Le Catalabo analyse Stade Français/Usap (35-31)
par Gregory Le Mormeck

  • 25 April 2012
  • 11

 

Par Gregory Le Mormeck et Ovale Masqué

 

Le Contexte

Samedi 14h15, le ciel est gris, aujourd’hui l’USAP se déplace au Stade Charléty pour y affronter le Stade Français. On s’apprête à jouer la 24ème journée de championnat, putain que c’est long. C’est long pour tout le monde, les Catalans se sont bien sortis de leur position délicate au classement mais ont absolument besoin de ramener quelque chose de la capitale s’ils veulent finir la saison sereinement. Les Parisiens ont eux besoin de points pour espérer se qualifier pour les barrages et offrir une belle sortie à Rodrigo Roncero.
C’est donc le match des adieux pour le Stade Français. Adieu à Roro La Saumure qui prend sa retraite de pénible pilier et qui joue son dernier match dans ce stade mythique, chauffé comme jamais par les 12 spectateurs venus le voir plonger dans les rucks. Adieu à Dimitri Szarzewski qui lui aussi joue son dernier match ici, puisqu’il partira loin vers l’inconnu l’année prochaine, tout là-bas, dans cette contrée lointaine du Métro Racing. Fini les copains, fini les parties de Wii endiablées avec Pascal et Sergio, fini le doux contact d’une crème épilatoire avant une séance photo pour le calendrier, bref, la fin d’une époque.

Côté terrain l’Usap vient pour faire un coup mais pas trop, elle se présente donc avec une première ligne composée de Choux-ster et Kissme Pulu habituellement remplaçants, qui encadrent Guilhem Pizzado. En seconde latte, ça tient la route avec O’libeau (oui un seconde ligne irlandais ça fait beaucoup plus peur) et Tchalé Watchou-tchou-tchou. Riri et Fifi encadrent Ritons pour la troisième ligne, tandis que Mémé et Crochet forment la charnière. Aux ailes le Nain et la Flèche, au centre Le Grand et le Coffre, à l’arrière, l’Arrière. Toute ressemblance avec de vrais joueurs est fortuite. Le plus étonnant vient quand même du banc, puisque aucun joueur qui le compose n’a l’âge d’aller voter ou de conduire une bagnole.

Côté parisien tous les titulaires sont alignés, comme depuis le début de la saison, les remplaçants étant beaucoup trop nuls pour jouer autre chose que Petraca, Padova, Parma, ou toute autre équipe rimant avec Pepito Elhorga. Notons tout de même l’absence de Paul Williams, le seul homme capable d’avoir la classe en portant le bouc en 2012. Il ne manquera probablement pas à l’USAP, à qui il avait marqué un essai particulièrement humiliant à Aimé Giral à l’aller. Un peu moins quand même que celui de Szarzewski sur une course de 30 mètres… et oui, on rigolait bien à Perpignan en début d’année, demandez donc aux Clermontois.

 

Le Film du match

Avant le coup d’envoi, je me suis demandé plusieurs fois ce que je foutais là à regarder ce match plutôt que de profiter du beau temps. Et puis je me suis rappelé qu’il pleuvait dehors et que n’étant pas couché de la veille une bonne sieste devant un match de merde me ferait le plus grand bien.

Je me suis trompé, dès le début, les deux équipes envoient du jeu et essayent presque de faire illusion. Débarrassés, pour cette fois, de cet horrible maillot rose, les Parisiens jouent bien et essayent de casser la défense catalane. Coetzee et Marty sont appliqués et arrêtent toutes les attaques du Stade Français. Roncero a laissé l’émotion de côté et veut s’assurer une belle sortie sous son public. Il fait donc ce qu’il sait faire de mieux : tricher. Ce joueur bénéficie de la jurisprudence Mc Caw. En effet il est invisible pour l’arbitre et il peut quand il le souhaite changer de camp et même d’équipe au cours du match. On m’a raconté que certains matchs il prend la place du 8 adverse sur les mêlées afin d’avoir le gain du ballon plus rapidement, du grand art vous dis-je. Cette fois-ci il n’aura pas besoin de forcer son talent. Guilhem Guirado, répète ses gammes, 3 touches, 3 pizzas, il reprend les fondamentaux. Il me tarde de voir la tournée d’été de l’équipe de France, souvent composée de joueurs de Fédérale 4 parachutés là, juste pour voir, essayant de travailler des combines en touche avec Guirado titulaire et Tolofua remplaçant, une boucherie, on s’en réjouit d’avance.

Pour en revenir au jeu ; touche pour l’Usap à 5 m de son en-but, Guirado lance une spéciale qui lobe le sauteur et atterri dans les bras de… Roncero qui revenait tranquillement des vestiaires de l’Usap pour y voler l’elasto de la pharmacie, et qui n’a plus qu’à plonger dans l’en-but.

