loin des meilleurs. Ouin”
– Ha ha ! Putain, t’es con !

 
Cela ne sera pas facile, mais il ne fait pas le moindre doute que Rémy en est capable. Rémy, nous t’adressons tous nos vœux de réussite et que cette expérience extraordinaire te soit profitable. Fais pas le con, ne retweete pas ce lien. Et surtout, SURTOUT! si Vincent Clerc vient te souhaiter bonne chance, méfie-toi, c’est qu’il veut te piquer ta place !

Retour sur Stade Français – Toulon

 

Par Ketchup-Mayol

Sic transit gloria mundi…

 

Grand moment de catharsis nationale : Toulon a perdu. Les mercenaires zapatrides ont été défaits par la France éternelle, par le club de la Capitale qui plus est, comme un symbole ©. La France du rugby exulte, les charlots du Shadenfreude se déchaînent, tout rentre dans l’ordre, ces losers de toulonnais plein aux as ont déjà un pied en Pro D2. Comme quoi le fric n’achète pas tout !

Je me suis infligé le match en différé : évidemment, niveau suspense, ça présente à peu près autant d’intérêt que de regarder Titanic, mais au moins je me serai épargné palpitations et énervement. Car même en accéléré, ce match n’a pas manqué de susciter à maintes reprises cette manifestation d’exaspération si typique de nos latitudes méridionales, consistant à lever la main dans un geste de dépit tout en s’exclamant : « Et mon vier, ah ! »…

 

L’AVANT MATCH

 

La plupart d’entre vous n’est sans doute pas au courant, mais la journée avait commencé sous les pires auspices avec le décès de Jerry Collins, ancien All Black, ancien Toulonnais. Le déferlement de réactions sur les réseaux sociaux et les sites sportifs nous laisse entrevoir ce qui se passera lorsque David Marty prendra sa retraite. Cet événement allait forcément impacter les performances de ses anciens co-équipiers Carl Hayman et Ali Williams, et plus particulièrement Chris Masoe, qui le saviez-vous, était non seulement un ami intime mais aussi un cousin, car enfin, les Samoa, c’est un peu comme la Corse, ils sont tous plus ou moins cousins.

 

LA COMPO

 

N’ayant eu ni le temps, ni le cœur, ni l’énergie de pondre une compo rigolote, c’est sans vergogne aucune que j’ai subtilisé celle d’Eric Bayle.

 

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Canal, c’est bien plus que la chaine du porno et du cinéma. Ce sont aussi des journalistes sportifs.

 

Chris Masoe a donc été incertain pendant une partie de la journée, mais il a finalement décidé de tenir sa place sur le terrain. Matt Giteau, un temps incertain également, est finalement titulaire. El Mago sera préféré à Mermoz, à croire que la non-titularisation de ce dernier est un running gag entre sélectionneurs du XV de France.

Le match a donc commencé par une minute de silence très émouvante comme il se doit, avec un Chris Masoe très ému qui s’était peroxydé les cheveux en mémoire du défunt, qui rappelons-le, était son cousin.

 

LE MATCH

 

Première mi-temps :

Le match était pourtant bien engagé. Un coup de pied à suivre de Hernandez récupéré par Drew Mitchell va amener le premier et seul essai toulonnais à la 6ème minute. On assistera même à quelques velléités de bagarre aux alentours du quart d’heure de jeu. Malheureusement, tout cela procédera davantage de l’éjaculation précoce plutôt que du feu d’artifice orgasmique, et les Parisiens vont en profiter. Les Toulonnais commettront des fautes bêtes, aggravées par des contestations inutiles permettant à Steyn de marquer des points et à la 24ème, Parisse dépose deux défenseurs toulonnais d’une chistera magistrale à destination de Lakafia – pas le double champion de France, l’autre – qui va permettre au Stade Français de mener pour la première fois.

La défense parisienne est bien en place et intraitable, infligeant un pressing permanent à des Toulonnais qui ne peuvent pas déployer leur jeu (à savoir envoyer Bastareaud péter dans trois adversaires pour se créer des espaces). C’est incroyable que nos adversaires n’aient pigé le truc que maintenant.

Le coup du sort surgit en fin de mi-temps, quand dans une sortie de ruck, le ballon est éjecté maladroitement. Burban s’en saisit, mystifie Drew Mitchell, Chiocci fait ce qu’il peut pour essayer de rattraper le Parisien, peuchère, mais bon, n’est pas Vincent Debaty qui veut. Le Stade Français vire en tête de 4 points à la mi-temps.

2ème mi-temps :

La Bérézina. On se serait cru de retour en 2012 : la mêlée toulonnaise s’est faite pénaliser 5 fois après l’entrée de Ménini, permettant au Stade de prendre le large. Et une fois de plus, la variante anglaise rugbystique du « Pas de bras, pas de chocolat » s’est vérifiée. Halfpenny est pris en l’air, Sempere manque de décapiter Masoe (qui le saviez-vous, a perdu son cousin Jerry Collins plus tôt dans la journée), mais les Parisiens échappent au carton jaune. Sous des sifflets honteux, Bakkies Botha a définitivement quitté les terrains sans avoir mis un taquet. On n’avait pas vu final plus merdique depuis celui de Lost. Pas moyen de trouver la faille. Humiliation ultime après la sirène, un ballon cafouillé dans l’en-but toulonnais offre un essai parisien aussi anecdotique que bien dégueu.

Et mon vier ah !

 

Coup de sifflet final : Mourad lève les bras au ciel par réflexe pavlovien, avant d'être rattrapé par la réalité et l'insondable tristesse de la défaite.
Coup de sifflet final : Mourad lève les bras au ciel par réflexe pavlovien, avant d’être rattrapé par la réalité et l’insondable tristesse de la défaite.

 

LES RAISONS DU NAUFRAGE :

Nous autres supporters du RCT sommes des seigneurs, et en tant que tels, nous savons rester dignes dans la défaite et ne sommes pas du genre à nous trouver des excuses à la noix.

Cela étant dit, les facteurs suivants ont pu influer sur le cours du match :

1. Jerry Collins ? Le saviez-vous ? Le cousin de Chris Masoe est décédé le jour même, et nul doute que cette tragédie a eu une incidence sur ses anciens coéquipiers.

2. Monsieur Raynal ? Il est évident qu’il y avait des consignes pour que Toulon ne gagne pas. En avant manifeste de la passe de Slimani sur le premier essai, absence de carton jaune pour un en-avant volontaire de Parisse requalifié en interception (du bout des doigts d’une main) ou sur jeu dangereux en 2ème mi-temps. Mais bon, ce sont les aléas du jeu et c’était aux Toulonnais de se mettre à l’abri de ces impondérables d’arbitrage inique.

3. Des erreurs de casting ? Les héros sont fatigués. Hayman, Williams et Botha et Juan Smith ont souffert. Matt Giteau a du mal à revenir à son niveau pré-opération. Bryan Habana avait oublié sa perche à selfie…

4. La fin d’un cycle ? Depuis le temps qu’on vous dit que le RCT ne se remettrait pas du départ de Wilkinson ! Un seul trophée européen cette année, hahaha ! Bande de losers !

5. La supériorité parisienne ? Attendez, on parle d’une équipe qui s’est pris 27-0 face à Brive, là, quand même, soyons sérieux.

