La Boucherie était dans les coulisses d’Au Contact
par Ovale Masque

  • 07 October 2011
  • 3

Il y a deux semaines, entre deux spams « d’enlargeyourpenis » et trois menaces de mort signées d’un certain Damien Traille (connais pas), nous avons reçu une étrange missive. En effet, la chaîne Eurosport nous invitait, nous, la Boucherie Ovalie, à venir assister aux coulisses de l’émission « Au contact », présentée par Xavier Garbajosa et Géraldine Pons. Il faut savoir que la dernière fois qu’on avait reçu une invitation sur le site, c’était pour se rendre au tribunal, et ça avait l’air nettement moins marrant. La Boucherie deviendrait-elle enfin populaire ? Ovale Masqué, rédacteur en chef de notre site, pouvait enfin savourer sa revanche. Ignoré de tous et reclus au fond de son Ovale-Cave depuis tant d’années, le super héros que le monde du rugby attendait (sans le savoir) allait enfin pouvoir s’intégrer dans la société et participer à des mondanités ! C’est donc sans hésitation qu’il accepta l’invitation…

Nous fûmes donc invités le mardi 4 octobre au siège de la chaine dans la splendide ville d’Issy les Moulineaux (également surnommée la Venise du nord – non, on déconne). Enfin, il convient d’abord de préciser ce « nous ». La chaîne ne pouvant se permettre de recevoir 27 bouchers sanguinaires armés jusqu’aux dents, le choix a dû se limiter à deux représentants. Ce seront donc Ovale Masqué lui-même, et le stagiaire de la Boucherie, Bastien (mais on l’appellera juste Le Stagiaire, son nom n’ayant aucune importance) qui s’y colleront.
Il est à noter qu’au départ Ovale comptait emmener Fourchette, dans le but secret de la soûler et éventuellement d’enfin parvenir à la séduire… mais comme tous les héros, Ov’M a de la compassion pour les faibles et les miséreux. Il a donc fini par céder aux incessantes supplications du Stagiaire, grand supporter du Stade Toulousain, qui désirait absolument rencontrer « son idole de jeunesse » Xavier Garbajosa.

C’est donc sous les coups de 20h30 qu’Ovale (qui avait décidé de revêtir un t-shirt des Who acheté dans une brocante et une chemise à carreaux dont même Kurt Cobain aurait eu honte, pour bien incarner l’esprit punk du site) et Le Stagiaire (étincelant dans son costume de communion et avec sa cravate Picsou) se rendirent devant les locaux de la chaîne omnisport, où ils retrouvèrent Renaud de rencontresaxv.fr, lui aussi invité.

Après une rapide visite des locaux, nous entrons dans la salle de rédaction. Présents autour d’une grande table : Xavier Garbajosa, Abdelatif Benazzi, Christophe Juillet et Géraldine Pons, l’animatrice de l’émission. Enthousiaste, Le Stagiaire se fend d’un « Bonsoir !!! » digne d’un Christian Jeanpierre sous ecstasy. Mais il ne récolte qu’un « chhhhhut » repris en choeur. Il faut dire que l’ambiance est studieuse, digne d’une bibliothèque universitaire la veille d’un partiel de physique quantique : Xavier Garbajosa est attablé à son ordinateur portable, et analyse les séquences de jeu des trois quarts français face aux Tonga pour préparer son interview d’Emile N’Tamack. Abdel Benazzi lui, est perdu dans un tas de papiers griffonnés : il compte nous expliquer ce soir l’importance de l’attelage Bonnaire-Hari-Dusautoir dans le contre en touche, peut-être la clef du match face aux anglais. Loin de ces préoccupations, Christophe Juillet planche sur le prochain billet de son blog sur Yahoo. Une main sur son clavier d’ordinateur, une autre plongée dans un livre : il s’est lancé dans un projet ambitieux, un billet en 12 volumes où il tentera d’expliquer le déroulement d’une partie de rugby sous l’éclairage de « L’art de la guerre » de Sun Tzu. Quant à Géraldine Pons, elle feuillette avec attention un catalogue de sous-vêtements masculins.

Surpris, Ovale lance à un des techniciens de l’émission « Et ben, l’ambiance est tendue ce soir ». Ce à quoi il répond par « Tendue ?!… Ca se voit que vous avez jamais vu comment c’est quand Berbizier est là ». Rien qu’à l’évocation de ce nom, un souffle glacial parcourt la pièce, et Abdel Benazzi gagne 5 nouveaux cheveux blancs. Le Stagiaire lui se blottit contre Ovale, qui malheureusement, n’était pas venu avec sa cape.

