Présentation Taupe 14 : Racing Métro 92
par Ovale Masque

  • 23 March 2012
  • 14


Par Adrien du www.sudrugby.com (partie 1) et Ovale Masqué (le reste).

 

L’histoire

Racing Metro 92… pas de nom de ville, deux mots qui n’ont apparemment rien en commun et un chiffre qui contrairement à ce que pensent les mauvaises langues ne correspond pas au nombre de supporters du club. C’est en 2001 que les sections pros du Racing Club de France et de l’Union Sportive Métropolitaine Transport (autrement dit nos amis grévistes de la RATP) ont fusionné pour ne pas sombrer. Le Racing est plus que centenaire, crée en 1882 (1990 pour sa section rugby) et vainqueur du premier championnat de France… à l’époque un match unique contre le Stade Français à Bagatelle, aujourd’hui terrain officiel du rugby folklo !

A l’origine le fonctionnement du Racing se voulait proche des clubs privés british et ses membres étaient avant tout des bourgeois et autres aristos de l’ouest parisien. Quand on voit les frais d’inscription à la Croix Catelan de nos jours, la donne n’a pas trop changé, mais heureusement la section rugby est indépendante. Beaucoup de jeunes étaient issus des beaux quartiers de l’ouest parisien mais la situation a bien évolué aujourd’hui et le club ainsi que son école de rugby semblent plus ancrés dans la région. L’US Metro est le club omnisport de la RATP, donc d’esprit plus populaire. Après, ayant moins de connaissance sur ce qu’il se passe à Antony, je ne m’avancerais pas sur ce club, en espérant juste qu’il est mieux géré que le comité d’entreprise de la boite en question… On l’oublie un peu vite mais l’Olympique, un club de Racingmen dissidents crée en 1895 et champion de France en 1896 a été racheté par le Racing CF en 1902, à l’initiative d’un certain Frantz Reichel  (certes moins important que la mort d’Emile Zola). Franz Reichel, comme René Crabos, Jean Teuliere, Roger Danet, Pierre Gaudermen ou Yves du Manoir ou autant de Racingmen aux noms familiers pour le rugby Français. Et oui, la légitimité du RM92 ne se limite pas à l’argent de Jacky Lorenzetti mais les gens ont tendance à avoir la mémoire courte et à oublier le passé.

Les succès du club se font en trois temps. De la création du club aux années 20, le Racing Club de France remporte 3 titres et perd 4 finales. Dans les années 50 le club est à nouveau champion et dispute deux autres finales. Enfin sous l’égide de la génération showbizz, il remporte son dernier titre en 1990 après une finale perdue contre le RC Toulon en 1987. Au final 5 titres de champion, toujours plus que Clermont, Bayonne, Brive ou Castres. Et toujours cette question de légitimité….

Le Racing Metro 92 est désormais membre officieux avec le RC Toulon d’un comité de test des infractions aux valeurs du rugby auxquels ont gentiment participé présidents, entraîneurs ou joueurs clés, le tout piloté par la LNR. Bien entendu tous nos joueurs français sont des mercenaires, les étrangers aussi d’ailleurs car seul l’argent peut les attirer en Ile de France! Qui pourrait donc avoir envie de venir vivre autour d’une ville comme Paris? Il faut être fou! Enfin comme Toulon nous sommes victimes de la conspiration LNR-Berdos-Clermont depuis le quart de 2010 mais personne ne veut l’admettre de peur de se faire punir par Revol.

 

La Ville / Le Stade

Après la fusion, le Racing Metro 92 est devenu le club de deux villes, Colombes et Antony soit le nord et le sud d’un même département, les Hauts de Seine. Le 92, un département magnifique passé d’annexe de la Corse sous l’ère Charles Pasqua à une dynastie franco-hongroise avec pour interim actuel un couple de Levaloisiens très introvertis. Donc non, les Racingmen ne sont pas PARISIENS mais FRANCILIENS!! Nous faisons bien l’effort de différencier Basques et Bearnais alors qu’ils partagent le même département alors faites l’effort quand celui ci change!

Pour ne pas faire de jaloux, les deux villes ont été conservées dans le fonctionnement du club, le centre d’entraînement à Antony (ou plutôt à la Croix de Berny) et les matchs à Colombes, au Stade Yves du Manoir, le vrai, pas celui de Montpellier. Supporter son club sans habiter à côté de ces deux villes est une épreuve jonchée de Transiliens, RER, bus et traversées de quartiers glauques. Il faut également être très motivé pour aller du centre d’entraînement au stade en voiture, et le premier provincial qui vient me dire que 35 bornes ça n’est pas grand chose n’a jamais pris le périph ou la A86 de jour… d’ailleurs quand ils essayent ils se font très vite remarquer !

