Le Rade’Labo analyse Toulon – UBB
par Jonny WillKillSoon

  • 13 February 2012
  • 9

Le contexte

« Si c’est pour jouer par -20°, autant signer à Clermont » nous avouait un joueur toulonnais sous couvert de l’anonymat (et de neige aussi). Le blanc manteau au bord du terrain n’est pas sensée faire partie du charme local. Si l’on ajoute à cela la réception d’un promu qui fait tourner son effectif, j’en connais plus d’un qui aurait préféré monter à Paris pour voir le match de l’EDF en direct du Stade de France. Bé ouais, on n’est pas sur Canal+ donc on n’a aucune raison de survendre le match.

Cependant, Bordeaux n’est que 9 piquets derrière sur la piste noire du Top 14 et le monde du journalisme sportif ne cesse d’encenser le jeu tout en glisse des Girondins. Donc, bon, on va quand même regarder le match. Ce n’est pas comme si on avait autre chose à faire par ce temps. Ah… Pilou a quand même ramené son oreiller au stade, au cas où.

Le film du match

M. Attalah, arbitre en herbe et spécialiste en gazon, n’a pas souhaité repousser la date du match et c’est sous un temps apocalyptique (c’est-à-dire une température inférieure à 20°) que le coup d’envoi a été donné. Toulon prend immédiatement les bâtons en main, se fait des passes, tente de combiner derrière et s’approche à chaque vague de la ligne bordelaise. Une bonne nouvelle pour les supporters qui ne seront pas obligés d’attendre les 20 dernières minutes pour voir du spectacle. Mais comme il s’agit de faire durer le suspense, les Toulonnais enfourchent à l’orée de l’aire d’arrivée et Sir Jonny (encore à 100%) est obligé de prendre les points grâce à son Ice Tee®. Toulon cryogénise le ballon, se permettant même de réaliser des contres en touche, chose que l’on avait plus vue à Mayol depuis la retraite sportive d’Eric Champ. A 6 à 0, la situation se déglace en sortie d’igloo avec une 89, Tillous-Borde prend la poudreuse petit côté et envoie Lapeyre qui sert sur le pas Smith qui évite la sortie de piste. Il dépose son forfait de séjour à son vis-à-vis avant de resservir intérieur sur le descendeur Armitage avant que Captain Joe ne conclue en réalisant au passage le plongeon le plus ridicule de la saison. Tillous-Borde, décidément hyperactif, doublera la mise un peu plus tard après une touche bien négociée et un slalom serré entre les portes n°2, 4 et 15. Encore un essai en première glisse qui appuie un peu plus la tête des promus dans les flocons.

Fin de la première manche sur le score de 23 à rien. Mais après la tempête revient le calme et les Toulonnais subissent des giboulées dans leur jeu. Les Bordelais poussent en multipliant les passes devant la défense. Matt Giteau se paie une belle interception acrobatique qui, même si elle n’ira pas au bout, lui vaudra d’entendre son nom scandé par Mayol. Les Toulonnais se croient arrivés, vendent la peau du caribou avant que Botha ne l’ait tué et du coup commettent une faute de (trois) carre à force de glisser sur la largeur. Giteau se fait intercepter sa deuxième passe de la saison après Burgess au Stadium. Cette fois c’est Lilo qui en profite pour traverser le terrain tout schuss et sans Stitch. Les Girondins reprennent du poil de la bête, retirent leurs moufles (mais continuent à se dégager en Moon Boots) et montrent enfin des ambitions dans leur jeu. Enfin, c’est bien beau d’avoir des ambitions mais le jeu mis en pratique n’en est pas forcément à la hauteur. Toulon est à deux pointés du bonus mais reste sur le pas de la porte. Les Unionistes Bordelo-Béglais (je vous jure…) partent régulièrement à la faute et c’est sur ce tracé dangereux qu’Avei recevra un jaune qui constituera le tournant de ce tour de piste.

