Pierre Villegueux est allé voir le Stade Françaispar Pierre Villegueux 13 April 2011 15 Vendredi dernier, j’ai enfin commencé à tirer les bénéfices de mon retour tonitruant dans l’univers du journalisme sportif. Ou du consultisme, je sais pas comment on dit. En effet, mon pote Pierrot Salvioque et moi, étions invité à un match de prestige au Stade Charlety. Un ¼ de finale de je ne sais plus quelle compétition, mais apparemment, c’était du lourd. Mais autant vous le dire, en arrivant sur place, j’ai vite déchanté. J’ai appris dans les tribunes que les places pour le match étaient vendues à 5 euros sur internet. Sachant que le parking m’en a couté 7, je me demande si ça valait vraiment le coup de se faire inviter. J’ai également découvert le stade, sorte de joyau de l’architecture post-soviétique. Un grand stade, froid, sans âme, plein de courants d’airs, avec une piste d’athlétisme qui sert deux fois par an et un terrain situé à environ 45 kilomètres des tribunes. Je me suis dit que si on vivait dans une dictature, ce serait l’endroit idéal pour exécuter des opposants politiques. D’un coté, le Stade Français étant une équipe condamnée à mort, on peut dire que ça colle à l’ambiance… L’ambiance, d’ailleurs, c’était quelque chose. En scrutant les tribunes, je ne vois qu’une centaine de pecnos habillés en couleur flashy, éparpillés un peu partout dans le stade. On sent la ferveur populaire de la Cité Parisienne à l’aube d’un ¼ de finale d’une importance majeure, c’est certain… Pierrot n’allait sûrement pas être celui qui égayerait ma soirée. Le pauvre gars déprimait depuis la défaite de la Rochelle la veille. Il m’a sorti sa complainte imbuvable habituelle « La cabane est tombée sur le chien ! Le chien est mort ! Cette défaite contre Clermont, sans glaner le bonus défensif qui plus est, nous condamne sans doute à la ProD2… ». Il est quand même un peu con ce Salvioque… mais bon, j’ai rien dit, j’ai pas beaucoup d’autres amis et pour ce qui est de la picole, le gars s’y connait. Il avait encore ramené une flasque en douce, de quoi nous réchauffer un peu dans le seul endroit de Paris où il faisait froid ce soir là. Putain de courants d’airs. Alors que j’attendais le début de match en écoutant les dernières théories du complot de Salvioque et en épluchant le dernier Merdol, j’ai vu un grand mec d’une trentaine d’années, très bronzé, entrain faire la manche dans les tribunes. Je me suis dit que c’était vraiment n’importe quoi ce stade, qu’on laissait même rentrer des roumains. Il s’est approché de moi avec son mug Blanche de Castille. Je m’apprêtais à lui envoyer un sévère coup de pied dans les couilles pour lui faire comprendre comment on accueille les étrangers dans notre beau pays…. mais c’est là que je l’ai reconnu: c’était ce grand coquin de Max Guazzini ! [Note de la rédaction: le mot utilisé originellement n’était pas « coquin », mais la Boucherie Ovalie se refuse à cautionner tout à propos à caractère homophobe] Le pauvre vieux faisait donc la quête, comme un clodo. Sans doute pour se payer son prochain lifting.. mais par politesse, je lui ai demandé pourquoi. Il m’a répondu qu’il avait plus d’argent. Rien dans les poches. Nada. Wallou. Comme je ne le croyais pas, il m’a donné les noms de ses nouvelles recrues… Paul Warwick ? Ouais, ok, à la limite. Mais Stan Wright… ? Nahuel Tetaz Chaparro… ? Franchement c’est quoi ce nom, Manuel Tétard ? Qui connait ces gars là ? Je lui ai demandé comment avançaient les dossiers Contepomi et Cipriani. Il m’a dit qu’il avait réussi à avoir leur téléphones en se faisant passer pour Jacky Lorenzetti, et que quand ils avaient compris qu’il s’agissait du SF, ils avaient changé de ligne téléphonique. Drôle d’histoire. Bref, je lui ai donné un billet de 5 euros, en me disant que ça lui servirait toujours pour offrir une prolongation de contrat à Djibril Camara. Puis le match a commencé. Si les Parisiens portaient leur maillot le plus « sobre » (comprenez qu’il vaut un petit 