L'Affreux analyse la finale du Top 14par l'Affreux Gnafron 05 June 2013 46 Par L'Affreux Gnafron, « Siffle Delon Armitage. Si tu ne sais pas pourquoi, lui, il sait » Proverbe français. Le contexte : Ce Samedi 2 Juin 2013, l’idTGV qui entre à 16h40 en gare de Toulon transporte plus de journalistes sportifs que la caravane du Tour de France. Tous les médias nationaux ont dépêché sur place leurs meilleures plumes pour couvrir la folie qui s’apprête à envahir la ville. Les chaînes d’info continue préparent des duplex ; Marcel Ruffo interviendra en direct pour les journaux de 13h du lendemain et rugbyrama.fr a même envoyé un pigiste sur place. Il est doté d’une caméra GoPro, de deux tickets restaurant et du code wifi d’un McDonald's quelconque. A charge pour lui de s’en sortir dans l’enfer qui approche. On en est à fignoler les maquettes de la presse sportive, préparées depuis la semaine précédente. Les rotatives vrombissent d’excitation. La ville exsude le doublé par tous les pores de sa peau fatiguée. Conseil Général du Var et mairie de Toulon ont déjà imprimé les affiches glorifiant les héros triomphants. Des doublettes d’employés municipaux les placarderont dès la fin du match. Ils seront payés double. Ils sont heureux, le soleil brille, la vie est belle. Toulon se rade, se pâme et se bade. Quelques heures plus tard, une longue complainte de désolation se répand dans la presse ébahie. ‘Remballe tout Raymond, on part pour Castres’. Et de 10 000 poitrines, le même cri déchirant de retentir : ‘Où ça ?’ Tout a été dit sur l’opposition de style entre Castres et Toulon. D’un côté, les obscurs laboureurs besogneux du Sidobre, de l’autre les Frères de la Côte, écumant les campagnes, rançonnant les villes, bande de soudards avinés, mercenaires surarmés qui sèment la désolation sur leur passage, pillant et violant les femmes échevelées à tour de bras. Le Champion du Tarn affrontera donc le Champion d’Europe dans un affrontement par trop déséquilibré. Mais les gentils freluquets sont pourtant parvenus à écarter les Guerriers de Lumière le week-end précédent (il est vrai fragilisés par leur échec européen contre les hordes de Belzébuth). Alors la France du rugby se soude derrière le Castres Olympique. Remercions le RCT pour avoir réussi cet exploit : Bayonnais et Biarrots, Clermontois et Toulousains, Parisiens et Catalans unis dans une même communion, dans un élan partagé : l’Union sacrée des Valeurs du rugby. “Viens nous chercher Mourad, tu peux pas test.” Poussant l’ironie à son paroxysme et pour qu’on puisse les identifier, les joueurs castrais décident d’arborer leur nom sur la poitrine des maillots. L’occasion pour le spectateur ébahi de découvrir que l’effectif tarnais se compose de 23 Pierre Fabre. Côté Toulonnais, on reprend les champions d’Europe en rajoutant Cédric Hayman, de passage dans le coin, à l’aile droite de la première ligne. Le spectacle d’avant-match regorge de clinquant, de paillettes, de glamour car tout le monde sait que la suite sera totalement épargnée par ces sordides artifices. Profitons d’ailleurs de l’occasion pour rappeler la recette d’une finale de Top14 selon un célèbre penseur anglais: 'du sang, de la sueur et des larmes‘. Le Match : Pour ceux qui en douteraient encore, les 5 coups de pied au cours des 27 premières secondes de jeu viennent nous rappeler qu’une finale de Top14 se doit d’être cadenassée. Les lignes de football, vestiges de finale de la Coupe de France de la veille, ne sauraient en aucun cas être incriminées dans le feet-fucking qui s’annonce. Autour de Bastareaud, Masoe et Fernandez-Lobbé, Toulon monopolise le ballon et s’évertue à désorganiser les Castrais. Mais