Fabien Galthié : La biographie interdite
par Fufu Bieragogo

  • 11 May 2012
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Par Fufu Bieragogo


A l'image de Dallas, l'univers impitoyable du Top14 est rempli de nombreuses personnalités, parfois charismatiques, souvent antipathiques, qui font du meilleur championnat de l'univers la scène de nombreux coups de théâtre et de magouilles en tous genres. Dans un coin, tassé dans l'ombre des travées d'Yves-Du-Manoir, repose Fabien Galthié, « l'homme qui ne sourit jamais, mais à qui tout sourit ». Le futur entraineur du XV de France selon à peu près tout le monde conduit depuis maintenant 2 ans son Droopy Squad vers le firmament du Top14. Mais derrière ce visage stoïque et cet air morose, reposent de terribles secrets, que je m'en vais vous dévoiler sur le champ.

« Bon Fufu, si on te demande, surtout, tu dis qu'on joue le maintien ! »

L'enfant :

Dernier né d'une fratrie d'un enfant, le Fabien le plus connu de France (en compétition avec le Divin Chauve) naît le 20 mars 1969 à Cahors, petite bourgade du Lot dans le Sud-Ouest de la France. D'aucuns affirment qu'à la naissance, le petit Fabien ne pleurait pas mais tirait déjà la gueule. Petit-fils d'un réfugié politique espagnol condamné à mort par Franco pour avoir clamé préférer le rugby au football, le jeune Cadurcien fait néanmoins honneur à ses racines ibériques et s'inscrit au club de foot local à l'âge de 5 ans. Il lui suffit d'une année pour détester le sport, où son caractère de camembert et ses talents d'orateur ne peuvent s'exprimer. Vacciné, le petit Fabien, 6 ans, s'inscrit au club de rugby de Tournefeuille, fondé par papa, où il pourra regarder les grands jouer. Petit, pas très gaillard, gueulard comme un homard dans l'eau bouillante : pas le choix, il sera demi de mêlée.


Dès l'âge de 16 ans, le jeune lycéen joue tous les dimanches avec l'équipe première de Colomiers (dans laquelle il restera 20 ans) et peut se mettre la quinte tranquille sans avoir à prendre le volant. A 19 ans, il participe à la montée en première division, où il affrontera notamment son idole de toujours, le toulonnais Jérôme Gallion, demi de mêlée des Bleus. Pour les plus jeunes, c'était un peu le Morgan Parra de l'époque, mais en meilleur et avec une deuxième paire de couilles.


Le joueur :

Seul Français à avoir participé à 4 Coupes du Monde, on pourrait croire que le parcours international du schtroumpf grognon (pas Novès, l'autre) fut un chemin tranquille jalonné de victoires, de grands chelems et de matches de légende. Mais lorsque l'on y regarde de plus près, la vérité est toute autre.

[ Pour une meilleure immersion, mettre ceci en fond sonore ]


Nous sommes en 1991, Fabien Galthié a 22 ans. Le jeune demi de mêlée est considéré comme un grand espoir du rugby français, mais reste loin derrière les cadors de l'époque, notamment Berbizier, titulaire indiscutable. C'est à partir de là que ça devient inquiétant. Berbizier est mystérieusement évincé, et le sélectionneur Dubroca appelle Galthié pour disputer la Coupe du Monde chez les Britishs. Motif officiel : mésentente entre le coach et la berbize. L'épisode fait grand bruit à l'époque. Quoi qu'il en soit, Galthié profite de son statut de titulaire pour se faire un nom.
Au lendemain du mondial de rugby, Berbizier prend les rênes de l'Équipe de France et éjecte Galthié, lui préférant Accoceberry. Vexé, il quitte l'US Colomiers en 1995 et part pour l'Afrique du Sud, où il rejoindra la Western Province. Vient la Coupe du Monde 1995. Le demi de mêlée béglais se blesse « malencontreusement », et Berbizier se voit contraint de rappeler Galthié. Étrange, n'est-ce pas? Qu'à cela ne tienne, l'enfant de Cahors saisit sa chance et prend part à la fameuse demi-finale contre les Boks dont on connait tous l'issue. Sinon, regardez Invictus.