 

Les Catalans restent tout de même en place mais se font un malin plaisir à ne pas pousser les mêlées. Oui l’Usap est avant-gardiste. Tout le monde sait bien que ce secteur de jeu est voué à disparaître, Jérôme Schuster le premier. La Barbamêlée Catalane est ridiculisée quelques fois et donne l’occasion à Krusty le Clown de creuser l’écart. Avant la mi-temps, Planté marque un superbe essai suite à une sautée de Marty. Heureusement que la défense parisienne était aux fraises tagada sur l’action d’ailleurs, sinon le pauvre Planté aurait probablement terminé en touche, la sautée ne s’imposant pas tellement vu qu’il y avait un trois contre un. Un essai qui va redonner de l’espoir aux Usapistes et qui aura le mérite de me réveiller. 22 à 13, tout le monde rentre au vestiaire, Szarzewski aussi. (Fernandel inside)
A la reprise, Marty retrouve son niveau habituel et décide de se prendre pour Sonny Bill Williams en tentant une passe après contact en faisant le poirier. Les Malabars récupèrent le ballon et les Catalans enchaînent une belle série de placages fantômes, qui donneront l’occasion à George Smith de prouver que ses crochets sont plus efficaces que ceux de Paul Sackey (qui joue toujours au rugby donc). Pour son dernier match à Charléty, Smith marque également son petit essai donc, un moment fort émouvant qui vient conclure une idylle de trois semaines entre l’Australien et le public parisien.

 

La suite va se limiter à un concours de défense et à une série de coloscopies que Roncero pratiquera sans anesthésie à Schuster sur chaque mêlée. Krusty enquille, Hook joue facile, intercepte quelques ballons pour rigoler et montrer à Contepomi que lui aussi peut tenter et réussir des trucs impossibles. L’écart augmente et les Parisiens vont mener jusqu’à 32-16 à l’heure de jeu. Personnellement c’est le moment que j’aurais pu choisir pour éteindre ma télé et me rendormir. Chose que j’aurais faite si ma télécommande ne s’était pas mystérieusement volatilisée. Et tant mieux en fait. L’Usap ne veut rien lâcher et Hook recolle au score. Candelon, sort de sa boite (à chaussures) pour marquer l’essai qui redonnera l’occasion à tous les supporters catalans qui ont fait le déplacement de montrer qu’ils sont bien présents et plus nombreux que ceux du Stade Français.A noter que sur l’action, Djibril Camara retrouve également son niveau habituel en tentant de plaquer le drapeau de touche à la place de Candelon.

La fin du match est complètement dominée par les Catalans, les avants avancent dans l’axe et les ¾ transpercent la défense à plusieurs reprises. Gavin Hume arrive lancé et fini dans l’en-but, 35-28. Le scénario tourne mal pour les Parisiens et la domination catalane n’est pas finie. Sur la sirène, les gros de Perpignan sont dans les 22m adverses et avancent, la mêlée a repris un peu de couleur avec la rentrée des remplaçants et on se dit que la victoire est proche. Pénalité pour l’Usap à 10m de la ligne, la réalité du Daube 14 reprend le dessus. En recherche de points, Manas et Goutta montrent les poteaux. Hook transforme, 35-31, fin du match.
L’Usap repart avec un point de bonus défensif, le Stade Français souffle et remercie chaleureusement les Catalans.
La bataille pour le maintien est rude mais les Perpignanais ont une fois de plus su faire l’effort pour sauver leur peau.

 

Les joueurs

Les ânes :

La première ligne : Les piliers n’ont tout simplement pas existé en mêlée. Particulièrement Jérôme Schuster qui a décidément de gros problèmes dans ce secteur. Kisi Pulu a mieux tenu mais ne transpire pas la mobilité dans le jeu. Guilhem Gui-radeau de la Méduse sombre de plus en plus dans ses problèmes de lancers mais tient son rôle sur le terrain.

La seconde ligne : Olivier Olibeau et Robins Tchalé Watchou, du combat, du combat et du combat.
La troisième ligne : Bertrand Guiry a été au charbon, grosse défense, tout comme Damien Chouly que tout le monde va regretter. Il part en Auvergne, beurk, bon courage Damien tu reviens quand tu veux. Henry Tuilagi est apparu fatigué et n’a quasiment jamais cassé la défense adverse.

La Charnière : David Mélé a été un bon animateur bien que parfois trop lent à sortir les ballons. James Hook marche sur l’eau.
Les centres : Rudolf Coetzee, solide, gaillard, gros plaqueur, il casse souvent le premier placage, vivement qu’il parte qu’on n’en entende plus parler. David Marty, gros défenseur, un peu discret en attaque, il a réalisé une passe croisée et coup de pied rasant, soit plus que durant toute sa carrière internationale.
Les ailiers : Julien Candelon et Adrien Planté, chacun leur essai, bonne défense.
L’arrière : Joffrey Michel discret mais souvent juste. Est-ce que ce n’est pas ce qu’on demande à un arrière en fait ?