7/10 sur l’échelle des attentats visuels) les sudistes avaient eux décidé de sortir une horrible tunique rouge et jaune, sorte d’hommage au maillot léopard du Stade mais avec les couleurs de l’USAP. On aurait dit des paquets de chips Vico éparpillés partout sur le terrain. Dès les premières minutes de la partie, j’ai vite compris qu’il ne fallait pas s’attendre à du haut niveau. A Montpellier, je ne connaissais que Donald Duc, Ouedragogo la danseuse et Picachu, et aucun n’étaient présents ce soir là. Remarque Picachu c’est normal, c’est vrai qu’il est allé à Toulouse. On a tendance à l’oublier : normalement quand un gars signe à Toulouse, il enchaîne les sélections en Equipe de France ensuite… ben lui c’est l’inverse. Enfin bref, revenons en au match. Inexplicablement, les Pourisiens font n’importe quoi en début de match. Beauxis se fait trouer par le jeune ouvreur montpelliérain au bout de dix minutes de jeu, et c’est un treiziste d’1m75 qui vient conclure l’action à 1 contre 5, au ras. Se prendre un essai par un treiziste… ces mecs qui ne connaissent même pas la mêlée ! Une vraie honte. Paillaugue, le playmobil qui joue à la mêlée du MHRC, est particulièrement en forme, il enchaîne les coups de pied, se fait plusieurs fois la malle au ras des rucks. Assez vite, les Héraultais mènent 16 à 0. A ce moment là, on imagine que le Stade Français est parti pour se prendre une branlée historique à Charlety, par l’équipe Z de Montpellier et on se dit qu’on va au moins se marrer. Hélas, les Pourisiens se sont repris au fil du match (j’y reviendrai dans les notes) même s’ils se sont assurés de laisser leurs adversaires dans le match en enchaînant des fautes plus stupides les unes que les autres. Au final, Paris l’emporte donc 32-28 après avoir marqué 4 essais contre 1. Une prouesse qu’ils sont sans doute les seuls à pouvoir réaliser en Europe. Hugo Southwell 4/5 Un joueur élégant, fin, racé, qui ne prend jamais de risques inconsidérés. D’ailleurs, il ne prend jamais de risques tout court. En un sens, il n’en a pas pris non plus sur son essai de 80 mètres puisqu’il n’a pas tenté une passe, un art qu’il ne semble toujours pas maîtriser. En dehors de cette fulgurance, il a été comme à son habitude, moins tranchant que l’épée rouillée de Christophe Lambert dans Highlander 4. Djibril Camara 2/5 Déçu. Djibril n’a pas fait d’énormes conneries (ou alors, j’étais déjà trop bourré pour les remarquer) et il a même sauvé un essai qui aurait pu donner un avantage décisif à Montpellier. A part ça, quelques réceptions ratées, ses maladresses habituelles et reste planqué sur son aile pour se faire pousser en touche dès qu’il a le ballon. Pour ses standards, c’était presque un bon match et Cheika a tout de même jugé utile de le sortir à la 48ème minute… Matthieu Bastareaud 2/5 Ce soir, Lionel Beauxis avait décidé de ne faire que des passes en cloche, ce qui a failli sonner le glas (pas Stéphane) du Stade Français. Servi dans de telles conditions, le bulldozer Parisien n’a jamais pu faire parler sa puissance. Semble avoir besoin de dix bons mètres pour prendre un tan soit peu de vitesse et aurait été plus utile à déblayer les gravats à Jean Bouin. Guillaume Boussès 2,5/5 Guillaume Boussès, c’est un peu le Messina du pauvre. Sachant que Messina est le Sonny Bill Williams du pauvre à Toulon, ça vous donne une idée du niveau. A essayé de donner un peu de vitesse au jeu parisien mais il a du lui aussi faire avec les parpaings de Bernardo. Il n’a pas démérité, il n’a pas brillé non plus, comme souvent finalement. Ollie Phillips 4/5 Comme depuis le début de la saison, le poulet sans tête est l’arrière Parisien le plus dangereux. Insaisissable et auteur de plusieurs percées. Pas étonnant qu’il s’épanouisse tant à Paris puisque selon les mots de Cheika après le match, le Stade Français avait « joué au rugby à 7 » pendant plus d’une mi-temps. Lionel Beauxis 0/5 Le gros morceau de la soirée. Dans sa tête, Yoyo est déjà 100% Rouge et Noir. Tellement qu’il a souhaité faire comprendre à Marc Lièvremont qu’il n’avait aucun intention d’aller à la Coupe du Monde, trop soucieux de ne pas rater le stage de pré-saison du Stade Toulousain. En-avant dans son en-but, dégagement direct en touche, plaquages de poussin, passes de maços et une lenteur qui ferait passer David Skrela pour Quade Cooper. Tout y était. Il est probable que Bastareaud aurait fait mieux s’il avait été titularisé à l’ouverture ce soir là. Julien Dupuy 2/5 Alerte enlèvement: le petit Julien a disparu. 