Le Lab'Hérault analyse CO – MHR (31-15), ou la mort du beau Rugby
par Fufu Bieragogo

  • 30 May 2012
  • 22

Par Fufu Bieragogo,

Dans le monde de l'ovalie, il est des matches, qui par leur beauté, leur intensité, leur grâce, s'inscrivent dans la Légende, et alimentent, même plusieurs décennies plus tard, les sempiternels débats enivrés dominicaux des piliers de comptoirs de la France entière. Puis il y a le Top14, et surtout ses phases finales, faisant l'apologie du non-jeu, le plaidoyer de l'ennui, la consécration de la fiente ovale. Certains marginaux, comme l'Union Bordeaux-Bègles ou Montpellier, ont malgré tout tenté d'enrayer cet inexorable déclin. Une tâche ardue, qui côtoie l'impossible. Les héraultais du MHR ont pourtant bien failli réussir la saison passée, délectant les spectateurs d'un rugby fluide, et osons le dire, spectaculaire, qui emmena le bateau bleu sombrer à 15 minutes et 6 points du paradis. L'espoir était donc de mise, ce weekend : on croyait à nouveau à l'exploit et à la victoire du « rugby champagne » avant ce Castres-Montpellier. Foutaises. Le miracle ne s'est pas renouvelé, le CO, parfait représentant de l'anti-rugby, a finalement atteint les demi-finales. En ce vendredi 25 mai, c'est le rugby français a subi une lourde défaite.

Rendre un match du CO intéressant. Mission impossible.

Le contexte :

Remake presque parfait du barrage 2011, le Masoe Olympique reçoit les troupes du capitaine Ouedraogo à Ernest Wallon, pour décider de qui aura le droit de passer 80 minutes en enfer la semaine prochaine. Chris Masoe porte le numéro 8, le Castres Olympique est donc au complet. Le MHR, quant à lui, est privé de ses deux demi-de-mêlée Julien Tomas et Benoît Paillauge, laissant le jeune Eric Escande aux commandes. Le chef d'orchestre se nomme Patrick Péchambert, et je peux vous dire qu'il va nous jouer une sacrée symphonie. A noter qu'il y a autant d'âmes sur le terrain qu'en tribunes (en même temps pour voir Castres jouer…). 21 heure précise, le crâne luisant de M. Péchambert donne le coup d'envoi de ce premier match de barrage.

Le film du non-match :

Une minute après le coup d'envoi de Bernard, M. Péchambert débute son concert et pénalise Gorgodze sans raison. Pierre Bernard et sa moustache en profitent pour ouvrir le score. La réponse montpellieraine ne se fait pas attendre et part camper dans les 22 mètres castrais. Patrick Péchambert, cartonateur précoce s'il en est, adresse une biscotte au numéro 9 tarnais Lacrampe (note de la rédaction : aucun calembour ne sera fait concernant ce joueur, à la Boucherie, on n'aime pas la facilité). Comme prévu, Martin Bustos Moyano qui avait trop forcé sur le mezcal la veille, n'est pas en état de régler la mire, et rate la pénalité. Et la suivante aussi, tant qu'on y est, tiens. En supériorité numérique, le MHR impose un rythme diabolique, mais Castres ne cède pas et parvient même à inscrire trois nouveaux points par le pied du gnome Teulet.

Peu après le quart d'heure de jeu, Martial, suite à une belle percée, transmet à Tekori qui ne se fait pas prier et aplatit la gonfle contre le poteau. L'essai est refusé après arbitrage-vidéo, mais ce truand de Lacrampe se fait justice lui-même et parvient à atteindre la terre promise sur la mêlée qui suit. Teulet transforme : 13-0 pour Castres. Le MHR est plus mal barré qu'une faute d'orthographe. Les héraultais repartent à l'assaut, et sur un contre de Gorgodze et éch

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ouent à deux mètres de l'en-but tarnais. Péchambert pénalise la défense. Fulgence Ouedraogo indique les poteaux, sur les conseils du staff. Comme un symbole…

Le triste spectacle continue, nous en somme à 13-3. Pendant ce temps, M. Péchambert réinvente les règles de la mêlée et pénalise Jgenti, manifestement coupable de trop avancer. Mais c'est à la 28ème minute que la Comedia Dell'Arte connait son apogée : le deuxième ligne montpellierain De Marco écope d'un carton jaune suite à une simulation Valbuenienne de Lacrampe, expert en filouterie. Encore un signe de la lente mort de ce noble sport autrefois connu sous le nom de rugby.

Thierry Lacrampe, favori pour le prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes 2013 et pour le prix Joseph Staline de la plus belle moustache 2012

A la demi-heure de jeu, sur un hors-jeu imaginaire, Castres obtient une pénalité très bien placée, et choisit de privilégier le jeu en optant pour la pénaltouche. Sauf que c'est Castres, donc il n'en sortira rien de probant. Le CO inscrit malgré tout 3 nouveaux points dans la foulée.
Mon espoir renait lorsque Tulou, sur une charge monstrueuse, éteint la lumière chez Ibrahim Diarra, qui regardera la fin du match depuis la touche, puis s'offre un essai en coin validé après arbitrage-vidéo. Martine rate encore son coup de pied, nous sommes à 16-8. On recommence à y croire, mais Teulet inscrit une nouvelle pénalité. A la mi-temps, le score est de 19-8.

La deuxième mi-temps, contre toute attente, parviendra à être encore plus chiante que la première. Castres fait du Castres : aucune animation offensive, et on attend la faute. Et le plus triste dans tout ça, c'est que ça marche. L'écart ne cesse de grandir au fil des innombrables pénalités sifflées par monsieur l'arbitre. Deux événements marquants cependant : le carton rouge, assez sévère, de Joe Tekori pour un placage à l'épaule sur le p'tit Escande, et l'essai de Fakaté qui va en dame avec 5 castrais sur le dos. Le match se terminera sur le score de 31-15. Fin du supplice. Fabien Galthié a trouvé une raison de faire la gueule.

Le début de la fin?

Contrairement à l'année dernière, le MHR n'atteindra pas la plus haute marche du Top14, laissant le Castres Olympique, chantre de l'anti-spectacle et du rugby pauvre, tenter sa chance pour le titre suprême. Voilà le triste sort qui attend le Top14, pourtant décrit par certains comme le «meilleur championnat du monde » : des rencontres soporifiques, se résumant à une partie de ping-pong, seulement agrémentée de pénalités gracieusement offertes par la LNR. Une fatalité à laquelle même le grand Stade Toulousain semble se plier.
Les héraultais peuvent maintenant aller se reposer sur les plages de Palavas et du Cap d'Agde, loin de ce Top14 insipide qui ne les comprend pas, en attendant la saison prochaine, histoire de revenir faire chier tout ce beau monde…

Encore une fois, chapeau l'artiste! Et à l'année prochaine…

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