Saison 2014/2015 : La fiche du Stade Toulousain (2/2)
par Ovale Masque

  • 06 August 2014
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Par Ovale Masqué, Damien Try et le Stagiaire

Lien vers la partie 1 (on sait que vous êtes trop cons pour chercher).

 

La Star :

Comme vous pouvez vous en douter, il parait bien compliqué de sortir du lot un joueur en particulier. On pourrait ici choisir de déblatérer sur la régularité de Thierry Dusautoir, de vanter les multiples talents de Luke McAlister, de s’extasier devant la surpuissance de Louis Picamoles ou le rayonnant charisme de Romain Milo-Chluski. Mais cela serait sans doute faire offense aux nombreuses qualités de leurs coéquipiers qui, après tout, méritent tout autant de profiter des crépitements des flashs, des entrées en boîtes gratuites et des groupies offertes en bonus à chaque sortie d’un nouveau calendrier des Dieux du stade. D’ailleurs, comme ils aiment à le rappeler eux-même à grands coups de modestie et d’éléments de langage : « Le rugby est un sport collectif, il faut d’abord donner la balle à Luke McAlister avant qu’il puisse nous faire gagner le match ».

Véritable star des années 2009-2012, le très regretté « De Pénalité » a malheureusement quitté la Ville Rose, privant ainsi le Stade de l’homme qui marquait plus de 70% de ses essais. Malgré le départ de Yoann Montès, il est peu probable qu’on puisse de nouveau apercevoir De Pénalité lors de la saison 2014-2015. Ce qui embête bien Jean-Baptiste Elissalde, qui va devoir se faire à l’idée qu’il faudra peut-être se mettre à jouer au rugby pour gagner quelque chose cette fois-ci.

Le Boucher : Florian Fritz

Florian Fritz, c’est un peu le prototype même du personnage ténébreux, mystérieux et mauvais-cul qu’on retrouve dans les fictions américaines : il parle peu, ne sourit jamais, ne manifeste jamais aucune émotion. Vous ignorez tout de son passé, sur lequel vous fantasmez allégrement (peut-être a-t-il été élevé par une meute de loups à Bourgoin ?) et vous vous demandez s’il n’est quand même pas un peu psychopathe sur les bords.

Mais si jamais vous vous retrouvez propulsé dans un futur post-apocalyptique envahi par des ptérodactyles-zombies et des hommes-salamandres unijambistes, c’est assurémment avec lui que vous voudriez faire un bout de chemin. Car Florian est un guerrier, un vrai. Un type qui malgré son apparent QI de table de chevet, porte en lui une sorte d’esprit chevaleresque qu’on croyait perdu à tout jamais, même dans le rugby. Un type qui se jetterait sous un train – ou sur le genou de François Van de Merwe – pour se sacrifier pour le groupe. Un type qui un jour, crèvera sans doute sur le terrain pour empêcher Bayonne de prendre un bonus défensif au stade Ernest-Wallon. En bref, Florian Fritz c’est un croisement entre Chuck Norris, Jack Bauer, Snake Plissken et un Saint-Bernard, soit la plus belle chose qui soit arrivée au rugby depuis Christophe Porcu. 

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Bon par contre Florian Fritz est comme tout le monde, dans une voiturette de golf il perd l’intégralité de son charisme. 

 

La recrue phare : Imanol Harinordoquy

Oui, vous ne rêvez pas, la recrue phare du Stade Toulousain est un ancien international biarrot âgé de 34 ans et qui n’a pas fait une saison complète depuis 3 ans. Mais quel joueur ! Gladianol, l’homme, la légende, celui qui joue une finale de H Cup avec la clavicule cassée et un masque de luchador mexicain, celui qui supporte les blagues et les pets de Fabien Barcella, celui qui cette saison, donnera le meilleur de lui-même pour atteindre le niveau de son idole absolue : l’ancien Imanol Harinordoquy.