 

LE BILAN :

Leader du Top 14 à la fin des phases régulières, vainqueurs légitimes du Top 15, le RCT trébuche sur l’avant-dernière marche. Le gérontophile qui sommeille en chaque toulonnais ne peut qu’être triste pour les trois joueurs historiques qui prennent une retraite anticipée, mais bon, ils ont déjà un Brennus à leur palmarès. Cette équipe nous a procuré énormément de joie dans la victoire, et elle procure encore plus de joie aux autres dans la défaite, alors.

Le Stade Français aura donc sorti les deux équipes les plus détestées en phases finale et ce sont donc les Parisiens qui vont remporter le bout de bois cette année. Je le dis sans animosité envers nos amis de l’ASM. Mais si Clermont venait à gagner, ce serait une catastrophe. Ils redeviendraient une équipe lambda en perdant ce qui fait leur spécificité et surtout, tout leur potentiel comique. Alors Gonzalo, allez, allez allez !

 

LES COMMENTAIRES

La défaite de Toulon n’a pas manqué d’ouvrir les vannes de la connerie, comme en atteste ce petit florilège.

 

La chute des milliardaires
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Eh oui, victoire du pot de terre sur le pot de fer. Le Petit Poucet parisien a triomphé de l’Ogre toulonnais.

 

La dominatrice SM

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Ça va chauffer au donjon, ce soir! Bring out the gimp!

Jean-Michel Lévaleurs

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L’année prochaine la ProD2!

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Eh ouais, ils croyaient quoi, ces cons? Que parce qu’ils étaient triple champions d’Europe ils allaient gagner? Losers, va!

Mme Soleil

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Je sais pas. Ça pique?

 

Et le meilleur pour la fin:

Julien Camilluminati
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Le Rade’Labo est champion d’Europe. Encore.

Et bah ouais.

Par Ketchup-Mayol, 

 

Putain, Pastigo et Copareos, vous avez une veine de cocu.

Pendant le Tournoi des 6 Nations j’avais pensé à un article intitulé « Français par la grâce de Dieu » dans lequel je me serais interrogé sur la raison d’être d’un site comme la Boucherie Ovalie en Nouvelle-Zélande. Comment être drôle si ton équipe gagne tout le temps ?

C’est un peu le même souci quand tu es supporter toulonnais. Oh, merde, on a encore gagné une Coupe d’Europe, qu’est-ce que je vais pouvoir trouver de marrant à dire ? Alors que quand tu es supporter de l’ASM, le potentiel comique est carrément illimité ! Si on refait le doublé, il faudra peut être que j’envisage de supporter une autre équipe.

 

L’AVANT MATCH

EN-FIN ! Deux ans après la victoire Voldemourad sur Harry Cotter, le match retour ! C’est pas trop tôt ! Outre l’excitation promise par une affiche alléchante, ce match met surtout un terme à plus d’une semaine de bouillie médiatique.

Son Ovalitude Sérénissime a encore démontré son sens de la mesure, entre les ‘Clermont Siffredi’ et les états d’âmes putatifs de Nigel Owens. On nous a rebattu les oreilles de Dublin, d’esprit de revanche d’autant plus saugrenu que la raison de la colère ne figurait pas sur la feuille de match, le lauréat du Prix Micheline Dax 2013 Delon Armitage s’étant fracturé la main en demi. Des supporters clermontois peu rancuniers s’étaient d’ailleurs manifestés pour apporter leur soutien au malheureux, rappelant ainsi si besoin en était pourquoi la Yellow Army est le meilleur public de France.

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(crédit image @Johnsnowasm2)

 

Mais comme dit le proverbe népalais, « Karma’s a bitch. ». Quelques minutes avant le coup d’envoi c’est Brock James qui déclare forfait. Officiellement une douleur à la cuisse. Mais plusieurs autres hypothèses sont envisageable. Première possibilité, assez improbable, dans un souci de maintien de l’équilibre cosmique, les fameux dieux du rugby ont estimé qu’en l’absence de sa nemesis, la présence de Brock James n’était plus nécessaire. Deuxième possibilité, plus plausible : à la vue de Nigel Owens, l’ouvreur auvergnat aurait été pris de malaise et de tremblements, une occurrence de syndrome post-traumatique bien connu chez les vétérans de guerre ou les victimes de brrrranlées comme la demi-finale contre les Saracens de l’année précédente.

James et toute l’équipe avaient pourtant reçu une préparation psychologique de la part de Denis Troch, coach mental. Sa méthode révolutionnaire consiste à imaginer son adversaire nu, avec une grosse moustache comme lui. Oui, ça peut paraître débile et complètement inefficace, et d’ailleurs, ça l’est, mais bon, c’est l’Auvergne, hein, on préfère aller chez le rebouteux que chez le médecin… Dernière possibilité, James s’est bel et bien déchiré un muscle et c’est beaucoup moins amusant que les deux premières.

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– J’ai trouvé ça sous mon essuie-glace, ça a l’air pas mal. T’en penses quoi, Jean-Marc? – Bof, au point où on en est…

 

LA COMPO DES CHAMPIONS

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Outre l’absence de Delon Armitage mentionnée plus haut, une autre tuile de taille fut le forfait de Maxime Mermoz, remplacé par Juan-Martin Hernandez. La nouvelle avait de quoi inquiéter car après un premier match étincelant sous les couleurs de Toulon, El Mago n’a pas vraiment brillé, au point d’être à deux doigts d’être rebaptisé Fumbledore. Steffon Armitage est titulaire, histoire de re-fouler la pelouse de Twickenham des fois qu’il ne serait pas sélectionné pour la Coupe du Monde.

 

LA PREMIERE MI-TEMPS

Après 6mn d’assauts constants dans les 22 toulonnais, une touche et deux mêlées à 5 mètres, à frôler la ligne d’en-but, la furia clermontoise est récompensée par une pénalité. Lopez ouvre le score. 3-0. Les premiers « Ici, ici, c’est Montferrand ! » commencent à retentir. Pour confondre Clermont et Londres, faut-il qu’ils soient alcoolisés.

10ème : Cudmore sort sur protocole commotion après avoir fait connaissance avec l’ arrière de la hanche de Masoe. Quand on pense au potentiel de bagarre qu’il y avait avec Bakkies Botha, s’assommer sur le cul de Masoe, c’est un peu décevant.

11ème : Nigel Owens agite la menace de carton aux premières lignes si les mêlées ne tiennent pas mieux. A partir de là, les mêlées vont tenir. Quelque part, un producteur de télé réalité téléphone à Pascal le grand frère pour lui dire qu’on lui a trouvé un remplaçant est qu’il est viré.

14ème : Coup de pied dangereux de Lopez avec un rebond chateux. Comme Yoann Huget n’est pas sur le terrain pour le récupérer, c’est Giteau qui s’en empare et le garde au sol. Nouvelle pénalité : 6-0.

16ème : Jeu Boucherie Ovalie :

A) Un tchik-tchak de Bastareaud amène une pénalité varoise. 6-3

B) Une charge de Bastareaud amène une pénalité varoise. 6-3

Envoie A ou B au 3612 et gagne un week-end de rêve avec Pastigo. (Pas d’utilisation prolongée sans avis médical. 0,32 cts + coût éventuel du SMS auprès de votre opérateur.)