C’est à ce moment que le match rentre dans l’histoire du rugby ou du moins dans celle de la jurisprudence de la ligue. Toulon demande une mêlée après l’expulsion du talonneur remplaçant. Aucun Girondin ne pouvant rentrer à ce poste, l’arbitre demande logiquement (?!?!?) l’entrée d’un pilier et la sortie de deux autres joueurs afin de pouvoir simuler les mêlées. Du coup, Joe Van Niekerk demande la touche. Si vous avez compris, appelez-nous.

Toujours est-il que Toulon profitera de ce surnombre verglacé (15 contre 13) pour inscrire une avalanche d’essais lors du dernier run. Deux par Eifion « le cimetière à poulet » Lewis-Roberts grâce à un super combiné en touche, et un par Geoffroy « Luke Rooney » Messina (on t’aime quand même Rodolphe) qui continue sur sa lancée : 1 ballon joué, 1 essai marqué (spéciale dédicace à un certain Matthieu B.). C’est sur ce résultat flatteur que se termine ce match finalement peu traumatisant pour nos amis cardiaques et on n’oublie pas de rappeler que le plus important c’est le planté d’essais !

A côté de nous, des journalistes de Rugbyrama hésitent déjà sur le titre à choisir « Le Bordeaux, servi glacé…», mais Pilou se réveille à ce moment et nous descendons à la buvette, en laissant les journalistes faire le métier. Il est certain que seuls les points pris seront à retenir de ce match, puisqu’ils permettent de rester à seulement 9 points de l’ASM. A Mayol, on attend surtout le prochain match contre Montpellier, avec un face à face entre un certain Rémy M. et Olivier M.

Les joueurs

La première ligne : A malmené ses vis-à-vis durant quasiment tout le match. Mention spéciale à Lewis Roberts, deux essais pour un pilier remplaçant en surpoids notoire, ce n’est pas si mal.

Sansom : Impérial en touche, très solide en défense, présent au soutien, bref aux portes de l’EDF. C’est pour cela qu’on préfère attendre avant de le faire ressigner !

Botha : Première titularisation et toujours pas d’accrochage à son actif. Même le déblayage musclé de François Tisseau l’a à peine émoustillé.

S.Armitage : Omniprésent, adroit, démolisseur de plaquages, sympa, souriant toussa toussa. Son seul défaut restant son suicide capillaire. Encore une fois au top mais sort sur blessure au genou à la fin du match.

El Abd : Nous a gratifié d’un instant miaw sur un groupé pénétrant (c’est le cas de le dire) en nous dévoilant la subtile « English Touch » qui veut que le port du boxer reste facultatif.

Captain’ Joe : Laporte a enfin compris qu’il ne servait à rien de le mettre dans le couloir de la troisième ligne sur les mêlées, Armitage étant nettement plus perforant. A toutefois réalisé un bon match dans les airs et présent dans les rucks.

Tillous-Borde : A mené le jeu comme il le fallait. Beaucoup de tentatives de départ au ras, pas toujours nécessaires, mais l’ancien castré (si un médecin peut nous expliquer comment c’est possible…) marque physiquement ses adversaires. C’est autour de lui et d’Armitage que le jeu toulonnais se construit.

Wilkinson : 5/5 à Clermont, 10/10 la semaine passée et 8/8 ce samedi. Série en cours, Brock James aime ça.

Giteau : Pas encore au top Matt, peu d’influence sur le jeu mais il faut dire que les ballons toulonnais vont rarement jusqu’au centre.

Bastareaud : Petit match par rapport à la semaine passée pour le fils caché de Whitney Houston. Coïncidence avec le drame dominical, on ne pense pas.

Smith : Beau retour du Samo-Autralo-Zélandais qu’on avait quitté à côté de ses pneus à Michelin. Dangereux en première mi-temps, un peu plus en difficulté par la suite.

Palisson : Un jeu au pied qui ferait pâlir Julien Malzieu de jalousie mais des crochets toujours aussi surprenants. C’est même permis le luxe de mettre un plaquage de jeune sauvageon sur Thierry Brana.

Lapeyre : Quoi de mieux qu’un Moine-Surfeur pour glisser par ce temps hivernal. Bon jeu au pied, solide à l’impact et bonne technique individuelle.