Coupe du monde 2014 : France – Galles, le compte-rendu
par Ovale Masque

  • 05 August 2014
  • 22

 

Par Capitaine A’men’donné et Ovale Masqué.

 

« Je suis contre les femmes, tout contre ».
Sacha Guiry, troisième ligne de l’USAP (à peu près).

 

Ça ne vous a sans doute pas échappé au vu du matraquage publicitaire ayant actuellement lieu sur les réseaux sociaux : la Coupe du Monde de rugby féminin a débuté vendredi soir. Et comme ça ne vous a sans doute pas échappé non plus, vous êtes obligés de la regarder, ou du moins de faire semblant pour bien paraître en société, car sinon :

1) Vous n’aimez pas vraiment le rugby.

2) Vous êtes un gros con de macho phallocrate sexiste qui propage la culture du viol. Bref, vous êtes Vincent Moscato, et ça c’est quand même moche.

Pas le choix, donc. Une site de rugby de référence comme la Boucherie Ovalie (ne rigolez pas, on a encore reçu une demande de stage de Richard Escot la semaine dernière) se doit de couvrir cet événement. Pour ce faire, nous mettrons donc nos a priori sur le niveau de jeu supposé du rugby féminin de côté, en gardant bien en mémoire que de toute façon, ça ne pourra jamais être pire qu’un derby basque.

« Rugby féminin », oui, car « rugby » tout seul c’est forcément le vrai, celui des bonhommes, alors on se doit de préciser féminin pour l’autre. Vous vous attendiez vraiment à ce que les instances du rugby aient lu Simone de Beauvoir ou Benoîte Groult ? Déjà qu’on est pas sûrs qu’ils aient le niveau pour lire Oui-oui à la plage. Et comme toujours avec l’IRB quand il s’agit d’inviter à ses grands raouts rugbystiques ceux qui n’y sont pas naturellement invités, il ne s’agit pas non plus de programmer tout cela de la même manière que ça l’aurait été pour les grandes nations historiques qui y trustent les postes de décisionnaires. Ainsi, en 16 jours d’été, les joueuses vont enchaîner 5 matchs de haut niveau. Un traitement que Provale jugerait inhumain. Mais dans le monde des instances du rugby, les femmes n’étant pas totalement humaines, ça passe. Après tout, ces métèques de Namibiens, Samoans ou autres Russes n’avaient pas étés traités beaucoup mieux lors de la Coupe du Monde (la vraie) 2011. Telle est la vision de l’égalité hommes-femmes dans la tour d’ivoire de l’IRB.

Par conséquent, chaque équipe devra disputer deux matchs par semaine. Une preuve de plus qu’au rugby, on a beaucoup plus de facilité à poser à poil dans les calendriers qu’à les aménager de façon cohérente pour préserver la santé des joueurs/joueuses. Vous me direz, le Top 14 reprend le week-end du 16-17 août et il ne faudrait pas non plus que les gonzesses fassent de l’ombre au « produit © » phare du rugby français.

Le principal intérêt de cette Coupe du Monde, en dehors du fait qu’on espère tous voir des joueuses nous faire une Gillian Galan, c’est que la France a une réelle chance de faire ce qu’elle sait faire de mieux : perdre en finale. En effet, les Néo-Zélandaises semblent intouchables. Elles restent sur 4 titres consécutifs et certaines d’entre elles pourraient probablement intégrer le Top 14 et prendre la place de joueurs français ne sachant toujours pas aligner une passe à 27 ans. Mais derrière elles, la compétition est plutôt ouverte. Lauréate du Grand Chelem en mars dernier, les Françaises peuvent légitimement espérer perdre avec les honneurs à Jean-Bouin le 17 août. Les autres équipes susceptibles de servir de faire-valoir aux Toutes Noires sont l’Angleterre, l’Australie, voire le Canada.

Pour se hisser jusqu’en finale, les Bleues devront déjà se sortir d’une poule où elles feront face au Pays de Galles, à l’Afrique du Sud et à l’Australie, justement. Chez les mecs, ce serait le groupe de la mort. En même temps vu le niveau actuel de l’équipe de Ouin-Ouin, même avec la Géorgie, le Japon et les Tonga, ce serait probablement déjà chaud. Mais chez les filles le parcours s’annonce plus relax car les Galloises et les Sud-Africaines sont en principe bien loin du niveau des Françaises. Et oui, la Nation Arc-en-Ciel est principalement reconnue pour ses Top Model, mais beaucoup moins pour ses joueuses de rugby (attention on ne dit pas que les deux sont incompatibles, n’en déplaise à Pierre Menès).

Pour le premier match de ce Mondial, les Françaises rencontraient donc les Galloises à Marcoussis. Et oui, il y a bien une pelouse pour jouer des matchs à Marcoussis, et pas uniquement une salle de muscu. On en apprend tous les jours. Retour sur la rencontre.