L’avenir proche du club ne se situera cependant pas dans ces deux villes bien que restant dans le département. Au grand dam d’une mairie de Colombes incapable de prendre une décision, le Racing Metro 92 délaissera donc l’antique Du Manoir pour l’Arena 92, un stade pouvant devenir salle de spectacle avec des affluences allant de 32000 à 40000 spectateurs, de quoi faire passer un spectacle à Bercy pour un concert au Bataclan. La Croix de Berny, faute d’accord avec la RATP, sera également délaissée pour un centre d’entraînement ultra moderne au Plessis Robinson… Face au conservatisme ambiant, le club a décidé de bouger vers des terres plus conciliantes pour continuer de grandir !

 

Vous n'avez jamais entendu parler de Colombes, la Florence du nord ? Ben c'est normal.

 

L’esprit Racing

A ses débuts le Racing, comme la plupart des clubs privés du Bois de Boulogne (si vous ne savez pas de quoi je parle, retrouvez le Enquêtes Exclusives dédié au poumon vert chic et trash de l’ouest parisien), véhiculait des valeurs d’exclusivité et d’amateurisme, lançant dans cette optique le challenge Yves du Manoir. Mais c’est essentiellement le « Show-Bizz » qui a remis sur le devant de la scène le Racing afin de médiatiser à Paris un sport jusque là uniquement populaire au croisement des rues Guisarde et Princesse. Perçues comme des provocations par beaucoup de rugbymen du sud de la Loire qui préfèrent les valeurs ancestrales de la picole, la baston et la lourdeur, l’excentricité des Franck Mesnel, Jean Baptiste Lafond, Eric Blanc, Philippe Guillard ou Yvon Rousset laissera des traces dans l’histoire du rugby français. Aujourd’hui il en résulte une marque au petit noeud rose et une chanson que les auteurs préfèreraient surement oublier.

 

Les joueurs clefs

De sa montée en Top 14 à la saison qui l’a vu terminer à la seconde place du Top 14 derrière le tout puissant Stade Intergalactique Toulousain, le Racing Métro s’est principalement appuyé sur 3 armes :

  1. Son pack.
  2. Une armée de snipers capables d’abattre un pigeon avec un ballon de rugby à 70m
  3. Sireli Bobo.

Si les Wisniewski, Steyn, Hernandez, Bergamasco (auxquels on peut désormais ajouter Descons ou Germain) sont toujours là pour tenter des pénalités depuis leurs propres 22m, et si Sirelo Bobo est toujours plus rapide que Yoann Huget à 36 ans, le Racing doit un peu moins compter sur son pack cette saison, puisqu’il apparaît être moins dominant qu’auparavant. Le niveau en mêlée fermée de Mikaele Tuugahala et de Juan Pablo Orlandi, dignes des meilleurs spécialistes australiens, ne saurait bien sûr être remis en cause. Derrière, si le jeu de ligne du club altosequanais est toujours aussi insipide (la faute à 12 changements de charnière et de paires de centres en cours de saison) on notera tout de même l’émergence de quelques individualités fréquemment décisives, comme Juan Imhoff qui, après avoir fait ses armes à 7 et avec le Pampas XV, régale le Top 14 avec ses crochets de danseur de flamenco (cliché de commentateur de Canal + 1/2). On peut également citer le virevoltant et fantasque Virimi Vakatawa, qui manque encore de régularité car comme vous le savez ces Fidjiens c’est un peu des gros branleurs (cliché de commentateur de Canal + 2/2).

 

Et là Berbizier me dit "Toi qui aime le 7, viens au Racing, tu auras plein de ballons à l'aile".

 

Le boucher

On parle trop peu de Jacques Cronjé. L’ancien troisième ligne centre des Bulls aux 32 sélections avec les Springboks est pourtant régulièrement excellent depuis son arrivée en Top 14 en 2007 : après avoir poussé Imanol Harinordoquy au poste de flanker au Bého, il a éclipsé la starlette barbue du Racing, aujourd’hui en train de faire la queue au Pole Emploi. Généralement sage sur le terrain, Jacques est capable d’excès de violence spectaculaire (le meilleur exemple ici) mais surtout c’est le seul joueur qui livetweet ses week end à la chasse ou encore ses préparations de barbecue. Une petite sélection de ses meilleurs photos sur le réseau social :

 

Le joueur au nom imprononçable et celui que les journalistes ne savent pas écrire.

Mikaele Tuugahala & Jonathan Wisniewski.
Journalistes, faites une bonne fois pour toute un copier-coller (c’est bien deux w) et on n’en parle plus.

