Le Cata-rade’Labo analyse USAP-RCT (22-22)
par La Boucherie

  • 15 March 2012
  • 6

 Ne cherchez plus la vraie star du match.

 

Par Gregory le Mormeck et Pilou,

Cette semaine, on a eu un petit conflit à la Boucherie Ovalie : le Cata’Labo voulait absolument écrire le compte-rendu de ce match, et le Rade’Labo se réservait l’exclusivité de dire du mal de ses joueurs. Voici donc le compromis trouvé : un compte-rendu polymère, alliance contre-nature entre les plumes varoises et catalanes. En noir, le texte de Gregory le Mormeck (USAP), en rouge, les remarques de Pilou (RCT).

 

Le Contexte

Les Catalans reçoivent les Toulonnais à Aimé-Giral dans une ambiance lourde pour ce dernier match de la 20ème journée de taupe 14. Toujours à la recherche de points pour s’assurer le maintien, l’Usap ne doit absolument pas perdre.
Je me dois d’intervenir pour poser aux lecteurs une question : savez-vous ce qu’il y a de plus chiant que le match de rugby du vendredi soir ? Réponse, celui du samedi soir.
Le RCT vient à Perpignan sans trop de pression mais sait que si il gagne, il confortera sa place de 3ème au classement à six journées de la fin (Au moins l’année prochaine, nous, on sera en H-Cup, désolé les gars). L’excellent Monsieur Pechambert sera au sifflet.

Les deux équipes se connaissent bien et sont connues pour être sanguines toutes les deux. Je me dis qu’encore une fois, l’ambiance est propice à un jeu à l’ancienne et à quelques parties de manivelles qui aiguilleraient ma soirée. Surtout que la composition des deux équipes y est propice. Côté Usap, les absences de Mas, Mermoz, Hook et Tincu et Tchalé Watchou (tchou-tchou) sont préjudiciables mais l’équipe qui entre sur le terrain a de la gueule  (Ici le rédacteur perpignanais s’égare, mais notre neutralité journalistique nous empêche d’aller plus avant). La troisième ligne Perez-Tuilagi-Le Corvec  (formé à Toulon, et ça se voit) se place comme celle de toutes les guerres, la charnière Boulogne-Hume est prête au combat et David Marty accompagne Rudi Coetzee au centre.
Côté RCT, JVN est forfait, Giteau prend la place de Wilko à l’ouverture, le Chat Botté occupe son aile, l’inusable Bruno tient sa mêlée et Missoup de phalanges est prêt.

Intervention importante pour noter le retour à l’arrière de Luke Rooney (important pour la suite), en lieu et place de Lapeyre, mais surtout le retour à l’aile de Christian Loamanu, dont certains se demandent encore comment il peut jouer au rugby, sans savoir faire de passe ou lire le jeu.

Les Toulonnais rentrent sur le terrain, dans le silence respectueux et habituel d’Aimé-Giral (on se croirait presque à Mayol d’ailleurs). Le temps de trouver quelques stats foireuses pour les commentateurs canal du jour, le nombre de défaites de l’Usap cette saison, le nombre d’interrupteurs du stade, le nombre de kilos de boutifare  (ceci est du langage catalan, c’est incompréhensible) engloutie par le Président Paul Goze à midi et le match pouvait commencer (les stats en bois se succèderont presque autant que les en-avants, durant ce match).

Le coup de sifflet est donné par Kojak (ou Petrol Han, c’est selon).

 

On peut le dire maintenant, Pierluigi Collina lui a tout pompé.

 

Le Film du match

L’entame de jeu est parfaite pour le spectacle. Au bout de 20 secondes de jeu, Gregory Le Corvec arrache la tête d’Oliver Missoup, qui tombe et roule sur la pelouse. La stupeur se lit dans les yeux de tous les spectateurs jusqu’à ce que l’on distingue que ce n’est en fait que son casque et qu’il ne contient pas sa tête. Je suis affreusement déçu et Gregory aussi, mais je me dis qu’il réussira surement au cours du match.

