Pierre Villegueux analyse la finale de la Coupe du Mondepar Pierre Villegueux 26 October 2011 28 Et voilà ! On s’est encore fait avoir. Il suffit de lire la presse, française et internationale (une fois n’est pas coutume) pour s’en convaincre : la France a gagné la finale. Les Bleus ont été plus beaux, plus forts, plus courageux. On peut même dire qu’ils ont mieux joué que les All Blacks qu’ils ont largement dominés chez eux à l’Eden Park. Plus puissant qu’un shoot de morphine, une petite injection de french flair suffit à faire oublier la défaite à tout le monde. On est tellement stoned qu’on en arrive à croire l’IRB quand elle nous dit que Thierry Dusautoir est le meilleur joueur du monde. Sans déconner. Tout va bien donc, demain les Bleus boufferont des petits fours à l’Elysée (ça leur changera de ceux de Jo Maso) puis ils iront parader Place de la Concorde comme de beaux vainqueurs. Happy end. Sauf que si la France a peut-être gagné la finale, ce sont bien les Blacks qui sont champions du monde. Les Français sont vraiment des grands seigneurs : ils laissent jouer les Blacks en noir, puis ils les laissent même gagner la Coupe du Monde, parce que bon, sur l’ensemble, faut bien avouer qu’ils la méritaient plus que nous. Parce que, n’en déplaise aux amateurs de théories du complot, qui cherchent déjà à nous prouver que la pénalité de Stephen Donald n’a jamais percuté le Pentagone, les Français ont perdu le match tous seuls comme des grands. Je croyais que le mojo de la loose et la place du con (ou du « loser magnifique ») avait été refilée aux Gallois. Je m’étais trompé. Sévère rechute en finale de la Coupe du Monde. Les romantiques seront contents, les aigris parleront de l’arbitrage, Richard Escot continuera de dire de la merde : rien n’a changé finalement. Trop touchés par les critiques, les Français ont été orgueilleux et ils ont voulu montrer que le french flair n’était pas mort. Ainsi, ils ont joué avec courage, mais aussi avec plus d’audace qu’à l’habitude en écartant les ballons et en enchaînement les passes et les phases de jeu. Ceux qui rêvaient de voir les Gallois en finale étaient consolés. Mais les Bleus ont malheureusement oublié les fondamentaux pour réussir à battre les Blacks. Enfin LE fondamental : démolir ce gros con de Richie McCaw. Dans un tel match avec un tel enjeu, on pouvait légitimement espérer que Pascal Papé élèverait son niveau de jeu. Qu’il sortirait enfin cette pêche monumentale qu’on a tous rêvé d’envoyer dans la tronche de hérisson bodybuildé du capitaine néo-zélandais. Mais non, rien ! Il a préféré cracher sur un journaliste, comme un vulgaire Robert Downey Junior à la sortie de sa 7ème cure de désintox’. A peine Dimitri Yachvili a t-il essayé de piétiner le mollet de l’homme invisible. Un beau geste… mais ça, c’est le travail de tes avants Dimitri. Personne d’autre n’a osé. Au lieu de ça, c’est Richard qui s’en est donné à coeur joie avec un coup de genou sur la tête de Morgan Parra qui lui aurait valu une disqualification en Ultimate Fighting. Ou comment flinguer notre meilleur buteur dès la première mi-temps… Pourtant il y avait la place. Si le puceau Cruden s’était montré à son avantage contre cette équipe de plagistes australiens (on regrette encore qu’ils aient éliminé les Boks par miracle… au moins les Sud-Af’ auraient épuisé un peu les Blacks avant la finale), il a été vite étouffé, notamment après un superbe plaquage en sandwich de Bonnaire et Dusautoir. Affolé, il a préféré se péter les ligaments plutôt que de continuer à se faire martyriser par la troisième ligne française. Et que dire de Piri Weepu ? Le Kamel Ouali du Haka a montré ses limites sur un vrai match à enjeu. L’Ewok a barbe rousse a complètement perdu les pédales en descendant plusieurs espèce d’oiseaux en voie de disparition sur ses pénalités, en réalisant une splendide passe au pied pour Trinh-Duc sur l’essai français, avant de conclure sa prestation magistrale par une « Skrela ». Non pas un KO, un coup de pied de renvoi dans les tribunes. A partir de là, les tout-noirs se sont retrouvés avec une charnière Andy Ellis (le mec qui s’est fait piquer sa place par un demi de mêlée samoan aux Crusaders, c’est dire le niveau) et Stephen Donald, le plus grand clown de l’histoire des All Blacks, le mec qui est capable de se feinter lui-même alors qu’il y a un 1 contre 3 à jouer. Les pauvres jouaient à