Pierre Villegueux analyse France – Irlande (13/08/2011)
par Pierre Villegueux

  • 14 August 2011
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Si vous voulez savoir comment Pierre est revenu d’entre les morts, lisez la première partie de son billet. Si vous en avez rien à foutre mais que son analyse de France – Irlande vous intéresse, restez ici.

Tranquillement installé sur ma banquette (c’est l’avantage d’avoir une carte de presse, même expirée depuis 1984) entrain de siroter ma Guinness, je regarde la composition XV du Trèfle d’un oeil distrait. De toutes façons c’est toujours la même chose : les gallois s’appellent tous Jones et Williams, les irlandais eux s’appellent tous O’Connell, O’Flaherty, O’Callaghan… c’est ça les pays où il y a plus de moutons que d’habitants, on a une certaine tendance à la consanguinité. D’ailleurs les irlandais assument à fond puisque Leo Cullen est aujourd’hui capitaine. Enfin je dis ça, mais quand on voit la tronche de David Marty, y’a pas de quoi faire les fiers non plus. Et toujours pas de quoi se pavaner en voyant notre nouveau maillot futuriste coupé en deux au niveau du torse. Un maillot Homme-Tron en sorte, sans doute un hommage à Didier Retière, le Kevin Flynn de Marcoussis avec ses machines infernales.

Le tunnel de Chaban-Delmas est interminable. Du coup, je me dis qu’il va sans doute falloir remplacer Marconnet dès la 20ème minute de jeu. Personnellement, ce passage m’a rappelé le long tunnel blanc dans lequel je me trouvais lors de mon récent coma. Je m’en rappelle très bien, j’y ai rencontré Jo Maso qui m’a dit « Mais allez Pierre ! Reste avec nous, ici on se la coule douce… ça fait 15 ans que je branle rien moi ! ». Enfin ça, c’était peut être dans les couloirs de Marcoussis, en fait… excusez moi, mon esprit est encore un peu embrouillé.

Le début de match est surprenant : Damien Traille relance sur son premier ballon. David Marty fait un leurre sur un lancement de jeu de Trinh-Duc. En 2 mois de prépa, N’Tamack aura donc réussi à élaborer une combinaison offensive. Les français sont frustrés par 2 mois de kayak et d’accrobranche et ils envoient du lourd d’entrée, un peu comme si on lâchait 15 condamnés à perpétuité dans une école d’esthéticiennes. Ça avance à l’impact, et surprise, ça combine pas mal. Il y a de la profondeur derrière et ça change un peu de nos habitudes. Au bout de 10 minutes, Palisson fait la différence en intervenant dans la ligne (un peu comme un arrière, d’ailleurs on en avait un ce soir ?) et libère son ballon après plaquage pour Clerc, toujours présent quand il s’agit d’emmerder les rouquins.

On constatera assez vite qu’en effet, quelque chose a changé chez cette équipe de France. Avant, elle ne jouait que les 20 dernières minutes du match. Désormais, elle joue les 20 premières puis plus rien. Perturbées par la sortie de Mermoz (Skrela rentre à l’ouverture, Donald Duc passe au centre) les lignes arrières se sont montrées moins tranchantes par la suite. Pas très étonnant sachant que Trinh-Duc a trusté toutes les sélections à l’ouverture depuis 2008 et que le pauvre Dadou, intermittent fantomatique (et souvent poussé en tribunes par Traille) depuis 3 ans, n’a finalement que peu de repères en EDF version Lapinou. Et derrière Mermoz, aucun vrai 12 disponible. A part peut être Estebanez, mais on sait pas vraiment si il est 12, 13, 10, ou 15 en fait. Probablement parce que c’est un treiziste, en fait. Même constat pour Damien Traille qui est plus une sorte de doudou pour Marc Lièvremont qu’un vrai joueur de rugby.

Le reste du match sera constitué d’attaques irlandaises pas vraiment dangereuses (malgré quelques fulgurances de Kearney ou Trimble, j’ai cherché les noms dans google) et d’un duel de coups de tatanes entre des équipe qui manquaient sans doute de jus, où qui ne voulaient pas en montrer trop trop vite. Niveau occupation et déplacement, O’Gara touche évidement toujours sa bille et il a pris un malin plaisir à balader nos arrières. Egalement toujours aussi précis dans les tirs aux buts, on a cru pendant quelques minutes que les irlandais allaient nous souffler la victoire sous le nez. Heureusement l’homme à la tête toute rouge rate la pénalité qui aurait permis aux verts de passer devant. Derrière, les avants font le boulot et Yachvili rajoute deux pénalités. Victoire solide donc, mais pas vraiment avec la manière contre une équipe d’Irlande légèrement déplumée et qui misera sûrement plus sur le match à Dublin. Pas de quoi sauter au plafond, pas de se catastropher non plus.

