Saison 2014/2015, la fiche de l’ASM Clermont Auvergne
par Pastigo

  • 14 August 2014
  • 8

 

Par Pastigo,

 

Association Sportive Montferrandaise Clermont Auvergne

(également appelée “Montferrand” par Guy Novès et tous les types de plus de 80 ans)

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Devise :

Moch’ que un Cloub.

 

Toi l’Auvergnat qui sans façon… Comme ne l’indique pas la célèbre chanson de Francis Cabrel, l’Auvergne est une grande terre de rugby. C’est aussi une terre de volcans, de culture céréalière et de champignons, ce qui n’a pour seul intérêt que de moquer un peu plus le voisin briviste.

L’ovalie est ancrée dans les habitudes de chacun, souvent plus qu’ailleurs. Le manque d’activités annexes n’y étant sans doute pas étranger, mais l’Auvergnat se rit des quolibets et revendique sa ferveur absolue envers son club emblématique. Cela lui permet aussi de présenter son pays sans avoir à s’embourber dans la magie de sa cathédrale, de sa place de Jaude, de sa gare routière ou de sa cathédrale.
La vie sur place est vraiment sympathique pour peu qu’on aime manger, bêcher ou s’asseoir.

Pour autant le cadre enchanteur ne suffit pas à l’épanouissement de leurs ouvriers, ce pourquoi les frères Michelin décident de créer une structure multisports visant à inculquer le goût de l’effort à ces feignasses de syndicalistes. Ainsi la main d’oeuvre apprend à lutter ensemble dans l’adversité, visant l’excellence et le dépassement de soi, et ainsi cibler les 65h de travail hebdomadaire par tête de bétail pour le prix d’un ballon.

« Cette défaite nous a endurcis, cette année c’est la bonne. »
Dédé Michelin, 1920.

 

Ca marche, les gros moustachus exhibent leurs corps d’athlètes à la balle au panier, au saut dans la vase et bien sûr au rugby. Un champ et un ballon pas rond, on ne va pas se gêner.

Le tir à la fourche et le trap-trap-poulet n’ayant jamais percé, c’est rapidement vers le rugby que les regards se tournent, les dirigeants ayant jugé que le football n’aurait aucun avenir. Très rapidement. Trop rapidement, puisqu’il faudra attendre une petite centaine d’années pour en tirer quelque chose.

La culture du jeu et de l’honneur ne sont pas étrangers à ce léger contretemps, tirant ses dogmes de ses figures locales. L’ASM est puissante, l’ASM peut tout gagner, mais l’ASM se plante sans qu’aucun expert des Spécialistes ORTF ne puisse expliquer pourquoi. Symbole de ce haut niveau de performance, la finale du Challenge Yves du Manoir 1957 où un 6 à 6 ne peut départager Montferrand de Dax… qui remporte la compétition au bénéfice de l’âge. A l’instar de Vercingétorix trônant place de Jaude et qui mit une peignée aux plus puissantes légions du monde pour finir à poil devant un type en robe, les exploits de l’ASM n’ont d’égales que ses mille manières de se vautrer.

Cette remarquable constance fera de l’ASM le club le plus romantique d’Europe, nourrissant un amour toujours plus démonstratif auprès de ses femmes qui se mettent à porter la moustache, le nez rouge et des couleurs criardes.

« Le groupe a mûri, cette fois-ci nous sommes prêts. »
Pierre Thiers, 1938.

 

L’ASM est à la fois crainte et connue pour son stade, et surtout son public. Uni par les liens pneumatiques, celui-ci répond présent et pousse toujours son équipe vers une nouvelle occasion de rater un titre.

Le Stade Michelin c’est une masse de béton pour autant de viande qui pousse son paquet d’avants à l’aide de chants de qualité (Fouchtri Fouchtra, Jaunes et Bleus ensemble, …). La plupart des abonnements ont été pris en anciens francs et se lèguent avec les terrains familiaux en Combrailles, et même l’apparition du cinéma à la fin des années 80 n’a en rien perturbé cet entrain.