A noter que durant la même action, Dean Schofield a tenté d’étrangler Le Corvec, dans un mouvement de guillotine arrière, que les pratiquants de combat libre ont tous salué. L’action n’ira pas au bout, car les joueurs, empêtrés dans un maul se sont tous balancés à terre. L’arbitre n’a pas compté jusqu’à 10 car cela n’est pas prévu par le règlement IRB.
L’Usap est bien en place et insiste dans l’axe, quand dès la 3ème minute de jeu, Kévin Boulogne, se fait la valise sur le petit côté pour aller marquer un essai magnifique de 30m ! Non, non il n’en est rien en fait (Mourad Boudjellal approuve). L’excellent Monsieur Pechambert, aidé de son acolyte juge de touche, siffle une touche imaginaire au départ de l’action. En visionnant le ralenti on se dit que seul Mathieu Bastareaud ou Sylvain Marconnet ont une circonférence assez importante pour combler l’espace entre le pied de Boulogne et la touche, mais l’arbitre ne le voit pas de cet œil. Le jeu reprend et Magic Porical en profite pour rater sa première pénalité de la soirée (un grand soir pour lui).
L’ouverture du score arrive à la 9ème minute de jeu par ce même Popo qui est imité deux minutes plus tard par le nain casqué, 3 à 3. La bataille des rucks est énorme, la soirée aquasplash a commencé et c’est bien sûr les Toulonnais qui en profitent pour gratter deux ballons au sol sous les yeux de l’excellent Monsieur Pechambert  (c’est vrai que l’USAP ne commet aucune faute dans les rucks). Les Catalans sont dans le camp du RCT et c’est le moment blague du match.

Pénalité, 22 mètres en face les poteaux pour l’USAP. Magic Popo (les supporters usapistes ne l’ont pas sifflé, cela m’a coûté une bière) s’élance et dans un magistral coup de pied de grand-mère, il loupe les poteaux et envoie le ballon dans la buvette (Ramiro Pez approuve). Je me dis alors que tout va bien et que l’Usap a presque toutes les armes pour gagner ce soir. Les Perpignanais sont dominés en mêlée mais les gros sont bien en place dans jeu de mouvement. Après une belle série de crac-boum-huuu des avants dans la défense adverse, le demi de mêlée varois, Sébastien Tillous-Borde prend un carton jaune (en position de dernier défenseur sauvant la patrie, donc carton largement mérité) et laisse le RCT à 14.

Quelques fautes de mains et quelques pénalités bien repérées pas l’excellent (lol) Monsieur Pechambert, le score est de 6 à 9 à la 30ème minute de jeu. Le troisième ligne centre catalan « Riton » Tuilagi est partout, il crée des brèches sur toutes ses interventions, transmet les ballons avant de tomber et fait mal à la défense. Il doit hélas laisser ses partenaires (les marabouts toulonnais ont fait le job) et il est remplacé sur blessure par Damien Chouly, 5 mn avant la mi-temps.

Il est important de noter qu’à ce moment Toulon a le vent dans le dos et en poupe, en finissant fort cette première période. Luke Rooney tentera d’ailleurs d’aller à dam, seul, après avoir été bien servi par Tillous Borde. Malheureusement pour lui, il choisira de ne pas servir son ailier, en oubliant que ce soir là, il tractait sa caravane, sa maison et probablement un ou deux contrôleurs fiscaux.

Moment de flottement, l’équipe catalane paraît désorganisée et c’est cet instant que choisit ce petit merdeux
(mais gros bras)
de Tillous-borde, qui venait de re-rentrer en jeu, pour se faire la malle sur le fermé (en plantant Adrien Planté) et marquer le 1er essai de la partie. L’essai est transformé et le score est de 6 à 16 à la pause.

Interviewé par Canal à la mi-temps, notre futur président David Marty en profite pour mettre les choses au clair avec ses détracteurs : « On a des intentions et on ne va pas s’arrêter là ! »
La mise au point a le mérite d’être claire.

A la reprise, la soirée piscine continue, il y des turn-over sur toutes les actions de jeu. L’Usap joue avec le vent dans le dos et en profite pour recoller au score 9 à 16. Le huit de devant catalan fait un gros match, Olibeau et Tao sont partout et la troisième ligne découpe tout ce qui passe.

Le Catalabo oublie de signaler la deuxième cagade de cette soirée spéciale trois quarts toulonnais. En effet, malgré l’impénétrable défense catalane, Loamanu parviendra à percer, mais dans son habitude, cherchera à transpercer physiquement son vis-à-vis à la manière d’un super sayïen, au lieu de fixer et donner à son partenaire en bord de ligne de touche. Un essai cadeau que Toulon a refusé, histoire que l’USAP puisse continuer à rêver.
Sans doute un début d’explication au fait qu’à Toulon, les gros ne passent pas la balle aux trois quarts.

