Fin de saison pour Pierre Albala-Dijopar La Boucherie 19 June 2011 3 Salut les gamins ! Que les choses soient claires comme de l’eau de roche – et comme Vincent surtout – je n’avais absolument aucune envie d’écrire mon billet hebdomadaire. Trop de choses à faire, trop de préoccupations printanières. Quelqu’un a parlé de l’été ? Mon cul. Il pleut des tonneaux depuis deux jours, ça me file le cafard, moi. En plus c’est la fin de saison maintenant, et ça c’est pas jojo non plus. Top 14 ? Fini. H CUP ? Idem. Tournoi des VI Nations ? Consommé depuis belle lurette. On n’est pas bien du tout. Les tournois de jeunes sont presque terminés aussi. Y a plus rien à faire. Je n’ai jamais aimé les fins de saisons de toute façon. La pire de ma vie ? Je m’en vais vous en toucher deux mots. Mai 1973. Deuxième année cadets. Ma plus belle saison. La pire, aussi. Je dis plus belle saison car niveau ambiance au sein de l’équipe, on ne pouvait pas rêver mieux. On se mettait des sacrés polentes tous les vendredi soir, et le samedi on foutait 40 points aux équipes des environs. Avec un sacré niveau de jeu. Des avants qui faisaient peur dès le coup d’envoi et une cavalerie derrière qui plantait essai sur essai. Plus la fin de saison approchait, plus on sentait le truc venir. Le dernier match, le dernier rassemblement. Toutes ces choses là, quoi. Faut dire qu’en plus de la fin de saison, c’était notre dernière année tous ensemble. Certains arrêtaient tout simplement le rugby. D’autres partaient ailleurs pour les études. Plus ceux qui iraient jouer dans un club plus huppé. Notre bon vieux groupe était à deux doigts de la mort. Quart de finale contre je ne sais plus quelle équipe. On sent la tension monter. On a toutes les cartes en main pendant le match. C’est plié à encore cinq minutes du coup de sifflet final. On cravache, ça devient dur. Comme le reste du temps, mais on a réussi à marquer par trois fois. Plus les pénalités et un drop bien claqué derrière la mêlée, de 50 mètres. S’il vous plait. Les entraineurs viennent nous plomber tout ça. Ils font rentrer deux gonzs, qui avaient commencé le rugby en début de saison pour le premier, à Noël pour l’autre. Difficile d’avoir le bon jugement dans cette situation là. Presque 40 ans après, je ne sais toujours pas si j’en veux encore aux coachs. Donc. On gagne de quatre points, on défend dans nos 22. Les types d’en face accélèrent, écartent, et on prend une banderille en coin. Les deux joueurs qui venaient de rentrer dans notre équipe ont tout à coup oublié la technique du plaquage. Dans une arène et avec un taureau, les mecs seraient passés pour des héros. Le match est terminé, on est éliminés. Gros coup sur la tête. Impossible de s’en remettre… On réalise seulement dans le car que tout est bel et bien fini. Personne n’ose parler, les regards sont embués. Je vous laisse, je vais boire un coup car j’ai envie de pleurer…