C’est alors que la star de l’émission fait son entrée dans la salle : Jean-Baptiste Lafond. Bronzage impeccable, allure dynamique, Jean-Baptiste salue discrètement toute l’équipe avant de se lancer dans une série de 200 pompes et 300 abdos. Malgré sa réputation de fêtard héritée des années Showbizz au Racing, on sent qu’il possède encore une hygiène de vie remarquable. Puis un membre de l’équipe d’Eurosport fait irruption dans la salle et nous demande si nous désirons boire. Ovale répond « vodka-redbull » alors que Le Stagiaire commande une grenadine. « Et les autres, vous prenez quoi, un peu de vin ? »… c’est à ce moment là que Jean-Baptiste Lafond pique une colère mémorable. « Moi de l’alcool ? Tu m’as pris pour qui ! Va me chercher mon eau gazeuze ! ». Juillet emboite le pas et demande un coca zéro.

… Vous y avez vraiment cru ? Bon, on tenait à cirer à un peu les pompes d’Eurosport, pour qu’ils nous réinvitent un jour, mais au bout d’un moment, il faut dire la vérité. Evidemment, la soirée ne s’est pas du tout déroulée comme ça. Quand nous sommes arrivés dans cette fameuse « salle de rédaction » (le terme fumoir correspondrait mieux) Xavier Garbajosa était en fait en train de cloper, assis sur le rebord d’une fenêtre haute de 4 étages. Au moins, on peut dire que dans la vie comme dans sur le terrain, Xavier est un vrai adepte du french flair et de la prise de risque maximum, tendance suicidaire incluse. Le Stagiaire était à deux doigts de se jeter à terre et de lui agripper la jambe pour l’empêcher de tomber, mais trop intimidé par son idole, il est finalement resté planté sur place. En réalité, il s’est surtout souvenu de ce que Ovale Masqué lui avait dit la dernière fois qu’il était sobre (il y a trois semaines environ donc) : « Tu sais le Stagiaire, si tu te fais remarquer… ». Bon en fait, Ovale n’avait jamais fini sa phrase puisqu’il s’était endormi sur les toilettes que le Stagiaire s’acharnait à nettoyer. Et puisqu’à son réveil (trois jours plus tard), le super-héros ne se souvenait même pas d’avoir pris un stagiaire, il ne prit même pas la peine de lui demander la fin de sa maxime. Mais le Stagiaire fût persuadé que c’était une grande leçon de vie et décida de ne jamais l’oublier…

Garba descendit finalement de son perchoir – le tout sans se rompre les ligaments – ce qui est à noter quand on se rappelle de sa longue et parfois douloureuse carrière de joueur. Christophe Juillet de son coté, lui, n’avait qu’une idée en tête : trouver une bouteille de cognac pour « s’échauffer » avant l’émission. Heureusement, quelqu’un était là pour lui conseiller d’aller fouiller dans le bureau d’Arnaud (ndrl : Arnaud Simon, Directeur Général Adjoint d’Eurosport) où parait-il, les meilleures bouteilles sont stockées. Bon à savoir. Quant à Jean-Baptiste Lafond : il était tout simplement absent. Abdelatif Benazzi lui passa un coup de fil pour savoir ce qu’il faisait. Il lui répondit qu’il était en plein diner avec sa femme et qu’il n’était pas au courant que l’émission démarrait à 21h30 et non à 22h ce soir…

C’est dans cette ambiance de joyeux bordel (on entendra notamment Garba et Géraldine chanter « z’avez pas vu Milou » sur l’air de Mirza de Nino Ferrer, et plusieurs intervenants se demander quel était le sommaire de l’émission… que tout le monde semble ignorer visiblement) que nous avons pu échanger quelques mots avec Christophe Juillet, apparemment curieux de connaître notre travail (oui, on a le droit d’appeler ça du travail quand même ?) et qui apprécie beaucoup le nom de notre site, comme on pouvait s’en douter au vu de sa carrière de poète des prés. Il nous parle ensuite de son blog à lui sur Yahoo, et des flots d’insultes qu’il se ramasse chaque semaine, ce qui a l’air de l’amuser. Et oui Christophe, c’est ce qui se passe quand on hérite du lectorat de feu Pierre Salviac… (ah, il est toujours en vie ?)

Finalement, à quelques minutes du début de l’émission, Jean Baptiste Lafond arrive in extremis sur le plateau, tel un ailier qu’il était, rattrapant son vis à vis d’une cuillère à deux mètres de l’en-but. Il a l’air complètement bourré, mais en fait, on se demande si ce n’est pas tout simplement son état naturel. En tout le monde est rassuré : la star du talk show est bien là. Seule déception pour nous, la relative sobriété de sa tenue vestimentaire… où était votre veste en velours rose Jean-Baptiste ? Bref, l’émission débute, et la magie de la télévision opère : tout le monde reprend son sérieux en une fraction de seconde. Nous assistons au déroulement et au montage en temps réel de l’émission de la régie (puisqu’il n’y a pas de public et qu’on se doute bien qu’on n’aurait pas été assez beaux pour être dedans de toute façon). L’émission commence doucement, avec quelques commentaires sur le XV pour l’Angleterre, qui ne fait pas tellement débat puisqu’on on est arrivés à un point où les choix les plus loufoques de Lièvremont ne parviennent plus à choquer grand monde. Vient ensuite l’interview d’Emile N’Tamack, qui est donc bien en vie, inutile de lancer une alerte enlèvement.