Ce public qui ne se parle pas le reste de la semaine s’est fédéré autour de ses couleurs et a lui aussi suivi l’évolution du rugby. Les terreux sont devenus les gros terreux, les agricoles, les bourrins des monts puis enfin la Yellow Army que nous connaissons aujourd’hui.

Mais la force du public auvergnat ce n’est pas que sa présence, tout tient dans une stratégie savamment orchestrée par les cerveaux locaux. Munir un spectacteur sur trois d’un gros tambourin permet de transformer l’enceinte en un dancefloor de brise-pied géant, alors que forcer les employés de Michelin à porter la moustache laisse au visiteur l’impression qu’il sera victime d’un gang bang cuir et bouse. De même, la juxtaposition réflechie de couleurs qui piquent impose aux visiteurs de rater les 60 premières minutes du match, l’accoutumance rétinienne ne devenant tolérable qu’au-delà. Au nombre se joint l’infamie, et le public comme les joueurs adverses ne peuvent rivaliser dans l’enceinte sans l’appui d’une science encore inconnue. C’est ainsi que l’ASM se targue de plusieurs paires d’années d’invincibilité à domicile. (Castres ne compte pas, tenons-nous en au rugby).

 

« Béziers ? C’est pas La Voulte sportif, ce Brennus est à nous».
Jean-Pierre Romeu, 1978.

 

Le plus beau public de France pourrait tout à fait se suffire dans cette enceinte tellement il est bon, pour autant les dirigeants ont conservé une équipe de rugby pensant qu’elle pourrait aider à gagner les matches.

Si toutes les grandes gloires (pour autant de défaites en finales de l’ASM) n’ont pas résisté à l’avènement du professionnalisme, Montferrand en a carrément mieux profité. C’est là que l’invention de la roue prend une place de premier choix dans la réussite locale. Le monde entier ayant cessé d’équiper sa voiture avec une monte de bœufs, le marché du pneu se porte aussi bien que le budget du club. Depuis le début des années 2000 l’effectif du club n’a eu de cesse de s’enrichir et de gagner en puissance, pour atteindre la dream team que nous connaissons aujourd’hui.
Avouez-le, si les Harlem Globe Trotters avaient une équipe de rugby et en supposant que Debaty soit capable de faire un bond celle-ci porterait le maillot jaune et bleu.

« Avec un jeune ailier comme Aurélien Rougerie, le Brennus est à Clermont pour les 10 ans à venir. »
Tony Marsh, 2006.

 

Pour autant tout n’a pas été si facile, et les résultats ont tardé à venir. Une série de défaites en finale ont fini d’en faire l’équipe de la lose. Le Stade Français, Toulouse, l’USAP… oui, ça fait rigoler aujourd’hui, mais les Experts Clermont-Ferrand recherchent toujours les charniers de supporters en montagne. Se faire piétiner par une équipe composée de Marty, Mermoz et Porical peut être considéré comme le sommet de « La Grande ASM » telle que la légende la décrit. C’est sans doute conscients qu’ils étaient en train de participer à l’un des plus grands génocides du 21ème siècle que ces mêmes Catalans les ont laissés gagner l’année suivante.

« AH ! »
Mario Ledesma, 2010.

 

Mais tout le monde est désormais unanime, l’ASM a de quoi dominer toutes les compétitions européennes. Munie de 3 équipes titulaires Montferrand épuise ses adversaires quand elle n’arrive pas à les massacrer, prenant plus de points contre le Leinster que Toulouse face à un club italien. (Coucou Guy!)

Des avants plus déterminés que Pierre Menès devant une tourte au gras, 3 paires de centres qui percent plus que Rocco au printemps, une charnière transpirant le sexe et le vice et une flopée d’arrières qui courent plus vite qu’un Jamaïcain pour deux fois son poids. Difficile de trouver un défaut au travail de Saint Vern, dans un groupe qui en plus s’amuse ensemble comme un Kelleher lâché dans une maison de passes. Afin de laisser une chance de perdre contre Toulon à ses adversaires, l’ASM reste cependant bon joueur en s’appliquant elle-même un handicap. Il s’agit simplement de laisser partir tous ses espoirs talentueux dans des clubs pourris afin qu’ils reviennent un jour au Michelin dans l’espoir de venger leurs mères trompées, tout en récupérant de vieilles stars obèses et plus ou moins alcooliques qui signeront à Castres le semestre suivant.