Ce recrutement surprenant a bien sûr fait grincer des dents chez tous les amateurs de rugby. Est-ce un choix si débile ? Soyons, pour une fois, quelque peu bienveillants : non, pas totalement. S’il pose son melon de côté et accepte son rôle de simple soldat, et surtout s’il ne passe pas la moitié de la saison à l’infirmerie, Imanol pourra probablement apporter sa compétence dans le domaine de la touche, secteur qui ne s’est jamais vraiment remis du départ de Jean Bouilhou, bradé à la Section Paloise contre un paquet de Pringles et 10 euros. Bien sûr, Imanol n’avance plus à l’impact depuis longtemps, mais avec Picamoles, Tekori, Galan, David et toute la clique des bourrins du Stade, il n’est pas là pour ça.

Imanol présentera également l’avantage d’être disponible pendant les doublons (à moins qu’un PSA suicidaire ne pète un plomb et ne décide de le re-sélectionner) et pourra apporter un profil de manieur de ballon à une troisième ligne constituée de manchots, à l’exception de Yannick Nyanga. Dans le pire des cas, le Basque bondissant finira sa carrière comme doublure de Grégory Lamboley, ce qui sera très humiliant pour lui mais assez drôle pour tout le reste de la France.

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Imanol a accepté de se faire raser le crâne alors que même David Skrela avait eu un passe-droit en son temps. Paye ta déchéance. 

Le départ qui fait mal : Lionel Beauxis

Lionel Beauxis, c’est ce héros moderne qui est capable de te faire gagner un match par -40 degrés en enquillant 6 pénalités de 60 mètres, mais qui peut tout aussi bien sauver Oyonnax en ratant un coup de pied juste en face des perches à la 80ème minute. On sait désormais qu’il ne sera jamais « le nouveau Jonny Wilkinson », ni même le nouveau Gérald Merceron d’ailleurs, et Toby Flood réussira probablement à vite le faire oublier. Mais à nous, il nous manquera.

Car un N°10 avec une bedaine de pilier de Fédérale 3, qui se trimballe toujours nonchalamment sur le terrain, comme si on venait de le réveiller en plein milieu de sa sieste, qui plaque comme un tourniquet de métro, cela possède un côté délicieusement anachronique et un charme indéniable. Lionel Beauxis, c’est un ouvreur des 60’s qui se serait perdu dans les années 2000 lors d’un mauvais épisode de Code Quantum. Une sorte d’Andy Goode version cassoulet. Et le pire dans tout ça ? On vous parie qu’il rendra de fiers services à l’UBB et qu’on finira par le regretter un peu. Un peu comme Jean-Baptiste Poux, un autre joueur qui a la particularité de posséder le charisme d’une chaise longue oubliée sur la plage de Saint-Malo en plein mois de décembre.

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Lionel Beauxis, honoré d’avoir reçu le trophée de joueur de l’année de l’US Oyonnax. 

 

Le joueur à suivre : Gillian Galan

Gillian Galan, c’est le petit gros de la cour de recré qui a fini par en avoir marre qu’on fasse des blagues sur son slip et son sourire du plombier. Et quand en plus, il a appris qu’il allait être concurrencé par un pré-retraité biarrot, ça a été le déclic : le sosie officiel de Kubiac a décidé d’abandonner les chips et de se mettre sérieusement à la MUSCUUUU au CARDIOOOO.

Résultat, -10 kilos sur la balance cet été. Auteur de quelques très bonnes performances l’année passée (son match contre les Saracens à Wembley, notamment) avant de disparaître un peu en fin de saison. N’oublions pas que Galan n’a que 23 ans et peut encore exploser autre chose que son short. Car à la différence de PICAchu et d’Edwin Maka, celui qui porte le même prénom que l’éternelle interprète de Scully dans X-Files possède une bonne paire de mains. Puissant, mais également habile derrière les mêlées et sous les ballons hauts, Galan est sans doute le troisième ligne centre le plus complet de l’effectif. Avec une condition physique qui se rapproche désormais plus de celle d’un être humain que d’une otarie, et un temps de jeu augmenté en l’absence de Pica – limité à 30 matchs cette saison – Gillian pourrait être la bonne surprise de la saison. 

