Rencontre avec Lapinou
par La Boucherie

  • 17 March 2012
  • 20

Aujourd’hui, la Boucherie est fière de vous présenter Jean-Lucienne Elissalde, apprentie bouchère qui nous vient de la Rochelle. Passionnée de rugby et de l’ASR (vous pourrez même retrouver ses compte rendus de match sur www.sport17.fr, si vous n’avez que ça à faire), Jean-Lucienne a deux idéaux masculins dans la vie : Sebastien Fauqué et Marc Lièvremont. Par chance, elle a pu rencontrer le second récemment, lors de la dédicace du livre de l’ancien sélectionneur du XV de France dans une célèbre librairie bordelaise. Elle vous livre le récit forcément poignant d’une rencontre historique.

( La suivre sur Twitter )

La dédicace la plus classe du monde.

 

Lundi 22 février, message de Kévin (pas de chance), camarade de promo à Sciences-Po Bordeaux (pas de chance non plus), fan du PSG de son état (un commentaire est-il vraiment nécessaire ?). Bon, comme je suis une jeune fille sympathique et très ouverte d’esprit, je daigne le lire. « Lundi 12 mars, 18h, librairie Mollat, rencontre avec Marc Lièvremont ». Vous remarquerez que ce n’est pas un mythe : le Kévin ne sait pas faire de phrase. Cependant, l’information était perspicace et hyper-super-méga importante. Je reste calme et me contente de lui répondre un sobre « Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah MERCI Kéké ! <3 ».

Ce lundi 12 mars sera donc le plus beau jour de ma vie, juste après celui où Ovale Masqué m’a fait visiter l’Ovale-Cave.

Je ne laisse rien au hasard pour cette rencontre. Je me fais un style Lapinou : un côté sexy qui s’ignore, un côté mystérieux qui s’affirme. Face à la pression d’Ovale Masqué, je glisse une carte de la Boucherie dans mon sac, persuadée que ça ne sert à rien : l’ancien sélectionneur sait tout, voit tout. Il ne lui manque que douze apôtres.

Organisée par la librairie, la rencontre a lieu juste à côte, au consulat honoraire du Mexique. Ils ont compris que, faute d’être un écrivain hors pair, Lapinou était un grand homme. Trois étages à grimper pour rejoindre L’HOMME. Pendant l’ascension, où mon manque d’activité physique se fait ressentir, je discute avec deux papis et un jeune homme habillé aux couleurs de l’Aviron Bayonnais. « Ah vous avez vu cette défaite face aux Anglais… Ah c’est pas brillant tout ça… ». « Vous croyez que c’est encore haut ? ». Après avoir gravi dix marches, nous décidons donc d’arrêter la conversation pour conserver le peu d’oxygène qu’il nous restait.

Enfin, j’atteins le Graal. Ou presque. La salle est tapissée d’une magnifique moquette couleur brique. 15 rangées de 5 chaises sont disposées face à l’estrade. Là, 2 micros, 2 verres, 2 bouteilles d’eau. Mais pas de Lapinou.

Quelques instants plus tard, il pénètre (oui ça va commencer à devenir sexuel) dans la pièce adjacente (pour les Kéké, ça veut dire la pièce d’à côté). Un photographe lui impose une pause naturelle : pied sur une chaise, coude posé sur le genou, tête posée sur la main, et livre dans l’autre main. Il sourit. Parce que c’est un gentil Lapinou, dans le fond.

Bon, là les choses sérieuses commencent. Lapinou et un mec dépêché là pour le faire parler s’installent. Je n’écoute pas. Il est beau. Il est sexy. Un filet de bave s’échappe de ma bouche. Je reprends finalement mes esprits après quelques minutes d’inattention.

Il revient sur sa vie d’avant sélectionneur : son père militaire, ses instit’ profs de rugby, ses frères et sœurs, ses clubs, ses titres ratés, ses titres gagnés, la blessure qui mettra un terme à sa carrière de joueur… Bon, à ce propos, voir Wikipédia. Il est amusant quand il raconte.

A ce moment-là, en pleine rétrospective sur sa vie et sa carrière de joueur, la révélation. J’ai compris la raison de la métaphore avec le lapin. Non, parce que jusqu’alors je pensais que c’était seulement lié à Lièvre-mont. Que nenni. « J’ai conçu trois fils. Un dans chaque club. J’en ai un Catalan, un Basque et un Parisien… Je crois bien qu’il était temps que j’arrête le rugby ! ». Ovale Masqué a tout à apprendre de cet homme.