1M78, 75 kilos. Signes particuluers: porte la même coupe de cheveux que Krusty le Clown et gueule 24h/24h. Ancien demi de mêlée génial du Leicester et de l’Equipe de France de rugby. A été vu pour la dernière fois du coté de Belfast, alors qu’il aidait un ami Irlandais à chercher ses lentilles sur la pelouse. Si vous avez des nouvelles, faîtes nous signe dans les commentaires en bas. Sergio Parisse 3/5 Il faut savoir que Sergio Parisse est un grand schizophrène. A vrai dire il y a deux Sergio. Sergio l’Italien, le capitaine valeureux de la Squadra Azzura, toujours en première ligne, luttant avec hardiesse pour l’honneur de sa patrie trop souvent destinée aux pires humiliations. Puis il y a Sergio l’Argentin, celui du Stade Français, qui fait 5 fautes par matchs, râle toujours après l’arbitre, se prend des cartons et fait preuve d’à peine plus de discernement qu’un Leguizamon. Devinez lequel était présent hier soir ? Heureusement, dans les deux cas, ça reste quand même un bon joueur. Sa pénalité vite jouée est à l’origine du second essai : comme quoi parfois, il prend de bonnes décisions en tant que capitaine. Pierre Rabadan 2,5/5 Je ne sais pas trop quoi penser de Pierre Rabadan. Il paraît que c’est le joueur emblématique du Stade Français. Moi, je ne le remarque sur le terrain que quand il fait des fautes. Donc oui, c’est sans doute le joueur emblématique du Stade Français. Remplacé par Burban. Le Yul Brynner local a comme d’habitude débordé d’activité et découpé des têtes partout sur le terrain. En bonus, il marque un essai. James Haskell 3;5/5 Bon, comme d’habitude. Presque désespérant, je ne trouve pas de vannes sur lui. Tom Palmer 4/5 Le seul joueur du Top 14 qui a le même calendrier que Brian O’Driscoll. Joue le Tournoi des 6 Nations et les Tests d’Automne. Le reste de l’année, il est en stage, ou blessé. Ce soir, il nous a fait l’honneur de sa présence et a sorti une prestation de niveau international. Jolie une deux avec Phillips sur le second essai, qu’il va conclure lui-même. Pascal Papé 2,5/5 N’a pas pris de carton jaune. A donc réalisé un bon match… Rémi Bonfils 2/5 4 touches pizzardées de la plus belle des façons. N’a rien à envier à Szarzewski à ce niveau, donc. Pour le reste… PS: si vous voulez soutenir le garçon qui a visiblement du mal à garder sa dignité en fin de soirée, c’est ici. Rabah Slimani/Rodrigo Roncero 4/5 Pour la première fois depuis au moins 5 ans, le Stade Français a réussi à marquer un essai de pénalité sur mêlée enfoncée. Ok, c’était contre les puceaux montpelliérain, mais quand même, ça mérite mention… Bon, voilà, on a assisté à un match qui n’avait sûrement pas le niveau d’une compétition européenne, même pas du Top 14 d’ailleurs. Les Pourisiens ont tout de même montré quelques capacités mentales pour revenir dans le match, et ils ont globalement mieux réussi leur seconde mi-temps, ce qui est assez rare pour être souligné. En dehors de ça, il est toujours aussi aberrant de voir une équipe comportant autant de joueurs expérimentés, d’internationaux, aussi peu maîtresse de son sujet sur le terrain. Les clermontois n’ont a priori pas trop de soucis à se faire… quoique, vu leurs dernières performances, on se dit qu’ils sont eux aussi capables de tout. Je vous donnerai mon avis sur la demi-finale à condition que je sois à nouveau invité, car je ne capte toujours pas France 4. Et ne me parlez pas de cette histoire de TNT, pas de terroristes chez moi, merci.