l’envers, les gars du New Zealand Herald étaient déjà prêts à titrer « chokers » en une le lendemain matin. Mais nous n’avons pas su saisir l’occasion. Nous avons attendu une faute qui ne viendrait jamais – en même temps, on sait bien que les arbitres de l’hémisphère sud ne sifflent rien. Pas même le jeu violent, puisque Mr Joubert est sud-africain, et qu’essayer d’arracher la tête de son adversaire est une marque de respect dans son pays. Certes, il y a bien eu deux trois occasions, notamment grâce à François Trinh-Duc. Donald Duc, c’était le scénario Hollywood chewing gum de la finale : le chouchou de Marc Lièvremont, abandonné sur la route des vacances. Le fidèle labrador remplacé par un petit caniche aboyeur. Et quand le caniche s’est fait déboîter la boite crânienne par McVache, on a bien cru que Donald Duc serait le héros de la finale. Une belle rentrée, une belle percée – peut être la plus belle action du match – FTD y a cru à fond à son beau destin. Il s’est même un peu pris pour quelqu’un d’autre en tentant cette pénalité de 50 mètres : quand t’es 4ème buteur à Montpellier, faut peut être rester un peu modeste quand même. En vérité, Damien Traille aurait dû taper cette pénalité. Et il l’aurait sans doute passée, devenant l’idole de tout un peuple. Ben quoi ? Du coté des Blacks le héros aura été Stephen Donald, tout était permis dimanche. Mais c’est trop tard maintenant. On a encore perdu. Notre troisième finale de Coupe du Monde, encore un record à la con à ajouter à notre palmarès. Marc Lièvremont l’entraîneur n’aura pas fait mieux que Marc Lièvremont le joueur. Finalement le chouchou de la DTN aura rendu un bel hommage à son père spirituel Jean-Claude Skrela : après avoir essayé en vain de faire jouer un jeu ambitieux à une bande de gros branleurs plus ou moins talentueux (ou “sales gosses” si vous préférez), il a préféré endosser le rôle du méchant et liguer tout le monde contre lui, la presse et les joueurs, pour le bien de la patrie. Marc, tu t’es sacrifié pour nous, tu t’es même affiché avec une moustache ridicule devant le monde entier, et ça on ne l’oubliera pas! On espère maintenant que tu vas connaître un peu de repos, profiter de la vie, aller à la pêche, trouver des gens avec qui tu pourras finir ton putain de pack de bières. Et un petit conseil : si Serge Blanco t’appelle pour remplacer Lagisquet, raccroche tout de suite : c’est un piège. Voilà, c’est fini. On est toujours pas champions du monde, et on va abandonner Marc, sa fraîcheur, sa spontanéité, ses qualités et ses (gros) défauts pour Philippe Saint-André, sa langue de bois, son air de droopy et sa voix de crooner à la Richard Virenque. Un profil de « manager », plus de la lignée de Bernard Laporte, dit-on. Il pourra peut être d’ailleurs faire mieux que lui, car si Bernie le Dingue entraîne le RCT depuis un plateau de télé depuis 3 semaines, Philippe, lui, pourra le faire depuis sa cellule à Fleury-Mérogis. Nicolas Mas A fait un bon concours de sosie de « La Chose » des 4 Fantastiques avec Mealamu. A part ça, solide comme d’hab. William Servat Bon match. Allez courage William, cette saison Guy Novès a prévu de te faire jouer 44 matchs seulement. Jean-Baptiste Poux Pénalisé en mêlée quelques fois. Allez courage Jean-Baptiste, tu vas pouvoir retourner à Toulouse faire banquette. Pascal Papé « Thorn, je savais qu’il prenait sa retraite internationale ce soir. C’est un exemple, pour moi, un deuxième ligne un peu con, un peu costaud. Je voulais me mettre à son niveau. Tous les deux, on a pris et on a donné je crois… » Une phrase a l’image de sa Coupe du Monde (sur et en dehors du terrain) : sublime! La Boucherie a trouvé un nouveau héros. Finalement on est comme les socialistes, on se demande si on a choisi le bon candidat pour 2012 avec David Marty… Lionel Nallet Lionel est content, il a pu mettre ses « coups de casque » et faire le travail de l’ombre dans lequel il excelle. Pour le féliciter, un journal néo-zélandais l’a placé dans le XV du Mondial. Avec la photo de Julien Pierre. Thierry Dusautoir Saluons le self-control du mec qui vient de perdre une finale de Coupe du Monde et qui se fait appeler « Thierry Henry » par un journaliste néo-zélandais, en direct et mondiovision. Y’a des coups de boule qui se perdent. Sinon gros match, comme en quart et en demie. J’utilise également des images de son regard pendant le Haka des Blacks