18ème : Retour de Cudmore après avoir répondu aux questions du protocole commotion. Bon, il a dit qu’un de ses frères est un Avenger et que l’emblème du Canada est la feuille de platane, mais le staff médical clermontois est moins solide que la hanche de Masoe.

25ème : Coup du sort ! Parra contre le 34ème coup de pied dans la boîte de Tillous-Borde. Fofana s’empare du ballon et s’en va aplatir. Il rend hommage aux spectateurs anglais en les gratifiant d’un superbe ‘Ash splash’ en coin et tant pis si Lopez ne peut pas passer la transformation trop excentrée, la photo est belle, le plongeon est un clin d’oeil à celui d’Armitage, et Matthieu Lartot peut y aller de son ‘WESLEY SNIPES FOFANA !’ 11-3.

La place de Jaude entonne un « Ici, ici, c’est Mont-fer-rand ! ». C’est toujours aussi chiant, mais au moins c’est factuellement vrai.

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Fofana, en toute simplicité.

 

29-33ème : Les Toulonnais se rappellent que ce n’est pas encore la seconde mi-temps, et qu’ils peuvent donc jouer. Ils obtiennent deux pénalités. 11-9. Les « Et ils sont là, les Toulonnais » commencent à retentir.

36ème : Leigh Halfpenny rate une pénalité, juste pour qu’on puisse un peu regretter Wilkinson.

40ème : Giteau tape dans les bras d’Abendanon, qui décide de relancer au pied dans les arrêts de jeu. C’est le départ d’une action qui va aboutir à un essai de Bastareaud. Stuart Lancaster pousse un soupir de soulagement : une ‘circonstance exceptionnelle’ de moins à gérer.

Score à la mi-temps:11-16.

LA DEUXIEME MI-TEMPS

42ème : Entame tambour battant des Toulonnais qui en ont marre d’être accusés de foirer leurs deuxièmes mi-temps. Une fois n’est pas coutume, Giteau croque un essai presque tout fait en tentant un geste technique aussi périlleux qu’inutile, une chistera en avant et en touche. C’est un constat rassurant pour nos joueurs de voir qu’un des meilleurs joueurs du monde peut aussi foirer un surnombre.

51ème : Nakaitaci sort avec le ballon en touche. Dans un geste de colère un peu puéril, il le jette dans les tribunes au lieu de le donner à Bryan Habana. Nigel Owens, qui n’attendait qu’un faux-pas d’un international français, le pénalise. Quelque part, un producteur de télé-réalité décroche son téléphone pour appeler Super Nanny pour lui dire qu’on lui a trouvé un remplaçant et qu’elle est virée, puis se ravise en se souvenant qu’elle est morte. 11-19.

58ème : Jamie Cudmore ressort pour un protocole commotion, ou saignement. La vieillesse est un naufrage.

62ème : Coup du sort derechef ! Après 18 temps de jeu clermontois dans les 22 toulonnais, Habana récupère la balle et cherche à taper en touche. Il dévisse, Abendanon récupère la balle, et enclenche le mode bullet-time : il est le seul à courir alors que tout le monde marche. Hayman et Armitage, cuits par leur défense acharnée le regardent taper un coup de pied par dessus pour lui-même et va tranquillement aplatir entre les perches. Facepalm de Stuart Lancaster qui se retrouve à nouveau avec une ‘circonstance exceptionnelle’ à gérer… 18-19, ce qui laisse présager un dernier quart d’heure haletant, voire ‘de déglingos’.

Et une minute plus tard c’est Ali Williams qui manque de marquer un essai mais la balle lui échappe avant qu’il puisse aplatir. Rado tente de le faire dégoupiller avec un bisou à la Bakkies dans un remake de la grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le Botha. C’est un échec.

 

Y a des coups de machette qui se perdent… (crédit vidéo @philousport)

 

66ème : Alors que revoilà la sous-préfète… Retour de Jamie Cudmore. C’est plus un terrain de rugby, c’est un moulin ! En entendra-t-on autant parler que de l’affaire Fritz ? Pas sûr.

 

70ème : Essai de Drew Mitchell ! L’Australien est l’un des 4 Fantastiques, Susan Richards : invisible depuis des mois, il se faufile dans la défense à la sortie d’un maul, et 6 défenseurs viennennt s’écraser contre son champ de force, qui lui avait déjà fait résister à un plaquage de Fritz Lee plus tôt dans le match. Mais Halfpenny rate la transformation, laissant Clermont à portée de tir. 18-24.

 

Les Clermontois vont tout donner pour marquer l’essai transformé qui leur donnerait la victoire. Mais c’est une finale, donc c’est comme regarder se débattre une mouche à qui un gamin pervers aurait arraché les ailes. Et quand Camille Lopez tape une diagonale récupérée par Bryan Habana, poussé en l’air, c’est fini. Les Toulonnais laissent éclater leur joie, Vern Cotter se précipite nu sur le terrain en criant « Je vous l’avais bien dit que ce n’était pas ma faute ! ».

 

Toulon a sa 3ème étoile et entre dans la légende des grands clubs européens. Et sud-africains. Et néo-zélandais. Et australiens.

 

Le contraste est saisissant avec les visages abattus des joueurs et supporters clermontois. Et encore, ils ont l’habitude !

 

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Found footage: ces images de Julien Pierre ont été retrouvées dans une caméra ensanglantée. Le caméraman reste introuvable.

   

LE BILAN :

 

Bon, allez, on peut le dire maintenant, y a prescription. Il y a deux ans, on vous a enflés. Jamais on aurait dû la gagner, cette Coupe. Mais alors cette fois-ci, il n’y a rien à dire.

 

Le RCT a été plus fort. On a beau être supporter toulonnais, on n’en a pas moins un coeur et comme j’ai quelques followers jaunards, je m’abstiendrai de tout triomphalisme de mauvais aloi. Gardons l’image de Frédéric Michalak et Mourad Boudjellal allant saluer la Yellow Army, l’un sans doute pour se dégourdir les jambes après être resté sur le banc tout le match, l’autre pour probablement tenter d’attirer quelques déçus du Côté Obscur.

 

Que faire, amis Clermontois, que faire pour conjurer cette terrible malédiction ? Je ne vois pas beaucoup de solutions, hormis un grand bûcher place de Jaude où il vous faudra sacrifier les chats noirs qui vous empêchent d’avoir le palmarès que vous méritez. Je sais que vous tenez énormément à Aurélien Rougerie, mais le sentimentalisme ne fait pas gagner des coupes. En plus c’est pas sûr qu’il brûle… Vous sélectionnez Benjamin Kayser alors qu’il a perdu trois finales auparavant, vous cherchez la merde, aussi, quoi ! Renaud Lavillenie en nouvelle mascotte, non mais quelle idée, allez hop au feu ! Rajoutez un roux pour faire bonne mesure et l’an prochain, à vous le doublé.

 

Ah et puis si vous vous remettez la main sur Denis Trochancourt, récupérez votre pognon ! Rendez-vous en Auvergne pour la 25ème journée.

 

LE TWEET

 

Evidemment que le champion d’Angleterre, de France, d’Europe et du Monde ne peut “qu’imaginer” ce que ça peut faire de ne jamais gagner. C’est pas sympa de se moquer, Jonny !

