“Un seul être vous manque et tout est dépeuplé”, pot pourri d’un week-end.
par Gregory Le Mormeck

  • 04 April 2013
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Par Grégory Le Mormeck

Ce week-end, je me suis exilé comme un vulgaire candidat cardiaque de Koh Lanta, dans un coin de France si reculé que même mon GPS ne le connaissait pas. Le concept de la retraite spirituelle pour le week-end Saint n’est pas nouveau chez moi. Je ne suis pas croyant et pourtant la perspective de m’enfermer 3 jours dans un gîte 2 étoiles du guide du camping-car d’argent avec 3 alcooliques me plaît bien. Le problème avec ce genre de week-end, c’est qu’avoir une vie sociale ou sportive devient vite impossible. Mes alcoolytes et moi nous voilà donc perdus dans cette campagne, sans réseau, ni Internet, ni TV, ni glaçons.

Je vous ferai grâce des détails de mon week-end Pascal où j’ai aperçu des lamas en liberté et bu du Campari à outrance (je sais plus où c’est), mais je ne me souviens plus lequel des deux j’ai fait en premier. Non, je vais surtout vous parler du retour à la réalité.

J’ai en tête ces samedis inter-minables où tu regardes tous les matchs de Daube 14 et de Pro D2 sans jamais lever la tête, pour t’apercevoir trop tard que te taper un Mont de Marsan / Agen à 17h, quand dehors il fait un temps magnifique « AU CAS OU » il se passerait un truc grandiose, ça n’est pas bien. Je repense aussi à ces dimanches entiers à regarder du Rencontre à XV de 8h du mat au Aurillac/Massy de 19h pour espérer voir du beau jeu. Tout ce temps perdu à me passionner pour un sport qui m’offre des mêlées écroulées, des essais de pénalité, des ¼ d’heure de pick and go et des matchs sans suspens, bref ça fait beaucoup.

Pour en revenir à mon mouton de week-end, je ne dirais qu’une seule chose, je suis maudit.

Ce qu’il y a de bien avec Internet c’est qu’on peut tout revoir, n’importe quand. Le seul truc c’est qu’il faut avoir 2 choses : du temps et de l’envie. Je n’ai ni l’un ni l’autre, par contre le dénommé Internet a inventé un truc sympa, les réseaux sociaux. Là dessus tu peux revoir juste les moments sympas sans avoir à te taper le superflu et surtout tu as les commentaires des « spécialistes » internautes qui vont avec. Le retour du réseau a donc coïncidé avec la fin de mes illusions. A mesure que les notifications rentraient, ma cuite ne faisait que s’estomper et ne parvenait plus à couvrir ce sentiment de dégoût que j’allais bientôt ressentir.

Donc si il y avait bien une journée à ne pas manquer c’était celle là ! J’aurais dû prévoir ce genre de trucs faut dire.

Le programme était plus que chargé pour le Racing Métro qui recevait le Stade Toulousain. Ça promettait soit une féroce bataille dont j’aurais pu me délecter en me tapant des bières, soit une branlée unilatérale qui m’aurait fait rire aux larmes. A priori c’était le match à ne pas louper ! Une victoire d’un point du ST à la dernière seconde sur une transformation du Lémurien, on n’avait plus vu ça depuis quoi, 2 ans non ? J’aurais tout donné pour voir à nouveau Guytou lever ses 3 doigts au ciel tel Moise écartant la mer.

Le méga LOL de ce match reste surtout la « bagarre » entre Jean Dridéal et Fabrice Estebanez. Si vous n’avez pas encore vu de bagarre de CM1 dans une cour d’école alors regardez cette vidéo, elle est pour vous.

 


Pour la suite, les gens normaux, pas moi donc, ont été servis aussi par un Clermont/ Agen. Je n’ai encore rien lu ou vu de particulier sur ce match, si ce n’est le score final de 66 à 21. J’en déduis que l’ASM a su recevoir ces péquenauds de sudistes avec l’égard auquel ils avaient droit. Je m’imagine une belle mâchée toute en puissance enfonçant un peu plus Mathieu Blin dans une dépression de laquelle il ne se relèvera probablement jamais.

