Pour l’Honneur, le premier film d’horreur en Ovalie
par La Boucherie

  • 06 December 2023
  • 2

 

13 ans après Le fils à Jo (et oui, le temps passe vite…) Philippe Guillard revient à ses premières amours, et plus précisément au rugby. Son nouveau film, Pour l’honneur, a pour toile de fond la rivalité entre deux villages fictifs du Sud-Ouest de la France, Tourtour-les-Bains et Trocpont-sur-Vézère.

On pouvait craindre la redite et le manque d’inspiration… et c’est là où « La Guille » nous surprend, en s’aventurant contre toute attente dans le domaine du pur film d’épouvante. Car oui, c’est bien une vision terrifiante de ce que devient notre belle France, celle de nos terroirs et de nos traditions, que nous offre l’ancien trublion du Racing Club de France. Anxiogène à souhait, ce long métrage l’est d’autant plus que sous ses allures de comédie noire, il nous parait tristement plausible…

 

 

Autre élément d’angoisse, ce clin d’oeil aux heures les plus sombres d’un XV de France alors mené par Guilhem Guirado.

 

Dès les premières minutes du film, le ton est donné, avec une introduction en voix-off du communiste Daniel Herrero, bien connu pour ses pensums droits-de-l’hommistes, et qui ne devrait pas tarder à troquer son célèbre bandeau rouge contre une djellaba. Premier frisson, donc. Mais que les estomacs fragiles se rassurent, ici, pas de déchaînements de violence, pas d’effets gores, on est sur le terrain de la pure horreur psychologique, digne des meilleures réalisations récentes du genre – on pense ainsi au Midsommar d’Ari Aster.

 

 

Pour la qualité des transitions, on est plus chez Benson Stanley Kubrick.

 

Sur la place du village de Tourtour, la Mairesse annonce à la population que sept demandeurs d’asile vont faire leur arrivée au village. La nouvelle est évidemment accueillie avec réticence par quelques habitants encore lucides, ce qui nous permet de retenir notre souffle et de retarder le basculement dans l’effroi. Mais on découvre rapidement que ces braves Gaulois plein de bon sens sont en minorité, car après avoir déferlé dans les universités et les centres-villes, l’idéologie woke s’est infiltrée jusque dans la France des bourgs et des clochers. Anabella, tenancière du bistro du coin, prend la défense des migrants et propose même de leur offrir du travail (déclaré ? pas certain…). Olivia Bonamy, qui s’était déjà essayé au film de genre dans le malheureux Bloody Mallory, joue ici une partition glaçante, dans le rôle de la MILF bobo bien pensante… avec elle, on se croirait sur le plateau de Quotidien !

 

 

Dans ce cauchemar, même les prêtres s’appellent Omar…

 

Mais ce n’est pas tout, car son mari, Marco, semble sur la même longueur d’ondes. Formidable dans ce rôle à contre-emploi (quelle idée de caster un ancien flic dans le rôle d’un personnage antiraciste ! A quand Christian Clavier en député LFI ?), Olivier Marchal nous fait l’entraîneur de rugby bourru mais au cœur tendre. Son équipe, en perdition sportivement, a besoin d’un second souffle. Et il ne va pas tarder à voir en ses fameux migrants une « chance pour la France ». Ou du moins pour Tourtour. Ainsi, le Congolais De Gaulle (oui, il s’appelle De Gaulle… provocation ultime !) va apporter sa grande taille au poste de seconde ligne.

 

 

De Gaulle après avoir observé ses coéquipiers blancs sous les douches.

 

L’Afghan Jawad, qui prétend être un ancien lutteur (rappelons qu’en arabe, lutte peut se traduire par jihad…) va, lui, renforcer le pack. Avec sa tronche à mi-chemin entre le pilier géorgien et le combattant de MMA tchétchène, il faut reconnaître que l’acteur Sâm Mirhosseini incarne un monstre mémorable, digne de Frankenstein, de la créature du Marais ou d’Omar Sy dans le rôle d’Arsène Lupin.

 

 

Ils viennent pour prendre nos ballons, et bientôt Gilbert s’appellera Jibril…

 

Il y a aussi quelques femmes dans le lot, mais celles-ci sont condamnées à des petits rôles, à la limite de figuration. Comme un symbole d’une société déjà islamisée. Nawal, médecin syrienne (où le concept de « désert médical » prend tout son sens…) s’improvise diététicienne et met les avants du club au régime. Bien sûr, elles les prive d’alcool. Chez Shabana, la femme de Jawad, les ambitions sont tout aussi grandes. Elle veut… passer son permis ! Monsieur n’a pas l’air très emballé par l’idée. Ben oui, faut pas charri(a)er…

 

 

Quand on annonce l’ouverture d’une boucherie halal à Tourtour…

 

Mais le pire reste à venir sur les terrains : le jeune ivoirien Salifou, fan de football, ce sport de racailles, va Grand Remplacer le demi d’ouverture Matteo… qui n’est autre que le fils de Marco, le coach de l’équipe. Cette trahison familiale est au cœur du film, car qui dit Philippe Guillard Cinematic Universe, dit forcément relation père-fils compliquée.