Capture d’écran 2014-08-04 à 15.44.37

Le rugby féminin, des sensations pures.

Dès le début du match, on constate bien qu’afin de promouvoir l’essor du rugby féminin, la FFR a décidé de reproduire ce qui a tellement bien marché en 2007 pour le rugby tout court et le XV de France : outre l’organisation en grande pompe médiatique à domicile, les en-avant sur tous les engagements et renvois aux 22 adverses, les lancers en touche approximatifs, la buteuse en panne et le plan de jeu qui consiste à attendre une erreur adverse pour intercepter et scorer, la stratégie est claire. En cette première mi-temps, cette équipe de France est bien digne de ses alter ego masculins. Seule ombre au tableau, la FFR n’a pu trouver à temps de grande fille aux cheveux longs et à la barbe fournie pour avoir sa tête de pont médiatique. Les recherches du côté de la communauté portugaise n’ont rien donné, et la troisième ligne Lætitia Grand n’a fait aucun effort, ni pour les cheveux longs, ni pour la barbe.

De ce point de vue, la FFR se trouve désemparée. Le plan B est alors activé, et l’ailière qui fait rien d’autre que tenter des interceptions (et parfois les réussit) fera office de figure médiatique. Tant pis pour le pack qui a fini par dominer son adversaire, ou pour Coumba Diallo qui a remarquablement rattrapé les lancers en touche parfois un peu douteux de sa capitaine Gaëlle Mignot (qui a une bonne tête, et en même temps de nature à faire changer quiconque de trottoir après 23h, un peu à la manière d’un Daniel Kotze, mais en largement moins moche).

Les Galloises, de leur côté, se sont inspirées de l’excellence écossaise en matière de jeu à reculons. Agressives et comprenant les règles du jeu dans les rucks, elles ont d’abord su poser problème à des Bleues pourtant largement supérieures physiquement et dans le jeu courant (quand elles ont enfin commencé à avoir des ballons autrement que sur des contre-attaques). Mais limitées techniquement et tactiquement, les galloises n’ont que rarement réussi à avoir des opportunités pour mettre les Françaises en difficulté. Ainsi, patience et longueur de temps ont joué pour les locales, qui ont su ne pas s’affoler et revenir aux basiques avant d’accélérer en fin de match afin d’obtenir un bonus offensif qui pourrait s’avérer précieux.

 

Les femmes du match :

 

Marion Lièvre : Avec un nom et des jambes pareilles, la pauvre était malheureusement condamnée à subir les jeux de mots ingénieux de Mathieu Lartot tout au long de la soirée. Malgré une tentative d’Hugette manquée en début de première période, et une Poitrenade à 5 mètres de la ligne en seconde, Marion a réussi à signer un doublé qui a facilité la tâche des téléspectateurs de France 4, jusque-là bien embêtés pour désigner un « Talent d’Or » au milieu de toutes ces filles qui ne font pas de pub pour Dim.

Marjorie Mayans : Probablement la seule femme au monde à avoir visionné en boucle la vidéo « Thierry Dusautoir best of tackles » sur Youtube. En bref, une troisième ligne contrariée qui découpe de la viande au centre, sorte d’antithèse ultime de Maxime Mermoz. Son fait d’arme du match, un plaquage les deux pieds décollés du sol, à la Superman – ou Supergirl, même si la référence n’est pas flatteuse pour les cinéphiles – sur une galloise faisant 30 kilos de plus qu’elle. Moins spectaculaire que l’attentat de la Samoane Pulumu plus tôt dans l’après-midi, mais plus réglementaire.

 

La touche : Malgré quelques pizzas gracieusement offertes par la capitaine de l’équipe, la touche a été le point fort de l’équipe, permettant de lancer plusieurs ballons portés efficaces. Mention spéciale à Coumba Diallo pour sa moisson en touche, même si le contest gallois était plutôt inexistant. On notera quand même quelques problèmes de liaisons sur les mauls.

Sandrine Agricole : Si elle a raté quelques pénalités à la portée de Jean-Marc Doussain, on peut tout de même la féliciter pour avoir réussi un geste que l’on a plus vu en équipe de France depuis 2009 : une passe au pied décisive. De plus, à chaque fois qu’un commentateur prononce « Agricole », j’ai envie de me faire un shot de rhum, ce qui a considérablement aidé au visionnage d’une deuxième mi-temps quand même un brin poussive.

 

La suite : L’Afrique du Sud

A priori, un adversaire plutôt facile pour les Bleues, qui vont pouvoir emmagasiner de la confiance avant le choc face à l’Australie. Des Australiennes qui n’ont d’ailleurs pas réussi à prendre le bonus face aux Sudafs, malgré leur large victoire (26-3). Cela pourrait compter puisqu’on vous rappelle que seuls les premiers de poule et le meilleur deuxième se qualifieront pour les demi-finales, et que nous n’avons pas d’équipe italienne à jouer, au grand regret de Guy Novès.