 

Les Pourisiens :

Rodrigo Roncero a tenu à faire un dernier gros match pour prouver qu’à 42 ans, il était toujours un peu moins nul qu’Olivier Milloud. Une mission remplie avec succès, même si Schuster et Guirado, probablement admiratifs, lui ont bien facilité la tâche. Szarzewski a lui tenu à prouver qu’il était moins nul qu’en Equipe de France et que le Racing n’avait pas dépensé ses sous pour un mec juste bon à poser pour des affiches Dove Men Care. On lui souhaite bien du plaisir avec Pierre Berbizier, qui est au moins aussi antipathique que Michael Cheika mais qui fait 40 centimètres et 50 kilos de moins, et qui est donc un tout petit peu moins terrifiant.

George Smith… ah George, c’est une chanson mièvre de Laurent Voulzy à lui tout seul. Il est beau, il est bon, il sent bon le sable chaud. Un amour de vacances, c’était tendre, passionnel, intense… C’était aussi trop beau, on savait que ça ne durerait pas. mais on s’en souviendra tout le restant de notre vie. Parisse a réalisé sa spéciale : je perce la défense sur 30 mètres, je suis tellement bon que personne n’arrive à me suivre, et finalement j’enterre le ballon. Pierre Rabadan lui, c’est bobonne, pas la plus belle, mais au moins elle est fidèle, ça fait 30 ans qu’elle nous fait la cuisine tous les soirs quand on rentre claqué du boulot et on est bien content de l’avoir. Même si on préférerait quand même niquer sa femme.

Julien Dupuy n’a pas eu besoin de masque à oxygène, sachant qu’une faute était sifflée toutes les 32 secondes. En mode Yachvili, il a réalisé un impressionnant 9/9 au pied. Docteur Maboule était, comme d’habitude à domicile, complètement dingo mais plutôt inspiré. Maintenant, on aimerait bien savoir pourquoi il envoie toujours son sosie pour les déplacements.

Rodriguez Gurruchaga a réalisé sa spéciale : percer ses 30 mètres puis chier à la gueule de son soutien parce que hey, je suis oune argentin, yé pou marquer tout seul paské yé souis yénial. Savez-vous qui est le joueur favori de Lady Gurruchagaga ? Oui, vous avez deviné, Juan Martin Hernandez. A ses côtés, Turinui continue d’être le remplaçant idéal à Tiesi : jamais bon, jamais mauvais, toujours anonyme. Du coup, on peut pas lui reprocher grand chose. Paul Sackey continue de faire une saison honnête, il fait peu la différence mais se propose bien dans le jeu et est solide en défense. Arias est un peu plus efficace en attaque mais est capable se faire prendre par un cadrage débordement de Sylvain Marconnet. Un duo complémentaire donc. Djibril Camara continue d’aligner des performances correctes même si son magnifique air plaquage sur Candelon nous rappelle beaucoup celui sur Camacho en finale de Challenge l’année dernière. Ca tombe bien, vendredi le SF retrouve cette compétition qui lui réussit tant, pour une branlée programmée à Mayol contre des Toulonnais bien énervés après avoir réalisé une série de matchs dégueulasses.

 

Les déclarations d’après match :

« Je suis coach de la défense parisienne et je ne comprends vraiment pas pourquoi je ne serai pas reconduit la saison prochaine… » Chris Whitaker. Nous, si.

« Nous non plus, on comprend pas pourquoi on a pas été prolongés ». Bernard Goutta et Christophe Manas. Nous, si.

« C’est un scandale. L’USAP a galvaudé ce match. Pas de Perez, de Le Corvec, ni même de Taofifenua… pas une générale. On aurait aimé proposer un meilleur spectacle à notre public pour notre dernier match de la saison ». Pascal Papé.

« Yétais moune dernier match douvant moune poublic et ma familia (ça tombe bien, les deux sont au moins aussi nombreux) et yé souis très émou car… » Nous n’avons pas eu la fin de l’interview car la fille de Rodrigo Roncero avait déjà volé le micro.

 

Les chiffres du match :

42. Le nombre de fautes sifflées au cours du match.

22. Le nombre de fois où j’ai voulu gifler Rodriguez Gurruchaga avec une barre à mine enflammée au cours du match.

60%. Le taux d’abstention dans les tribunes de Charléty.

82%. Le score de Pascal Papé si ces vieux enculés du Conseil Constitutionnel avaient validé la candidature du seconde ligne parisien.

97,6%. Le taux de satisfaction chez mes partenaires sexuelles. Ca n’a rien à voir avec le match mais j’avais envie de le dire, pour me contacter, laissez un comm en dessous les filles.