 

Retour sur RCT – Leinster (25-20)

Par Ketchup-Mayol,

 

C’est donc fait : il y aura deux clubs français en finale de Coupe d’Europe. On est en finale. Non, nous n’avons jamais douté, même si ces quelques cheveux blancs tout neufs et cette bouteille de Maalox vide pourraient laisser penser le contraire.

J’en suis encore à me demander si cette rencontre a été la plus longue ou la plus courte de la saison. 100 minutes, c’est très long, surtout quand le jeu se limite en grande partie à des fautes et des coups de pieds d’occupation. Mais le vrai match n’aura duré que 30 minutes.

Les astres s’étaient concertés pour une rencontre dégueulasse et périlleuse : une météo anglo-saxonne après 10 jours de grand beau, Lartot au commentaire, une équipe du Leinster prête à tout pour sauver une saison à côté de laquelle celle du Stade Toulousain ferait envie et qu’on le veuille ou non, la pression de savoir Clermont déjà qualifié. Bref, le Complot ®. Ne manquait plus que Nigel Owens au sifflet et le RCT pouvait rester au vestiaire.

Les matches couperets sont rarement palpitants, on le sait. La demi-finale entre Clermont et les Sarries n’a pas été spécialement spectaculaire, mais elle a eu le mérite de se jouer au soleil, et de ne durer que 80 minutes au terme desquelles le peuple auvergnat a pu laisser éclater une joie qui faisait plaisir à voir. Le contraste avec un Vélodrome pluvieux et l’espèce de soulagement hébété des supporters toulonnais à l’issue de la rencontre du dimanche était flagrant…

Parce qu’on a frisé la correctionnelle, les enfants…

 

La Compo

 

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La première mi-temps

Le match a débuté sous une pluie battante. Tu as beau avoir un ensoleillement de 350 jours par an, quand ça veut pas, ça veut pas. Le coup d’envoi de Madigan est sorti des limites du terrain, et là on a senti les Irlandais fébriles. Quand le RCT s’est vu refuser un essai pour hors-jeu quelques minutes plus tard, on a pensé qu’on allait leur mettre la misère épisode 2. Au lieu de quoi on a eu un festival de mêlées écroulées, de touches hasardeuses, de coups de pieds d’occupation et de ballons dégueulés. 

Malgré une certaine domination toulonnaise, les rouquins ont su profiter de l’indiscipline des avants, en particuliers des débutants turbulents, Williams et Botha. Chiocci s’est vu sanctionner par trois fois également, en espérant qu’après le syndrome de la deuxième mi-temps merdique, on assiste pas à la naissance d’un syndrome du pilier gauche titulaire… 

La cerise sur le gâteau, ce fut la blessure au genou de Juanne Smith qui faisait son retour. L’homme qu’on croyait définitivement perdu pour le rugby risque d’être définitivement perdu pour la finale. Il a dû être remplacé par Steffon Armitage qui n’était « programmé que pour jouer 30 minutes », ce qui semble confirmer ce que ses adversaires dans les rucks soupçonnaient déjà : Steffon est un cyborg. 

Tout cela fait les affaires du Leinster qui n’en demandait pas tant et qui, grâce à une défense opiniâtre et jeu restrictif et pragmatique, mène 6-9 au terme d’une mi-temps, où avouons-le, on s’est plutôt fait chier. 

 

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Le Leinster tel qu’il était imaginé avant le match, et la réalité.

 

La 2ème mi-temps

Avant la pause, Sébastien Tillous-Borde expliquait à Clémentine Sarlat que le RCT tenait le bon bout et qu’il fallait continuer dans cette voie. Visiblement, Bernard Laporte n’a rien eu à dire là-dessus. Donc, rebelote : coups de pieds, en-avant, mêlées écroulées, pénalités… Au bout de dix minutes, Bernard Laporte décide d’abréger les souffrances de Chiocci martyrisé par Mike Ross, ce qui était prévisible. Ce qui n’était visiblement pas prévu, c’est que quelques minutes plus tard, il abrège également celles de Michalak, d’une manière qui rappelle la scène de la peste dans le Sacré Graal des Monty Python (« I’m not dead yet ! – Yes you are »). Vexé, Freddy s’en va comme un prince et ne reviendra qu’à la fin du match, douché et vêtu d’un polo propre. Visiblement, le Michalak flamboyant avait perdu le toss aujourd’hui. Quelle saloperie, la schizophrénie…

 

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Bernard Laporte fait sortir Michalak

 

Le match s’est donc résumé à un duel entre Halfpenny et Madigan, et alors qu’on entrait dans le money time, un malaise diffus commença a remplacer progressivement l’ennui poli ressenti jusque-là.

Oh, on va pas perdre comme des cons… comme le Racing Metro à la dernière seconde sur un drop ou une pénalité à la con ? D’autant, qu’il vont essayer les Leinstermen : deux drops et une pénalité sur le poteau ratés. Delon Armitage tient la pénalité de la gagne à la dernière seconde, il échoue…

12-12, fin du temps réglementaire.

Bon, à ce moment-là, les téléspectateurs qui n’avaient rien à foutre du vainqueur et qui ne s’étaient pas endormis devant cette purge ont zappé sur l’Equipe 21 pour voir Cécile Grès. Les supporters toulonnais et autres masochistes sont restés hypnotisés, incrédules, la sueur perlant par tous les pores de la peau, tandis que millimètre par millimètre, un ulcère commençait à jouer à Prison Break avec leur paroi stomacale…

 

Prolongations :

Bernard Laporte, dont on connaît toute la retenue enjoint ses joueurs à défoncer les Irlandais en mêlée. Aussitôt dit aussitôt fait, le Leinster concède une pénalité. Mais quelques secondes plus tard, Suta, pris d’une crise de Papéite aigüe (maladie foudroyante qui pousse à vouloir briser des vertèbres à un Irlandais), se fait pénaliser pour avoir tenté d’étrangler Strauss. Heureusement, il avait son totem d’immunité. Pas de carton. Ouf ! 15-15.

 

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Vous voulez dire qu’on a pas le droit de faire ça? #lerugbybientôtentutusurlesterrains

 

Et là, c’est le drame.

Sur le renvoi, Ali Williams essaie de contester le ballon en l’air à Devin Toner, impressionnant (désolé, j’avais épuisé mes blagues sur Heaslip l’an dernier). Ce dernier s’écroule, et Williams prend un jaune qui semble sceller le sort des Toulonnais. La seule action du match où Williams n’avait rien à se reprocher. Arbitrage scandaleux, monsieur Barnes !

Pourtant, comme bien souvent, le RCT va mieux jouer à quatorze qu’à quinze. Halfpenny va marquer une pénalité et à la 90ème minute, la libération: une merveille d’opportunisme (ça c’est quand c’est ton équipe qui le fait, sinon on appelle ça un essai d’enculé) de Bryan Habana met les Toulonnais à 10 points.

Les Leinstermen, touchés dans leur orgueil, vont répondre de manière flamboyante par un groupé pénétrant. L’essai est attribué à Sean O’Brien et ne sera pas transformé. 25-20.