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Mais avec qui Maxime Médard va-t-il pouvoir aller au Burger’N Co désormais ? 

L’objectif : Faire moins pire que la saison dernière

Le Stade fait la gueule. Les finances ne sont pas au beau fixe, le recrutement n’a impressionné personne et les affluences au stade sont en chute libre. Sur le papier, l’équipe a de quoi lutter pour faire partie du dernier carré, mais semble désormais en-dessous des armadas de Toulon, Clermont, du Racing ou même de Montpellier. Choper un titre relèverait du miracle, et René-Boubou sait qu’il va devoir serrer les fesses jusqu’à l’été prochain, où de nombreuses stars de l’hémisphère sud seront sur le marché pour venir toucher le pactole après la Coupe du monde 2015.

On peut donc s’attendre à une saison dite « de transition » dont l’objectif principal sera de regagner le cœur du public. Car oui, la reconquête passera avant tout par le retour du jeu à la toulousaine : tout le monde le sait, tout le monde le dit (même le Midol et la Dépêche, c’est dire), venir à Ernest Wallon c’est l’assurance de se faire chier et en plus ça coûte une blinde. Guy Novès a compris le message et a promis un jeu « plus ambitieux » pour cette saison. Reste désormais à voir s’il a le staff et les joueurs pour mettre en place ce noble projet.

Notre pronostic :

A quelques mois de la Coupe du Monde, le Stade devrait bénéficier de l’effet « Merde, il faut que je sois bon si je veux passer sur TF1 en septembre » et donc tirer profit d’internationaux un peu plus investis qu’à l’habitude. Des types comme Doussain, David, Fickou, Dusautoir, Picamoles, Clerc ou Médard vont devoir se bouger le cul s’ils veulent faire oublier leur dernière saison poussive – et encore, on est gentils là – et accrocher une place en équipe de France. Ainsi, ils gagneront l’honneur de se faire humilier devant toute la nation en Angleterre.

Mais si c’est bien beau de déclarer qu’on veut lancer du jeu, un problème majeur risque de persister : la conquête. Pour faire mieux que l’année dernière, Tialata devra prouver qu’il peut être une meilleure doublure pour Johnston que l’inénarrable Yoann Montès, Kakovin devra essayer de jouer une saison sans manquer 20 matchs sur blessure et Tolofua devra envisager une greffe des mains pour ne pas se faire bouffer son temps de jeu par Corey Fynn et Chiliboy Ralepelle (qui sera probablement suspendu pour dopage et destitué de ses titres en 2024, dans la plus belle tradition du cyclisme).
Bref, c’est pas gagné. Et sans une base solide, les nobles ambitions du Stade en terme de jeu pourraient vite tourner court.

Nous voyons donc une saison « bien mais pas top » pour le Stade : un ¼ de finale de H Cup à l’extérieur, une petite demi-finale de Top 14 comme à la belle époque : rien de foufou mais suffisant pour montrer que les Rouge et Noir sont encore là, en attendant mieux. La prochaine intersaison et le recrutement post-Coupe du Monde (et pourquoi pas l’intégration de quelques jeunes, soyons fous) sera sûrement un grand tournant pour le club. On saura alors si les Rouge et Noir sont prêts à suivre la bande des super-riches du Top 14 pour revenir au premier plan, ou bien s’il s’apprêtent à sombrer dans l’anonymat pour quelques années, comme une vulgaire équipe castraise.

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On s’est mis à 6 pour trouver une légende à cette photo. Puis finalement on s’est dit qu’elle se suffisait à elle-même. 

