Byron Kelleher: la nécrologie non autoriséepar Ovale de Grace 18 April 2012 15 Par Ovale de Grâce Après qu’il a été libéré de ses obligations à l’égard du Stade Français, Byron Kelleher est parti hanter les limbes rugbystiques dont les esprits choisiront si ils doivent l’envoyer au firmament des légendes du genre ou dans les tréfonds des caricatures éternelles. Avant de faire un choix, levons le voile sur quelques uns des mystères de l’ovalement défunt Byron. BK, toi qui aimais trop le whopper, qui étais-tu? quels étaient tes réseaux ? L’enfance : Le vibrionnant rejeton de la dynastie Kelleher naît en 1976 dans la riante Dunedin, essentiellement connue pour son « pingouin aux yeux jaunes », autrement appelé « manchot des antipodes ». Dunedin a également la rue la plus pentue du monde, à 35%, il n’est pas rare d’y assister à de véritables avalanches de jeunes rugbymen lors des 3e mi-temps. Il est des destins géographiques… A la première échographie, il saute aux yeux de tous que le fœtus ressemble étrangement à une Roubignole majuscule de bison, son prénom et son surnom sont tout trouvés ! Dès les premiers tonitruants vagissements, les premières trémulations périnatales, il devient évident que le nouveau-né sera bavard et agité. Il sera demi de mêlée. A l’école, il est intenable, conteste systématiquement le programme de l’instituteur qu’il interpelle à tout bout de champ ; il s’illustre par une incapacité totale à la concentration, un goût prononcé pour ses camarades à jupettes, ainsi qu’un goût certain pour provoquer ses camarades dans la cour de l’école et agacer profondément les tympans de ses congénères. Byron est léger, n’a peur de rien, ne s’embarrasse d’aucune contingence. Ce qui sera longtemps la clé de son succès sur le terrain, la rouillera quelques années après par les (boires et) déboires que son, disons, «tempérament frivole » occasionne en dehors. Le rugbyman : La carrière de Byron Kelleher commence dans sa ville natale et pentue, chez les Otago Highlanders. Les choses étant plutôt bien faites, les troquets sont sur les hauteurs et les appartements des jeunes rugbymen tout en bas, ce qui permet au club de fixer le couvre-feu à 4 grammes du matin les soirs de match. Le jeune joueur est doté d’un physique hors norme, il pèse 90 kgs pour 1m75 et les nombreuses photos de son corps dénudé laissent apparaître des muscles que peu d’académies connaissent, ce qui est essentiellement dû à une alimentation saine et équilibrée. Qu’est-ce que vous croyiez bande de médisants? Sémillant et bondissant, il arrache le titre de meilleur joueur de l’année en 1999, soit deux ans après le début de sa carrière. Kelleher invente un style, toujours au ras de la mêlée, relativement avare au pied, c’est un infatigable attaquant qui mêne, à la main, la balle aux firmaments des embuts. Bison ou bulldozer, peu importe, tout en force, rien ne lui résiste. Il vit dès lors ses premières sélections chez les All Blacks où il est longtemps en concurrence avec Justin Marshall, quelques bobos n’aidant pas à le titulariser. Il décide de parcourir le monde et fait sa première tentative d’expérience française en 2007 au SUA, mais la descente du club en pro-D2 le contraint à se rabattre sur un club de seconds couteaux, le Stade Toulousain. Il est immédiatement adopté par le club et les supporters qui lui font le meilleur accueil. A Toulouse, tout le monde l’aime, il est affable, souriant, il parvient même à se faire engager comme consultant avec un niveau de français comparable à celui des commentateurs de foot sur RMC. La France aime ce garçon un peu gaffeur, frondeur, hautement testostéroné, dont les aventures avec une actrice porno indiquent une certaine compatibilité avec la tradition gauloise. L’hexagone ovale en fait son meilleur joueur dès sa première saison, lui confie même le capitanat de ses Barbarians. Cela fait deux ans que Byron Kelleher joue sur le plancher des vaches et il s’illustre de moins en moins par ses performances sur le terrain, de plus en plus par ses contrexploits extra-sportifs. Byron que d’erreurs : Un analyste un peu paresseux (mais ça n’est pas le genre de la maison) comparerait les destins et déchéances simultanés de Byron Kelleher et Dominique Strauss Kahn (qui fut pilier gauche), dont le regard suave, la lippe humide et prometteuse, la silhouette râblée, ont fait énormément pour leur