Il ne se passera plus rien dans les cinq dernières minutes, hormis quelques décès toulonnais par infarctus. Victoire au forceps.

 

Les joueurs :

Mauvais temps, match d’avants, et va y avoir du boulot. 11 pénalités sur 16 pour le 5 de devant. Des fautes souvent inutiles et qui auraient pu coûter cher. La mêlée a été malmenée, en particulier Chiocci, et Botha et Williams ont fait des fautes indignes de joueurs de leur expérience, comme quoi c’est vrai qu’à partir d’un certain âge, on retourne en enfance. 

A la charnière, beaucoup de coups de pieds dans la boîte de Tillous-Borde, temps de merde oblige, mais énorme travail défensif. Michalak n’était pas très inspiré à part sur le coup de pied qui aurait pu donner un essai à la 5ème minute. Il est l’illustration parfaite de l’importance d’être constant, et son visage lors de sa sortie anticipée contrastait avec le visage de James, jouasse, après le match de la veille. Et voilà comment on glisse deux références littéraires irlandaises en une phrase dans un compte rendu de match. Rep a sa, Rugbyrama.

Ce n’était pas un match d’arrières, Habana n’a brillé que trente secondes, mais quelles trente secondes ! Giteau nous a fait quelques cagades auxquelles on était pas habitués avec deux coups de pieds contrés qui auraient pu faire aussi mal qu’à Grenoble, et un renvoi directement en touche. Mais bon, tenir 100 minutes pour un retour de blessure, chapeau. Avec 7/8 de réussite au pied, le nouveau Métronomicon de l’Arabe dément, Leigh Halfpenny a marqué 20 des points du RCT. Vraiment, c’est à se demander si le RCT se relèvera un jour de la retraite de Wilkinson. 

 

Le bilan : 

Le scénario idéal aurait été d’être bloqué dans les embouteillages et de n’arriver qu’à la 70ème minute, parce que franchement, il y a eu des Brive-Oyonnax des vendredi soirs d’hiver plus passionnants. Alors certes, il pleuvait, le ballon était glissant, le Leinster est une équipe avec qui il faut compter, le terrain était trop lourd, les sangliers avaient mangé des cochonneries, mais disons-le, on s’est fait chier. La faute n’incombe pas qu’aux hommes de Bernard Laporte du reste. Le Leinster n’a rien proposé de flamboyant non plus, et le RCT aura eu le mérite d’essayer pendant une partie de la première mi-temps ? Enfin, on est en finale contre Clermont. Il ne peut rien nous arriver !

C’est Nigel Owens qui va arbitrer la finale, et franchement je serais lui, je me demanderais si on m’a fait un honneur ou un coup de pute. Deux équipes françaises à arbitrer, ça sent le dilemme. Qui sanctionner outrageusement ? Ca rappelle la vieille blague pourrie de Vincent Debaty dans un pièce ronde à qui on dit qu’il y a une frite dans tous les angles. 

Petite ombre au tableau, sauf intox, Delon Armitage sera forfait, ce qui fout un peu en l’air l’idée d’une revanche qui semblait pourtant tenir à cœur de la presse sportive et de certains supporters clermontois encore frustrés. Mais allez savoir, avec le RCT…

 

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Dublin 2013 (allégorie)

 

Rendez-vous le 2 mai.

RCT-Wasps: I gave Myall in Mayol…

 

Par Ketchup-Mayol,

 

C’est dans ces moments-là, quand t’as encore plus de Jack Daniel’s que de sang que tu es content de ne pas être Copareos et d’avoir à te frapper 1) un compte-rendu de match du RM92 2) un compte-rendu de défaite du RM92. Et là, tu te dis, supporter toulonnais par la grâce de Dieu.

Et pourtant, tu as beau supporter une équipe double championne d’Europe et championne de France, tu en viendrais presque à avoir des doutes à force d’écouter les Cassandres qui te montent en épingle deux matches à la con de Top 14…

Alors certes, il y en a qui vous diront qu’avec les matches couperets, tout peut arriver, n’empêche qu’en définitive, le plus souvent, c’est le plus fort sur le papier qui l’emporte.  Concrètement, si on se penche sur les faits, que voit-on ? Le double Champion d’Europe, Champion de France, premier de son championnat, sorti premier d’une poule dite « de la mort » reçoit sur son terrain le sixième de la Premiership, qualifié de justesse dans les meilleurs seconds parce que le Stade Toulousain n’a pas été fichu de battre un MHR en pleine tourmente. Alors même avec toute la “glorieuse incertitude du sport” du monde comment douter de l’issue du combat ?

Le seul qui soit dans son rôle à jouer les prophètes de mauvais augure, c’est notre Lider Maximo. Ah ça, il ne s’est pas économisé en incantations apotropaïques, allant jusqu’à menacer de ramener le Bouclier de Brennus. C’est tout juste si notre Phare du Faron n’a pas annoncé qu’il pensait devoir vendre sa Maseratti et commencer à prospecter les concessionnaires Dacia…

La compo

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On retrouvera donc Delon Armitage à l’arrière, puisque Halfpenny s’est blessé en équipe nationale, avec laquelle il aura pratiquement plus joué qu’avec son club depuis sa signature sur la Rade. On retrouve également Ali Williams, qui aurait pu être condamné après le match contre Toulouse et sa rechute d’UBBite au cirage de banc. En parlant de banc, on notera par ailleurs le retour de Matt Giteau, dont on ignore s’il s’est remis de sa blessure aux adducteurs et d’avoir retrouvé sa chambre tapissée de photos de Drew Mitchell à poil. Dommage que le facétieux ailier australien ne fasse pas preuve d’autant d’entrain sur le terrain depuis quelques matches.

Toulon joue son quart à la maison. Les Wasps ont décidé de jouer contre le vent, avec le soleil dans la gueule en première mi-temps. Le match sera commenté par Matthieu Lartot et Raphaël Ibanez qui prend la place de Fabien Galthié. Comme quoi, sur le service public comme à la fédé, on peut constater qui est in et qui est out.

 

Première mi-temps

S’il y a un Toulonnais dont l’investissement ne fait jamais de doute, c’est bien Cédric Abellon. Mais un de ces quatre il va nous faire une rupture d’anévrisme en plein Pilou-Pilou, c’est pas possible.

Les premières secondes du match vont donner le ton de la mi-temps : un en-avant anglais sur le coup d’envoi du RCT qui illustre toute la fébrilité des Wasps. Pourtant, en deux mêlées en autant de minutes, c’est les Toulonnais qui vont souffrir, notamment Alexandre Ménini qui va passer un sale match.

A part ce secteur de jeu, le RCT se montrera dominateur. A la 7ème minute, Bastareaud va marquer un essai en puissance, emportant trois défenseurs avec lui, une action non sans rappeler certaines scènes de Mad Max. Et là, on s’est dit que ça sentait bon, alors qu’en fait on avait mangé notre pain blanc.

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– Je suis l’Aigle de la Rouuuuuuuuuute !!!

 

Parce que le reste de la mi-temps, tout ce qu’on aura à se mettre sous la dent, ce sont des pénalités. Les Toulonnais ont franchement survolé les débats, mais il manquait toujours ce que les Anglais appellent un “je ne sais quoi“. Après les perfides Anglais ont avorté pas mal d’actions en se mettant à la faute, punies par un Michalak dans un bon jour et par un carton jaune de l’arrière Miller.