Heureusement Popo est là pour nous rappeler qu’il n’a toujours pas resigné avec nous ni ailleurs, donc il s’applique à louper une autre pénalité à la 47ème. L’avenir du jeune Porical s’annonce radieux, personne n’en doute. Comme un malheur n’arrive jamais seul, Grégory Le Corvec est remplacé par Ovidiu Tonita à la 50ème et Matt Giteau en profite pour creuser l’écart, 9 à 19.
Popo se reprend alors et enquille. Sur l’action d’après c’est le tournant du match. Rudy Coetzee perce plein champ et décale Farid Sid qui va marquer un splendide essai. A moins, que non ? Ah non ! Toujours l’excellent Mr Pechambert, signale un en-avant entre les deux joueurs. Effectivement, encore une fois, après visionnage du ralenti, il s’avère que la règle 23b s’applique à cette phase de jeu.

Petit rappel sur la règle 23b alinéa 8 : Tout joueur qui transmet le ballon dans le sens contraire au classement que celui qu’il occupe sera sanctionné d’un en-avant. La règle est dite Matavouène ou Donguyène lorsque celle-ci est profitable à l’équipe qui gagnera de toute façon.
C’est clair pour tout le monde ? (Il y avait en-avant, foi de toulonnais).

Je reprends mes esprits (les Catalans n’ont pas d’esprit, détends-toi Grégory) et je me dis alors que nous avons vraiment de la chance dans le daube 14 d’avoir des arbitres de cette qualité. Pendant ce temps, le jeu continue et le combat est rude. Les Catalans se sont bien repris en mêlée et le duel Freshwater/Hayman est énorme (duel remporté par le Toulonnais, merci de ne pas le préciser). Perpignan avance avec une série de pick and go et Gavin Hume en profite pour rater son drop syndical. Oui mais voilà, c’est sans compter sur le talent de Rudi Coetzee, cet homme que l’on n’entend jamais et qui sur chaque match sort une partie énorme et qui met Maxime Mermoz sur le banc plus qu’il ne le voudrait (rien que ça) (Mermoz n’est pas vendeur de slips ?). Sur une grande chandelle allumée par Hume, Coetzee est au contest et grâce à un dribbling d’une maîtrise impeccable, il va marquer l’essai salvateur pour l’Usap, 19-19.

Il serait indécent de ne pas intervenir ici, notamment sur le terme “dribbling impeccable.” Pour info, Hume tape une énorme quille, Coetzee n’est pas dessous. Ce qui est beau, c’est que trois Toulonnais, eux, y sont mais parviennent à ne pas récupérer cette balle dans une splendide imitation du atoiamoi. Coetzee, qui a poursuivi sa course malgré tout, nous rappelle que son prénom a été utilisé dans  un dessin animé japonais sur le football, en réalisant un dribble acrobatique, qui lui permet de finir sa course dans l’en-but.

Il reste alors un quart d’heure à jouer et c’est le moment que choisit l’excellent Monsieur Pechambert pour créer une zone de non-droit et où il choisit de ne regarder jouer que les Catalans, l’apothéose.
Les Toulonnais, bien inspirés, font le tour sur tous les mauls, grattent tous les ballons au sol, écroulent les portés, bref, du grand rugby (ajoutons à cela que les Toulonnais ont joué à 23 contre 8 et que chaque Catalan courait à cloche pied et que Porical a raté un tir sur trois… Ah, ça c’est vrai, en fait.). Toutes ces fautes sont bien sûr sanctionnées et l’occasion de reprendre le score est donnée à Matt « le troll » Giteau. Le score passe à 19-22, je repense à ce que disait Julien Candelon la semaine dernière quand il disait que « nous sommes arbitrés comme une équipe de bas de tableau » et j’en prends conscience (on croit rêver).
Bernard Goutta devient hystérique (il ne l’est pas tout le temps ?), il crie, s’arrache les cheveux, le jogging, la tribune, tout. Les joueurs Usapistes sont orgueilleux et ils le montrent sur le terrain. Ils rentrent dans les 22 Toulonnais à la suite d’une belle série de temps de jeu.
L’excellent M. Pechambert va alors se prendre les pieds dans le tapis. En effet, sur un ruck, c’est son juge de touche qui est obligé de l’appeler et de lui signaler une faute toulonnaise. Il proteste vigoureusement et demande des explications. Il n’y pourra rien, il sera obligé d’accorder une dernière pénalité aux Catalans (on remerciera David Mêlé d’avoir fait sa pleureuse pour quémander la faute auprès de l’arbitre de touche), qui la transformeront pour accrocher le match nul 22 à 22.

