RCT-Wasps: I gave Myall in Mayol…
par Ketchup-Mayol

  • 08 April 2015
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Par Ketchup-Mayol,

 

C’est dans ces moments-là, quand t’as encore plus de Jack Daniel’s que de sang que tu es content de ne pas être Copareos et d’avoir à te frapper 1) un compte-rendu de match du RM92 2) un compte-rendu de défaite du RM92. Et là, tu te dis, supporter toulonnais par la grâce de Dieu.

Et pourtant, tu as beau supporter une équipe double championne d’Europe et championne de France, tu en viendrais presque à avoir des doutes à force d’écouter les Cassandres qui te montent en épingle deux matches à la con de Top 14…

Alors certes, il y en a qui vous diront qu’avec les matches couperets, tout peut arriver, n’empêche qu’en définitive, le plus souvent, c’est le plus fort sur le papier qui l’emporte.  Concrètement, si on se penche sur les faits, que voit-on ? Le double Champion d’Europe, Champion de France, premier de son championnat, sorti premier d’une poule dite « de la mort » reçoit sur son terrain le sixième de la Premiership, qualifié de justesse dans les meilleurs seconds parce que le Stade Toulousain n’a pas été fichu de battre un MHR en pleine tourmente. Alors même avec toute la “glorieuse incertitude du sport” du monde comment douter de l’issue du combat ?

Le seul qui soit dans son rôle à jouer les prophètes de mauvais augure, c’est notre Lider Maximo. Ah ça, il ne s’est pas économisé en incantations apotropaïques, allant jusqu’à menacer de ramener le Bouclier de Brennus. C’est tout juste si notre Phare du Faron n’a pas annoncé qu’il pensait devoir vendre sa Maseratti et commencer à prospecter les concessionnaires Dacia…

La compo

C1

On retrouvera donc Delon Armitage à l’arrière, puisque Halfpenny s’est blessé en équipe nationale, avec laquelle il aura pratiquement plus joué qu’avec son club depuis sa signature sur la Rade. On retrouve également Ali Williams, qui aurait pu être condamné après le match contre Toulouse et sa rechute d’UBBite au cirage de banc. En parlant de banc, on notera par ailleurs le retour de Matt Giteau, dont on ignore s’il s’est remis de sa blessure aux adducteurs et d’avoir retrouvé sa chambre tapissée de photos de Drew Mitchell à poil. Dommage que le facétieux ailier australien ne fasse pas preuve d’autant d’entrain sur le terrain depuis quelques matches.

Toulon joue son quart à la maison. Les Wasps ont décidé de jouer contre le vent, avec le soleil dans la gueule en première mi-temps. Le match sera commenté par Matthieu Lartot et Raphaël Ibanez qui prend la place de Fabien Galthié. Comme quoi, sur le service public comme à la fédé, on peut constater qui est in et qui est out.

 

Première mi-temps

S’il y a un Toulonnais dont l’investissement ne fait jamais de doute, c’est bien Cédric Abellon. Mais un de ces quatre il va nous faire une rupture d’anévrisme en plein Pilou-Pilou, c’est pas possible.

Les premières secondes du match vont donner le ton de la mi-temps : un en-avant anglais sur le coup d’envoi du RCT qui illustre toute la fébrilité des Wasps. Pourtant, en deux mêlées en autant de minutes, c’est les Toulonnais qui vont souffrir, notamment Alexandre Ménini qui va passer un sale match.

A part ce secteur de jeu, le RCT se montrera dominateur. A la 7ème minute, Bastareaud va marquer un essai en puissance, emportant trois défenseurs avec lui, une action non sans rappeler certaines scènes de Mad Max. Et là, on s’est dit que ça sentait bon, alors qu’en fait on avait mangé notre pain blanc.

C2

– Je suis l’Aigle de la Rouuuuuuuuuute !!!

 

Parce que le reste de la mi-temps, tout ce qu’on aura à se mettre sous la dent, ce sont des pénalités. Les Toulonnais ont franchement survolé les débats, mais il manquait toujours ce que les Anglais appellent un “je ne sais quoi“. Après les perfides Anglais ont avorté pas mal d’actions en se mettant à la faute, punies par un Michalak dans un bon jour et par un carton jaune de l’arrière Miller.

Résultat à la mi-temps, 22-6.

Pendant la pause, nous avons eu le rappel désormais récurrent des difficultés rencontrées par les Toulonnais en deuxième mi-temps, et de s’interroger si ce matelas de 16 points serait suffisant parce que bon, contre l’UBB et Toulouse… CONS DE CHATS NOIRS !

Désolé, il fallait que ça sorte.

 

Deuxième mi-temps:

Illustrant le concept même de la prophétie auto-réalisatrice, ce qui devait arriver arriva : les Toulonnais se sont mis à gérer et les Wasps à attaquer. Déjà, l’entrée de Goode a fait énormément de bien aux Anglais, qui jusque-là avaient été atones.