Résultat à la mi-temps, 22-6.

Pendant la pause, nous avons eu le rappel désormais récurrent des difficultés rencontrées par les Toulonnais en deuxième mi-temps, et de s’interroger si ce matelas de 16 points serait suffisant parce que bon, contre l’UBB et Toulouse… CONS DE CHATS NOIRS !

Désolé, il fallait que ça sorte.

 

Deuxième mi-temps:

Illustrant le concept même de la prophétie auto-réalisatrice, ce qui devait arriver arriva : les Toulonnais se sont mis à gérer et les Wasps à attaquer. Déjà, l’entrée de Goode a fait énormément de bien aux Anglais, qui jusque-là avaient été atones.

Résultat, à la 53ème minute, suite à un ballon porté les Wasps écartent le jeu rapidement, étirant la défense Toulonnaise et Will Helu peut aller inscrire le premier essai anglais. La défense des Rouge et Noir n’aura pas glissé suffisamment vite. Josua Tuisova, qui a encore du mal avec certaines subtilités de la langue française, a pris l’expression un peu trop au pied de la lettre.

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Et whizzzzzz le Fidjien…

 

A la 69ème, une pénalité de Michalak décidément impérial redonnera un peu d’avance à Toulon, mais 5 minutes plus tard, Will Helu s’offre un doublé. Au terme d’une longue action Helu reçoit le ballon, Tuisova tente vaguement de le plaquer et Delon Armitage un peu en retard ne peut rien faire. Cet essai non transformé replace les Wasps à 7 points à cinq minutes de la fin (OH MON DIEU!), et va occulter une action qui fera jaser outre-Manche : du coup, une faute commise par Ali Williams passe à la trappe. Coupable d’avoir retenu un adversaire par le maillot lors de l’action, il encourrait un carton jaune.

Et ceci a son importance puis que 3 minutes plus tard, c’est ce même Ali Williams qui va étouffer les espoirs anglais en marquant un essai qui qualifie définitivement les Toulonnais en demi-finale. Suspense, victoire, rédemption, tous les ingrédients étaient là pour une dramaturgie réussie.

 

Les joueurs

La première ligne : Captain Hayman a fait le taf’, solide en mêlée. On ne peut hélas pas en dire autant d’Alexandre Ménini, assez désemparé après sa prestation, qui avouons-le, a été assez désemparante. Manque de bol, sur la première mêlée après son remplacement par Chiocci, le RCT gagne une pénalité… Rien de drôle à raconter sur Guilhem Guirado, qui été excellent dans tous les domaines.

La deuxième ligne : le retour  de Bakkies Botha aura été éclipsé par la performance d’Ali Williams, qui avait beaucoup à se faire pardonner. Il semblerait que les quarts de finales soient l’occasion de se relancer pour les deuxième ligne en bout de course : on se souvient du match de Danie Roussow face au Leinster l’an dernier. Espérons que ça durera plus longtemps pour Williams. Un essai, 13 plaquages réussis sur 15. En touche il a dominé les débats, captant 5 ballons et en chipant un à l’adversaire. Assurément l’homme du match bis. De quoi être happy.

La troisième ligne : du solide. “Ce poison” de Steffon Armitage (c) a été à la hauteur de sa réputation de plaqueur-gratteur.  Masoe a rendu une copie propre. On regrettera que Gorgodze ait vendangé une occasion d’essai en tentant de s’emparer d’un ballon destiné à Bastareaud. Il a des choses à se prouver, notre Géorgien, on sent qu’il n’avait pas l’habitude d’une concurrence aussi féroce au MHR.

La charnière : Tillous-Borde a fait le job, mais n’a pas particulièrement brillé. Ce Harvey Dent de Fred Michalak était dans un bon jour, avec un 100% au pied alors qu’il y a à peine une semaine, il était plus proche des 50%, à croire qu’il a apprivoisé le ballon entre-temps.  

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“Ouuuuh, mais ch’était qui le ballon à chon pépère ? Ch’était qui ?”

 

Les lignes arrières : Elles ont été mobiles, mais n’ont pas su trouver la solution. Basta a joué sa partition et a failli s’offrir un doublé. Mermoz a été un peu moins incisif que d’habitude mais il a eu le mérite d’être présent en défense, ce qui n’a pas toujours été le cas des ailiers. Trois plaquages manqués pour Mitchell, deux pour Tuisova, dont un qui coûte le 2ème essai anglais (plus le fumble sur le premier essai).  Pour l’instant, on est plus du côté de Teddy Thomas que de Bryan Habana.   

Le bilan : bien mais pas top

Oui, ne nous voilons pas la face, ce n’est pas le match du siècle. Oui, le RCT a souffert de la comparaison avec la branlée infligée aux Saints par Clermont. Oui, il y a eu un flottement pendant la seconde mi-temps. OK, Toulon a perdu deux matches qui auraient dû être gagnés.

Maintenant, faudrait voir à pas déconner non plus. Quand on lit dans le journal sportif de référence que le RCT se qualifie “ric-rac” avec 14 points d’avance, avec des retours de blessure et des cadres encore à l’infirmerie, y a quand même de quoi se la prendre et se la mordre. A aucun moment les Wasps n’ont été à moins d’un essai transformé des Toulonnais. On nous répète depuis le début de saison que cette équipe peine à se trouver depuis le départ de Wilkinson. N’empêche, le RCT est premier du Top14 et en demi de Coupe d’Europe sans Wilkinson, malgré les absences prolongées de Giteau et Halfpenny et un manque de régularité de ses buteurs… Alors certes, le RCT n’en plante pas 40, mais faut arrêter les commentaires alarmistes. Ils sont nombreux, les clubs qui aimeraient être autant dans la mouise que ça !

La Liste de Saint-André

 

 

Par Ketchup-Mayol,

 

Vous aurez remarqué que de temps en temps quand plus personne n’a de conneries à raconter, la Boucherie se fend d’un article dit « sérieux ». « Sérieux », chez nous, ça veut dire qu’il y a un peu moins de jeu de mots pourris et de .gif de chats, donc ce mot est à prendre avec des pincettes. Mais enfin, c’est le genre d’article qui fait dire dans les commentaires « Ça fait du bien de lire des articles de fond sur la Boucherie. Bon, c’est quand le prochain diaporama ? »

Alors que le Tournoi des 6 Nations arrive dans sa dernière ligne droite, c’est l’occasion de dresser un petit bilan sur une des mesures phares de la convention entre la fédé et la ligue, à savoir la liste des joueurs préservés pour le XV de France, un peu moins d’un an après sa mise en œuvre.

Joueurs préservés, kesseucé ?

Le but de la liste était de ménager 30 joueurs afin qu’ils soient frais pour les matches en bleu. Ce n’était pas forcément une mauvaise idée, la santé des rugbymen étant un sujet de préoccupation de plus en plus important, n’en déplaise à ceux qui se plaignent qu’on détestostéronise le sport et qu’avant, y avait pas des trucs de tarlouze comme des protocoles commotion et autres #lerugbybientotentutu.