Les gros : Même si les irlandais ne sont pas forcément une référence en la matière, les présumés seconds couteaux ont fait le job en mêlée. Ducalcon a également été présent dan le jeu et est sorti terrain totalement lessivé. Et oui, je continuerai à faire cette blague tant qu’elle me fera rire. Marconnet a de la chance : le maillot à moitié bleu nuit en dessous des pecs permet de masquer efficacement ses poignées d’amours. Szarzewski n’a pas envoyé de pizza et a envoyé dans le jeu et garde donc sa place de N°2 devant un Guilhem « Kung Fu Panda » Guirado pas trop mauvais ce soir. Bonne rentrée de Poux. Bonne chance à Marco pour virer un de ces gars là…

Julien Pierre : Voir Julien Pierre faire des travaux fermiers lors de la préparation de l’Equipe de France était une sorte de rêve qui devenait réalité pour toutes les femmes ayant connu leurs premiers émois sexuels devant Charles Ingalls. Mais le gentleman farmer de l’Equipe de France n’est pas bon qu’à couper des rondins et traire des vaches, c’est aussi un bon seconde ligne et c’est tant mieux pour nous.

Romain Milo-Chluski : Je ne l’ai pas vu. Sachant qu’il joue seconde latte, c’est sûrement qu’il a été bon. En tout cas, c’est ce que Jérôme Thion a réussi à faire croire à beaucoup de gens pendant 10 ans. Remplacé par Lionel Nallet, qui après le dernier France-Galles confirme qu’il est le seul trois quart centre français à prendre des intervalles.

Imanol Harinordoquy : Quand Heaslip est rentré sur le terrain, j’ai cru à possible défi-défilé façon Zoolander entre les deux seuls mecs qui pensent que c’est encore cool d’avoir un bandana en 2011. Hélas ce moment n’est pas arrivé. Remplacé par Julien Bonnaire. Grand, blond aux yeux bleus, moulé dans une combinaison intégrale foncée… j’ai cru voir Anders Behring Breivik débarquer sur le terrain. Hélas il n’a pas fait un carnage.

Thierry Dusautoir : Fait partie de ces joueurs dont on ne commente la performance que quand ils sont mauvais, sachant que ça arrive approximativement une fois tous les deux ans. Et pas aujourd’hui, donc.

Rapahel Lakafia : Une bonne première avec une bonne activité, du dynamisme et de la puissance. En plus, il a bien géré son interview d’après match, en réussissant à ne pas avoir l’air trop idiot, ce qui n’est pas donné à tout le monde (et notamment pas à Yoann Huget et Clément Poitrenaud).

Yachvili : Le Yachvilain du BO est définitivement porté disparu en mer. Autoritaire, bon stratège, efficace face au but, lent mais pas trop… on tient notre N°9 pour le Mondial. Il va donc pouvoir permettre à Morgan Parra de prendre des cours d’acting pour sa prochaine pub Renault. Notez d’ailleurs que le petit Morgan foire son seul ballon ou presque en s’enterrant à 5 contre 1 contre une meute d’irlandais affamés. Au moins pour une fois il n’a pas accusé ses avants.

Trinh-Duc : Un bon début de match en 10 pour Donald Duc, où il a bien distribué le jeu au lieu de foncer dans le tas comme il le faisait à outrance dans sa folle jeunesse. Un peu moins à sa place en 12, sans être mauvais non plus.

David Skrela : Le gendre idéal. Mignon, bien coiffé, poli, gentil. Il entre sans se faire remarquer, en prenant bien soin de gêner personne. Surtout pas les irlandais. Un peu lent et planqué 10m derrière la défense, il a été ni bon, ni mauvais, donc juste assez bon pour être titularisé contre le Japon pendant la Coupe du Monde. Mais pas plus.

Alexis Palisson : On l’attendait au tournant. Jerry Flannery aussi, d’ailleurs. Palisson a la tête du gamin à qui on met la tête dans les toilettes à l’école et sa récente contribution au magazine Tetu n’arrangeait pas son affaire. Dommage pour nous, il a été assez bon et même décisif sur le seul essai du match.

Maxime Mermoz : Améliore son record personnel avec 27 minutes sur le terrain. Peut espérer jouer une mi-temps complète lors de la Coupe du Monde 2015. Dommage potentiellement, il reste le 12 français le plus intéressant. Mais voyons le coté positif : si il est blessé, on a plus aucune excuse pour titulariser Marty en 13. David a aujourd’hui été fidèle à lui-même un apport offensif quasi-nul, quelques maladresses, une bonne défense et un gros bouchon sur un pauvre irlandais qui traînait par là. Au moins, on peut se dire que ça aurait pas été tellement mieux avec Fritz ou Bastareaud. Pendant ce temps, en Nouvelle-Zélande on a Conrad Smith…

Vincent Clerc : Présent juste pour effrayer les irlandais. Ça et l’eau, ça marche super bien avec eux. Marque son essai habituel contre les rouquins. A part ça, plutôt actif en première mi-temps, moins après.

Damien Traille : A fait du Damien Traille, des tentatives de relance pour se donner bonne conscience, des coups de tatane, un drop raté et a failli se faire avoir par un rebond pour nous rappeler de bons souvenirs. Remplacé par Maxime Médard qui a essayé de venir dans la ligne et d’attaquer. Une hérésie qui lui vaudra sans doute de cirer les tribunes avec Cédric Heymans durant la compétition.

Yoann Huget : N’a pas trouvé le chemin du stade. Son absence s’est fait ressentir. Y’a pas photo.

Allez, salut bande de nazes.

Pierre.