Diarra, Talès et Mach gardent la porte des Enfers. La première mêlée, la première touche, la première pénalité sont varoises. Le premier en-avant de Michalak aussi. Jonny Wilkinson sait déjà que les siens ne franchiront jamais la défense castraise. Alors il joue au pied. Sur une pénalité lointaine, il s’appuie sur le poteau pour passer la balle à Giteau. Vous pensiez vraiment que Jonny ratait ses pénalités en les envoyant sur les pagelles ? Le montant qu’il touche, Jonny le choisit. Dulin, comme une vulgaire vierge marseillaise, fait bonne garde sous les chandelles. Toulon s’appuie sur sa conquête en touche, met les Castrais à la faute. Jonny l’enquille. Le RCT mène 3/0. Entre Gaillac et Rabastens, l’inquiétude point. Sur une mauvaise transmission Michalak/Bruno, les Castrais se procurent leur meilleure occasion. Percée de Baï, on enchaîne petit côté. L’action ne donnera rien mais Matt Giteau décide de récompenser les efforts tarnais en nous gratifiant devant sa ligne d’un en-avant digne de Jean-Pierre Pérez. Oui, vous avez bien lu Jean-Pierre Pérez, le champion de France 2009. Immortelle Usap. Sur la mêlée, Michalak se fait pénaliser pour avoir bousculé Kockott avant qu’il ne sorte la balle. Il ne faut jamais déranger une poule qui s’apprête à pondre un œuf. Question d’humanité. Le Sud-Africain égalise. Le reste de la mi-temps verra se succéder et s’enchaîner mauvais choix et en-avant toulonnais. Touches, pénalités, drop, les Varois décident de rater consciencieusement tout ce qu’ils entreprennent. Il faut rendre hommage à Brice Dulin qui leur rend la pareille en échouant à trouver 3 touches sur pénalités. (Au contraire de Michalak qui nous gratifie d’une superbe touche directe. Le petit prodige est bien dans son match.) Botha tente bien de mettre un terme à l’existence de quelques adversaires mais Capo-Ortega et Diarra musèlent la bête. La défense des bleu et blanc est héroïque à l’image de Talès qui dépèce l’ouvreur anglais dans un placage tarno-tonguien. Kockott se permet de récupérer un ballon dans un ruck. La mi-temps approche. Bernard Laporte file dans les vestiaires pour revêtir l’uniforme du sergent Hartman sans lequel ses discours de motivation perdent de leur superbe. Sur un ballon anodin, Michou, troublé par la vague bleue qui s’avance vers lui, commet un en-avant sublime et pathétique. Kockott en profite pour chambrer ce jeune ouvreur toulonnais trentenaire qui découvre le Stade de France et les phases finales pour la première fois de sa carrière. L’inexpérience de Frédéric le fait tomber dans le piège. Il sort d’un match dans lequel il ne sera jamais rentré. La sirène retentit. La mêlée castraise est chahutée, Antonie Claassen démarre côté introduction, il est seul face à Rossouw, les deux fauves se hument, se toisent, s’affrontent. Pendant d’interminables secondes, le lion sud-africain reste debout et résiste au placage de l’autre lion sud-africain. On se croirait dans le parc Kruger à la saison des amours. Sur le ruck qui suit, tout le stade, toute la France a vu Rémi Talès se placer dans l’axe pour un drop aussi prévisible qu’un édito de Jacques Verdier. Mais Kockott démarre au ras, se fait la valise et s’effondre dans l’en-but. Du côté de Graulhet, on chavire de bonheur. Castres mène 10 à 3. On a retrouvé Daniel Herrero : il va bien. Au retour des citrons, les estomacs toulonnais se révoltent, on voit de jolis zestes. Les rouge et noir sont revenus avec des intentions, ils envoient du jeu. Charge de Bastareaud, Wilkinson passe à Botha, en-avant. Michalak croque Claassen en sortie de mêlée, passe de Wilkinson à Giteau, en-avant. Pour un peu, on se croirait à Guingamp. Les Castrais