Entre le moment où la liste est établie (vers mai) et la fin de saison, tout joueur sur cette liste ne peut jouer plus de trente matches hors phases finales de championnat et de Coupe d’Europe. Entrent donc dans le décompte les 26 journées de Top 14, les 6 matches de poule de Coupe d’Europe, les matches amicaux, les sélections avec les Barbarians, les tests matches et le Tournoi. Sachant que ne seront décomptés que les matches où le joueur passerait plus de 20 minutes sur le terrain. Ca va, tout le monde suit ?

 

OK ! Ce n’était pas forcément une mauvaise idée, la santé des rugbymen étant un sujet de préoccupation de plus en plus important, comme le montrait le très instructif « Jeu de Massacre » de L’Equipe Explore. On peut difficilement espérer briller à l’international avec des joueurs cramés, c’est d’ailleurs pourquoi on maintient les tournées d’été, justement, pour ne pas l’oublier.

Pas besoin d’être Grand Vincent Clerc pour deviner qu’une des fonctions officieuse de cette liste était de mettre fin aux rumeurs de navigation à vue du staff, d’envoyer un message fort que nous sommes prêts pour la Coupe du monde. Ça tombait à pic, on commençait à avoir épuisé les possibilités de charnières et de postes à faire jouer à Sébastien Vahaamahina du côté de Marcoussis.

 

Des questions légitimes

Qui dit liste dit joueurs sur la liste et joueurs pas sur la liste. Quels critères vont justifier la présence d’untel et l’absence d’un autre ? Les résultats de la saison ? La forme du moment ? Divination à partir d’os de coq ? Mystère. On retrouve sur la liste plein de Toulousains, de Clermontois et de Parisiens rose et bleu, pour trois représentants du double champion d’Europe et champion de France – dont Frédéric Michalak, pas vraiment un perdreau de l’année. Rémi Talès doit avoir des photos compromettantes de Serge Blanco et Pierre Camou, sa présence ne peut s’expliquer autrement. Le seul joueur qui soit là pour une raison claire et évidente, c’est François Trinh-Duc, sur la liste des 30 rien que pour qu’il joue moins avec le MHR et pour le plaisir sadique de ne pas le sélectionner.

Un groupe de 30, pourquoi ? Parce que c’est deux fois XV ? 30 secondes chrono ? Les Trente Glorieuses ? Deux polos Serge Blanco ?

Une liste c’est bien beau, mais ça cause des soucis. Il y a ceux qui sont sur la liste et ceux qui sont pas sur la liste. L’ennui pour ceux qui sont sur la liste c’est qu’ils se croient arrivés et qu’on crée de fait des fonctionnaires de l’EDF qui arrêtent de se lever le cul puisqu’ils sont sur la liste. Vous me direz, à 30 y a de la concurrence, mais il y a 23 places à pourvoir et outre les blessures, c’est plus facile d’être en concurrence avec qu’un ou deux types.

Parmi ceux qui n’y figurent pas, il y a ceux qui n’ont pas le niveau international donc on s’en fout, et ceux qui ont le niveau international et qui marronnent de ne pas être sur la liste et celui qui marronne au point de vouloir démontrer au sélectionneur qu’il a bien eu tort de ne pas le mettre sur la liste. Maxime Mermoz, donc.

 

Ça va pas être possible M’sieur Mermoz, c’est une soirée privée.

 

Rétropédalage

Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour voir les limites de la liste puisqu’elle a été élargie dès la tournée d’été en Australie. Les Toulousains en méforme ont été remplacés par un contingent de néo ou futurs Toulonnais (Ménini et Guirado) légitimé par le doublé d’autant plus historique qu’il était impossible. On a sélectionné Le Bourhis, très en vue au centre à l’UBB pour le faire jouer à un autre poste (et on l’a jeté après un match merdique sans même lui laisser une chance de se refaire la cerise, je sais pas, au talon par exemple. Pas de jurisprudence Vahaamahina, donc). Mais surtout, PSA a préféré faire venir un Titi Dusautoir cramé plutôt qu’un François Trinh-Duc en forme. Je ne serais pas surpris si le jour où il quitte ses fonctions de sélectionneur, PSA se retrouve convoqué devant la Cour Pénale Internationale pour cruauté.

En septembre, c’est carrément 30 joueurs supplémentaires qui viennent compléter la liste initiale, sans que la règle des 30 matches ne s’applique à ces nouveaux venus. Hmmm… Encore le chiffre 30. Et puis si la France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, elle veut bien prendre sa part d’étrangers talentueux. Circulent ainsi 14 noms, dont celui de Rory Kockott – dont le nom et l’attitude qui évoquent les girouettes des clochers de nos églises le rendent pratiquement Français de facto – Uini Atonio, Scott Spedding, voire David Smith ou « ce poison/diable de » Steffon Armitage ©.

Pour la tournée d’automne, le staff de l’EDF va allègrement piocher dans cette liste élargie, titularisant des petits nouveaux (Ollivon, Thomas, Dumoulin…) et des zétrangers, et c’est ainsi que 40 ans après Mike Brant, Scott Spedding refait chavirer la France avec « Rrrrrrien qu’ine larrrrme dons teeeees zyyyyyeux …».

Le groupe retenu pour le tournoi 2015 passe à 31 joueurs, comme ça, sans doute pour emmerder les numérologues qui s’interrogeaient sur le chiffre 30. Et là, le constat est quand même accablant. Pas moins de 13 joueurs de la liste initiale n’y figurent pas. Certes, il y a des blessés comme Dulin, FTD (ah oui là il a une excuse) ou Michalak dans le lot. D’autres n’ont plus été vus en bleu depuis des mois, comme Szarzewski, Bonneval, Machenaud ou Burban.

 

Effets Pervermeulens

Ce système de liste a un certain nombre d’effets pervers pour les clubs et les joueurs. Pour les clubs, il est souvent délicat de gérer son effectif sur une saison quand on joue sur deux tableaux, ce qui est le cas de la plupart des clubs fournisseurs officiels de l’EDF, à l’exception notable du Castres Olympique, dont on ne peut dire que les ambitions européennes les aient jamais étouffés. Les sélections internationales pèsent déjà lourd, n’est-ce pas monsieur Novès ? La convention devient un véritable casse-tête pour les clubs qui doivent veiller au temps de jeu de leurs internationaux. Sur le plan financier, c’est pas mieux. Les clubs payent des salaires conséquents à des joueurs qu’ils ne peuvent pas utiliser quand bon leur semble, et qu’on risque de leur rendre tout cassés (genre après des tests matches estivaux qui ne servent à rien). Pas besoin d’être Mourad Boudjellal pour se rendre compte qu’il y a un souci.

Là où la situation devient absurde, c’est pour les joueurs hors-liste convoqués alors qu’ils sont mis au repos par leurs clubs, et que des joueurs préservés ne peuvent pas jouer autant qu’ils le pourraient alors qu’ils ne sont pas sélectionnés. Laurent Labit s’était ainsi insurgé contre les sélections de Thomas ou Dumoulin alors que Machenaud, Szarzewski et Claassen étaient dédaignés.

 

 Avant, j’étais talonneur du XV de France. Mais ça c’était avant.