C’est alors qu’intervient Christophe Juillet, le consultant mode de l’émission (il faut dire qu’en tant que pionnier du Stade Français version Guazzini, il est particulièrement légitime) qui pose une question intéressante sur la tendance de la moustache et de la barbe au sein de l’Equipe de France. Géraldine Pons décide de pousser l’analyse un peu plus loin en diffusant des images d’Emile se baladant en slip dans les vestiaires : on constate alors que même à 41 ans, Milou est encore mieux taillé que Maxime Médard (celle là, on la case juste pour énerver Poupimali).

Le stagiaire est émerveillé par ce monde de lumières.

Même à la bourre et sans bonne préparation physique et mentale, Lafond enchaîne les envolées lyriques et les tirades cultes (on songe déjà à faire un recueil à la Boucherie). Seul faux pas, tel Emile dans la Cité de la Peur, il s’y remet à plusieurs fois pour sortir une citation de Pierre Villepreux prononcée lors de la Coupe du Monde 99 « On est au pied du mur, maintenant il faut le construire ! ». A noter que c’est une anecdote qu’il n’a pas vécue puisque la seule Coupe du Monde à laquelle Lafond ait participé en 99 était celle du lancer de nains à Llanfairpwllgwyn au Pays de Galles. Le reste de l’émission est consacrée à des débats sur le XV de la Rose et l’importance des fameux « Crunch » ou encore à des pronostics sur le ¼ e finale Australie-Afrique du Sud, ce qui est l’occasion pour l’équipe de débattre joyeusement en s’envoyant des vannes et des ballons dans la figure (ingrédients indispensables à toute bonne émission de rugby).

Pendant ce temps, on nous offre aussi le “pack cadeau Eurosport” avec des tatouages maoris aussi fun et provoquant que des tatouages malabars à se coller sur la cheville (comme ça le stagiaire ressemblera encore plus à Alexis Palisson dans son shooting pour Têtu) des ballons de rugby à gonfler (mais attention à la caution de l’appartement si vous invitez des copains après), un petit manuel de la Coupe du Monde où Christian Jeanpierre nous parle de sa vision du rugby (tu parles d’un cadeau), des porte-clés et une BD des Rugbymen (qu’on aime bien à la Boucherie mais qu’on a déjà lue trois fois quand on se faisant chier à la FNAC). Enfin, c’est l’intention qui compte… et elle nous touche.

Comme la puberté du Stagiaire, l’émission touche finalement à sa fin et nous ne sommes malheureusement pas invités à célébrer la troisième mi-temps en compagnie de l’équipe de l’émission, mais de toute façon ça nous arrange parce que le dernier RER est à 1h et qu’on n’aimerait pas rater la diffusion de « Aimer vivre en France » de Jean Pierre Pernaud à 3h55, une des autres émission phare du groupe TF1.

Un intrus se cache sur cette photo, saurez vous le retrouver ?

On apprend tout de même lors de la “clope d’après émission” que le physique de Géraldine Pons laisse Jean-Baptiste Lafond « insensible » (ce sont ses propres mots), ce qui n’est pas le cas du Stagiaire. Après avoir vainement tenté de séduire Isabelle Ithurburu sur Twitter (en lui demandant de l’épouser directement, technique pourtant infaillible), il ne serait pas impossible qu’il se tourne vers cette autre jolie journaliste rugbystique compétente pour s’envisager un avenir sentimental radieux (presque aussi épanouissant que son statut de Stagiaire à la Boucherie quoi). A bon entendeur…

C’est finalement sur de sympathiques (mais sincères) messages de remerciements que tout ce beau monde se sépare, laissant les couloirs d’Eurosport aussi tristes et déserts que les soirées organisées par Lièvremont pour se réconcilier avec ses joueurs.

Et sur le chemin du retour, nous n’avons pas pu nous empêcher de rêver que peut être, nous aussi, nous aurons un jour une émission de la sorte à animer. Plus que tout, nous espérons qu’elle sera aussi agréable à vivre, de l’extérieur comme de l’intérieur. Et si elle doit voir le jour, nous faisons la promesse d’y inviter tout le beau monde rencontré ce soir. Et que Jean-Baptiste Lafond se rassure, nous, on n’oubliera pas les bières…

 

Récit : Ovale Masqué avec la complicité nuisible du Stagaire