 

Cet homme est en détresse, aidez le.
Cet homme est en détresse, aidez le.

 

La rencontre devant laquelle j’aurais aimé me tordre le foie était aussi Stade Français/Toulon. La raison principale en est que j’adore voir les Parisiens perdre. Là, il y avait une nouveauté en plus : la Ref Cam, d’abord essayée dans le Super Rugby pour y montrer les vitesses d’action et les différents gestes techniques. Je suppose que vous deviez tous avoir hâte de découvrir une mêlée écroulée en gros plan, ou un suicidaire plonger en travers dans un ruck, alors c’était bien ?

Je n’en ai vu que quelques images mais il faut reconnaître que c’est prometteur et qu’avec ça la tenue en mêlée de Steenkamp sera réduite à néant grâce cette preuve flagrante de triche. Le score final est de 11 à 43, je pense que Bernie a construit son équipe dans le but de fracasser le plus possible d’équipes aussi à l’extérieur, ça sent bon le bout de bois pour Moumou.

Végéta a vraiment aimé se bastonner avec les supers guerriers.
Végéta a vraiment aimé se bastonner avec les supers guerriers.

 

Je n’oublie pas non plus le fameux match du vendredi soir que tout le monde regarde soit pour tromper sa solitude soit pour trouver un prétexte pour se foutre des canettes plein la panse avant de sortir maman. En victime désignée par Canal+, Biarritz officiera dans sa piscine d’Aguilera comme depuis les 254 premières journées de championnat le vendredi et en plus contre Grenoble. Ceux qui ont regardé ce match ne doivent pas s’aimer beaucoup alors est-il indispensable de le raconter ? Victoire 33 à 16 pour la bande à Blanco qui est toujours là, en embuscade prête à voler gagner les prochains matches et arracher une qualif’ in extremistre (bisou Damien Try) pour la HCup.

Mont de Marsan/Montpellier, mettre 30 points à l’extérieur chez le dernier des derniers déjà assuré de la descente, quel exploit. Arbitré par le célèbre Mr Péchambert, ce match est à comptabiliser comme une escroquerie de plus pour cet homme intègre et toujours juste. Les hommes de Fabien Galthié tiennent leur feuille de route et vont pouvoir espérer jusqu’à la fin se faire escroquer par le BO et échouer au pied des places qualificatives. Il faut tout de même souligner que l’équipe landaise a joué avec ses armes toute la saison et n’a jamais abdiqué. Loin des paillettes et de la médiatisation, ces joueurs sont moches et ne portent pas de sous vêtements à l’élastique clinquant mais ce club n’a pas à rougir de préférer les sandwichs rillettes aux petits fours.

Le match des mal classés a également tenu toutes ses promesses apparemment. On aurait pu s’attendre à une vaste blague pour UBB/Aviron Bayonnais mais il n’en est rien. A priori les absences répétées de Raphaël Ibanez durant le tournoi des VI Nations ont galvanisé les troupes bordelaises. 39 à 13, une victoire bonifiée pour conforter un peu plus cette putain de place dans l’élite. Etre 12ème sur 14 c’est un peu comme quand on te presse les couilles mais pas assez fort pour que les larmes commencent à couler. C’est juste au moment où tu sens que la prise se relâche mais pas assez pour que tu te casses. Autant vous dire que les Béglais vont faire de l’huile jusqu’à la fin mais que grâce à cette victoire et leurs 41 points ils vont pouvoir se cuiter plus sereinement.

 

Elle est belle cette nouvelle génération de Beglais.
Elle est belle cette nouvelle génération de Béglais.

