Le geste, la parole et la tenue vestimentaire …par Kig 30 September 2011 4 Je suis Bretonne et en tant que telle j’aurais du aimer le foot et le cyclisme. Sauf qu’en tant que Bretonne j’ai également hérité du légendaire esprit de contradiction si bien que je me suis tournée vers le rugby. Mais comme le sport c’est fatigant et qu’il faut pas que déconner dans la vie j’ai décidé d’en faire faire aux autres. C’est comme ça que je me suis retrouvée il y a quelques temps déjà à encadrer en école de rugby, que ça me plait suffisamment pour continuer à investir dans des crampons et dans l’intégrale de Guy Cotten. Mes victimes de prédilection sont les -11 ans. C’est d’ailleurs en leur cherchant une recette qui tient au corps que je suis tombée sur la Boucherie Ovalie. Le rugby est un sport dont le langage est imagé voire fleuri. En ces temps de jeux de maux (maux étant bien entendu le pluriel de mâââle sous entendu viril avec du poil et tout et tout), de jeux de mots (de plus ou moins de bon goût) et de logorrhée analystique (plus ou moins objective, plus ou moins technique, plus ou moins lisible et digeste) j’apporte ma pierre à l’édifice. Ma pierre concerne l’école de rugby bien sûr, les fondations, la base, le début, par là où ça commence car en Ecole de Rugby aussi on utilise des images pour expliquer les règles et les exigences. Ainsi ce qui deviendra la quête du Graal commence souvent par une histoire de châteaux forts que l’on construit, que l’on détruit, que l’on assaille. Le terrain est une île sacrée entourée de mer peuplée de crocodiles mangeurs de ballon. Oui je sais, il n’y a pas trop de crocodiles dans la mer mais s’il vous plaît, ne m’enlevez pas ce plaisir d’entendre les tout petits s’écrier “attention les crocrodiles” lorsqu’un joueur flirte avec les lignes de touche. A mesure qu’ils grandissent et avancent en âge le vocabulaire se fait plus théorique mais il reste néanmoins de la place pour la rhétorique. Ainsi mes – 11 ans ne sont pas surpris quand ils entendent leur éduc leur crier qu’elle veut voir du slip. Rien à voir avec la fête d’Heaslip et patientez un peu avant d’appeler la maréchaussée. “Je veux voir du slip” concerne LE geste technique qui est la marque de fabrique du rugby: le placage. Je vous sens perplexe et dubitatif … Et pourtant c’est simple: quand on plaque on colle son oreille sur le short, on met son épaule sur le short, on met les bras autour du short, on serre fort comme si on voulait baisser le short. Mais ça fait long à dire à l’instant T, alors on va à l’économie. On reprend à “comme si on voulait baisser le short” et on ajoute “pour montrer la couleur du slip” qui pour des raisons d’espace/temps est devenu “je veux voir du slip” voire “du sliiiiiiiiiiiip” tout court. C’était pas si compliqué, il y avait un raisonnement logique derrière. Mais s’il/elle porte un boxer/une culotte/un sous short on garde quand même “slip”. Mais pourquoi ne pas garder le mot “short” ? Parce que slip est plus drôle, tout simplement, que ça les marque (ah la marque du slip) et que je vois beaucoup moins de placages hauts ! Si c’est rigolo en général ils en font profiter leurs parents … qui, évidemment, ont un moment un peu difficile et demandent des explications à leur progéniture. Les enfants l’expliquent TRES bien, si bien que les parents trouvent cette image pas mal du tout. Ce mot est un élément essentiel de la guerre psychologique, froide et non sanguinaire. Lors des tournois ça déstabilise l’adversaire, les éducs des adversaires, les parents des adversaires, bref toute personne qui n’a jamais assisté aux entraînements chez nous. En – 11 ans je m’arrête à ça, le discours habituel sur celui qui recule je laisse ça aux catégories supérieures, les miens ne connaissant pas le moindre frémissement de poussée de testostérone et j’ai pas du tout envie d’avoir à leur expliquer pourquoi les petites abeilles et les gros bourdons . Et souvent quand je regarde des matches de haut niveau je me dis que si les joueurs avaient entendu parler de slip tout au long de leur formation on verrait peut être moins de cravates … Kig Bonus slip français : Merci à Florent dans les commentaires.