Résultat, à la 53ème minute, suite à un ballon porté les Wasps écartent le jeu rapidement, étirant la défense Toulonnaise et Will Helu peut aller inscrire le premier essai anglais. La défense des Rouge et Noir n’aura pas glissé suffisamment vite. Josua Tuisova, qui a encore du mal avec certaines subtilités de la langue française, a pris l’expression un peu trop au pied de la lettre.

C3

Et whizzzzzz le Fidjien…

 

A la 69ème, une pénalité de Michalak décidément impérial redonnera un peu d’avance à Toulon, mais 5 minutes plus tard, Will Helu s’offre un doublé. Au terme d’une longue action Helu reçoit le ballon, Tuisova tente vaguement de le plaquer et Delon Armitage un peu en retard ne peut rien faire. Cet essai non transformé replace les Wasps à 7 points à cinq minutes de la fin (OH MON DIEU!), et va occulter une action qui fera jaser outre-Manche : du coup, une faute commise par Ali Williams passe à la trappe. Coupable d’avoir retenu un adversaire par le maillot lors de l’action, il encourrait un carton jaune.

Et ceci a son importance puis que 3 minutes plus tard, c’est ce même Ali Williams qui va étouffer les espoirs anglais en marquant un essai qui qualifie définitivement les Toulonnais en demi-finale. Suspense, victoire, rédemption, tous les ingrédients étaient là pour une dramaturgie réussie.

 

Les joueurs

La première ligne : Captain Hayman a fait le taf’, solide en mêlée. On ne peut hélas pas en dire autant d’Alexandre Ménini, assez désemparé après sa prestation, qui avouons-le, a été assez désemparante. Manque de bol, sur la première mêlée après son remplacement par Chiocci, le RCT gagne une pénalité… Rien de drôle à raconter sur Guilhem Guirado, qui été excellent dans tous les domaines.

La deuxième ligne : le retour  de Bakkies Botha aura été éclipsé par la performance d’Ali Williams, qui avait beaucoup à se faire pardonner. Il semblerait que les quarts de finales soient l’occasion de se relancer pour les deuxième ligne en bout de course : on se souvient du match de Danie Roussow face au Leinster l’an dernier. Espérons que ça durera plus longtemps pour Williams. Un essai, 13 plaquages réussis sur 15. En touche il a dominé les débats, captant 5 ballons et en chipant un à l’adversaire. Assurément l’homme du match bis. De quoi être happy.

La troisième ligne : du solide. “Ce poison” de Steffon Armitage (c) a été à la hauteur de sa réputation de plaqueur-gratteur.  Masoe a rendu une copie propre. On regrettera que Gorgodze ait vendangé une occasion d’essai en tentant de s’emparer d’un ballon destiné à Bastareaud. Il a des choses à se prouver, notre Géorgien, on sent qu’il n’avait pas l’habitude d’une concurrence aussi féroce au MHR.

La charnière : Tillous-Borde a fait le job, mais n’a pas particulièrement brillé. Ce Harvey Dent de Fred Michalak était dans un bon jour, avec un 100% au pied alors qu’il y a à peine une semaine, il était plus proche des 50%, à croire qu’il a apprivoisé le ballon entre-temps.  

C4

“Ouuuuh, mais ch’était qui le ballon à chon pépère ? Ch’était qui ?”

 

Les lignes arrières : Elles ont été mobiles, mais n’ont pas su trouver la solution. Basta a joué sa partition et a failli s’offrir un doublé. Mermoz a été un peu moins incisif que d’habitude mais il a eu le mérite d’être présent en défense, ce qui n’a pas toujours été le cas des ailiers. Trois plaquages manqués pour Mitchell, deux pour Tuisova, dont un qui coûte le 2ème essai anglais (plus le fumble sur le premier essai).  Pour l’instant, on est plus du côté de Teddy Thomas que de Bryan Habana.   

Le bilan : bien mais pas top

Oui, ne nous voilons pas la face, ce n’est pas le match du siècle. Oui, le RCT a souffert de la comparaison avec la branlée infligée aux Saints par Clermont. Oui, il y a eu un flottement pendant la seconde mi-temps. OK, Toulon a perdu deux matches qui auraient dû être gagnés.

Maintenant, faudrait voir à pas déconner non plus. Quand on lit dans le journal sportif de référence que le RCT se qualifie “ric-rac” avec 14 points d’avance, avec des retours de blessure et des cadres encore à l’infirmerie, y a quand même de quoi se la prendre et se la mordre. A aucun moment les Wasps n’ont été à moins d’un essai transformé des Toulonnais. On nous répète depuis le début de saison que cette équipe peine à se trouver depuis le départ de Wilkinson. N’empêche, le RCT est premier du Top14 et en demi de Coupe d’Europe sans Wilkinson, malgré les absences prolongées de Giteau et Halfpenny et un manque de régularité de ses buteurs… Alors certes, le RCT n’en plante pas 40, mais faut arrêter les commentaires alarmistes. Ils sont nombreux, les clubs qui aimeraient être autant dans la mouise que ça !