souffrent mais résistent. Une relance monumentale d’Armitage, bien relayée par Rossouw amène le danger sur la ligne tarnaise. Jo Masoe joue rapidement une pénalité tentable et Bastareaud, encore et toujours lui, échoue à quelques centimètres de l’en-but. Wilkinson concrétise ces 5 minutes de furia toulonnaise par une pénalité. Le RCT grignote son retard. On est inquiet à Lavaur. Castres a laissé passer l’orage. Michalak, transfiguré depuis le retour des vestiaires et auteur de 10 excellentes minutes, cède sa place à Tillous-Borde. Une très bonne mêlée castraise envoie Cabannes perforer plein axe. Claassen le relaie, Kockott inverse et Diarra oublie un 2 contre 1 avec Wihongi à 10 mètres de la ligne. En même temps, mettre un pilier en position d’ailier n’est plus synonyme d’essai automatique depuis la retraite de Petru Balan. Comme un vulgaire Wilkinson, Kockott met la pénalité sur le poteau. Sur l’action suivante, la passe au pied de Cabannes pour Andreu se révèle un poil trop longue. Ou alors ce sont les foulées du petit ailier qui sont trop courtes, question de sémantique. Acculés sur leur ligne, les Toulonnais nous offrent un grand moment de n’importe quoi. Masoe escampe la balle, Talès s’en saisit et plonge en terre promise. Un sauvetage de Tillous-Borde préserve les espoirs toulonnais. Du côté de Grenoble, on fait remarquer qu’en 1993, l’essai aurait été accordé. Le match s’installe dans un faux rythme, Wilkinson récidive en touchant le poteau des 50 mètres puis ramène les siens à 10/9 à un quart d’heure de la fin. Pour les commentateurs, il y a plus de tournants du match que de virages dans l’Alpe d’Huez. Le téléspectateur en est tout barbouillé. A Saint-Paul Cap de Joux, on serre les fesses. Mais non, Monsieur le Président, ce n'est pas vous qu'ils sifflent. C'est l'Anglais. La touche castraise donne des signes de fatigue, l’iMach ne trouve plus ses sauteurs, son logiciel a été piraté par les frères de la Côte. Dans le sillage de Tekori, impressionnant de puissance, les Castrais investissent le camp toulonnais. Le pied de Talès va libérer les siens par deux fois. Le nouveau héros du rugby français claque 2 drops coup sur coup. On exulte à Soual. Toulon est relégué à 7 points et fait le siège de la ligne adverse. Botha, Bastareaud, Tillous-Borde : tous les avants sont mis à contribution. Pourtant, presque miraculeusement, le Castres Olympique parvient à desserrer l’étau varois. Orioli préfère Fernandez lobber et à la 79ème Kockott sur pénalité offre le titre aux siens. Sur l’engagement qui suit, Delon Armitage marque un ultime essai à des Castrais qui profitent déjà de leur titre. Rarement essai encaissé n’aura été à ce point célébré. Décidément, les essais d’Armitage sont incompatibles avec la notion de sobriété. Castres remporte le Bouclier de Brennus. Le doublé Champion de France/Champion du Tarn est possible. Il est 22h45 dans les couloirs du Stade de France. Un homme hagard s'extirpe discrètement du vestiaire toulonnais. Ses lunettes de soleil dissimulent mal des yeux rougis. Dans sa main droite, un tee-shirt sombre enveloppe un objet que l'on devine brillant et lourd. Un taxi l'attend à la sortie du stade. Il l'emprunte, se ravise puis l'achète. 'Ramenez-moi ça à Toulon' indique-t-il au chauffeur en lui tendant la Coupe d'Europe. 'Il faut encore que je prévienne AC/DC que leur concert surprise est annulé'. On entend au loin un air triomphant d'accordéon, sale soirée pour Mourad Boudjellal. Conclusion sibylline : ‘Miss France est une pute’ Mourad B. ‘Absoloument’ Sergio P. Le Bonus : writing essays for money http://www.dailymotion.com/video/x4b2zr_pub-ermitage_news#.Ua6EFpxNG0I zp8497586rq