S’en suit une série d’anecdotes trop connues, des allusions à sa femme (qui exaspèrent les 4 filles de l’assemblée). Il ne voulait pas être entraîneur, il l’a été, il ne voulait pas être à la tête du XV de France, il l’a été. Alors il s’emballe un peu : « Bon, il me reste quoi de plus haut que je ne voudrais pas faire ? Pourquoi pas Président de la FFR maintenant, après tout ! » Affaire à suivre donc. Le Midol et l’Equipe sont déjà sur le coup.

Vient alors la question tant attendue sur cette finale de Coupe du Monde volée aux Français parce que Craig Joubert il n’est pas gentil. Lapinou refuse toujours d’entrer dans une quelconque polémique sur l’arbitrage. La sodomie, ce n’est pas vraiment son truc. Par contre, son âme de boucher se réveille subitement et j’en ai encore des frissons. « Non mais soyons honnêtes aussi : ce que le capitaine des Blacks, McCaw, fait à Parra… C’était quand même bien fait ! ». C’est vrai. Un orfèvre ce Black. Et franchement, qui n’a jamais rêvé de mettre une torgnole au merdeux ?

C’était là le climax de l’exposé-discussion de Lapinou, qui décide alors de nous faire part de ses états d’âmes et de sa déprime. Et là, il a tout à apprendre d’Ovale Masqué.

Questions de la salle. Je crains le pire. J’ai raison. Passées les questions sur Nicolas, son fils immigré en Nouvelle-Zélande, sur un plausible retour au coaching, on passe aux questions plus politiques. Lapinou il en pense quoi du comportement de Serge Blanco qui empêche le Yach’ de jouer en Bleu ? Lapinou il est naïf. Ou il a peur. Du coup, il dit qu’il n’y a pas de pression de la part de la mafia biarrote. « Comment j’aurais réagi ? Pendant tout mon mandat de sélectionneur, je n’ai pas succombé aux pressions, que ce soit celles des médias ou de Sébastien Chabal par exemple ». BIM ! Ouin-Ouin tu es un faible, en plus d’être ennuyeux.

On arrête là les questions sans intérêt, qui auraient mérité un « tu m’emmerdes avec ta question ». C’est l’heure des dédicaces et des photos. Je suis dans les starting-blocks. J’enjambe la foule, je donne des coups, j’élimine chaque obstacle qui me sépare de Lapinou.

Ça y est, je suis face à lui. Il est disponible mais je sens une certaine pression sociale qui me laisse peu de temps. Pour me mettre à l’aise, Lapinou choisit de faire tomber sa veste. Il laisse entrevoir un corps fort bien entretenu sous son tee-shirt. Mais on s’écarte du sujet. Il fait donc ma dédicace. Je lui ai dit que je voulais être journaliste quand je serais grande. Ses vieux démons reviennent.

Puis, est venu le moment « pub pour la Boucherie ». Je lui tends la carte. Il connaît le site. Mais il va peu sur Internet. Lapinou, c’est un mec à l’ancienne.

Je me lance :

« Vous devriez y aller plus souvent. En plus, vous y avez un petit surnom…

– Oui, je sais. « Lapinou », c’est ça ? »

Pire instant « MIAOUUU » qui puisse exister. Je souhaite à quiconque entendre Lapinou dire « Lapinou », avec son petit sourire en coin. Encore plus fort que le « Paie-moi une Guinness » d’Ovale Masqué après l’amour.

Après un ultime effort (en fait, j’ai profité de notre grande complicité et de sa sympathie), j’obtiens son soutien pour la candidature de Papé. Nul doute que cela pèsera dans la balance.

Mieux encore que son soutien politique, j’obtiens l’information que la Boucherie cherchait en vain depuis des années : non, pas les photos de l’ancien sélectionneur nu, mais son adresse email personnelle. Lapinou a en effet promis d’étudier la question d’une éventuelle interview pour la Boucherie Ovalie. S’échappera t-il au plaquage comme un vulgaire Clément Poitrenaud ? Réponse dans quelques semaines…