Plus troublant encore, les anné

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es suivantes, le numéro 9 regagne ses galons de titulaire, mais une blessure au genou à faire pâlir Thomas Domingo le prive des grands chelems de 1997 et 1998. Galthié revient juste à temps pour la tournée catastrophique dans l'hémisphère Sud de 1999, qui lui vaudra d'être sacrifié pour la coupe du monde imminente. Tout le monde le croit alors enterré. Pauvres fous.
Pendant la préparation des Bleus, Philippe Carbonneau, titulaire à la mêlée, gagne un aller simple pour l'infirmerie. Encore une coïncidence. Ou pas. Mais Skrela et Villepreux ne rappellent pas Galthié pour autant et lui préfèrent Mignoni, qui – vous devinez la suite – se blesse à son tour. Avouez que ça fait beaucoup. Le poète maudit du rugby français est alors propulsé derrière la croupe du monstre bleu à 16 pattes, qu'il amènera jusqu'en finale.
Enfin débarrassé de tous ses concurrents, et Yachvili étant encore en train de rouler des pelles aux jouvencelles du lycée Serge Blanco de Biarritz, Fabien Galthié devient le patron incontournable du jeu des Bleus, et entretient tant bien que mal le French Flair qui vit ses derniers instants. Intronisé capitaine par Bernie le Dingue, Galthié guidera le XV de France jusqu'en 2003 et la demi-finale perdue contre l'Angleterre sous la pluie de Brisbane.


Coïncidences ? Machination ? Magie noire ? Quelle que soit la réponse, on ne fait pas chier Fabien Galthié.
[ Fin de l'immersion audio]

Un sourire qui cache bien des choses...


Sur le plan national, la carrière de Droopy sera beaucoup moins rocambolesque. Galthié restera vingt années durant au sein de l'effectif de l'US Colomiers, avec lequel il ne gagnera aucun titre. A 32 ans, il se décide enfin à rejoindre un grand club, et signe au Stade Français (qui, rappelons-le, était un grand club à l'époque), où il deviendra champion de France pour son dernier match en club le 26 juin 2003.

La troisième mi-temps :

Le jeune retraité tente un moment de s'éloigner du milieu du rugby en s'improvisant directeur des relations extérieures dans une société de tueurs à gages, mais revient à ses premières amours en 2004. Sollicité par Max Guazzini, il accepte d'entrainer les soldats roses qu'il amènera en finale de Top14 et de H-Cup pour sa première année (Guy Novès appellerait ça un quasi-doublé). Il gagne son premier titre en tant qu'entraineur en 2007, puis quitte le club des flamands roses en 2008 pour partir en séjour linguistique chez les Pumas, où il côtoiera d'autres maitres de l'ovalie, comme Rodrigo Roncero ou Felipe Contepomi.
Pendant l'été 2010, Thierry Pérez fait venir Fabien Galthié au Montpellier Hérault Rugby, avant de se faire… disons « écarter » par Sa Sainteté Georges Frêche. Accompagné d'Eric Béchu, l'ancien international provoquera un important exode argentino-géorgien vers l'Hérault. C'est avec cette équipe cosmopolite, emmenée par le valeureux Fulgence Ouedraogo, que Grincheux fera du MHR, ancien candidat au maintien, l'un des clubs proposant le plus beau rugby en France. En même temps, c'est pas difficile.


Parallèlement, Fabien Galthié mettra à profit sa bonne humeur légendaire et son éloquence en commentant les rencontres internationales diffusées sur France 2 aux côtés de Mathieu « WESLEY SNIPES » Lartot. S'en suivra une lutte à distance sans merci entre le néo-commentateur et son ennemi juré Christian « LA CHARGE » Jeanpierre : une bataille à grands coups d'interventions foireuses et d'anecdotes inutiles, à l'issue de laquelle il ne pourra en rester qu'un.
Véritable touche à tout, Galthié fera des débuts prometteurs dans le 7ème art dans un épisode de Joséphine Ange-Gardien. Un rôle poignant, émouvant, une aventure humaine laissant transparaitre la passion qui brule en lui et qui consacre les vraies valeurs du rugby que sont l'amitié, le courage et le respect.

A côté du Grand Galthié, même Rémy Martin paraît tout petit
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