 

Enfin, triste nouvelle, LA descente d’organes, LE gros bad trip du week-end. Ce USAP/Castres s’annonçait comme une belle fête du rugby. En effet, recevoir Castres c’est d’abord l’assurance de jouer contre une équipe que personne ne connaît et dont tout le monde se branle éperdument, ça c’est plutôt pas mal.

Ensuite l’USAP sort, certes, d’une défaite au Métro (brillamment raconté par L’Affreux ICI) mais n’a pas à rougir de ses prestations. Le problème avec l’USAP c’est sans doute que cette équipe est aussi constante dans son jeu qu’une relance de Clément Poitrenaud. Cantonnée depuis 2 ans dans son rôle de faire-valoir des grosses écuries, les Catalans ont réussi de gros coups cette saison. Le dernier en date étant la victoire sur la pelouse du Stade Toulousain, un espoir fou est né du côté des supporters : une qualification pour la H-CUP. Celle-ci ne peut passer que par 2 choses, soit une place dans les 6 premiers du championnat soit une victoire en Mickey Cup. Avant ce match, les deux restaient possibles, retour sur un naufrage annoncé. Confucius disait que « l’expérience est une lanterne que l’on porte sur le dos et qui n’éclaire jamais que le chemin parcouru. » A entendre ça on peut tout de suite savoir que ce type n’était pas un supporter Catalan. Tel un vulgaire journaliste à Rugbyrama, n’ayant pas vu le match, je peux me permettre d’en faire une analyse juste et objective, si si croyez moi.

Déjà, le score final, 20 à 21 ne peut résulter que d’une mauvaise interprétation de l’arbitre, ce bâtard. (Point supporter du RCT) Ensuite, au vu des différents résumés que j’ai pu lire, je peux dire que l’équipe ayant produit le plus de jeu n’a pas été récompensée. En imaginant que Castres soit une grande équipe je ne peux pas imaginer un seul instant que les Catalans aient joué avec une brin de malice. Assurer la conquête, conserver les ballons, occuper le terrain, transformer toutes les pénalités en points, l’USAP n’aime pas ça et nous l’a déjà prouvé par le passé. Relancer, tenter l’impossible, ne pas gérer les temps faibles, rendre tout les ballons, c’est ça l’USAP cette année. Elle est l’équipe qui envoie le plus de ballons au large mais sûrement celle qui en perd le plus. C’est le jeu qui produit le plus de temps, mais aussi celui où il y a le plus de turn-over , un paradoxe je vous dis. Alors, oui, craquer à 2m du bol de sangria c’est moche ; échouer au pied du podium (des 6) c’est très con, mais comment le regretter ? Marc Delpoux aura réussi l’exploit d’arriver à rassembler une bande de Charlots en vacances depuis 2 ans en véritable équipe de rugby, c’est déjà pas mal. Elle est belle à regarder mais se refuse à vivre des grands moments, alors pourquoi la forcer ? Il reste une chance me direz vous. Si l’USAP gagne l’Amlin , ce rêve deviendra peut-être réalité. Personnellement j’échangerais bien un titre en carton contre une victoire à Montpellier sur la dernière journée, juste comme ça, pour voir.

 

L'USAP, mon Costa Concordia à moi.
L’USAP, mon Costa Concordia à moi.

 

Je finirai en citant l’Affreux Gnafron, qui, sortant sa tête d’un paquet de Tuc (bisou Nicole) au fromage disait : « On a les challenges qu’on peut se donner la mesure d’atteindre ! », un saint homme.

Ce week-end sans TV m’a rappelé à quel point ce sport est beau. Alors certes je n’ai pas vu Johnny Wilkinson annoncer qu’il rempilait une année de plus, Mourad Boudjellal pleurer de ne pas pouvoir s’acheter son nouveau jouet Castrogiovanni, ni entendu Jean-Bière Ellisalde dire qu’il se dope pour supporter le rythme effréné de ses interventions à la télé. Je ne regrette rien, les phases finales approchant, je pense qu’on va se poiler.