pour forcer mon fils à faire ses devoirs. Non je déconne, je n’ai jamais rencontré mon fils, j’ai eu l’intelligence de me barrer avant sa naissance. Julien Bonnaire On l’a attendu le drop de la victoire à la 80ème. Mais le Jean Dridéal des avants n’a pas eu l’occasion de devenir le héros qu’il aurait mérité d’être. Il restera donc pour le grand public « tu sais le mec avec un casque et des yeux bleus qui prend les touches ». Le digne successeur d’Olivier Magne, « tu sais le mec avec un casque qui court vite et qui marque plus d’essais que nos ailiers ». Imanol Harinordoquy 7 prises de balles en touche, quand même. Ironiquement, c’est sur notre gros point fort qu’on prend un essai parfaitement con qui nous forcera à courir après le score tout le match… sinon, bon match de Gladianol, comme d’hab. Dimitri Yachvili Plutôt un bon match du Yach qui a pris le dessus sur Kiri Weepu. Rate quand même une pénalité dans ses cordes et quelques coups de pied (touche directe, coups de pied dans la boîte foireux). On aurait peut être pu essayer une charnière Parra – Trinh-Duc non ? Non, bon… Morgan Parra En début de match, c’est Morgan Parra qui a plaqué Ma’a Nonu, et on était rassuré que ce soit lui qui s’y colle et pas Rougerie. C’est dire l’importance qu’il a pris dans l’équipe. Se fait malheureusement sécher par McVache… on ne saura donc jamais si il aurait été capable de passer les points laissés en route par Yachvili et Trinh-Duc. Trinh-Duc Tout a été dit en haut. Alexis Palisson Pas mauvais, surtout en défense. On n’a pas vu Cory Jane. En attaque il a essayé de participer au jeu mais ce n’était pas vraiment un match pour les ailiers. Pas pour les enfants non plus d’ailleurs. Maintenant, Noël approche et on attend tous notre peluche Pandapalisson. (http://boucherie-ovalie.org/wp-content/uploads/2011/10/Palipanda.bmp ) Maxime Mermoz Je vous avais dit la semaine dernière que j’attendais quelque chose de spécial de sa part, comme une blessure spectaculaire avec l’os qui ressort, ou un essai de 80 mètres. On aura eu ni l’un ni l’autre (même si on y a cru pour la blessure) mais plutôt un bon match pour l’usapiste, qui a touché plus de ballons que d’habitude et a plutôt bien joué le rôle du pivot. S’il arrête de se blesser et qu’il monte en puissance, il fera partie de ceux qui reviendront en 2015. Aurélien Rougerie Les extrémistes auvergnats se plaignaient de voir leur héros s’en prendre plein la tronche dans nos pages depuis le début. Ils seront contents aujourd’hui : L’homme qui est une énigme pour le monde de la médecine aura attendu la finale pour disputer son meilleur match. Bien présent en défense, il touche trois fois le ballon et fait la passe décisive à Dusautoir sur l’action de l’essai (même si la montée débile de Stephen Donald est à souligner) et il a généralement été très actif. Vincent Clerc Discret (en dehors d’une touche directe magnifique, sans doute un hommage au pauvre Heymans), il est sorti sur une blessure assez vite. Difficile de gagner une finale sans notre Jean Dridéal porte bonheur. Maxime Médard A l’arrière puis à l’aile, pas le match où on l’aura le plus vu, même si il a tenté. Jean-Marc Doussain Première sélection en finale de Coupe du Monde… ah Marco, tu nous auras tout fait… Damien Traille Un turnover pour son premier ballon, ça partait bien. Il s’est ensuite montré à son aise sous les ballons hauts et ne nous a pas fait perdre le match. Merci pour tout Damien, on va te lâcher un peu maintenant, mais promets-nous juste de prendre ta retraite internationale en échange. Barcella, Szarzewski & Pierre Parmi ces trois joueurs, un seul sera heureux de retrouver son club de Top 14. Devinez lequel. Marc Lièvremont Coach esseulé et mal aimé, personne ne voulait te faire des câlins à la fin quand tu es venu chercher ta médaille en chocolat. Vu le nombre de « Marc Lièvremont nu » qu’on retrouve dans notre moteur de recherche, je suis sûr que de nombreux lecteurs et lectrices de ce site se proposeront pour t’en faire un gros. Les Blacks : 14 gamins apeurés. Richie McCaw lui avait compris que les Blacks étaient mal et avait décidé de jouer avec les Bleus dès le début du match. Bien vu. PS : Je crois que si on avait gagné la Coupe du Monde, j’aurais pu mourir tranquille. Mais l’aigreur ça conserve (demandez à Pierre Salviac) et vous aurez l’occasion de me retrouver tout au long de l’année… la bise.