Doté d’un pied magique et inspiré par des vidéos de Jonny Wilkinson (un Anglais, car rien de bon ne peut venir de chez nous…) Salifou enchaîne les drops et les pénalités lointaines, permettant à son équipe de réaliser une magnifique saison. Pas de doute, on est bien dans le domaine du fantastique…

 

 

Et certains pensent que l’incendie de Notre-Dame de Paris est d’origine accidentelle…

 

On pourrait s’attendre à une révolte de la part des petits gars de Tourtour, mis sur le banc de touche et victimes de ce qui est tout simplement du racisme anti-blanc. Mais c’est là que le film se montre particulièrement malin… et malsain. Car il décide plutôt de nous offrir, comme pour mieux s’en moquer, la vision d’un vivre-ensemble fantasmé, dans un dégueulis de bons sentiments digne d’un tweet d’Aymeric Carron sortant de la projection du dernier film de Ladj Ly. Ainsi, De Gaulle, peu vaillant au premier abord, va s’improviser leader charismatique et se lancer dans un discours d’avant-match enflammé, mâtiné de de sagesse africaine et de proverbes à base de noix de coco et de bananes.

 

 

Symbolique encore : le vrai discours d’avant-match signé par Marco, n’est finalement qu’un songe. Le vieil entraîneur s’auto-censure, bien conscient que dans la France d’aujourd’hui, on ne peut plus rien dire.

 

Jawad, lui, va se réconcilier avec un rival de première ligne, qui refusait de jouer à ses côtés et avait même proposé ses services au club rival. En bon dhimmi, il finira par se soumettre…

 

 

La puissance symbolique de cette image…

 

Enfin, Matéo, le fils honni, obtiendra une sorte rédemption à la fin du film, lors du derby contre Troncpont, la méchante ville des méchants notables forcément racistes, car coupables de trop aimer leur pays. Envahisseur au grand cœur, Salifou laisse Matéo taper la pénalité cruciale en fin de match, celle qui lui permettra de regagner l’amour de son père. Ici, ce sont donc les Français qui bénéficient de la charité… on croit rêver !

Car dans ce film, c’est bien simple, le Français de souche est toujours un con, à l’image du personnage de Dédé, incarné par Matthieu Madenian, sorte d’idiot du village moustachu, personnage dans la droite lignée  du  « Pompom » immortalisé par Vincent Moscato dans Le Fils à Jo. Mais si le film excelle dans l’angoisse, il est malheureusement moins inspiré quand il s’essaye à l’humour. Loin des salons germano-pratins et des studios de Radio France où il a ses habitudes, le comique catalan se montre bien moins convaincant que l’ex-rugbyman gouailleur. Après, ça aurait pu être pire, on a au moins évité Guillaume Meurice…

 

 

Je vous passe également le personnage de Tom Villa, jeune loup qui dirige l’entreprise de salaison locale, qu’on nous présente comme le méchant de l’histoire. Évidemment, dès qu’il y a du porc, c’est mauvais…

 

On notera tout de même une bonne surprise du côté des comiques engagés au casting : le petit rôle de Nans Ducuing, hilarant en arbitre efféminé ! Ouf, on a encore le droit de tourner les minorités en dérision, loin de la propagande LGBT de Netflix et Hollywood…

 

 

On kiffe !

 

Après une heure et demi de frissons et un happy end qui sonne comme une fin de civilisation, la cerise amère sur un gâteau dégoulinant de mièvrerie : une chanson de Francis Cabrel. Ou bien serait-ce Farid Cabrel ? Le poète de nos campagnes, désormais totalement mélenchonisé, nous offre une balade aussi terrifiante que le thème de L’Exorciste, avec des paroles qui glacent le sang. Constatez par vous-même :

 « Ouvrez haut, ouvrez vos bras, ouvrez vos barrières

Ouvrez vos cœurs, ouvrez vos yeux, ouvrez

Nous sommes en chemin

Ouvrez haut, rien n’empêche la misère

De traverser la terre, on arrive demain »

Hélas, demain, c’est déjà aujourd’hui. Et ne vous y trompez pas, derrière ses aspects de conte gentillet et de téléfilm France 3 Régions, c’est bien ce que ce film essaye de nous dire. Un film important, prophétique et d’utilité publique, en grande partie financé par Canal + et C8. Merci Monsieur Vincent Bolloré, encore une fois, de jouer les lanceurs d’alertes. Nous sommes tous prévenus : ils arrivent.

 

 

Le vrai message du film, vous ne réussirez pas à l’effacer.

 

Eugénie Bastié-Cialluro.