Fumoffu! – La critique
par Damien Try

  • 28 May 2012
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Le Festival de Cannes est peut-être fini, mais notre revue des œuvres du 9ème art continue. Aujourd'hui on va toujours un peu plus loin vers l'est, contrairement aux indications du Pr Tournesol, puisqu'après l'Inde, c'est le pays du Soleil Levant qui fera l'objet de nos attentions.

En effet, au fin fond d'une soirée plus qu'alcoolisée, alors que l'aurore poignait, je tentais de trouver la perle rare conciliant mes deux plus grandes passions, le rugby bien évidemment, et le tentacle hentai (si un membre de votre belle-famille, votre boss ou un enfant a des chances d'apercevoir votre écran, je vous déconseille de faire une recherche google sur ces termes). Et je suis tombé sur un petit bijou de l'animation japonaise.

“Full Metal Panic? Fumoffu” est un spin-off de l'anime “Full Metal Panic!”. Cette série consiste en 12 épisodes d'une petite demi-heure, basés sur les personnages de l'anime-mère, mais qui peut très bien être vue toute seule. L'idée de la série est l'adaptation de Sousuke Sagara, jeune homme né pour combattre et qui n'a fait que ça toute sa vie, au sein d'un lycée japonais, avec les intrigues amoureuses type comédie romantique que cela implique. Mais l'épisode 10 est un peu différent.

Le club de rugby du lycée “Jindai High” est menacé de disparition. En effet, les défaites s'enchaînent (aucune victoire en 10 ans) et le conseil d'école a donc décidé d'appliquer une sanction berjallienne. Mais l'association des élèves a réussi à négocier un ultime arrangement : s'ils gagnent le prochain match contre Garasuyama High, le club pourra rester à flots. Seulement voilà, l'historique de 49 défaites en 49 matchs contre cette équipe n'inspire que peu d'espoirs pour notre nouvelle équipe de cœur… Il manque un joueur pour compléter l'équipe, et vous l'avez deviné, c'est Sagara qui sera choisi. Pourquoi ? Personne ne le sait, puisqu'il n'a aucune idée de ce qu'est le rugby. Mais c'est lui qui aura la tâche de transcender l'équipe. L'intrigue, archi-classique, est lancée, il va falloir faire en sorte que l'Ecosse batte les All Blacks pour que le club puisse continuer à vivre.
Mais quel est le problème de cette équipe d'ailleurs ? Les membres de l'équipe de rugby ont tous le gabarit de John Qovu, ce qui semble plutôt pas mal pour du rugby scolaire. Le souci réside en fait dans l'esprit d'équipe : nous avons affaire à un assortiment de joueurs qui se préoccupent plus de visiter les personnes âgées qui se sentent seules ou de jouer avec les enfants (coucou Jean Dridéal), et qui se sont même occupés des “mignons lapins”. Et en l'occurrence, on ne parle pas des mignons lapins dont Byron s'occupe je pense.

Le vestiaire. On dirait la chambre d'Ovale Masqué.

 

Bref, Sagara devra faire poser le cerveau à tout ce petit monde, et transformer des girl scouts en criminels de guerre. Un peu le cheminement mental de Sam Warburton pendant la dernière demi-finale de Coupe du Monde tout compte fait.

Il faut aussi signaler que les maichants (à tous les fans du “Fils à Jo”, oui je sais, j'ai fait une faute d'orthographe) sont très très maichants. Déjà ils sont bien basanés (le racisme des Japonais envers les autres peuples asiatiques est assez poussé). Et puis ils sont très arrogants aussi, certains de leur future victoire. Enfin, tels de vulgaires Gallois de Pontypridd, ils dégoupillent avant le match dans un bar face à nos héros.
Sagara amène donc toute l'équipe en stage d'entrainement de 3 jours et leur fait vivre l'enfer des camps militaires type Full Metal Jacket : pas de repas, courir en portant des bûches, entrainement à la baïonnette sur des effigies des joueurs adverses, etc… Mention spéciale à la scène du lustrage de ballons, devenus les petites amies de joueurs au mental de Calum Clark.

Alors, Iris, heureuse ?

 

On notera tout de même au passage qu

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e les Sud-Africains avaient droit à ce genre de traitement de la part de leur encadrement, avant la Coupe du Monde 2003. Cela réussira mieux à nos Japonais préférés (la bise à Pierre Salviac), qui arrivent sur le terrain avec la ferme conviction qu'ils ne sont pas là pour trier les lentilles.

C'est bien d'être dans son match Thierry, mais là ça va un peu loin.

 

Pour le match, sans tout dévoiler, sachez tout de même que Sagara se fait expulser dès le coup d'envoi.

Pour résumer, au Boucher-o-mètre :
L'histoire :

C'est un petit épisode d'une série qui ne se prend pas au sérieux et joue avec les codes du genre. Sagara se moque des films sur le sport (“sport drama”) où les nuls du début finissent par gagner au courage, en posant la question “Est-ce amusant de voir des incompétents réussir ?”. L'intrigue est donc classique et le déroulement assez prévisible, mais c'est bien mené.  Mais ça reste une comédie. Transformer des bisounours en tueurs en seulement 3 jours, c'est assez peu crédible. Des Bouchers japonais, non plus.

Le rugby :

On voit très peu de rugby, et je ne pense pas que les animateurs s'y connaissent très bien, mais au moins y a pas de vraies conneries et les quelques images ressemblent à de l'Ovalie, ce qui est déjà mieux que les “Departed” de Scorcese.


La Boucherie :

Les joueurs sont devenus des machines de guerre, prêts à tout tuer. Et contrairement à Sye, ce sont les bouchers qui sont les gentils. Et nous on aime les Bouchers.

L'intérêt global :

Ça ne se prend la tête, ça met en avant Les Valeurs du Rugby ©, les vraies. C'est un peu court, et j'aurais aimé voir plus de rugby. Mais ça reste plutôt drôle.
Si vous avez 23 minutes à perdre, je vous recommande donc le visionnage de cet épisode. C'est une bonne série mais un peu vieille, donc difficile à trouver. Je vous incite à écumer les magasins de Japoniaiseries sans relâche pour mettre les mains dessus, mais par pitié, halte au piratage, ne le téléchargez pas, ne le regardez pas sur youtube

Petite citation pour conclure, le dialogue qui apprend les bases du rugby à Sagara :
“Je sais seulement que ce sont des gros types qui se roulent dans la boue et qui s'empilent les uns sur les autres.
-C'est donc un art martial ?
-Il y a aussi un ballon.”

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