 

Pour les joueurs, il y a le risque de se croire arrivés et que sous prétexte qu’on est sur la liste, on n’a plus besoin de bosser les passes. Mais en outre les choix du staff peuvent avoir des effets psychologiques sévères pour certains joueurs et considérablement handicaper leur jeu. L’exemple de Mathieu Bastareaud est le plus flagrant. Condamné à jouer les utilités dans son club en ne jouant que 20mn par match, pour se retrouver dans la même situation en EDF, le manque de confiance et de temps de jeu avaient fini par créer un cercle vicieux jusqu’à provoquer un mini nervousse brékdone à en émouvoir jusqu’à André Boniface lui-même, c’est dire.

Car si le rugby est devenu un sport de plus en plus violent physiquement, il l’est également devenu psychologiquement, et le système de professionnalisation ne fait qu’aggraver cette situation. Mais ça, ça pourrait faire l’objet d’un autre article « sérieux ».

Cette histoire de liste semble donc une fausse bonne idée et nous rappelle si besoin en était qu’à l’instar de l’Avenue des Légendes, l’Enfer est pavé de bonnes intentions.

 

Conclusion

Alors elle sert à quoi, finalement, cette putain de liste ? Si on récapitule, elle était censée préserver les joueurs et montrer qu’il y avait un pilote dans l’avion XV de France. Au lieu de quoi on se retrouve avec plus de confusion, des joueurs déboussolés avec en prime le stress de l’échéance de la Coupe du monde. Bref, l’avion XV de France semble avoir été affrété par Malaysian Airlines. Pas évident dans ces conditions que ce gadget soit reconduit cette année, de toutes façons, tout se perdra dans le tintouin de la CdM puis l’équipe PSA tirera sa révérence, quel que soit le résultat. Mais cette liste aura au moins eu la même utilité que la nomination de Serge Blanco pour épauler Saint-André : donner du grain à moudre aux journalistes et détourner l’attention du bilan médiocre du XV, ne serait-ce qu’un temps…

 

Tout va bien, il y a un pilote dans l’avion…

Pour la canonisation de Jonny Wilkinson

Par Ketchup-Mayol,

 

La dépouille de Delon Armitage n’a pas eu le temps de refroidir que le Complot international anti-RCT s’est rendu coupable en toute impunité d’une nouvelle décision inique. Jonny Wilkinson a été privé d’un titre de noblesse, alors qu’il en était l’incarnation parfaite. Se peut-il que ce soit un mal pour un bien et que quelque chose de plus grand soit promis au 10 le plus légendaire que la Rade ait jamais accueilli ?

 

En effet, en ce début du mois de janvier, jour d’Epiphanie sous le baby, une délégation de supporters toulonnais s’est lancée dans une aventure aussi surprenante qu’inhabituelle. Un groupe de représentants des principaux clubs de supporters du RCT va quitter la Rade pour rejoindre à pied la Ville Eternelle, Rome. Le but de cette expédition ? Demander la canonisation immédiate de Jonny Wilkinson au pape François. “Une statue devant Mayol, une dalle sur l’avenue des Légendes, ce serait une consécration, c’est sûr, nous déclarait un Fils de Besagne. Mais Jonny, sans déconner, il mérite mieux. Il a fait tellement pour Toulon, c’est logique qu’il devienne le saint patron de la ville“. “Saint Cyprien [l’actuel saint patron de Toulon depuis le VIème siècle, ndlr], il est bien brave, peuchère ! renchérit un Fada. Mais il a jamais claqué un drop du droit en finale de H Cup et de Top 14, lui“. “Depuis qu’il est parti nos buteurs ont le sheitan, déplore un Mordu. Halfpenny et Giteau blessés à l’entrejambe, O’Connor se plante en scooter, Sanchez qui passe tous ses drops contre la France et pas à Montpellier… Il faut conjurer le mauvais sort ! Et pour ça, y a que Jonny.

 

Ils parlent de l’ouvreur britannique avec au fond des yeux la flamme du fanatique. Il faut dire que cela fait un moment que Jonny Wilkinson est considéré comme une divinité au pied du Mont Faron. Une sorte d’ange tutélaire envoyé par Dieu pour ramener le Brennus sur la Rade. Les Varois sont convertis, certes, mais devenir un saint officiel n’est pas chose aisée, et il va falloir bien plus que la ferveur du peuple toulonnais pour que Jonny accède à ce statut.

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La Cène, Saint Jonny (détail, Notre Dame du Pilou Pilou, Toulon)

 

Quelles sont les conditions préalables à remplir ? Tout d’abord, le futur saint doit avoir une réputation irréprochable, avérée par des témoignages multiples, et des vertus universellement reconnues. Il suffit de voir le concert unanime de louanges saluant la fin de sa carrière pour constater que Jonny remplit largement ce critère. Il doit également avoir accompli au moins deux miracles. Là encore, les exemples sont légion, comme le soulignent les témoignages que nous avons été en mesure de recueillir. En voici quelques-uns, rien que pour la saison 2013-2014 :

 

Juan connaît bien Jonny, ils travaillent ensemble depuis un an. L’air exalté il explique avec un accent sud-africain à couper au couteau : “Je suis venu à genoux de Bloemfontein à Toulon, en bon pénitent. Tout le monde me disait mort pour le rugby, j’ai tout essayé, les docteurs, les bains de pieds dans de l’eau de Lourdes, rien n’y faisait. Puis Jonny m’a souri et tapé sur l’épaule, et ce fut une véritable résurrection ! J’ai été élu deuxième meilleur flanker de la saison d’après un sondage Rugbyrama !

 

Alex : “Je suis un miraculé. J’étais un pauvre pécheur, j’étais censé être précipité ignominieusement dans l’Enfer de la ProD2, mais Jonny est venu à Biarritz et il m’a plaqué. Depuis, j’ai vu la lumière, ma vie a été transformée : j’ai signé à Toulon, je suis champion de France et d’Europe et j’ai été sélectionné en équipe de France !

 

Ses anciens coéquipiers du XV de la Rose nous ont assuré que sa sobriété est telle qu’il est capable de changer la bière en eau, et on dit que d’un seul regard, il peut apaiser les bêtes sauvages et Pascal Papé.

 

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“FUCK YOU JONNYYYYYYY !!!” Ca fait trois fois que Jonny fait le coup à Martin Johnson ce soir…

Mais s’il ne fallait garder que ses deux réalisations les plus incroyables, il s’agirait sans conteste du doublé pourtant jugé impossible, et d’avoir fait entonner le God Save the Queen à un public franco-français au Stade de France. Il reste néanmoins un point qui pourrait empêcher Sir Jonny d’accéder à la sainteté, et il est de taille. En effet, un procès en canonisation ne saurait être instruit du vivant du candidat. Un détail, selon Mourad Boudjellal. “C’est complètement débile ces pratiques moyenâgeuses ! J’ai l’habitude des vieux débris sclérosés mais à côté du Vatican, la FFR c’est des avant-gardistes révolutionnaires ! On ne peut pas devenir saint de son vivant ? Je vais déposer une plainte à la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour discrimination contre les vivants. Et si ça ne marche pas, Bernard a dit qu’il se ferait cardinal pour foutre un coup de pied dans la fourmilière. Je n’ai aucun doute : on l’aura, notre Saint Jonny ! Il ne reste plus qu’à choisir la date dans le calendrier“. Une véritable profession de foi !

 

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“Santo subito, espèce de papasse!”