 

Le scénario idéal :

« Atteindre le sommet n’est pas tout. L’important, c’est d’y rester. » (Michel Drucker)

Le Stade Toulousain connait sa plus longue période de disette de l’ère moderne (2 ans sans titre, ce qui entraînera une chute de fréquentation record à Ernest Wallon : -80%) avant de contre-attaquer spectaculairement, pour recoller aux wagons emmenés par les locomotives clermontoises et toulonnaises. Elu maire de Toulouse après la destitution de Jean-Luc Moudenc, condamné à 45 de prison pour avoir été reconnu coupable d’être un inconnu total, même aux yeux des habitants de la Ville Rose, René Bouscatel décide de revendre le Capitole au Qatar pour une somme astronomique. La mairie de Toulouse (désormais délocalisée à Blagnac) investit toute la somme récoltée en subventions pour le Stade Toulousain. Ce qui permet à Guy Novès de racheter la moitié de l’équipe d’Afrique du Sud + Luke Burgess, pour rigoler.

Dès la saison 2014-2015, le Stade Toulousain redevient une machine à gagner et marche sur l’Europe. En juin, les Rouge et Noir réalisent le doublé Top 14 / H Cup en battant Clermont lors des deux finales (6-3, 6-3 en deux sets gagnants). Guy Novès, extrêmement contrarié de s’être fait mentir lui-même, décide de mettre fin à ses jours en s’étouffant avec le protège dents de Thierry Dusautoir. Cédric Heymans le remplace au poste de manager général et décide d’imposer son style, en faisant pratiquer à ses joueurs un rugby total. Il ira même jusqu’à infliger des amendes aux trouillards qui n’osent pas jouer des touches rapides dans leurs 22 mètres. Plus jamais on ne verra un entraîneur lever trois doigts au ciel sur le banc du Stade Toulousain. Plus jamais on ne verra le Stade Toulousain gagner un titre. Mais au moins, le club récupérera la côte de popularité et le romantisme qui lui avaient été dérobés par ces gros connards de Bordelais.

 

Le scénario catastrophe :

Après une saison 2013-2014 ratée, le Stade Toulousain confirme lentement mais sûrement son déclin. Le RCT devient le premier club au monde à réaliser le doublé H Cup / Top 14 quatre fois de suite. Les Toulonnais remporteront également le Super Rugby, la Currie Cup, le Vendée Globe et le championnat de France de hockey sur gazon. Suite à la déclaration d’indépendance du Var en 2018, le club obtient même le droit de participer à la Coupe du monde de rugby 2019. Bakkies, alors âgé de 40 ans, soulève le trophée William Webb Ellis, après avoir battu l’Ecosse en finale à Tokyo. Dans la foulée, Louis Picamoles annonce son transfert sur la Rade, déclarant vouloir « prendre une nouvelle dimension et gagner des titres ». Guy Novès décide de mettre fin à ses jours en se pendant avec l’attelle de Yann David, victime de l’explosion d’un de ses biceps après une séance de développés-couchés de trop.

Dans sa lettre de suicide, Novès émet le souhait de confier sa succession à son gendre, Vincent Clerc. Celui-ci forme donc désormais un trio d’entraîneurs/joueurs avec Jean-Baptiste Elissalde et William Servat. Malgré toutes leurs compétences, ils ne parviennent pas à entraver la chute du club, bientôt relégué en Fédérale 3 – dont Clerc deviendra le meilleur marqueur d’essais de tous les temps. A l’orée de la saison 2024-2025, le Stade Toulousain réussit malgré tout à remonter en Top 20, à la suite de sa fusion avec le Castres Olympique. Ce nouveau club se nomme désormais le Stade Castrais, il évolue au stade Pierre Antoine et ses maillots sont bleu et blanc, frappé du logo de la firme Pierre Fabre. Les chaussettes seront néanmoins rouge et noir.