 

Le staff

Un paragraphe qu’on rédige tout en sachant que ça pourrait encore changer deux ou trois d’ici la fin de la saison. Depuis 2007 et la fin de son mandat à la tête de l’équipe d’Italie, c’est l’ancien capitaine et sélectionneur du XV de France Pierre Berbizier qui est l’homme de base du Racing. Génie tactique pour les uns, nabot tyranique et psychorigide pour les autres, Pierre Berbizier n’est pas un homme de consensus (Johnston) mais il bénéficie du soutien total de son président, et jusqu’à cette saison, les résultats parlaient tout de même de sa faveur. Après avoir entraîné au coté de son frère, le sympathique Philippe (ici en cameo dans la série animée Batman) et de Simon Mannix, l’ancien ouvreur néo-zélandais coiffé comme un chanteur de new wave des eighties, Pierre s’appuie aujourd’hui sur Gonzalo Quesada. 38 sélections avec l’Argentine, meilleur réalisateur de la Coupe du Monde 1999, entraîneur du jeu au pied du XV de France entre 2009 à 2011, Gonzalo a un palmarès long comme un membre de Sean Lamont, mais son plus haut fait d’arme restera tout de même d’avoir pécho Isabelle Ithurburu. On hésite toujours entre le féliciter et le haïr férocement.

Enfin, difficile de parler du Racing sans évoquer son président Jacky Lorenzetti. En reprenant le club en 2007, Jacky a réussi là où Lagardère et d’autres millionnaires qui s’ennuient dans la vie avaient échoué, en réussissant à faire remonter le club dans l’élite. Ancien PDG de Foncia, Jacky assume à fond le coté club de droite du Racing (en opposition à ces gauchos gay friendly du Stade Français) et décide de recruter le premier rugbyman créé entièrement pour satisfaire la ménagère spectatrice de TF1, Sébastien Chabal, et un jeune sud-africain coiffé comme Jean Sarkozy pour attirer les groupies. Malgré ce recrutement, de bons résultats, un marketing agressif à grands coups de délocalisations au Stade de France et de Dove Men Care, le club peine à créer l’engouement. Lancé dans un concours avec le rival parisien, les deux clubs ont décidé de faire construire de nouvelles enceintes pour toujours plus de tribunes vides.

He Pierre, tu connais la blague de Toto l'argentin qui s'est encore fait les croisés ?

 

Le scénario idéal :

Après un début de saison compliqué et de nombreux remous au sein du club, le Racing Métro revient aux fondamentaux et remporte une série de 6 victoires consécutives par trois points d’écart. Lors de l’avant dernière journée, le Stade Français est terrassé à Saint Denis : le Racing l’emporte 40 à 13 avec des essais de Mirco Bergamasco, Henry Chavancy, Julien Saubade et Guillaume Boussès. Jérôme Fillol termine à l’hôpital après une tentative de plaquage à l’épaule sur Jone Qovu et Jacky Lorenzetti se permet une sortie classe dont il a le secret après le match, en déclarant au micro de Canal + « Alors les petites tarlouzes, vous faîtes moins les malins que dans vos calendriers ? ». Agen est également battu lors de l’ultime round de la phase régulière. En barrages, Les Racingmen éliminent Montpellier, grâce à un essai d’Imhoff après une passe sautée de 30 mètres de Benjamin Sa. En demi-finale, les Racingmen font tomber le Stade Toulousain qui n’avait pas que ça à faire puisqu’il alignait les Espoirs pour préparer la finale de H-Cup. La finale les oppose à Clermont. Les jaunards, longtemps dominateurs, mènent de deux petits points jusqu’à la 79ème minute, lorsque François Steyn claque un drop de 60m qui passe juste au dessus du poteau droit. Berdos ne fait pas appel à la vidéo et valide les 3 points : Le Racing remporte son premier titre de champion de France depuis 1990. Pierre Berbizier esquisse un léger sourire en coin.

 

Le scénario catastrophe :

Juan Martin Hernandez s’étant une fois de plus pété les croisés, c’est Jonathan « James Dean » Wisniewski qui termine la saison à l’ouverture. Rebelle jusqu’au bout, le mutin de la Croix de Berny crucifie sa propre équipe en tapant un drop contre son camp lors de la pénultième journée, face au Stade Français. Le presque international (polonais) sort du terrain en envoyant un gros fuck à la face de Pierre Berbizier, et annonce dans la foulée qu’il a signé au Stade Français avec son pote Henry Chavancy. Jacky Lorenzetti quitte la tête du club et se retire en ermite dans une petite chambre de bonne dans le quartier du Marais, pour laisser cours à des pulsions trop longtemps refoulées. Pierre Berbizier démissionne. Il est remplacé par Jacques Delmas. Le club descend en ProD2 la saison suivante.