Rory Kockott, une performance qui dérange
par Mathieu Lourdot

  • 28 July 2015
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Par Mathieu Lourdot,

 

” C’est un choc pour nous, nous avions confiance en Rory. Nous sommes terriblement décus”. C’est ainsi que Yannick Bru clôturait la conférence de presse donnée à Grenoble à la suite du stage de l’équipe de France.

“Je pensais tout simplement qu’il était en grosse forme après s’être économisé toute la saison avec le CO, il s’est bien foutu de nous” insistait le vétéran Pascal Papé.

 

Tout a commencé ce samedi au petit matin. Le XV de France s’était rendu au pied de la célèbre montée de l’Alpe d’Huez afin de réaliser un travail foncier en vue de la Coupe du Monde en Angleterre.

Les bleus s’étaient élancés de la vallée durant quelques kilomètres afin de s’échauffer avant l’ascension et Mathieu Bastareaud notait: “Il avait été vraiment costaud dans la montée de l’Izeran mais là, il semblait vraiment trop fort. Ce n’était pas normal”. En effet dès les premières rampes, le Springcoq plantait un démarrage qui laissait tous ses compagnons sur place, comme l’avait fait un certain Lance Armstrong en 2001.

 

” J’ai essayé de prendre sa roue mais il allait vraiment trop vite” se lamentait Morgan Parra. “On s’est vite organisés avec Morgan (Parra), Brice (Dulin) et Wesley (Fofana) afin de chasser. On pensait qu’il allait s’écrouler… mais… il a creusé l’écart très rapidement… C’était foutu” constatait Yoann Huget. En effet, après son accélération assassine, un groupe de chasse se formait. La collaboration était bonne mais Kockott, comme un Marco Pantani des grands jours enfonçait le clou et se permettait même un wheeling sur les 5 derniers kilomètres de l’Alpe. Les écarts étaient édifiants : le groupe Huget finissait à 15 minutes, le grupetto, mené par François Trinh-Duc à près d’une heure et Mathieu Bastareaud finissait à plus de 2h.

 

Dès l’arrivée, Antoine Vayer, spécialiste de l’analyse de performance jugeait cet exploit suspect :

“Il a réalisé un temps d’ascension d’environ 40 minutes. C’est seulement 3 minute 20 de plus que le record de Marco Pantani en 1995, en pleines années EPO. Il a développé environ 425 watts sur cette ascension ce qui le place dans un niveau de performance surhumain, proche de celui de Lance Armstrong par exemple. D’autant qu’il n’utilisait qu’un VTT de milieu de gamme et non un vélo de qualité équivalente aux coureurs du tour”.

Le principal intéressé se défendait de toute accusation de dopage : “Je me sentais tout simplement bien, j’avais de bonnes jambes. Je suis certain que c’est un coup monté de la part de Morgan Parra qui veut simplement être titulaire lors de la Coupe du Monde alors qu’il a une condition physique digne d’un grand père”.

 

La police a perquisitionné la chambre d’hôtel de Rory Kockott et a relevé la présence de divers produits dopants comme un pack d’Heineken, une boîte de doliprane et un paquet de Mentos. 

“J’en étais sûr” nous confiait Morgan Parra

” Kockott n’est que le premier, ils sont tous dopés” s’indignait l’expert Frédéric Bénézech.

 

Mathieu Lourdot, journaliste de l’extrème.