popularité, un temps quasi unanime, avec un zénith international à l’automne 2007 puis a causé leur perte dans une descente inexorable à ce jour. Mais ne tombons pas dans la facilité, ne lions pas ces deux-là plus avants que les cures diverses qu’ils ne manqueront pas de suivre de concert. Laissons également Guy Novès et quelques centaines de pères toulousains panser le cœur blessé de leur progéniture crédule ! Quand il ne flatte pas la croupe des Toulousaines avec ses mains, Byron ambiance les Toulousains, avec ses poings. Byron Kelleher a des difficultés à se refreiner autant qu’à réfléchir dans tous les domaines, avec des conséquences toujours aussi catastrophiques, surtout quand ils commencent par un B : binouse, bouffe, baise, baston… BUSINESS ! On s’est longtemps demandé si il y avait un cerveau derrière le sourire de Kelleher, ces dernières années nous ont offert des éléments de réponse. Un type aussi populaire ne pouvait pas échapper à des aigrefins de tous plumages, avec des idées aussi fumeuses les unes que les autres, dont B. Kelleher, confiant et crédule porte finalement l’entière responsabilité. Le lancement de sa marque, BK9, commence par un procès pour des droits de reproduction de photos. Parallèlement à cette entreprise commerciale, une fondation du même nom “BK9” promet aux jeunes sportifs nécessiteux de leur mettre le pied à l’étrier. Il n’y a évidemment aucune stratégie marketing à la concordance des temps de ces deux entreprises, qui fleurissent aussi harmonieusement. Il est reconnu par la noblesse la plus probe, la plus élevée et la plus désintéressée, il est ainsi invité au mariage d’Albert de Monaco, où il apparaît avec la grâce d’un top model Monsieur de Fursac. En fin de contrat avec le Stade Toulousain, Byron Kelleher pré-signe à l’Aviron Bayonnais. Il y rencontre un homme d’affaire aussi avisé que lui, Bernard Laporte, qui l’emmène (ou plutôt le co-exfiltre) dans son sac de sport multisponsorisé vers le club de la capitale qu’ils jurent de sauver grâce à leur entregent transatlantique. Co-exfiltration due d’une part aux frictions entre Bernard Laporte et l’encore Président Salagoity -il n’y a pas assez de place pour autant d’egos surdimensionés d’hommes d’aussi grandes qualité chez Pottoka- et, d’autre part, une nouvelle idée fumeuse du Bison. Il noue son premier contrat d’association piednickelienne avec Bernie le Dingue en promettant de faire venir chez les bleus et blancs quelques All Blacks dont il oublie inopportunément de prévenir les agents. Le succès de cette entreprise commune préfigure ceux qui vont faire les beaux jours des gazettes ovales les semaines suivantes, grâce au talent visionnaire des deux protagonistes. Byron Rastignac et son âme damnée font donc cap sur la capitale! Laporte y est alors victime d’un escroc qui utilise la célébrissime “arnaque à l’héritage” que vous recevez chaque jour dans les spams de votre boîte-mail, vous promettant, moyennant déblocage dudit héritage par le versement d’une somme rondelette, de sauver une orpheline ivoirienne (ou en l’espèce haïtienne) tout en empochant en retour de substantiels dividendes. Le club est saigné et Bernard Laporte et son avocat retournent, penauds, traîner leurs pompes bicolores en région PACA après avoir doublement arnaqué le Stade Français auquel ils laissent un joueur bon pour la casse et titulaire d’un contrat juteux. Las, Byron Kelleher a désormais autant les moyens de ses ambitions sportives que de ses prétentions en affaires et c’est une véritable souffrance de le voir traîner sa silhouette épaisse les 5 minutes par match que son état de forme lui permet. Avril 2012, le Stade Français, pas chien (et un peu près de ses sous), décide de ne pas prolonger les souffrances de Kelleher, ancienne idole qui ne fait plus guère vibrer que les geekettes cryptopubères à grand renfort de spams sur les réseaux sociaux de photos où il pose oint, lascif et offert. Si son avenir semble sportivement scellé, on ne peut que lui souhaiter une retraite loin des tumultes et des troquets, à l’ombre des actinidiers. A moins que, seul, obèse, alcoolique et toujours priapique après une remontée d’anabolisants, il ne finisse plongé dans un coma profond quand, après une scène d’un autoérotisme torride dans un Sofitel d’Auckland, il ne se viande sur une nafissatable de chevet en essayant d’attraper une boîte de Kleenex.