 

Gregory le Corvec c'est avant tout un grand sentimental.

 

Les Joueurs

Perpignan

La 1ère ligne : A gauche Freshwater, a eu quelques difficultés en mêlées face à Carl Hayman mais il a su prendre celles qu’il devait. Vaillant dans le jeu et pas feignant en défense. A droite, Bourrust a lui aussi des difficultés en mêlées fermées mais il a été très présent sur les phases statiques. Au talon, Guirado a fait du Guirado, puissant en attaque, précieux en défense et encore une fois il n’a fait aucun mauvais lancé. Attention il ne faudrait pas que ça devienne une habitude.

La seconde ligne : Romain Taofifenua, l’ogre a été moins en vue ballon en main que sur le dernier match mais très présent pour apporter sa masse dans les mauls. Olivier Olibeau a réalisé un de ses plus beaux matchs cette saison. Gros défenseur au bord des rucks, précieux en touche, il s’est appliqué à faire le combat de l’ombre.

La 3ème ligne : J-P Perez s’est montré appliqué surtout en défense mais il coûte quelques pénalités sur les rucks. Tuilagi a été impressionnant, par ses courses et par sa capacité à faire jouer autour de lui, chose qu’il ne faisait tout simplement jamais avant. Gregory Le Corvec a lui aussi été au four et au moulin, il a beaucoup défendu et il y a surement laissé une épaule.

La charnière : Boulogne a eu beaucoup d’activité et Hume a été propre.

Le Centre : David Marty a fait un bon match, mon seul regret c’est qu’il se prend pour un demi d’ouverture. Il tape et fait des passes, on dirait FTD mais en moche. Rudi Coetzee, sauve encore la maison.

Aux ailes : Planté et le Sid ont fait un super match. Ils vont se chercher les ballons et essayent toujours de dynamiser sur l’extérieur.

A l’arrière : Magic Porical, a alterné le pas bon et le moins mauvais. Dommage je l’aime bien mais il nous coûte le match.

 

Toulon

Comme l’excellent Mr Pechambert ne les a pas regardés, moi non plus.


La première ligne : A défoncé sa vis-à-vis en mêlée fermée. Moins à l’aise dans le jeu courant et plutôt bonne en touche.

La seconde ligne : Schofield et Shaw ont su à merveille ne pas se faire voir par l’arbitre pour récupérer les ballons dans les rucks. Samson est rentré en jeu pour commettre sa faute syndicale, mais n’a pas pris de carton cette fois.

La troisième ligne : Propre, peu de faute, avec toujours Armitage en pointe et la rentrée de Conan Gunther, à la pointe de la mode.

La charnière : Tillous-Borde, malgré son carton (excusable diront certains), il a plutôt bien fait jouer en créant des décalages et marque un bel essai. Giteau, sans doute, homme du match. Franchissements, passage de bras, gestion et jeu au pied millimétrés et 100 % dans les buts. Cadeau bonus : “C’est un joueur de très haut niveau. Il était vraiment sur un nuage”, dixit l’ailier sang et or Farid Sid.

Aux ailes : Palisson a eu deux-trois fulgurences, mais peu de ballons à exploiter, malheureusement. Gageons qu’en sélection nationale, il tripote un peu plus la gonfle. Loamanu a montré qu’il avait le niveau pour jouer en équipe B de série régionale, sans regret.

Au centre : Lovobalavu a montré qu’il avait des aptitudes, mais pas forcément de sens ou de vision du jeu. Messina, toujours excellent en défense, a plus peiné dans le jeu offensif, surtout quand on ne fait pas de passe.

Arrière : Prestation moyenne pour Rooney, pas forcément serein sur les ballons hauts, pas de grandes relances et vendange un essai en première mi-temps.

 

La déclaration :

Gregory Le Corvec à la 70ème minute de jeu au micro de Canal, le score est de 19 à 19 : « J’espère qu’on va mettre trois points de plus que l’adversaire pour gagner », suivi d’un « merci, Gregory » du journaliste. Un grand moment.

Pour finir : L’Usap se déplace à Clermont le week-end prochain. J’espère que Messieurs Goutta et Manas se décideront à mettre une équipe pour GAGNER et non pour jouer. A moins qu’ils préfèrent prendre la fessée qui est promise.

Toulon attend le Racing le vendredi soir prochain. Vendredi + Racing, deux éléments qui devraient vous indiquer de faire autre chose que suivre ce match ce 23 mars.