Dans le milieu cependant et loin des micros, les hommes se laissent aller à leur propre analyse sur cette équipe.

« Carrément ».
Julien D, demi de mêlée du Stade Français.

« Un peu oué »
Pierre R, 3e ligne du Stade Français

« Qué ? »
Santiago D, 2e ligne du Racing

 

Accompagnés de Toulon, ils ont dominé le Championnat l’année précédente et enfin fini par impressionner l’Europe.
On voyait mal ce qui pouvait les empêcher cette année de gagner au moins une des compétitions si ce n’est les deux, ce pourquoi ils se sont ramassés comme jamais. C’est ainsi, et quelque part il aurait été dommage d’avoir travaillé aussi dur pour finir par lever bêtement un trophée. En matière de scénario catastrophe cette équipe ne nous a jamais déçus, et chaque fois elle sait passer un nouveau palier d’intensité, rendant la lose toujours plus belle. Gageons qu’encore une fois elle va faire merveille.

Deux déroutes monumentales contre Castres (Contre Castres !) leur offrant le titre de Champion (Castres Champion !) sur lesquelles s’enchaînent les sept plaies d’Egypte enrichies de quelques catastrophes modernes. Les abonnés menacent de ne plus payer, fallacieux prétexte pour acheter des médicaments et du charbon, la télévision grecque apporte son soutien à la révolte, Patrick Bruel fait une reprise.

Admiratif, Jacques Delmas tente de rejoindre le seul club dans lequel son talent pourra enfin exploser aux yeux de tous, déclarant penser que merder de la sorte était plus impossible qu’un triplé toulousain. Bref c’est du cinq étoiles, la préface de prestige du Guide Michelin, du Michel Ange peint à la bombe, une finale de voltige équestre commentée par un duo Pierre Salviac / Thierry Rolland.

 

Le Scénario idéal.

L’ASM produit la même saison dégueulasse, mais aucun des joueurs adverses en sevrage ne veut jouer contre Zac Guildford dont la gerbe collée sur le col rappelle l’odeur de leur papa alcoolique. De ce fait l’ASM se qualifie après 17 abandons, les autres matches étant perdus. Certains raconteront avoir vu Vern Cotter sourire à l’idée de rejoindre la sélection écossaise qui lui offre enfin les rênes d’une équipe avec un vrai palmarès.

Aucun des éléments fondateurs de la légende n’étant réunis pour permettre à l’équipe d’accomplir encore une fois son destin, l’ASM finira 6ème du Championnat. Suite à la relégation administrative du Racing dont la dette dépasse le PIB de la zone euro, de l’abandon de Toulouse qui a oublié d’engager de nouveaux joueurs ces 5 dernières années et de l’élimination du Club de Mourad Boudjellal suite à la prise de pouvoir de Marine Le Pen lors d’élections anticipées, Clermont finit champion en battant le Stade Français dans un match délocalisé en Lorraine.

En H-Cup également, l’Irlande étant mise sous tutelle avec la mise en place d’une aide à domicile pour la toilette et Toulon ayant été éliminée à la suite de « La nuit des longs couteaux », Clermont s’impose face à un club anglais parce que c’est connu « ils sont nuls, on va les piner facile ».

 

Le Scénario catastrophe.

Comment faire honneur à un tel passé, et le sublimer encore ?
Impossible pour les piètres mortels que nous sommes. Laissons les maîtres écrire l’histoire et faire de l’ombre aux Dieux grecs, ne nous mêlons pas de leur desseins divins au risque de voir s’abattre sur nous les foudres de la lose.
Mais on peut faire confiance à leur souci du détail, cette recherche constante de la perfection, et s’assurer qu’encore une fois l’ASM saura nous mettre à la fois sur le cul et en dedans.

 

Bonus : Le jeu du Zac Guildford

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Cet homme a:

  • 24 ans
  • 29 ans
  • 38 ans
  • 3 grammes

 

A lire aussi :

— La Fiche du Stade Toulousain, partie 1 & partie 2

— La Fiche du Racing Métro 92

— La Fiche du Stade Français Paris.