Rendez vous en terre inconnue : La Boucherie au Racingpar Ovale de Grace 26 October 2011 8 L’organisation du Racing nous rappelle que nous sommes bien en France malgré la compo des deux équipes Un récit d’Ovale de Grace La nouvelle tombe comme une sanction, un kaïros psychanalytique: l’attaché de presse du Racing-Métro 92 nous kiffe et veut nous offrir nos premières invites en tribune presse. Outre que ce garçon a forcément un goût exquis et un esprit plein de discernement, le RM 92 c’est quand même lourd de symbole. Base armée de la barbouzerie postpasquiste alto-séquanienne, plaque tournante du blanchiment de la spéculation immobilière, immobilier dont le président a fait allègrement péter la bulle jetant des familles entières et leurs chtites nenfants aux joues creuses et aux grands yeux éplorés à la rue… D’un autre côté, on a le goût de l’aventure et la plupart d’entre nous n’a jamais voyagé aussi loin. On connaît mal le Racing, ses us, ses coutumes et on ignore tout de la compatibilité bouchère de ses autochtones (sauf Ovale de Grâce qui a eu un rapport furtif avec Andrea Lo Cicero, un gratouillage d’épaule dont elle nous bassine encore, les yeux constellés d’étoiles). Investis de l’esprit de Jean Malaurie, Guide du Routard en mains, nous, Ovale Masqué, Ovale de Grâce et le Stagiaire nous donnons rendez-vous sur un quai de gare pour prendre en compagnie d’ une foule bigarrée ce qui est probablement un ancêtre pas si ancien du légendaire Orient-express. Dans la longue marche qui mène de la gare à Yves du Manoir, nous ne croisons pas un seul autochtone. Les premiers indigènes qui nous adressent la parole sont séparés de nous par la vitre blindée de leur guichet, et, malgré leur extrême sympathie, nous sommes rassurés par ce qui protège notre premier rapport. Nous galérons un peu pour trouver nos pass, Ovale Masqué rechignant à dévoiler sa véritable identité à des inconnus, et nous pénétrons enfin dans le saint des saints, à la recherche d’une source potable. Après avoir erré, nous retrouvons enfin quelques repères bouchers en la personne de twittos supporters toulonnais, au RCT, on sait ce que découper veut dire ! Ravitaillés en denrées locales lyophilisées, nous rejoignons les postes d’observation qui nous ont été attribués. Tribune de presse, à proximité des joueurs, des étiquettes avec nos noms et la mention « Boucherie Ovalie » sont collées sur les tablettes. On chiale comme des Argentins ! L’attaché de presse, Franck, répond enfin à nos signaux de fumée et vient nous retrouver. Il est jeune, souriant, il pose plein de questions, il est tellement bien sapé qu’Ovale de Grâce veut piquer sa veste… on dirait pitin… il est tellement beau qu’on dirait presque un mec de gauche ! Franck nous explique qui est qui, et nous montre le frère de Berbize (qui doit s’appeler pareil). Berbize est petit, un peu freluquet, plein de cheveux et parfois agité ? Son frère, c’est son yang ! On ne le verra bouger en deux heures qu’au moment où il manque de péter sa table en y écrasant son poing colossal ! Le match commence. Dans le stade, on entend trois trucs: les Toulonnais, le speaker (qu’on finit par remercier pour l’ambiance) et une supportrice très apprêtée qui gueule avec l’élégance des plus sémillantes maraîchères de la Canebière et un peu avec le même enthousiasme que cette voisine qu’on a tous connue, qui hurle des encouragements obscènes à son partenaire de jeu laborieux. Reléguant Pamela des Barres au rang de première communiante, elle sera, à la fin du match, la première à sauter sur le râble du pauvre Mathieu Bastareaud dont nous reparlerons après. Le speaker est omniprésent, et furieusement seul, ou alors, il a plein de gens dans la tête qui reprennent avec lui chants et encouragements auxquels nos oreilles n’entendent aucun écho. Le speaker, a le même débit que le DJ du Macumba Beach sur les bords de la RN 355, en plus il se plante tout le temps sur le nom des joueurs et du « Racing Club Toulonnais », ce qui le rend plutôt sympathique. Sur le match en lui-même, pas grand chose à dire, si ce n’est que Cronje se découvre des talents bouchers qu’on lui méconnaissait en sautant à pieds joints sur la tête d’El Abd qui arrive à esquiver et prendre à l’épaule au lieu d’avoir la boîte crânienne explosée sur la pelouse. On est tous médusés de la sanction qui est infligée (une pénalité), et, politesse due à nos hôtes oblige, nous feignons le soulagement. Fin du match, le RCT a gagné, nous partageons le deuil local et allons assister à notre première conférence de presse. Le ton est au recueillement, sauf pour nous trois qui menons un véritable travail d’anthropologues, observant échanges et techniques artisanales locales en vigueur. Nous mimons l’observation participante en photographiant avec nos téléphones portables au milieu des caméras téléobjectifs utilisés par les barbares locaux. Toutes les questions des journalistes tournent autour d’un seul sujet: le match du XV de France du lendemain. De l’affrontement entre tribus rivales qui vient d’avoir lieu, il sera à peine question. Pierre Berbizier a mis une cravate, il est souriant et aimable, il n’a pas l’occasion de parler de la professionnalisation des arbitres. La conférence va son train, ronronne un peu, lorsque nous découvrons ébaubis de stupeur un costume folklorique tout à fait différent arboré fièrement par un ancien membre d’une tribu voisine, aujourd’hui en voie d’extinction: Vu l’état de son pagne, on se dit qu’il porte de bien lourds secrets et envisageons d’interviewer Blanche de Castille sur ses relations saphiques avec des tables de nuit néo-zélandaises! Les journalistes se précipitent sur Matthieu Bastareaud qui, lorsque la question lui convient, se gratte les parties génitales en signe de contentement.. Hamdullah ! Ovale de Grâce rappelle quelle est surtout venue pour qu’Andrea Lo Cicero lui grattouille l’épaule, puis, ne voyant aucune promesse des phalanges salvatrices à l’horizon, file par la première caravelle providentielle et plante ses co-aventuriers sans aucune vergogne. Tels Stanley et Livingstone, Ovale Masqué et le Stagiaire (le premier chevauché sur le dos du second, hiérarchie oblige) ont dû rentrer seuls, dans la nuit noire et percer un chemin à travers une nature hostile, préférant ne pas s’éclairer de peur d’attirer les prédateurs. Chemin sur lequel ils sont sûrs, un peu vengeurs, d’avoir croisé Andrea Lo Cicero, bien peigné, muni de ses tous jolis doigts agiles. Merci, le RM92, vous êtes beaux, vous sentez bon et vous avez été super Kawaï ! We’ll be back ! Pauvre Ovale Masqué : il avait ENFIN son nom écrit sur une table, mais il peut même pas se la péter car il doit garder son anonymat… Ovale de Grace