Pas ce croisé !par La Boucherie 18 March 2012 22 « Aïeeeeuh », Maxime Médard, 26 février 2012 Par l’apprenti boucher Man’s, prince du jeu de mots et la véritable star de la page Facebook de la Boucherie. Il se lance aujourd’hui dans son premier texte sur le site alors on l’encourage bien fort comme on dit chez Jacques Martin. Un texte qui abordera la douloureuse question des pétage de genoux dans le rugby professionnel. Rendons hommage à ce pauvre Maxime Médard qui a laissé son genou sur la pelouse du stade de France contre l’Ecosse, précipitant ainsi la déchéance totale du XV de France, passant d’un Charybde irlandais à un Scylla anglais, Scylla on n’est pas dans la m…, et intéressons-nous à sa triste situation médicale. Au hit-parade des blessures les plus fréquentes, celles qui doivent hanter tout joueur en activité un tant soit peu affûté (donc Marcochon exclu), celles qui doivent forcément orner un jour, telle une médaille du travail, la panoplie de tout professionnel (ou pas) de ce jeu, celles qui marquent un tournant important dans la carrière des adeptes, j’ai nommé la rupture du ligament croisé, plus communément appelée “pétage de genou” dans le langage rugbystique. En terme médical accessible à tous, même à Pascal Papé, le ligament croisé antérieur (LCA pour les intimes) est un truc filandreux passant au milieu du genou et dont la principale fonction est d’éviter que le fémur et le péroné ne se séparent par consentement mutuel. En effet une rupture du croisé a pour conséquence un effet tiroir de l’articulation genuflexile, qui empêche tout être normalement constitué d’adopter la position verticale plus de 3 secondes, soit le temps qu’il faut à Morgan Parra pour éjecter le ballon d’un regroupement, et conduit le pratiquant à passer de LCA à LCI pendant quelques mois. Pour rentrer dans le cercle fermé des traumatisés, point n’est besoin d’accomplir un exploit considérable puisqu’il suffit simplement, au choix : Que le ligament susnommé ait décidé sur sa propre initiative que, trop c’est trop, halte aux cadences infernales et aux sollicitations exagérées, fini le « travailler plus pour gagner plus » cher à notre président en sursis, et se rompe ainsi lâchement au moment où l’athlète le sollicite (dans ce cas-là c’est généralement un 3/4 racé et élégant plutôt qu’un avant rebondi et court sur patte). On se souvient de Vincent Clerc lors d’un ST-ASM au stadium, fauché en pleine course par une défaillance articulaire, ce qui permit à Aurélien Rougerie, une fois n’est pas coutume, de marquer un essai de 50 m marqué du sceau de la classe et de la sportivité pendant que son coéquipier de l’équipe de France agonisait en se tordant de douleur sur la pelouse de son malheur (et là je manque totalement d’objectivité ayant une dent congénitale contre toute forme de rugbyman vêtu de jaune et bleu) De se coincer la jambe dans un amas mouvant de combattants impavides et d’avoir la malchance de rencontrer un adversaire peu enclin à vous faire de cadeau (ou un partenaire myope, ou complètement abruti, ou les deux) qui par l’action conjuguée de sa propre énergie cinétique et sa volonté farouche de vous envoyer ad patres sans ménagement, va faire effectuer à votre articulation innocente un mouvement contraire à ce qui est stipulé dans la notice. C’est l’accident type Thomas Domingo (j’adore les Jaunes et Bleus, surtout quand ils sont petits, trapus et costauds), avec le genou qui se plie à l’envers, absolument insoutenable à regarder pour qui n’a pas fait 10 ans de médecine ou appris le rugby à l’école de Besagne. La 3ème méthode, dite du “saut à pied joint sur la jambe en extension” est nettement moins usité depuis que Michel Palmié a mis un terme à sa carrière sportive pour se consacrer à la gestion du rugby européen (c’est-à-dire à s’empiffrer au frais de la princesse lors des réunions de travail de l’ERC). Et après ? Ne manquerons pas de questionner ceux qui auront survécu à la litanie de jeux de mots vaseulineux et de lieux communs qui précédent? Hein ? Et après ? Après, justement, c’est là que le plus dur commence pour l’heureux gagnant de la grande loterie de la blessure, car le ligament comme il respire, et le ménisque montant, mais oui Madame… Après une opération somme toute bénigne, sauf pour les maffrés style David Attoub, le plus dur commence puisque la rééducation est d’environ 6 mois, et qu’il faut en moyenne de 10 à 12 mois pour revenir au top. Et là, l’histoire nous enseigne que la reprise peut prendre des formes aussi différentes et imprévisibles qu’un lancer en touche de Szarzewski. Il y eut Erik Bonneval (à l’époque on disait Eric), au sommet de sa forme (alors que Louisou Armary était au sommet de sa ferme) en 1987, venant de réussir l’exploit de marquer un triplé (ok, contre l’Ecosse, mais quand-même) lors du grand chelem, double champion de France avec le Stade Toulousain, 1er vainqueur en France des All Blacks à Nantes en 1986, formant avec son compère Denis Charvet la dernière paire de centres romantiques de l’histoire de ce sport, atteint au sommet de sa gloire lors d’un des 1ers entrainements de l’équipe de France sur le sol néo-zélandais à l’occasion de la 1ère coupe du monde. Il ne se remit jamais de cette blessure, et on le vit l’âme en peine, fébrile, hésitant, comme si il redoutait de connaître à nouveau cette blessure, une misère quand on pensait au centre ou ailier magnifique qu’il était, quitter son cher Stade Toulousain pour aller se morfondre à Colomiers puis au Racing. Il y eut Serge Milhas en 1994, revenant d’une première blessure au genou, alors demi de mêlée et cornac d’une équipe de Auch jouant les 1ers rôles en 1ère division, réunissant avec bonheur Graou, Escoffier, Porcu, une bande de joyeux poètes qui feraient passer Le Corvec et Cudmore pour de timides premiers communiants. Serge Milhas, au milieu d’un match épique et colegram opposant le FC Auch au RC Toulon de Champ et Louvet, match télévisé sur France 2 pour le grand bonheur des adeptes du coup de pied à joueur au sol et de la distribution gratuite de bourre-pifs, eut cette phrase magnifique, juste après sa blessure, en réponse à son interviewer télévisuel : « pété l’autre genou, con!». Pour l’anecdote il se murmure que juste avant le coup d’envoi de cette aimable partie de campagne Eric Champ passa la tête dans l’embrasure de la porte des vestiaires des auscitains et demanda : « vous venez les filles ? » avec son charmant accent varois et son petit seveu sur la langue, phrase qui eût le don de rendre fou furieux le pack de décérébrés du FC Auch, déclenchant ainsi un déferlement de violence et un haut niveau de bêtise rarement atteint depuis la dissolution de l’assemblée nationale en 1997. Il y eut Fred Michalak, notre Johnny Wilkinson à nous, qui a du se faire opérer d’à peu près tous les ligaments possibles et imaginables qui existent dans ses deux genoux, et revenu à chaque fois tel le Phœnix de ses cendres, pour le plus grand bonheur des aficionados, en dehors des bourgeois du XVIe qui font rien qu’à le siffler quand il rate un coup de pied. Souhaitons-donc à Max Médard de revenir par la grande porte, comme l’a fait avec bonheur Vincent Clerc et tant d’autres avant lui, et espérons qu’il pourra rapidement sortir l’équipe de France de la médiocrité rugbystique où elle se complaitt pour une nullité sportive où elle exultera. Man’s